Nominations tous azimuts à la Police nationale - Le plan secret de Tagro pour mater l’opposition

Une main de fer dans un gant de velours. Derrière les nombreuses nominations dans la grande famille de la Police nationale, apparemment anodines, se cache une réelle et farouche volonté du ministre de tutelle Désiré Tagro d’avoir une mainmise sur ce corps. Le dernier changement à la tête de la très stratégique Direction de la surveillance du territoire (DST) achève de convaincre les plus sceptiques qu’il y a bien péril en la demeure de l’opposition. Pourquoi Toit simplement parce que n’est pas le patron de la DST qui veut. Comme son nom l’indique, cette direction de la Police, de part son importance, n’est confiée à personne d’autre qu’à des hommes du sérail, ou même à des obligés. Et pour cause, ce service constitue le cœur du renseignement d’un pays. En France par exemple, l’équivalent de la DST est la Direction générale de la sécurité extérieure, couramment connue sous son sigle de DGSE. En raison de sa très grande importance, la DGSE est placée sous l’autorité du ministre de la Défense. Elle est chargée, selon les termes de l'article D. 3126-2 du code de la défense, «de rechercher et d’exploiter les renseignements intéressant la sécurité de la France, ainsi que de détecter et d'entraver, hors du territoire national, les activités d’espionnage dirigées contre les intérêts français afin d’en prévenir les conséquences». Avant le décret du 2 avril 1982 qui a procédé à sa refondation, la DGSE s’appelait le Service de documentation extérieure et de contre-espionnage (SDECE). La DGSE est membre de la Communauté française de renseignement. Comme on le voit donc, la question de la sécurité du territoire revêt une importance capitale. En Côte d’Ivoire, il est de notoriété que la DST est la prison par excellence des opposants aux régimes et des personnalités jugées trop gênantes pour le régime en place. Ce n’est pas à tout hasard que Désiré Tagro y a placé un de ses frères. Notamment le Commissaire Négblé Dogba César anciennement patron de la Police judiciaire. Avec lui, Tagro peut dormir en paix. Sûr qu’il est, que les opposants et autres ‘’agitateurs’’ seront traités comme tels. En réalité, ce n’est pas maintenant que le ministre de l’Intérieur dont les agissements rappellent un certain…. Emile Boga Doudou (paix à son âme) a commencé ses grandes manœuvres et ses coups bas contre l’opposition en plaçant ses hommes de main à des postes aussi stratégiques les uns que les autres. Tenez, le 11 juillet 2008, Désiré Tagro a procédé à des vastes nominations à la Police nationale. Ces nominations au nombre de plus de cent, avaient concerné les Inspecteurs généraux et leurs adjoints, les Inspecteurs, les Directeurs généraux, les Directeurs d’administration centrale de l’administration du territoire et de la police nationale ont été faites par décret N° 2007-510 du 11 juillet 2007.

C’est d’ailleurs à juste titre que le quotidien pro-gouvernemental ‘’Fraternité Matin’’ a écrit ceci à propos justement de cette vague de nominations à la Police nationale : «Le département ministériel que dirige Désiré Tagro a connu, depuis le 11 juillet, une vaste restructuration qui a fait tomber de fortes têtes à la police.» C’est tout dire. Mais Désiré Tagro ne s’arrête pas en si bon chemin. La population abidjanaise a dû remarquer que les policiers ont été dotés de véhicules ‘’tout terrain’’ de la part de la tutelle. Ainsi, il n’est pas rare de les voir se parader à bord desdits véhicules dont les numéros sont fonction des quartiers et sous quartier d’Abidjan où ils sont ‘’affectés’’. Des véhicules bien visibles et tout aussi reconnaissables par leurs fameux écriteaux ‘’Forces d’intervention rapide’’. Selon des sources proches du gouvernement, toute cette organisation dans la police nationale se fait sans la caution du gouvernement ivoirien qui ne sait même pas ce qui se passe. Désiré Tagro voulait mettre la police nationale toute entière aux pieds de Gbagbo qu’il ne s’y prendrait pas autrement.


Yves-M. ABIET