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Art et Culture Publié le vendredi 27 février 2009 | Fraternité Matin

7ème art : L’heure de l’innovation a-t-elle sonné?

Demain s’ouvre au Burkina Faso, la 21e édition du Festival panafricain du cinéma de Ouagadougou, Fespaco.

Sous le thème Le cinéma africain, tourisme et patrimoine culturel, La capitale du Burkina Faso, Ouagadougou, va être sur orbite ce samedi. Elle va vivre, une semaine durant, au rythme de la Cannes des Tropiques, le Festival panafricain du cinéma de Ouagadougou, Fespaco – allusion au Festival de Cannes- en célébrant un 7e art du continent encore à la recherche de ses marques.

Placée sous le triptyque cinéma-tourisme et patrimoine culturel, cette édition, la 21e, entend certes célébrer le cinéma, mais aussi l’associer à la dimension-tourisme. En montrant ce que le cinéma peut faire pour promouvoir le tourisme et le patrimoine culturel. Des secteurs sont importants pour le développement des pays africains.

Thématique choisie en fonction de l’évolution du temps et de l’importance que prend, de plus en plus, le tourisme dans l’économie des Etats africains, le délégué général de cette manifestation, Michel Ouédraogo, inscrit ces 40 ans sous le signe de grandes innovations à opérer, à travers un programme de restructuration consigné dans un document baptisé Vision 21. Une manière pour lui de répondre au défi du 21ème siècle. «Nous pensons qu’il faut inscrire le Fespaco dans le siècle nouveau, avec l’évolution de son temps, les évolutions technologiques. Le Festival, pour répondre à cela, doit apporter des innovations pour la compétition, l’organisation des cérémonies et aussi des innovations qui puissent présenter le présenter dans une visibilité institutionnelle permanente. Le Fespaco, pour nous, ne doit plus s’identifier seulement à la biennale; il doit être une institution qui vit au quotidien et fera du cinéma au quotidien», argumentait-t-il dans une interview à nous accordée en septembre dernier à Namur (Belgique).

Mieux, pour lui, cette fête, manifestation de proximité, populaire, non élitiste, doit s’innover pour être un festival à l’image de ce que l’Afrique peut représenter. Dans tous les domaines. Pour que ce Festival ne soit plus vu comme une manifestation uniquement du cinéma, mais véritablement comme celle de la culture africaine. D’où l’hommage que le Fespaco va rendre aux illustres cinéastes du continent disparus, parmi lesquels le «doyen» «l’Etalon d’honneur», Sembène Ousmane, qui avait porté le cinéma africain, quarante ans durant, de toutes ses forces. Et ce, dans le prolongement des hommages rendus à cette autre icône du cinéma africain par le Sénégal, avec à sa tête le Chef de l’Etat Abdoulaye Wade. Ce sera, précisait M. Ouédraogo, «une reconnaissance à un digne fils de l’Afrique. Sembène est certes de nationalité sénégalaise, mais il est un Africain, comme il aimait à le dire. Pour nous, sans être le géniteur du Fespaco, il en est le père adoptif, celui qui l’a porté, allaité de son intelligence, de sa production filmographique. Je crois que le Fespaco va lui rendre un hommage mérité. Avec le soutient des autorités burkinabè, nous allons ériger une place ou certainement une rue en son nom».

Le Fespaco, si l’on en croit son premier responsable, prendra aussi l’initiative de réaliser une sculpture de 2 m de hauteur, en bronze satiné, qui sera placée à la place ou à la rue qui portera son nom. Mieux, le Festival va lui réserver la Chambre N°1 de l’hôtel Indépendance, où chacun viendra lui rendre hommage. Cette chambre, les responsables de l’hôtel l’ont donnée aux cinéastes africains afin d’en faire ce qu’ils veulent. «Pour tout ce qu’il a fait pour le Fespaco et pour le cinéma africain, nous voulons que cette chambre soit le musée Sembène».

Le souhait du délégué général de cette fête du cinéma panafricain: que dans toutes les capitales africaines, les autorités puissent dégager une rue ou une place baptisée Fespaco, où seront posées les sculptures à taille humaine des vainqueurs des différents Etalon. Mais au-delà, il s’agit, selon lui, de faire du Fespaco au quotidien. Une manière de reconquérir nos écrans où, le moins que l’on puisse dire, voir un film africain, fait par des africains, relève du miracle, presque. Cela passe évidemment, comme il le dit si bien, par une production filmographique africaine plus forte en quantité et en qualité, à travers une réelle politique de développement cinématographique à l’échelle du continent. D’où l’urgence, chez lui, de mobiliser les politiques en Afrique. «Il faut que nos chefs d’Etat comprennent que le Fespaco, le cinéma africain, est un instrument de développement pour la promotion de la culture africaine. Au 21ème siècle, aujourd’hui, le premier instrument de conquête et d’imposition de sa culture passe par le cinéma, qui est une synthèse des cultures». Aussi invite-t-il les politiques à s’engager à soutenir dans tous les Etats africains la production cinématographique; que les Etats africains acceptent de contribuer à l’organisation du festival; que l’Union africaine comprenne, de plus en plus, que le cinéma et le Fespaco sont des moteurs du développement de l’Afrique; mieux du dialogue interculturel; du dialogue entre les peuples dans le monde.


Michel Koffi
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