A la suite d’un courrier, daté du 23 février 2009, adressé à l’Administrateur provisoire du Burida dans lequel Sidiki Bakaba demandait « l’autorisation de retirer ses œuvres du Burida », Obou Armand Gérard – Administrateur provisoire – n’a trouvé « aucun inconvénient » à la requête du cinéaste, acteur, metteur en scène qui décide, désormais, de confier ses 23 œuvres (films, théâtre, cinéma, documentaires) – enregistrées au Burida le 23 janvier 2008 – à la cinémathèque de Ouagadougou. Une décision qui n’est pas prise sur un coup de tête car ayant des antécédents. Frustrations et amertume s’y mêlent. « Je veux que les gens me comprennent, ce n’est pas un conflit contre mon pays », a-t-il précisé sans toutefois « mettre en cause la direction du Burida » ni la personne de Obou Armand. Pour Sidiki Bakaba, avec la fin de l’administration provisoire de celui-ci qui se sanctionne, en mai, par l’élection d’un directeur à la tête du Burida et la constitution d’un conseil d’administration à la suite d’une assemblée générale, ses œuvres ne seront « plus en sécurité ». Par ailleurs, bien que les candidatures soient ouvertes à tous, il demande une visibilité. Sur la gestion du Burida, Sidiki Bakaba, « sans contester la décision du Président de la République » de confier la Maison aux artistes, fait entendre qu’ailleurs « la plus part de ces structures sont gérées par des administrateurs. A-t-on réfléchi pourquoi les autres ont fait appel à des administrateurs ? Il y a de l’assurance et pas de règlement de compte. Je dépose mes œuvres à la cinémathèque de Ouaga en attendant que quelque chose de sérieux suive ». S’il avait, dit-il, « la certitude qu’un homme de la trempe de Armand Obou resterait à la tête du Burida », il n’aurait pas retiré ses œuvres. « J’ai bien peur que cette structure tombe dans la main des artistes » pour, admet Sidiki, retourner à la case départ des querelles. « Il y a trop de règlements de compte dans le milieu des artistes. C’est triste », a-t-il regretté tout en citant certains critiques, du temps où il résidait en France, avec le regard que « la Côte d’Ivoire est le pays où il y a trop de divisions entre les artistes ». Ce qu’il dit ne pas comprendre, c’est que ses amis d’une même génération – Bienvenu Neba qu’il côtoie depuis l’école d’art dramatique, BBC et Paul Dokui – qui ont composé le jury de Haut de Gamme 2008 ne reconnaissent pas en lui « l’artiste qui est cité dans les encyclopédies aux Etats-Unis ». « Que des gens si proches oublient qui nous sommes, c’est se demander si on est artiste ivoirien ou citoyen ivoirien. Je suis artiste pour le continent. Ce n’est pas un oubli. Cela avait une couleur de règlement de compte », explique-t-il l’attitude de ses « jeunes » amis. Eux qui, connaissant Désiré Ecaré – alors dans le coma pendant la soirée de Haut de Gamme – n’ont pas fait « allusion » à lui. « Désiré Ecaré a fait que je suis devenu cinéaste. Lui et Timité Bassori », témoigne Sidiki qui « réalise au bout du compte » que sa famille artistique n’en est pas une de bonne. Autre fait, fait-il savoir, parler d’artistes en Côte d’Ivoire dans la conception générale, c’est faire allusion « aux musiciens » et minimiser « la présence des autres ». Un « paradoxe », pour lui, de n’être pas considéré comme un artiste. « Ailleurs, on tient compte de moi de ce que j’ai donné dans une industrie pendant une trentaine d’années ». Après s’être soumis aux procédés administratifs avec celui qui part de la Maison et sous le regard de Hugues Okoun le chef du service Droits voisins, Obou Armand Gérard a traduit à Sidiki Bakaba toute son admiration. Pour lui, « l’Afrique entière le respecte. En son temps, l’Afrique entière l’honorera ».
Koné Saydoo
