L'Académie des sciences, des arts, des cultures d'Afrique et des diasporas africaines (Ascad), a repris ses activités après avoir été durement frappée par les décès du professeur Harris Memel Fotê et du cinéaste Désiré Ecaré. Jeudi, dans une conférence sur le thème «le mindélisme (amour profond de la vie), ses rapports avec les arts et fo-ndi des Akan de Côte d'Ivoire», Charles Nokan explique un concept peu connu. Selon le conférencier, le «mindélisme» (Baoulé ou Agni) ou «mandiléisme (N'Zima), qui veut dire littéralement «manger la vie», est le rapport à la vie, à l'existence qu'ont les peuples de l'aire Akan et qui s'agrippe à la crainte de la mort. Toute chose qui amène ces peuples à effacer de leur esprit l'idée d'une mort quelconque. «L'attachement à la vie fait qu'il y a une quasi-inexistence du crime et du suicide chez les Akan, notamment chez les Baoulé», a-t-il mentionné. L'écrivain démontre que les Akan sont un peuple viscéralement attaché à l'existence. «Vivre le présent en se remémorant le passé et en rêvant l'avenir sans penser à l'au-delà qui n'existe pas», a-t-il enseigné. Le mindélisme apparaît donc comme «le lien solide des vivants à la vie», l'exaltation de la joie, où l'homme doit se libérer de la peur de mourir car la mort est une évidence comme le pense le philosophe Martin Heidegger. En clair, pour le conférencier, le mindiléisme est une sorte d'épicurisme, d'hédonisme. Notons que Charles Nokan est enseignant-chercheur à l'université de Cocody. Cet intellectuel est auteur de plusieurs ouvrages dont «Violent était le vent» (1966).
Issa T.Yéo
Issa T.Yéo