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Politique Publié le lundi 23 février 2009 | Le Patriote

Interview/Le Cdt Bamba Dié (chef du groupe "Scorpion les guetteur"): "Soro a gagné la guerre"

Bamba Dié, commandant du groupe d’auto-défense baptisé «Scorpion les guetteurs » dans cet entretien accordé à Le Patriote à Yamoussoukro, invite les autres groupes à s’inscrire dans l’Accord politique de Ouaga. Il reconnaît que Gbagbo et le FPI ont perdu la guerre et ne peuvent rien faire pour les ex-combattants. Soro Guillaume est vainqueur de la guerre et l`APO a été fait pour le soutenir soutien-il.

Le Patriote : Commandant Bamba Dié, que répondez-vous à vos camarades qui vous accusent de trahison après le profilage des éléments de votre groupe ?

Commandant Bamba Dié : Je n’ai trahi personne. Vous savez, le profilage des ex-combattants devait normalement commencer officiellement, le 10 février dernier. Mais malheureusement, le 9 février, j’ai été joint par le lieutenant colonel Attoungblé, pour dire que les mesures d’accompagnement, à savoir 3.000F par élément profilé, ne serait pas payé sur-le-champ. Or entre temps, presque tous les groupes d’auto-défense en provenance de tout le pays étaient à Yamoussoukro. Fallait-il reporter l’opération à cause de 3 000 F? A ce sujet, j’ai informé tous les éléments d’accepter d’être profilés et les mesures suivront après. On était tous d’accord quand, certains cadres du FPI ont joint d’autres groupes pour leur dire de ne pas accepter. C’est la raison première de notre désaccord. Mon groupe, n’est pas en tant que tel, un groupe parallèle, puisque, nous avons été recrutés par l’armée nationale et avions combattu avec eux, sur tous les fronts. Nous avons jugé bon d’aller au profilage pour la sortie définitive de crise. Nous considérons que nous avons perdu la guerre. C’est-à-dire, le président Gbagbo et le FPI ont perdu la guerre. Donc, il faut s’aligner derrière celui qui a gagné cette guerre.
LP : Selon vous, qui a gagné la guerre?
Cdt B D : C’est Soro Guillaume qui a gagné la guerre. Vous savez, si Ouaga a été signé, ça été fait pour arranger celui qui a gagné la guerre. L’accord de Ouaga est un accord de capitulation. Pour preuve, c’est Soro qui gère la sortie de crise. Même tous les concours, la police, la gendarmerie, la Fonction publique. Lorsque la liste de Soro est déposée, personne ne peut la contester. Donc nous, ayant perdu, nous nous alignons derrière lui. Car notre souci, est qu’il ne faut pas que nos éléments qui ont défendu la patrie soient la risée de leurs familles. Il nous faut leur trouver quelque chose.
LP : De façon sincère, pourquoi avez-vous pris des armes ?
Cdt BD : Au début de la guerre, le président Gbagbo, suite à ses discours dans lesquels il accusait la France de détenir le monopole de l’économie ivoirienne, nous a mis en confiance. Dans ses discours, on sentait qu’il voulait libérer le pays du joug colonial. Pour nous jeunes, on voulait notre indépendance économique, à l’image de la Libye et du Venezuela. Personne aujourd’hui ne pouvait imaginer que Gbagbo allait tromper le peuple jusqu’au point où, lui qui ne voulait pas voir des clubs de soutien, en soit le père. Aujourd’hui, pour bénéficier des bonnes grâces du président, il faut faire ses éloges en créant ça et là, des clubs de soutien. En 2005, on s’est rendu compte qu’il s’agissait de soutenir son régime.
LP : Depuis 2005, qu’avez-vous fait?
Cdt BD : De façon sincère, nous avons déposé les armes et tous les attributs militaires au camp situé sur l’axe Yamoussoukro Bouaflé où on était interné. On a été le premier groupe des ex-combattants à déposer les armes avant de sortir du camp et cela depuis fin 2004. Après nous avoir conduits à l’abattoir, sur les lignes de front où certains de nos amis sont morts, d’autres avec des balles dans leur corps, Gbagbo et son régime ont décidé de se séparer de nous sans aucune reconnaissance. Le Premier ministre Soro Guillaume, veut à travers le profilage, nous aider à aller dans le service civique pour certains et pour d’autres, à s’insérer dans le tissu économique et social après le profilage. C’est pourquoi nous avons accepté l’opération. S’il ne se comporte pas comme Gbagbo, nous sommes prêts à le suivre.
LP : Après cette malheureuse expérience et votre mésaventure, accepteriez-vous de suivre un autre parti politique si on vous faisait appel?
Cdt BD : Notre objectif, c’est l’avenir de nos éléments. Les éléments recrutés par le régime FPI pour défendre la patrie. C’est comment faire pour donner un avenir radieux à ces jeunes qui ont appris à manier les armes de guerre. Pour éviter plus tard, qu’ils deviennent des braqueurs et des bandits de grand chemin. Mais si demain, un parti politique sérieux veut soutenir nos éléments en leur apportant une solution concrète à leur avenir, il n’y a pas de raison qu’on ne le soutienne pas. Nous ne faisons pas de différence entre Gbagbo, Bédié et ADO. Mais parmi eux, celui qui pense avoir une solution claire et nette pour nos éléments, en tout cas, nous lui serons très reconnaissants.
LP : Que devient le père fondateur de votre groupe, Zamblé Bi Antoine Arsène dit «Scorpion» ?
Cdt BD : «Scorpion» se porte très bien. Il a été tout dernièrement aperçu dans le staff du ministre de la Défense au Palais à Yamoussoukro. Sinon, à ce que je sache, il est en fonction à l’EMPT à Bingerville. Mais, ce que je tiens à préciser, c’est que Scorpion, n’est pas le fondateur ni l’initiateur de notre groupe. C’est par reconnaissance que nous avons baptisé le groupe en son nom. Car il a été l’un de nos formateurs. Il a participé à tous les combats au front avec nous. C’est un vrai militaire, qui n’a pas peur.
LP : Avez-vous un appel à lancer à l’endroit de vos camarades qui ne se sont pas encore fait profiler ?
Cdt BD : Je demande à tous les autres groupes d’auto-défense de s’inscrire dans le processus de sortie de crise du Premier ministre Soro Guillaume. Surtout ceux de Brobo et le FSCO de Gagnoa. Je profite pour remercier le conseiller Alain Dowahi, chargé du Désarmement des milices (DDM), qui nous a expliqués clairement ce que cette structure réserve pour nous. Aussi, je remercie le Lt colonel Attoungblé, qui, malgré toutes les oppositions, est resté patient pour mener l’opération à terme.

Interview réalisée à Yamoussoukro par Jacquelin Mintoh.
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