Les salons de coiffure sont des espaces d'échanges prisés par les Abidjanaises. Là, entre femmes, on se laisse aller à des confidences, mais aussi aux commérages. Nord-Sud Quotidien a enquêté.
Yopougon Sicogi. Ce vendredi, « Sibelle beauté », un salon de coiffure, situé en plein cœur du marché, est animé. Entre les coiffeuses occupées à rendre belles leurs clientes, deux filles bavardent à haute voix. «…Il a osé coucher avec cette p… de Sarah. Si j'étais sa femme, j'allais me venger », fulmine l'une d'elles. « Pardon, c'est ta cousine, ne l'oblige pas à en arriver là, les choses ne peuvent pas se régler ainsi », renchérit l'autre. Leur conversation intéresse certaines clientes qui n'hésitent pas à donner leur point de vue, le plus librement du monde. D'autres, indifférentes, parlent d'autres choses. Dans cette ambiance personne ne se met en marge des commérages. Coiffeuses, gérante, clientes et visiteuses chacune est une pie. « Sibelle beauté » est un salon typique d'Abidjan. Le lieu ne désemplit pas. Potins de quartier, commentaires sur la vie des artistes etc…, sont les sujets qui alimentent le plus les débats, selon Tina, la gérante. «Mon salon de coiffure est comme une maison familiale. Tout le monde vient pour solliciter mes services en matière de beauté et aussi bénéficier de mon expérience et mes conseils dans la vie active », note-t-elle.
A Adjamé, boulevard Nagui Abrogoua, Gisèle Kouamé tient un salon de coiffure aussi animé que celui de Tina. Surtout qu'elle vend des mèches et des produits cosmétiques. Sa clientèle est aussi bien féminine que masculine. « Je reçois les clientes qui viennent de partout et de très loin. Elles estiment que mon salon est toujours animé et que je les traite bien », raconte Gisèle. Dans la pièce, la musique entretient l'ambiance. Des filles, qui se font arranger les cheveux, bavardent sans souci de discrétion. Difficile de suivre le fil des sujets de conversation tant ils sont variés. En général, il s'agit d'histoires de foyer et de cœur. Presque, jamais de politique, selon la patronne des lieux. « La vie des artistes intéressent également mes clients. Les rares hommes que je reçois se contentent de sourire face à tous ces commentaires », ajoute Gisèle. Elle précise qu'il y a parfois des disputes entre les clientes parce que l'une a qualifié l'artiste préféré de l'autre de vaurien. Abdoulaye D., est l'un des rares hommes à tenir un salon de coiffure pour femmes. Il s'est installé à Adjamé-Bracody. Cet après-midi, il s'apprête à coiffer une cliente. Dans la salle, plusieurs filles attendent leur tour. Le salon compte pourtant deux autres coiffeuses. Mais les clientes préfèrent les services d' «Ablo », comme elles l'appellent affectueusement. Il a un doigté magique, soutiennent-elles. Chez Ablo, les potins ne manquent pas. Vie de foyer, aventures amoureuses, showbiz etc…, sont au menu. Le paradoxe ici, c'est que des commérages discrets se tiennent même sur la personne du gérant. Les clientes le trouvent efféminé et singulier. Celles qui arrivent pour la première fois chez Ablo ne manquent pas de commentaire. « Ablo est un excellent coiffeur, mais la rumeur selon laquelle il est homosexuel a attiré ma curiosité et c'est pour ça que je viens me faire coiffer chez lui », chuchote une cliente venue de Yopougon-Niangon pour expérimenter les qualités du patron.
Un autre salon de coiffure bien particulier, « Yoyo coiffure », situé à Yopougon Sideci. Aujourd'hui, l'espace est vide. Des coiffeuses, s'activent vêtues de rose avec des tabliers blancs. Une dame exigeante admire son chignon devant une glace. Aucune cliente dans le salon. « Combien coûte un défrisage, Madame?». Le hasard va donner une tournure mouvementée à notre visite. Pendant que nous échangeons avec l'une des coiffeuses sur le tarif, une dame imposante se précipite dans la pièce. La mine renfrognée, elle lance des injures à la gérante : « Fatim, espèce de p… Si jamais je te revois avec mon mari, je vais brûler ton salon. Tu penses que je ne sais pas que c'est lui qui a ouvert ce salon pour toi ?», menace-t-elle? Scène troublante. Heureusement, la dame repart comme un coup de vent. Rires dans le salon. Fatim, la gérante, est celle qui se souciant pour son chignon quelques minutes plus tôt. Elle vit régulièrement ce genre de scène, selon Affiba, une coiffeuse du salon. « Ce genre de situation ne manque pas dans les salons de coiffure. Je le sais parce que je suis à mon troisième salon d'apprentissage », témoigne-t-elle.
Comme ceux de Yopougon et d'Adjamé, les espaces de beauté de Treichville ne manquent pas de commérages. « Les femmes n'hésitent pas à exposer leur vie privée dans mon salon », indique une gérante à Treichville vers l'immeuble Nanan Yamousso. Elle ne s'en offusque pas, parce que ses clientes ne parlent pas de politique. Contrairement à ceux des autres communes de la capitale économique, les salons de coiffure de Cocody sont moins bruyants. «Fashion hair style », à Angré, 7èmetranche, en donne l'exemple. Une belle fille nous accueille. Dans la salle, quelques clientes sont sous des casques. Un téléviseur distille des images et de la musique langoureuse. Dans un coin de la pièce, une cliente se fait de la pédicure. Heureusement que la mélodie entretient l'ambiance. Chacune semble plongée dans ses pensées. Certaines parcourent des revues. « Ici, les clientes ne causent pas du tout. Elles préfèrent feuilleter les magasines ou suivre le programme de la télé », souligne la gérante, Mlle A. Sylvie. M.N, autre patronne de salon à Angré, connaît la même situation. Elle a une clientèle constituée en majorité d'élites. « Elles parlent de leur boulot et des relations avec leur patron », dit-elle. Pas de politique ni de commérages de quartier. A « Splendide beauté », les femmes ont pratiquement le même comportement. Réservées et discrètes. L'espace sert à la fois de salon de coiffure et de magasin de produits de beauté, de mèche et de chaussures. «Ces différents produits permettent d'attirer la clientèle, et d'animer le salon. Cependant, il faut noter que les clientes ne sont pas bavardes. Le plus souvent, quand elles parlent, c'est pour faire des remarques sur la coiffure de quelqu'un», indique Mariama,. À la Riviera-Palmeraie, un salon feutré dirigé par Koman Adèle nous a permis de connaître un peu le comportement des habitués de ces endroits luxueux. « Ici, les femmes ne s'intéressent qu'à leur beauté, comment faire pour avoir une belle peau, une coiffure qui épouse la forme du visage », indique Elise, une employée. Elle ajoute qu'il y a souvent des commentaires sur les produits. A la cité universitaire de Cocody, le salon de Nina livre une ambiance particulière. Il est 19 heures. Les coiffeuses, les clientes et les visiteuses sont concentrées sur le feuilleton télévisé qui passe sur la deuxième chaine (Tv2). Nous faisons comme elles. À l'heure de la publicité, une cliente entre et se fait remarquer. Personne ne semble s'occuper d'elle. Fâchée, elle se plaint. Une coiffeuse l'invite à prendre son mal en patience, le temps de finir avec le feuilleton. La cliente s'emporte et une dispute éclate entre les deux. La gérante du salon, Mlle Bamba, tente de les calmer. « Elle est toujours pressée, celle-là. Elle se prend pour une déesse, depuis qu'elle sort avec un professeur d'université», explique la coiffeuse. Heureusement, les deux palabreuses n'en viennent pas aux mains.
On le voit, les sujets de conversations ne manquent pas dans les salons de coiffure qui pullulent à Abidjan. Les potins varient en fonction des communes, des espaces et des clientes.
S.S
Yopougon Sicogi. Ce vendredi, « Sibelle beauté », un salon de coiffure, situé en plein cœur du marché, est animé. Entre les coiffeuses occupées à rendre belles leurs clientes, deux filles bavardent à haute voix. «…Il a osé coucher avec cette p… de Sarah. Si j'étais sa femme, j'allais me venger », fulmine l'une d'elles. « Pardon, c'est ta cousine, ne l'oblige pas à en arriver là, les choses ne peuvent pas se régler ainsi », renchérit l'autre. Leur conversation intéresse certaines clientes qui n'hésitent pas à donner leur point de vue, le plus librement du monde. D'autres, indifférentes, parlent d'autres choses. Dans cette ambiance personne ne se met en marge des commérages. Coiffeuses, gérante, clientes et visiteuses chacune est une pie. « Sibelle beauté » est un salon typique d'Abidjan. Le lieu ne désemplit pas. Potins de quartier, commentaires sur la vie des artistes etc…, sont les sujets qui alimentent le plus les débats, selon Tina, la gérante. «Mon salon de coiffure est comme une maison familiale. Tout le monde vient pour solliciter mes services en matière de beauté et aussi bénéficier de mon expérience et mes conseils dans la vie active », note-t-elle.
A Adjamé, boulevard Nagui Abrogoua, Gisèle Kouamé tient un salon de coiffure aussi animé que celui de Tina. Surtout qu'elle vend des mèches et des produits cosmétiques. Sa clientèle est aussi bien féminine que masculine. « Je reçois les clientes qui viennent de partout et de très loin. Elles estiment que mon salon est toujours animé et que je les traite bien », raconte Gisèle. Dans la pièce, la musique entretient l'ambiance. Des filles, qui se font arranger les cheveux, bavardent sans souci de discrétion. Difficile de suivre le fil des sujets de conversation tant ils sont variés. En général, il s'agit d'histoires de foyer et de cœur. Presque, jamais de politique, selon la patronne des lieux. « La vie des artistes intéressent également mes clients. Les rares hommes que je reçois se contentent de sourire face à tous ces commentaires », ajoute Gisèle. Elle précise qu'il y a parfois des disputes entre les clientes parce que l'une a qualifié l'artiste préféré de l'autre de vaurien. Abdoulaye D., est l'un des rares hommes à tenir un salon de coiffure pour femmes. Il s'est installé à Adjamé-Bracody. Cet après-midi, il s'apprête à coiffer une cliente. Dans la salle, plusieurs filles attendent leur tour. Le salon compte pourtant deux autres coiffeuses. Mais les clientes préfèrent les services d' «Ablo », comme elles l'appellent affectueusement. Il a un doigté magique, soutiennent-elles. Chez Ablo, les potins ne manquent pas. Vie de foyer, aventures amoureuses, showbiz etc…, sont au menu. Le paradoxe ici, c'est que des commérages discrets se tiennent même sur la personne du gérant. Les clientes le trouvent efféminé et singulier. Celles qui arrivent pour la première fois chez Ablo ne manquent pas de commentaire. « Ablo est un excellent coiffeur, mais la rumeur selon laquelle il est homosexuel a attiré ma curiosité et c'est pour ça que je viens me faire coiffer chez lui », chuchote une cliente venue de Yopougon-Niangon pour expérimenter les qualités du patron.
Un autre salon de coiffure bien particulier, « Yoyo coiffure », situé à Yopougon Sideci. Aujourd'hui, l'espace est vide. Des coiffeuses, s'activent vêtues de rose avec des tabliers blancs. Une dame exigeante admire son chignon devant une glace. Aucune cliente dans le salon. « Combien coûte un défrisage, Madame?». Le hasard va donner une tournure mouvementée à notre visite. Pendant que nous échangeons avec l'une des coiffeuses sur le tarif, une dame imposante se précipite dans la pièce. La mine renfrognée, elle lance des injures à la gérante : « Fatim, espèce de p… Si jamais je te revois avec mon mari, je vais brûler ton salon. Tu penses que je ne sais pas que c'est lui qui a ouvert ce salon pour toi ?», menace-t-elle? Scène troublante. Heureusement, la dame repart comme un coup de vent. Rires dans le salon. Fatim, la gérante, est celle qui se souciant pour son chignon quelques minutes plus tôt. Elle vit régulièrement ce genre de scène, selon Affiba, une coiffeuse du salon. « Ce genre de situation ne manque pas dans les salons de coiffure. Je le sais parce que je suis à mon troisième salon d'apprentissage », témoigne-t-elle.
Comme ceux de Yopougon et d'Adjamé, les espaces de beauté de Treichville ne manquent pas de commérages. « Les femmes n'hésitent pas à exposer leur vie privée dans mon salon », indique une gérante à Treichville vers l'immeuble Nanan Yamousso. Elle ne s'en offusque pas, parce que ses clientes ne parlent pas de politique. Contrairement à ceux des autres communes de la capitale économique, les salons de coiffure de Cocody sont moins bruyants. «Fashion hair style », à Angré, 7èmetranche, en donne l'exemple. Une belle fille nous accueille. Dans la salle, quelques clientes sont sous des casques. Un téléviseur distille des images et de la musique langoureuse. Dans un coin de la pièce, une cliente se fait de la pédicure. Heureusement que la mélodie entretient l'ambiance. Chacune semble plongée dans ses pensées. Certaines parcourent des revues. « Ici, les clientes ne causent pas du tout. Elles préfèrent feuilleter les magasines ou suivre le programme de la télé », souligne la gérante, Mlle A. Sylvie. M.N, autre patronne de salon à Angré, connaît la même situation. Elle a une clientèle constituée en majorité d'élites. « Elles parlent de leur boulot et des relations avec leur patron », dit-elle. Pas de politique ni de commérages de quartier. A « Splendide beauté », les femmes ont pratiquement le même comportement. Réservées et discrètes. L'espace sert à la fois de salon de coiffure et de magasin de produits de beauté, de mèche et de chaussures. «Ces différents produits permettent d'attirer la clientèle, et d'animer le salon. Cependant, il faut noter que les clientes ne sont pas bavardes. Le plus souvent, quand elles parlent, c'est pour faire des remarques sur la coiffure de quelqu'un», indique Mariama,. À la Riviera-Palmeraie, un salon feutré dirigé par Koman Adèle nous a permis de connaître un peu le comportement des habitués de ces endroits luxueux. « Ici, les femmes ne s'intéressent qu'à leur beauté, comment faire pour avoir une belle peau, une coiffure qui épouse la forme du visage », indique Elise, une employée. Elle ajoute qu'il y a souvent des commentaires sur les produits. A la cité universitaire de Cocody, le salon de Nina livre une ambiance particulière. Il est 19 heures. Les coiffeuses, les clientes et les visiteuses sont concentrées sur le feuilleton télévisé qui passe sur la deuxième chaine (Tv2). Nous faisons comme elles. À l'heure de la publicité, une cliente entre et se fait remarquer. Personne ne semble s'occuper d'elle. Fâchée, elle se plaint. Une coiffeuse l'invite à prendre son mal en patience, le temps de finir avec le feuilleton. La cliente s'emporte et une dispute éclate entre les deux. La gérante du salon, Mlle Bamba, tente de les calmer. « Elle est toujours pressée, celle-là. Elle se prend pour une déesse, depuis qu'elle sort avec un professeur d'université», explique la coiffeuse. Heureusement, les deux palabreuses n'en viennent pas aux mains.
On le voit, les sujets de conversations ne manquent pas dans les salons de coiffure qui pullulent à Abidjan. Les potins varient en fonction des communes, des espaces et des clientes.
S.S