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Politique Publié le mardi 3 mars 2009 | Notre Voie

Point de mire … - Laurent Gbagbo, la politique et l`argent

Depuis un certain temps, il nous revient par intermittence des rumeurs de toutes sortes. Il est question de corruption ou même “de coupeurs de route”, bien évidemment au sens figuré, dans l’entourage du chef de l’Etat, le Président Laurent Gbagbo.

Ces bruits ayant pris une certaine ampleur, et surtout ayant dépassé la limite du raisonnable, avec ces affaires sulfureuses de détournement d’argent, il nous a semblé opportun d’apporter peu ou prou, notre témoignage.

Nous nous flattons à tort ou à raison de bien connaître l’homme, M. Laurent Gbagbo, président de la République. Nous connaissons les rapports qu’il entretient avec d’une part, l’argent et d’autre part la politique et l’argent. Surtout, en ce qui concerne son rapport avec l’argent, on ne peut pas se méprendre à le juger de façon hâtive. Tellement il se méfie de ce cambouis dont on ne sort jamais avec les mains propres. Alors…


L’avocat du diable

Bien sûr, nous ne voudrions pas jouer ici, le rôle de l’avocat du diable.

Le président de la République, M. Laurent Gbagbo, dispose de tous les moyens légaux pour se défendre si tant est qu’il en avait besoin.

“Etre l’avocat du diable”, c’est une expression qui nous vient de très loin, du 18e siècle. Plus précisément en 1752. Elle désigne généralement, l’homme qui est chargé de contester un dossier de canonisation. Il défend ou représente l’adversaire du futur Saint qu’on veut canoniser. Nous ne sommes ni accusateur ni défenseur mais observateur. Nous voulons témoigner tout simplement.

Dans le cas présent, nous n’avons aucune qualité pour défendre une quelconque cause qui serait défendable ou indéfendable.

Seulement, la proximité qui nous a fait côtoyer, en son temps, l’actuel président de la République, nous incline à parler, si l’on veut, du rapport que celui-ci a en réalité avec l’argent. C’est tout simple.

C’est un témoignage qui peut éclairer plus d’un. Nous savons que nous prenons là un très grand risque de vouloir parler d’un homme sur qui tous les regards sont braqués de par la fonction qu’il occupe. Surtout, un homme qui se trouve être au confluent de la légende et du réel depuis un certain nombre d’années.

Un homme surtout, que certains aimeraient même ou voudraient à l’occasion vouer aux gémonies avec toutes ces vraies ou fausses affaires dans lesquelles des “Refondateurs” seraient cités ou même impliqués. C’est selon.

Ou, Laurent Gbagbo n’est pas au courant de tout ce qui se passe dans le pays qu’il est censé diriger ou alors il fait semblant de ne pas l’être. Une chose est sûre cependant, il serait en quelque sorte, en la matière, un Saint Thomas.

Tant qu’il n’aura pas mis son doigt dans le côté du Seigneur, comme il est dit dans la Bible, il ne croira pas. C’est pour cette raison que nous avons parlé tantôt de l’avocat du diable.

Le monde change et nous avec. Les mœurs aussi. Mais pour ce que nous savons de l’homme Laurent Gbagbo en matière d’argent, nous pouvons mettre notre main au feu et dire ce qu’il en est exactement, en parlant de son rapport avec le fric dont il a peur comme de la peste.

On peut tout reprocher à M. Laurent Gbagbo, sauf une quelconque attirance pour l’argent facile. Il est un homme comme tout le monde. Il peut avoir besoin de l’argent pour l’usage qu’on en fait pour une certaine subsistance ou même pour la vie courante. C’est tout à fait normal.
L’objectif de cet article est de montrer l’indifférence de l’homme vis-à-vis de l’argent en général et de l’argent facile en particulier.

A ce propos, nous prendrons quelques exemples tout simples et nous terminerons par sa fameuse conférence de presse du 15 mai 1990, à Novotel, lorsque le multipartisme a été réinstauré.

C’est au cours de cette conférence de presse que nous appellerons, “fondatrice”, au lendemain du retour au multipartisme, que M. Laurent Gbagbo a posé les jalons de ce qu’on pourrait être tenté d’appeler le “Gbagboïsme”.

Nous parlerons aussi de Yamoussoukro comparativement à Mama, de Daoukro bien sûr, du don du Président Omar Bongo Odimba, à l’occasion.


La conférence fondatrice du Gbagboïsme

Au cours de cette conférence de presse à Novotel le 15 mai 1990, M. Laurent Gbagbo a eu à définir sa philosophie politique. Son aversion pour la corruption en tant que mode de fonctionnement de tout système politique.

Pour ne point gêner beaucoup de gens qui partagent aujourd’hui notre mode de pensée, ou si vous voulez la vision politique de l’homme, nous ne citerons pas de noms. Les questions auxquelles Laurent Gbagbo a été soumis ce jour-là, en disent long.

Mais pour la bonne compréhension de notre démarche, nous retiendrons son affrontement verbal et amical avec son ami Jean-Pierre Ayé, aujourd’hui disparu (Paix à son âme !).
Dans cet extrait que nous publions volontiers, apparaît la philosophie de Laurent Gbagbo, son rapport avec l’argent et aussi avec la politique.


Lisons et comprenons.


Jean-Pierre Ayé (Journaliste à Fraternité – Matin) : Je voudrais faire mon intervention, parce que Laurent et moi, nous avions l’habitude d’être côte à côte. Et aujourd’hui, nous sommes face-à-face. Moi pour te poser des questions bien sûr, c’est mon métier, et te rappeler surtout des choses que tu risques d’oublier et que tu risques de me renvoyer tout à l’heure.

Il y a une dizaine d’années, nous nous sommes rencontrés pas très loin d’ici et tu me demandais comment je peux travailler à Fraternité-Matin avec tout ce que nous avons fait.

Je t’ai répondu ceci exactement : “Je choisis de combattre de l’intérieur”. Tu m’as dis : “Moi, je continue de garder des souvenirs très amicaux, très fraternels de ce que nous nous sommes dit”.
Donc on comprendra aujourd’hui que nous ne soyons pas côte à côte.

Cependant, je pense que chacun de nous a suivi l’itinéraire de l’autre. Ce qui est tout à fait normal et très amical. C’est pour cela, je me suis surpris, un jour, à lire dans ton livre, je pense qu’il y a amicalement, des choses qui ne se font pas, que j’étais devenu le pourfendeur des opposants, alors que je n’avais jamais écrit une seule ligne sur toi et sur un quelconque opposant. Mais, je me suis dit, comme nous avions été à certains endroits où nous avions développé, parfois la théorie de la mauvaise foi. Peut-être pour rendre crédible son écrit, avait-il besoin d’ajouter cette ligne qui était pour moi complètement inutile.

Et puis, j’apprends un jour, que Laurent est exilé. Il est à Paris. Comment dire, exilé politique. Mais je dis, en fait le frère, s’il avait eu des problèmes, il aurait pu me le dire. Que s’est-il passé ? Quel ennui a-t-il eu ? Pourquoi ne lui a-t-on pas accordé ce statut ? Alors je me suis dis que je ne comprenais pas bien. Donc première question, pourquoi t’es-tu senti dans l’obligation de partir ? De te sentir surtout exilé politique ? Et puis tu es revenu. Et en continuant de t’écouter, j’apprends que tu as été en prison. Je dis mais comment ? Le frère a été en prison et il ne me l’a même pas dit pour que je puisse lui porter des oranges. Alors je me suis dis, est-ce que le frère ne fait-il pas état de notre séjour à Séguéla ?

Alors, je continue de réfléchir là-dessus et je me dis, c’est vrai que nous sommes allés à ce service militaire dans des conditions particulières. Mais si nous sommes allés à ce service militaire en recevant le salaire des militaires, en ayant droit aux sorties des militaires, en tirant du fusil comme les militaires, est-ce que nous avons le droit de dire que nous avions été en prison ? Simple question.

Et puis troisième chose, et ça je pense que ce qui unit les hommes est plus fort que ce qui peut les diviser. Un jour, j’étais dans un milieu où on parlait de toi, hélas !

Mais enfin, tu t’es mis dans une telle posture où il convient de parler de toi de temps en temps.
On parlait de toi et la personne qui parlait de toi disait ceci. “Laurent veut créer un parti d’opposition. Il va en Europe, mais il continue de se faire payer comme enseignant à Abidjan.
Je dis ah non ! ça je ne suis pas d’accord. Nous avons quand même des idéaux en commun. M. Gbagbo ne peut pas partir en France en exil et continuer de toucher son salaire pendant trois ans à Abidjan.

Je dis, il y a quelque chose qui ne va pas, Laurent ne peut pas s’installer dans cette incohérence. J’ai tellement insisté qu’on m’a prouvé qu’effectivement sur les 6 ans que tu as passé en France, tu avais pendant trois ans touché ton salaire.

J’ai dit que c’est vrai que la théorie de la mauvaise foi peut aller jusqu’à là. Mais il y a quelque chose qui ne va pas. Et je continue de me demander que les gens qui font du droit, n’est-ce pas ce qu’ils appellent, de l’enrichissement sans cause ?

C’est parce que ce soir, j’ai retrouvé ta verve. Ce que nous avions l’habitude de faire. Chacun est resté fidèle à lui-même. Mais il y a des interrogations et je souhaiterais que tu m’éclaires là-dessus.

M. Laurent Gbagbo : Souvent, j’entends les gens venir m’enquiquiner avec des vulgaires questions d’argent me concernant.

Mais comme je ne peux pas les attraper je ne peux rien faire à ce sujet, tu comprends.
Le seul procès que j’ai fait, c’était contre “Jeune Afrique”.

Un matin, je lis dans Jeune-Afrique qu’étant en exil, je suis en train de demander pardon en douce à Houphouët pour rentrer.

J’ai intenté un procès contre “Jeune Afrique” que j’ai gagné. Et “Jeune Afrique” a perdu. Ils ont été incapables d’apporter la moindre preuve que moi Gbagbo, je demandais pardon. Je ne demandais pas pardon.

C’est dans la nature même de l’homme d’abord. Je ne demande pas pardon. Ensuite, dans la situation politique où je me trouvais, pourquoi demander pardon pour rentrer dans mon pays que j’ai quitté sans être banni ? Mon cher, tu es mal informé. On m’a accordé le statut de réfugié politique et j’ai encore sur moi ma carte de réfugié politique qui se trouve sur le chevet de mon lit à côté de mon passeport.

Peut-être que ce que tu as appris, c’est un premier rejet. Mais c’est tellement classique dans les pays occidentaux. Une première demande à l’Office français pour la protection des réfugiés politiques et apatrides, début juillet. Un rejet effectivement. 30 juillet, j’introduis un recours qui passe devant le Conseil d’Etat qui examine et nous allons dans une autre juridiction. Et là, je suis assisté de Me De Baurépère. Sans débat on m’accorde en 1985 le statut de réfugié politique.
C’est ce statut qui m’a permis d’ailleurs de voyager en Europe puisqu’ avec ça, je n’avais pas besoin d’obtenir des visas.

J’ai obtenu le statut de réfugié politique. Et c’est volontairement encore que j’y ai renoncé. Et en y renonçant, on te prend la carte de séjour qui te permet de vivre en France. J’ai donné à la police des frontières, le jour où j’allais prendre l’avion, ma carte de séjour en leur disant que je rentre chez moi. Donc voilà pour cette question.

Maintenant, tu me dis : “Pourquoi tu es parti en exil ?” Ça c’est une question importante. Je suis parti en exil pour deux choses.

Premièrement, parce que je ne me sentais pas en sécurité en 1982. Evidemment, comme m’a dirait un autre qui est aujourd’hui au sein du PDCI-RDA : “Mon frère, ces gens-là, quand ils sont au pouvoir et qu’ils te font quelque chose tu t’en vas…”.

Peut-être qu’ils ne savaient pas que ça fait mal. Parce que je ne me sentais pas du tout en sécurité. Alors, ça c’est une question individuelle. Chacun sait, s’il se sent en sécurité. J’ai fait faire des journaux. Pour les faire rentrer par des amis en ayant peur qu’à la douane on arrache tout. Et après on arrête mes amis. J’ai des choses à dire, on ne me laisse pas le temps de le dire. C’est la première fois aujourd’hui que je parle. Est-ce que vous voyez ? Donc je dis que je ne me sentais pas en sécurité. Je me sentais opprimé.

Si toi, tu penses que tu n’étais pas en prison, moi je pense que j’étais en prison (rires). Parce qu’un professeur, si toi tu étais étudiant, et tu penses qu’un étudiant on peut aller le chercher à n’importe quel moment pour lui faire faire son service militaire, c’est une conception.
J’étais professeur d’histoire et géographie au Lycée Classique d’Abidjan. J’avais quatre classes. Une seconde, une première et deux terminales.

Un matin, alors que je préparais le mariage de ma sœur et que je m’en allais au village chercher ma maman, mon proviseur vient et me dit que le chef de l’Etat me fait l’honneur de m’inviter à une réunion à l’Assemblée nationale entre le bureau politique du PDCI-RDA et les enseignants du supérieur.

Et je lui dis que moi, je suis enseignant au secondaire (rires). Je ne suis quand même pas plus instruit que tous les professeurs pour que brusquement on me déclasse de la sorte.
On dit ah ! non, le Président tient à ce que tu viennes à cette rencontre.
Mon cher ami, dès cet instant, j’ai compris que j’étais prisonnier. Restait à savoir quelle forme allait prendre cette prison.

Je suis allé à l’Assemblée nationale. C’était le 31 mars. Et ce 31 mars, le chef de l’Etat a dit exactement au ministre de la Défense : "Arrêtez Laurent, car à l’époque, il m’appelait Laurent et non pas Gbagbo, Djéni et puis Hoba aussi".

Ça si toi, tu n’appelles pas ça arrêter quelqu’un pour l’amener en prison, moi, j’appelle ça amener quelqu’un en prison. C’était bel et bien de la prison dont il s’agissait. On m’a pris, on m’a amené à Akouédo où je vous ai retrouvés (rires). Je me souviens même qu’on t’a battu et te laissant pour mort parce que tu as osé faire une minute de mépris à l’encontre de son Excellence Monsieur le ministre de la Défense.

On nous amène à Séguéla et après 7 mois, vous les étudiants, on vous a libérés. Moi, j’ai continué sur Bouaké, où je suis resté encore 15 mois.

Je dis qu’on ne faisait pas les appels à un service militaire à l’Assemblée nationale (rires). Ce n’est pas à l’Assemblée nationale qu’on convoque au service militaire. Je considère donc que j’étais un prisonnier politique. Et puis je suis sorti de prison. Quand on libère les militaires, parce que leur temps est arrivé à son terme, c’est-à-dire la fin du service ordinaire, on ne va pas les chercher en hélicoptère.

Quand j’étais à Bouaké, on a envoyé un hélicoptère nous chercher Djéni, Hoba et moi. C’était du jamais vu pour des militaires ordinaires.

Même dans l’armée, un jour que je m’amusais et que j’ai dit à mon officier qu’au fond, comme je m’ennuis ici, je veux faire les EOR (Elèves Officiers de Réserve).

Il a dit, attendez que je téléphone d’abord. Un militaire qui a au dessus du BEPC, puisqu’il faut avoir le BEPC pour faire les EOR. J’avais au moins le BEPC.

Quand je demande et qu’on téléphone d’abord à Abidjan pour savoir si moi, j’ai droit à faire les EOR ou pas, je dis que je suis un prisonnier politique.

Quand pour me libérer, c’est le chef de l’Etat lui-même qui téléphone pour dire de nous libérer et qu’on apprête un hélicoptère qui vient nous chercher, que le colonel commandant le camp se mette au garde-à-vous pour me saluer, je dis ouais ! et que l’hélicoptère descend dans la cour du chef d’état-major, au Camp Galliéni (rires), et que le chef d’état-major lui-même est là à attendre trois militaires qu’on libère, je dis non, ce ne sont pas de simples militaires. Quand le ministre de la Défense se déplace pour venir nous rendre visite d’abord et que le bureau politique du PDCI-RDA se réunit nous attendant et vous allez directement du bureau du chef d’état-major, au ministère de M. Auguste Denise, ministre d’Etat qui assure l’intérim du président de la République, et que tous les corps constitués de l’Etat sont là, nous reçoivent pour nous donner des conseils, on n’est plus des simples militaires. Nous étions des prisonniers politiques. Voilà.

Or, là je crois qu’on a fait tout à l’heure une petite dissertation sur la mauvaise foi. C’était ça. C’est ce qu’on disait à Séguéla, la théorie de la mauvaise foi. Donc, il y a des moments où il faut dépouiller la mauvaise foi. Si ça arrange le chef de l’Etat pour dire que oui, ils ne sont pas des prisonniers politiques, mais des simples militaires. Mais comme c’est moi qu’on écrase, je dis que je suis un prisonnier politique. Et je le dis et je l’écris et le disant, il n’y a personne pour me contredire. Et tous ceux à qui je raconte ce périple disent que j’étais un prisonnier politique. Alors mon cher ami, si toi tu penses que tu n’étais pas prisonnier, moi, je dis que j’étais prisonnier politique (rires).


Le salaire de Gbagbo

Oui le salaire ! Gbagbo est exilé et il se fait payer pendant 3 ans son salaire. Tu as posé des prémices et ces prémices sont justes.

Si quelqu’un dit qu’il est contre la corruption, et que si ce quelqu’un là, touche un salaire pour un travail qu’il n’a pas effectué, on ne doit pas le croire, on ne doit pas le suivre. C’est un plaisantin. Sur ces prémices, je suis absolument d’accord avec toi.

Donc, si Laurent Gbagbo dit que le PDCI est corrompu et que Laurent Gbagbo touche un salaire pour lequel, il n’a pas travaillé, Laurent Gbagbo est un plaisantin et personne ne doit le prendre au sérieux.

Mais c’est que Laurent Gbagbo n’a jamais touché de salaire, lui-même, volontairement. Quand je suis parti d’ici, j’ai décidé qu’étant donné que j’avais quitté le travail, pour les raisons que j’ai expliquées tout à l’heure, que ces raisons soient valables ou pas, ça n’a pas d’importance eu égard à ce deuxième problème. Le problème, c’est que j’ai quitté le boulot et je suis parti. Si donc, je me suis dit que je ne travaille pas, je ne dois pas toucher de salaire. La manière dont j’ai vécu en France, il y a des témoins, je n’ai même jamais pu me payer un appartement ni un studio pour vivre à Paris, puisque je n’avais pas de salaire. Or quand même, avec un salaire de chargé de recherche de Côte d’Ivoire, je pouvais quand même me payer au moins un grenier.
Mais je n’ai pas pu me payer un grenier.

J’habitais chez des amis, et je peux même vous citer les noms de tous ces amis. Il y en a encore qui viennent me rendre visite de Paris. Je n’avais même pas les moyens de payer un loyer. Ça c’est la première des choses.

Deuxièmement, mon compte puisque là, la démocratie nécessite la clarté, mon compte c’était à la SIB de Cocody. J’ai écrit des articles sur ce compte et j’ai donné des conférences sur ce compte. On a continué de verser mon salaire sur ce compte, pas pendant trois ans comme tu le dis, parce que ce compte devient un serpent de mer, pas pendant quatre ans comme le dit le chef de l’Etat, mais pendant 6 mois.

Mais en fait même, si j’avais touché mon salaire pour ces 6 mois, j’aurais été coupable parce que qui vole un œuf peut voler un bœuf.

Je n’ai pas touché à ce salaire et j’ai écrit des articles pour dire que si c’est par des petits amusements comme ceux-là que ce gouvernement veut me tendre des pièges, alors il peut se résoudre qu’il aura toujours tort.

Et c’est comme aujourd’hui encore, il y a la SIB de Cocody, en face de la Cité rouge. (rires et applaudissements).

Et quand je suis revenu de mon exil, ici en Côte d’Ivoire, pour éviter même qu’il y ait des confusions, je n’ai même pas ouvert un compte ni à la SIB de Cocody, ni dans aucune autre SIB.
J’ai ouvert mon nouveau compte à la SGBCI. Comme ça, il n’y a pas de confusion.


La politique et l’argent

Comme ça, il n’y a pas de confusion, vous comprenez ! Et toutes mes opérations ont lieu aujourd’hui à la Société Générale.

Donc mon cher ami, celui que tu avais connu est l’homme que tu connais encore aujourd’hui (applaudissements). Et aujourd’hui, quiconque le veut, le peut, s’il faut le prouver, je le peux.
Alors j’ai été très surpris de voir après, un arrêté pris en 1984 de la fonction publique disant que Laurent Gbagbo ayant abandonné son poste, c’était normal l’arrêté, et que donc il n’a pas droit au salaire.

Et tout ce qu’il a perçu de trop doit être restitué. Ils n’avaient qu’à prendre puisque de toute évidence je ne m’en sers pas et ne vais jamais m’en servir.

Et je dis, je te donne l’autorisation, comme tu as des hautes fonctions dans un haut parti, tu peux aller vérifier auprès des agents de la SIB, à Cocody, en face de la Cité rouge. Et on te dira quels jours j’y ai passé des écritures ou pas. Je te remercie, parce que la question, excusez-moi, j’ai été très content que tu aies posé cette question parce que ça me permet de faire la lumière sur cette question parce qu’en Côte d’Ivoire, les gens sont empoisonnés par l’argent.

A cause de l’argent les gens ne réussissent plus à réfléchir.

Je dis que le multipartisme ne sera pas un miracle pour sauver la Côte d’Ivoire, mais c’est le moyen indispensable pour commencer à arpenter les marches que nous devons franchir. C’est le moyen indispensable pour commencer à nous sortir du trou et qu’un individu, aussi intelligent soit-il, ne peut sortir tout un peuple du trou.

Au lieu de discuter de ces problèmes, oui on dit qu’on t’a payé, oui on dit qu’on t’a payé. Si c’est ça la moralité, je donne l’autorisation d’aller demander à tous les banquiers de la place, parce qu’il y en a qui vont plus loin, qui vont dire que j’ai d’autres comptes dans d’autres banques. L’argent, les blancs l’ont fabriqué. Ils ont fabriqué aussi une chose qui est extraordinaire, c’est l’écriture. Avec l’écriture on peut tricher, mais difficilement. Puisque ce n’est plus une chose qui passe de main en main comme ça. Si tu as l’argent, on peut le vérifier.


Et Yakro et Daoukro à côté de Mama

Et le gouvernement peut le vérifier d’ailleurs puisqu’il est le maître absolu. Pourquoi diantre ne me convoque-t-on pas à un conseil de discipline pour me reprocher d’avoir perçu des fonds que je ne devais pas empocher ?

Et pourquoi ne dépose-t-on pas une plainte contre moi ? Le gouvernement serait bien fondé d’intenter une action en justice contre moi puisque j’ai utilisé l’argent public sans justifier du travail qui est le prix de cet argent ?

S’il ne le fait pas, c’est qu’il ne peut pas le faire parce qu’il n’y a pas d’affaire. (applaudissements).
Ça, c’est du Laurent Gbagbo. Les gens disent que depuis qu’il est au pouvoir, il y a des affaires sales dans cette République que nous connaissons tous comme si Gbagbo lui-même était trempé dans ces affaires scabreuses. Nous avons connu ici en Côte d’Ivoire, l’affaire des 18 milliards dans laquelle le gouvernement était empêtré. Et aussi l’affaire d’Alassane va et rachète ou les 19 tonnes etc . Les Ivoiriens oublient trop vite. Et l’esprit du 20 juillet 1977 ? Les gens qu’on a sortis du gouvernement. Les grilleurs d’arachides dans la bouche de qui on ne devait pas regarder. Allons ! Voyons ! On n’a pas encore oublié tout ça.

Tenez, un jour, sans que personne ne demande à Gbagbo quoi que ce soit, il cite le cas du Président Albert Bernard Bongo Odimba qui lui aurait fait don d’une certaine somme d’argent. Nous ne nous souvenons plus du montant. Au cours d’une réunion publique, Laurent Gbagbo a parlé de cet argent avec lequel il a construit ou commencé à construire sa maison de Mama, dans son village natal.

Il pouvait taire cette information. Tout le monde aurait trouvé cela normal. Qu’il construise un palais dans ce hameau perdu de Ouragahio, parce qu’il est devenu président de la République, personne ne trouverait à redire. Et un président de la République, il a des droits ou si vous voulez l’Etat lui doit un certain nombre de confort dans la limite du possible. Et ceux qui ont tapissé nos pièces d’argent à l’intérieur de leurs villas ? Ou ces tunnels dans leur village qui n’aboutiront jamais ? Qu’en disons-nous comparativement à Yamoussoukro, village natal du premier Président, sur lequel on a glosé à souhait ? Ce que Houphouët y a fait et construit, était-ce avec l’argent public ? La Basilique ? Tout ça mis bout à bout, et vous me direz ce qu’il en est exactement. Gbagbo pouvait se détourner ce projet pharaonique, véritable gouffre à argent public. Il n’a pas abandonné, ce projet parce que les actes à la tête de l’Etat, c’est la continuité.

A peine que d’autres sont venus au pouvoir que leurs piètres hameaux de village natal sont devenus le lieu privilégié de tout, le centre d’intérêt. Le village de leur épouse, un village sans lumière est devenu un village lumière alors que Bassam, l’autre ville, lieu de naissance d’une autre épouse de Président a de la peine à sortir de l’ombre, ou si vous voulez du trou.

On voit donc la différence entre Laurent Gbagbo et ses prédécesseurs, entre Laurent Gbagbo et tout autre candidat à la magistrature suprême.

On voit comment Laurent Gbagbo dépense sans compter son budget de souveraineté que l’Etat met officiellement à sa disposition rien que pour aider ses compatriotes les plus nécessiteux.
Ceux qui, au bout de quelques années de ministère seulement ont fêté leur pactole de 7 milliards engrangés dans les années 60, que dire d’eux ?

Quand on a rien à reprocher à un homme public, on ne dit rien. Lui chercher des poux dans les cheveux n’ajoutera rien au débat politique.


Parlons de Marcoussis, des rebelles de Soro ou de Ouattara, c’est plus intéressant de savoir pourquoi ces libellules et les éléphants ont le même poids ou que Mabri Toikeusse peut être candidat tout en étant ministre de Transport. Voilà qui nous peine.

Jacques Préjean
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