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Société Publié le mardi 3 mars 2009 | Nord-Sud

Grève au secondaire public - Soro Mamadou SG du Synesci : "Voici les raisons profondes de notre pression"

A l'appel de plusieurs syndicats du secondaire public, les enseignants ont cessé les cours hier pour une durée illimitée. Le secrétaire général du Syndicat national des enseignants du second degré, principale organisation de la corporation, soutient dans cet entretien que leur lutte ne profite pas qu'aux seuls enseignants.


•Beaucoup d'enseignants sont privés de leur salaire du mois de février pour leur participation à la rétention des notes et à l'arrêt de travail qui a duré du 20 au 30 janvier. Sans avoir trouvé de solution à cette situation, vous entamez une grève illimitée. Ne craignez-vous pas des sanctions plus sévères?

Ce sont les enseignants victimes de la suspension salariale qui ont décidé d'arrêter spontanément le travail. En tant que direction syndicale, nous ne pouvons qu'être solidaires de l'action qu'ils mènent, puisqu'ils sont l'objet d'une injustice. La grève s'inscrit dans la suite logique de la réparation d'une injustice. Il s'agit aussi d'imposer au gouvernement l'ouverture des négociations et surtout la recherche de solutions claires et acceptables ?


•On constate une rupture entre les syndicats et le gouvernement depuis la première grève. Quelle explication donnez-vous à ce blocage?

On ne saurait vous le dire. En ce qui nous concerne, nous sommes disposés à la négociation. C'est à la tutelle et aux différentes autorités compétentes qu'il appartient de nous appeler à la table. Je pense qu'il n'est pas digne d'un gouvernement responsable de rester sourd aux interpellations des travailleurs.


•Le gouvernement estime que c'est vous qui rendez les négociations difficiles par votre intransigeance sur des revendications irréalistes…

Au contraire, nous ne sommes pas intransigeants. Conformément à l'article 16 de notre protocole d'accord, depuis le 31 août 2008, nous devions avoir eu le décret adoptant notre nouvelle grille indiciaire avec les effets financiers. Près de sept mois après ce délai, nous n'avons rien fait. On ne peut donc pas parler d'intransigeance. Nous avons fait preuve de patience. Nous constatons simplement qu'on ne veut pas prendre de décret à notre avantage.


•Finalement quelle est la revendication principale de cette grève, le décret ou le rétablissement des salaires ?

Les mesures de coercition qui ont été prises ne sont que les effets corolaires d'une démarche, celle que vise l'adoption du décret. Nous restons sur la même trajectoire.



•La Fédération scolaire et estudiantine de Côte d'Ivoire (Fesci) a bloqué les cours la semaine écoulée pour exiger que vous remettiez aux élèves les notes que vous retenez depuis le premier trimestre. Qu'en dites-vous ?

La Fesci est un syndicat légalement constitué. Il a donc le droit de faire des revendications. C'est au gouvernement qu'il s'est adressé. Il appartient à ce gouvernement d'instaurer la négociation avec les syndicats d'enseignants pour arriver à une solution.


•Ne pensez-vous pas que les élèves sont pénalisés à tort dans cette crise?

Quel que soit le domaine, lorsqu'il y a arrêt de travail, il y a toujours des victimes. Mais, dans notre cas, les élèves ne sont pas des victimes en ce sens que le travail est correctement accompli. Il s'agit simplement de leur communiquer leurs évaluations. De ce point de vue, nous ne voyons pas d'incidences dangereuses quant à leur rendement. Par ailleurs, certains d'entre eux deviendront des enseignants demain. Si nous parvenons à améliorer les conditions de travail des enseignants aujourd'hui, ils viendront exercer dans une situation plus stable où ils vont se consacrer pleinement à la pédagogie. Il va sans dire que le rendement de chaque enseignant va se bonifier et l'école va gagner en qualité. Pour ces trois raisons, vous constatez que ce que nous faisons vise plus une éducation publique gratuite et de qualité. C'est ce qui nous amène à maintenir la pression et cela est conforme aux engagements pris par le gouvernement ivoirien en 2000 à Dakar.


•Ne faut-il pas craindre que cette situation conduise à une année blanche comme le redoutent déjà beaucoup d'observateurs ?

Tout dépend du gouvernement. S'il instaure la négociation pour qu'on arrive à un consensus rapide, il n'y aura pas de problème. Mais, si le gouvernement veut encore prendre des mesures de rétorsion telle que la traduction des enseignants en conseil de discipline, le blocage demeurera. Le jour où le premier enseignant sera traduit en conseil de discipline, ce jour-là, les copies des élèves et leurs moyennes de classe seront brûlées.


•Êtes-vous prêts à faire des concessions ?

Pour qu'il y ait concession, il faut des négociation. S'il n'y a pas de ne négociations, que voulez-vous que nous concédions. Nous ne savons pas ce qui nous sera proposé. S'il y a des négociations, vous constaterez que nous ne sommes pas aussi rigides que cela. Mais, il nous faut, je le répète, des indications claires et acceptables.


Interview réalisée par Cissé Sindou
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