L'Université Charles-Louis de Montesquieu (UCLM), tiendra du 12 au 15 mars 2009, un colloque inter universitaire sur le thème : “Diplomatie académique, inter-compréhension et développement humain”. Le recteur de cette institution, Pr. Urbain Amoa, situe l'intérêt de cette rencontre à travers cette interview qu'il nous a accordée.
Notre Voie : “La diplomatie académique intercompréhension et développement humain”, est le thème du colloque que vous organisez, du 12 au 15 mars prochain, à Bouaké. Quelles sont les motivations de ce colloque ?
Pr. Urbain Amoa : Sur ce colloque, je voudrais qu'on se réserve un temps puisqu'un point de presse est prévu à cet effet. Mais notre rythme annuel, c'est deux années académiques. Et à chaque rentrée académique, nous avons une activité d'importance. Cette fois-ci nous allons vers ce colloque inter-universitaire qui va réunir une dizaine d'universités et donc qui va porter sur “Diplomatie académique inter compréhension et Développement humain” à Bouaké.
N.V. : Quelle sera la particularité de cette rentrée académique autour de laquelle va se tenir ce colloque ?
U.A. : La particularité d'une rentrée académique est que nous connaissons tous, les difficultés que l'on a avec l'entrée à l'université. Certains enfants attendent. Et dans les universités publiques, certains parents aussi. Avant de pouvoir orienter leurs enfants. Les deux années qui ont précédé, des parents nous ont interpellés, ils ne savaient pas qu'en réalité, il y avait une deuxième rentrée. C'est donc une façon pour nous de voler au secours des parents qui n'auraient pas pu inscrire leurs enfants. Et donc en ouvrant la rentrée académique B en mars, nous faisons en sorte que l'année soit rattrapée pour les parents dont les enfants n'auraient pas commencé leur année académique. Mais cette particularité de l'université va être articulée autour de trois points au moins. Le premier point, c'est la rentrée elle-même, à laquelle nous accordons du prix. Le deuxième point, c'est le colloque et le troisième point, ce sont les manifestations qu'il y a autour. Nous allons ouvrir pour cette rentrée, une ou deux résidences de type de recherche; c'est-à-dire des espaces où des personnes viendront pour faire de la recherche, où des personnes viendront pour étudier. Un espace à Abidjan, un espace à N'Douci, Tiassalé où nous envisageons de créer l'université, et puis l'une des activités fortes de cette rentrée, c'est la mise sur pied d'une coopérative de protection de pagne baoulé.
N.V. : Après deux années d'exercice plein, peut-on savoir le nombre de diplômés et en même temps faire le bilan à mi-parcours des échanges que l'université a eus avec ses partenaires extérieurs ?
Pr.U.A. : L'université en naissant évolue de façon progressive. On avait le choix entre ouvrir les portes pour qu'on ait du monde dans un premier temps. Que non. C'est une approche progressive qui permet même à l'université Montesquieu de prendre son envol. Il faut faire en sorte que nos étudiants acquièrent progressivement notre esprit, nos méthodes de travail que les consultants qui sont des universités publiques, et de la fonction publique et des grandes entreprises épousent notre philosophie au niveau scientifique qui consiste à faire en sorte que chaque étudiant au moment où il rentre ici arrive à se déterminer et que à s sortie arrive aussi à produire un mini-mémoire par conséquent.
Sur cette question, les résultats sont très satisfaisants.
N.V. : La diplomatie académique est-elle un concept novateur initié par l'université Montesquieu ?
P.U.A. : Parvenu à un certain niveau intellectuel, vous êtes autorisés à concevoir des concepts, vous avez déjà entendu parler de la théorie de “l'élégance langagière” qui est un concept qui est né de cette université. Vient également la “réflexiologie” avec ses trois axes. C'est-à-dire faire en sorte qu'en faisant de la qualité de façon continue, la qualité s'impose à nous. Et maintenant nous sommes en “diplomatie académique”, tout cela nous est venu en idée. En fait, là où les politiques, là où tout autre structure ne peuvent trouver de repères, l'académisme s'installe. C'est-à-dire par exemple lorsque deux pays sont en conflit, il faut qu'on mette les universitaires à contribution à travers des séminaires, des colloques et d'autres rencontres. Que sur des bases scientifiques, nous orientions la cité. C'est d'ailleurs ce que nous faisons avec le festival de la route des reines et des rois et avec le colloque qui accompagne le festival. Donc c'est le troisième concept né de l'université et nous continuons.
N.V. : Cette seconde rentrée académique sera une sorte de ballon d'essai pour le festival de la route des Reines et des rois que vous organisez.
P.U.A. : Sortant d'Abengourou, nous avons estimé qu'il fallait prendre la route de l'ouest. Mais à l'origine, la toute première route qui devrait être prise, c'était la route du nord. Tout simplement parce qu'on voulait faire du festival, un instrument de réconciliation et puis nous avons pris la route d'Abengourou parce que les investigations nous ont permis d'aller jusqu'à Bouna et on a senti qu'en allant jusqu'à Bouna, nous étions dans la même logique.
Par contre la route initiale qui avait été établie demeure. Aujourd'hui on va assister à des rencontres sportives à Bouaké. Les politiques se rencontrent, allusion faite à la flamme de la paix à Bouaké. Les universitaires doivent aussi dire leur mot sur la paix en Côte d'Ivoire. C'est-à-dire faire en sorte que là où on doit apporter notre regard qu'on hésite pas à le faire. Donc la prochaine route, telle que nous sommes en train de l'imaginer, c'est à Bouaké. C'est au colloque que nous allons la déterminer. Mais l'hypothèse forte, est que nous fassions Toumodi Yamoussoukro, Bouaké avec comme domiciliation du festival la ville de Bouaké.
N.V. : On suppose que le festival de la route des reines et des rois avait aussi pour ciment, de recoudre le tissu social. Mais récemment on a pu constater qu’entre les chefs traditionnels et vous le courant passe mal. Qu’en est-il ?
P.U.A. : C'est un sujet que je considère comme dépassé. Vous savez je me définis avant tout comme chercheur. J'ai eu cette rencontre avec les chefs coutumiers, parce qu'il fallait prendre appui sur leur science et les associer à mes recherches. Mais une fois qu'on a fini cette première étape, le chercheur entre en laboratoire. Notre objectif c'était d'aller vers la production d'une encyclopédie des royaumes et civilisations d'Afrique. Vers également la production d'un dictionnaire onomastique. Et puis vers la mise en place de toutes les études convergentes qui devraient pouvoir permettre la création de la chambre des rois, des chefs traditionnels. Donc nous sommes dans cette logique.
Bien évidemment, l'ennui, c'est que parfois, la recherche est plus lente que les politiciens. Pendant que le chercheur de façon tranquille et lente essaie de tester ses hypothèses, un chef ou tout autre personne peut exploiter les choses encore inachevées et en faire son affaire. Il y a donc ici risque de bradage de nos productions. C'est ce qui a entraîné les incompréhensions apparentes que vous avez observées. Mais je puis vous assurer qu'avec les rois et les chefs de Côte d'Ivoire, il y a une parfaite entente et une parfaite harmonie. Il y a eu seulement une exploitation faite par un des leurs qui n'est pas roi, qui est un chef. Il a été instrumentalisé en utilisant les produits de l'université, en changeant seulement les terminologies là où nous avons mis “chambres de rois et de chefs”, il a utilisé le même document et a mis “forum”. Il a vendu ailleurs, ça bien pris. Mais pour nous, seule la vérité triomphera. Car la vérité est scientifique. En tout cas je respecte énormément les rois et les chefs de Côte d'Ivoire. Ils le savent bien. Et ils me le rendent très bien aussi.
N.V. : N'y a -t-il pas de risque que votre idée première qui est de mettre en place une “chambre de rois et chefs traditionnels” soit galvaudée ?
Pr.U.A. : Pour tout dire, l'utilisation qui est faite de nos recherches ne nous semble pas élégante. La vérité est que sur le document, en notre possession, il est écrit : “La chambre des rois et des institutions coutumières”. Ce document a été éprouvé à Abengourou lors de la 6ème édition du festival international de la route des reines et des rois, et lors de nombreux colloques. Sur la même base de ce document, on fait sauter “chambre” pour le remplacer par “forum” sur la couverture. Mais à l'intérieur du document le mot “chambre” retrouve sa place. C'est dire que la transformation des terminologies a manqué de rigueur. Ce sont des choses qui devraient faire l'objet de poursuite. Mais nous n'en sommes pas là pour le moment.
Ce que je demande tout simplement, et c'est ce qui a peut être fait l'objet du sit-in que j'ai observé devant l'ambassade de la Libye, c'était de lutter contre le bradage des productions intellectuelles. Je veux parler aussi de l'annuaire de rois et chefs traditionnels, l'une de nos productions qui s'est retrouvée au Bureau ivoirien du droit d'auteur (BURIDA).
Et tenez-vous bien, c'est un document muet qui a été déposé au BURIDA, c'est-à-dire sans les noms et adresses des rois et chefs traditionnels.
N.V. : Il semblerait que votre acte a été plus motivé pour des questions d'argent…
Pr. U.A. : Non, je voulais juste dénoncer le bradage de mes travaux de recherche et attirer l'attention de tous sur l'exploitation parfois abusive des productions scientifiques par certains individus. Mais sur la question financière, je dirai aussi qu'un travail a un coût. Et pour réaliser le forum, les organisateurs m'ont proposés 22 millions FCFA. C'est-à-dire deux millions F CFA en plus de ce que j'ai demandé. Pour la réussite de ce forum, j'ai été obligé de préfinancer les travaux. Car en plus de la présidence de la République qui a donné sa caution aux organisateurs, j'avais engagé les rois et les chefs de Côte d'Ivoire dans cette affaire. A la fin du forum, l'initiateur de cette rencontre qui m'avait sollicité pour le volet scientifique s’est retracté. Mais au-delà de la question financière comme je le dis, c'est le bradage de mes productions scientifiques que je voulais dénoncer. Aujourd'hui, je m'en remets au Tout-Puissant qui seul au moment opportun fera éclater toute la vérité.
N.V. : Quelles sont les dispositions que vous avez prises pour que pareille situation ne se reproduise plus ?
Pr.U.A. : Tranquillisez-vous, nous avons déjà pris des mesures à notre niveau pour ne plus que nos productions soient bradées. Justement lors de ce colloque que nous allons tenir à Bouaké, nous allons mener des réflexons sur la question. Les universitaires vont plancher sur ce phénomène et prendre des résolutions fermes.
Par ailleurs, l'université continue ses travaux de recherche. Nous sommes sur l'identification.
Nous travaillons également sur la carte inter-africaine des alliances inter-ethniques. On est aussi en train de mettre sur pied, un observatoire pour appuyer les institutions coutumières. Mon université essaie de mettre sur pied des institutions en fonction des besoins de nos recherches. Progressivement, nous allons quitter l'univers des rois et chefs coutumiers. Parce qu'il faut respecter leur espace pour aller vers l'académisme. Nous allons entrer en laboratoire pour produire l'essentiel de nos recherches à partir de 2010.
N.V. : Muammar Kadhafi a été fait roi des rois tout récemment. Qu'en pense le chercheur sur la tradition africaine que vous êtes ?
Pr. U.A. : Aucun roi en Afrique ne peut être roi sur un autre roi. Donc c'est faux. Pour que Khadaffi soit roi, il faut alors qu'il soit roi de son pays et ce, en accord avec les rois de son pays.
Par ailleurs, est-il roi pour utiliser cette structure là où il a échoué au niveau de la mise en place de la présidence africaine ? Là où il a voulu être président des présidents, il n'a pas pu. Il devient maintenant roi des rois de façon désastreuse. Parce que ce n'est pas de cette façon qu'on devient roi. Donc, je dis non à cette appellation. C'est frauduleux. Je n'ose pas. Mais ce n'est pas correct.
En Afrique aucun roi n'est roi d'aucun autre roi.
Interview réalisée par Sérikpa Benson
Notre Voie : “La diplomatie académique intercompréhension et développement humain”, est le thème du colloque que vous organisez, du 12 au 15 mars prochain, à Bouaké. Quelles sont les motivations de ce colloque ?
Pr. Urbain Amoa : Sur ce colloque, je voudrais qu'on se réserve un temps puisqu'un point de presse est prévu à cet effet. Mais notre rythme annuel, c'est deux années académiques. Et à chaque rentrée académique, nous avons une activité d'importance. Cette fois-ci nous allons vers ce colloque inter-universitaire qui va réunir une dizaine d'universités et donc qui va porter sur “Diplomatie académique inter compréhension et Développement humain” à Bouaké.
N.V. : Quelle sera la particularité de cette rentrée académique autour de laquelle va se tenir ce colloque ?
U.A. : La particularité d'une rentrée académique est que nous connaissons tous, les difficultés que l'on a avec l'entrée à l'université. Certains enfants attendent. Et dans les universités publiques, certains parents aussi. Avant de pouvoir orienter leurs enfants. Les deux années qui ont précédé, des parents nous ont interpellés, ils ne savaient pas qu'en réalité, il y avait une deuxième rentrée. C'est donc une façon pour nous de voler au secours des parents qui n'auraient pas pu inscrire leurs enfants. Et donc en ouvrant la rentrée académique B en mars, nous faisons en sorte que l'année soit rattrapée pour les parents dont les enfants n'auraient pas commencé leur année académique. Mais cette particularité de l'université va être articulée autour de trois points au moins. Le premier point, c'est la rentrée elle-même, à laquelle nous accordons du prix. Le deuxième point, c'est le colloque et le troisième point, ce sont les manifestations qu'il y a autour. Nous allons ouvrir pour cette rentrée, une ou deux résidences de type de recherche; c'est-à-dire des espaces où des personnes viendront pour faire de la recherche, où des personnes viendront pour étudier. Un espace à Abidjan, un espace à N'Douci, Tiassalé où nous envisageons de créer l'université, et puis l'une des activités fortes de cette rentrée, c'est la mise sur pied d'une coopérative de protection de pagne baoulé.
N.V. : Après deux années d'exercice plein, peut-on savoir le nombre de diplômés et en même temps faire le bilan à mi-parcours des échanges que l'université a eus avec ses partenaires extérieurs ?
Pr.U.A. : L'université en naissant évolue de façon progressive. On avait le choix entre ouvrir les portes pour qu'on ait du monde dans un premier temps. Que non. C'est une approche progressive qui permet même à l'université Montesquieu de prendre son envol. Il faut faire en sorte que nos étudiants acquièrent progressivement notre esprit, nos méthodes de travail que les consultants qui sont des universités publiques, et de la fonction publique et des grandes entreprises épousent notre philosophie au niveau scientifique qui consiste à faire en sorte que chaque étudiant au moment où il rentre ici arrive à se déterminer et que à s sortie arrive aussi à produire un mini-mémoire par conséquent.
Sur cette question, les résultats sont très satisfaisants.
N.V. : La diplomatie académique est-elle un concept novateur initié par l'université Montesquieu ?
P.U.A. : Parvenu à un certain niveau intellectuel, vous êtes autorisés à concevoir des concepts, vous avez déjà entendu parler de la théorie de “l'élégance langagière” qui est un concept qui est né de cette université. Vient également la “réflexiologie” avec ses trois axes. C'est-à-dire faire en sorte qu'en faisant de la qualité de façon continue, la qualité s'impose à nous. Et maintenant nous sommes en “diplomatie académique”, tout cela nous est venu en idée. En fait, là où les politiques, là où tout autre structure ne peuvent trouver de repères, l'académisme s'installe. C'est-à-dire par exemple lorsque deux pays sont en conflit, il faut qu'on mette les universitaires à contribution à travers des séminaires, des colloques et d'autres rencontres. Que sur des bases scientifiques, nous orientions la cité. C'est d'ailleurs ce que nous faisons avec le festival de la route des reines et des rois et avec le colloque qui accompagne le festival. Donc c'est le troisième concept né de l'université et nous continuons.
N.V. : Cette seconde rentrée académique sera une sorte de ballon d'essai pour le festival de la route des Reines et des rois que vous organisez.
P.U.A. : Sortant d'Abengourou, nous avons estimé qu'il fallait prendre la route de l'ouest. Mais à l'origine, la toute première route qui devrait être prise, c'était la route du nord. Tout simplement parce qu'on voulait faire du festival, un instrument de réconciliation et puis nous avons pris la route d'Abengourou parce que les investigations nous ont permis d'aller jusqu'à Bouna et on a senti qu'en allant jusqu'à Bouna, nous étions dans la même logique.
Par contre la route initiale qui avait été établie demeure. Aujourd'hui on va assister à des rencontres sportives à Bouaké. Les politiques se rencontrent, allusion faite à la flamme de la paix à Bouaké. Les universitaires doivent aussi dire leur mot sur la paix en Côte d'Ivoire. C'est-à-dire faire en sorte que là où on doit apporter notre regard qu'on hésite pas à le faire. Donc la prochaine route, telle que nous sommes en train de l'imaginer, c'est à Bouaké. C'est au colloque que nous allons la déterminer. Mais l'hypothèse forte, est que nous fassions Toumodi Yamoussoukro, Bouaké avec comme domiciliation du festival la ville de Bouaké.
N.V. : On suppose que le festival de la route des reines et des rois avait aussi pour ciment, de recoudre le tissu social. Mais récemment on a pu constater qu’entre les chefs traditionnels et vous le courant passe mal. Qu’en est-il ?
P.U.A. : C'est un sujet que je considère comme dépassé. Vous savez je me définis avant tout comme chercheur. J'ai eu cette rencontre avec les chefs coutumiers, parce qu'il fallait prendre appui sur leur science et les associer à mes recherches. Mais une fois qu'on a fini cette première étape, le chercheur entre en laboratoire. Notre objectif c'était d'aller vers la production d'une encyclopédie des royaumes et civilisations d'Afrique. Vers également la production d'un dictionnaire onomastique. Et puis vers la mise en place de toutes les études convergentes qui devraient pouvoir permettre la création de la chambre des rois, des chefs traditionnels. Donc nous sommes dans cette logique.
Bien évidemment, l'ennui, c'est que parfois, la recherche est plus lente que les politiciens. Pendant que le chercheur de façon tranquille et lente essaie de tester ses hypothèses, un chef ou tout autre personne peut exploiter les choses encore inachevées et en faire son affaire. Il y a donc ici risque de bradage de nos productions. C'est ce qui a entraîné les incompréhensions apparentes que vous avez observées. Mais je puis vous assurer qu'avec les rois et les chefs de Côte d'Ivoire, il y a une parfaite entente et une parfaite harmonie. Il y a eu seulement une exploitation faite par un des leurs qui n'est pas roi, qui est un chef. Il a été instrumentalisé en utilisant les produits de l'université, en changeant seulement les terminologies là où nous avons mis “chambres de rois et de chefs”, il a utilisé le même document et a mis “forum”. Il a vendu ailleurs, ça bien pris. Mais pour nous, seule la vérité triomphera. Car la vérité est scientifique. En tout cas je respecte énormément les rois et les chefs de Côte d'Ivoire. Ils le savent bien. Et ils me le rendent très bien aussi.
N.V. : N'y a -t-il pas de risque que votre idée première qui est de mettre en place une “chambre de rois et chefs traditionnels” soit galvaudée ?
Pr.U.A. : Pour tout dire, l'utilisation qui est faite de nos recherches ne nous semble pas élégante. La vérité est que sur le document, en notre possession, il est écrit : “La chambre des rois et des institutions coutumières”. Ce document a été éprouvé à Abengourou lors de la 6ème édition du festival international de la route des reines et des rois, et lors de nombreux colloques. Sur la même base de ce document, on fait sauter “chambre” pour le remplacer par “forum” sur la couverture. Mais à l'intérieur du document le mot “chambre” retrouve sa place. C'est dire que la transformation des terminologies a manqué de rigueur. Ce sont des choses qui devraient faire l'objet de poursuite. Mais nous n'en sommes pas là pour le moment.
Ce que je demande tout simplement, et c'est ce qui a peut être fait l'objet du sit-in que j'ai observé devant l'ambassade de la Libye, c'était de lutter contre le bradage des productions intellectuelles. Je veux parler aussi de l'annuaire de rois et chefs traditionnels, l'une de nos productions qui s'est retrouvée au Bureau ivoirien du droit d'auteur (BURIDA).
Et tenez-vous bien, c'est un document muet qui a été déposé au BURIDA, c'est-à-dire sans les noms et adresses des rois et chefs traditionnels.
N.V. : Il semblerait que votre acte a été plus motivé pour des questions d'argent…
Pr. U.A. : Non, je voulais juste dénoncer le bradage de mes travaux de recherche et attirer l'attention de tous sur l'exploitation parfois abusive des productions scientifiques par certains individus. Mais sur la question financière, je dirai aussi qu'un travail a un coût. Et pour réaliser le forum, les organisateurs m'ont proposés 22 millions FCFA. C'est-à-dire deux millions F CFA en plus de ce que j'ai demandé. Pour la réussite de ce forum, j'ai été obligé de préfinancer les travaux. Car en plus de la présidence de la République qui a donné sa caution aux organisateurs, j'avais engagé les rois et les chefs de Côte d'Ivoire dans cette affaire. A la fin du forum, l'initiateur de cette rencontre qui m'avait sollicité pour le volet scientifique s’est retracté. Mais au-delà de la question financière comme je le dis, c'est le bradage de mes productions scientifiques que je voulais dénoncer. Aujourd'hui, je m'en remets au Tout-Puissant qui seul au moment opportun fera éclater toute la vérité.
N.V. : Quelles sont les dispositions que vous avez prises pour que pareille situation ne se reproduise plus ?
Pr.U.A. : Tranquillisez-vous, nous avons déjà pris des mesures à notre niveau pour ne plus que nos productions soient bradées. Justement lors de ce colloque que nous allons tenir à Bouaké, nous allons mener des réflexons sur la question. Les universitaires vont plancher sur ce phénomène et prendre des résolutions fermes.
Par ailleurs, l'université continue ses travaux de recherche. Nous sommes sur l'identification.
Nous travaillons également sur la carte inter-africaine des alliances inter-ethniques. On est aussi en train de mettre sur pied, un observatoire pour appuyer les institutions coutumières. Mon université essaie de mettre sur pied des institutions en fonction des besoins de nos recherches. Progressivement, nous allons quitter l'univers des rois et chefs coutumiers. Parce qu'il faut respecter leur espace pour aller vers l'académisme. Nous allons entrer en laboratoire pour produire l'essentiel de nos recherches à partir de 2010.
N.V. : Muammar Kadhafi a été fait roi des rois tout récemment. Qu'en pense le chercheur sur la tradition africaine que vous êtes ?
Pr. U.A. : Aucun roi en Afrique ne peut être roi sur un autre roi. Donc c'est faux. Pour que Khadaffi soit roi, il faut alors qu'il soit roi de son pays et ce, en accord avec les rois de son pays.
Par ailleurs, est-il roi pour utiliser cette structure là où il a échoué au niveau de la mise en place de la présidence africaine ? Là où il a voulu être président des présidents, il n'a pas pu. Il devient maintenant roi des rois de façon désastreuse. Parce que ce n'est pas de cette façon qu'on devient roi. Donc, je dis non à cette appellation. C'est frauduleux. Je n'ose pas. Mais ce n'est pas correct.
En Afrique aucun roi n'est roi d'aucun autre roi.
Interview réalisée par Sérikpa Benson