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Société Publié le lundi 23 février 2009 | Nord-Sud

À chaud - Les "sous hommes"

Pour la nième fois des familles, plusieurs dizaines du quartier précaire de Gobelet se retrouvent à la rue. Les bicoques qui leur servaient de logis ont été rasées. Comme à l’accoutumée, un propriétaire est arrivé un matin, bulldozer en avant, et tout a été démoli. Les occupants de cet espace, certains y sont depuis plus de vingt cinq ans, n’ont que leurs yeux pour pleurer. Devant le drame des habitants, les propriétaires sortent des documents qui fondent leur droit. Les regards se tournent alors vers les autorités. Le quartier Gobelet est symptomatique de l’existence aléatoire de milliers de personnes dans les grandes agglomérations. Gobelet, c’est le refuge de ces hommes et femmes employés pour beaucoup comme agents de maison, gardiens, chauffeurs, jardiniers…les salaires versés ne permettent pas à ces personnes de vivre dans les appartements cossus de Cocody. Et pourtant, il faut exister et travailler. Gobelet sort ainsi de terre. Un quartier aux versants des Plateaux occupé par les employeurs de la main d’œuvre à vil prix. Sur des dizaines de mètres, le quartier précaire s’étend et s’agrandit. Chacun trouve son compte. Les petites gens qui arrivent à s’abriter. Les bonnes gens qui ont, à portée de main, le personnel indispensable. La ville des pauvres côtoie celle des riches. Les habitants de Gobelet pourtant se savent en sursis. De fait, organisés, avec leurs responsables, ils feront des mains et des pieds pour obtenir un droit d’occupation sur « leur territoire ». En vain !


La jungle

Les puissants sont plus forts. En un tour de main, ils ont tous les documents. Alors commence la douloureuse attente du jour où la machine viendra faire son œuvre. Sous les yeux des autorités. Elles qui savent que le droit au logement existe. Un droit comme tous les autres qui fondent les libertés humaines aux niveaux politique, civil, économique et social. En vingt cinq ans d’occupation d’un cite, au vu et au su de tous, qui oserait croire qu’un droit légitime ne s’est pas créé ? Qui peut soutenir que le droit de propriété peut en pareil cas conduire à un déguerpissement brutal sans la moindre mesure de recasement ? La situation à Gobelet comme celle des déguerpissements récents à Macaci, à Adjamé, et celle annoncée des artisans le long de la voie express d’Abobo sont de nature à fixer l’idée que cette société est celle de la jungle. Les forts dévorant avec cruauté les faibles. La loi, les administrations, bref toute l’organisation socio-administrative ne fonctionnant que comme un instrument protégeant les intérêts des puissants. A cette allure, les pauvres, les démunis, les « sous-hommes » iront de désespoir en désespoir. Jusqu’où ? Cette situation, c’est sûr, est pleine de périls pour l’équilibre et l’avenir de la société.


Dembélé Al Seni
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