Ouagadougou, mercredi 4 mars. La ville grouille de motocyclistes, qui arpentent les grandes artères de la cité, se faufilent, parfois avec imprudence, entre les automobilistes. Malgré le soleil, un air sec balaie la ville et, martyrise les peaux et surtout les lèvres. Certains affichent une blancheur totale. Non loin, du Ciné Burkina, quelques passants s’immobilisent devant une horde de journaux accrochés sur un tableau par un revendeur. Les titres évoquent essentiellement l’actualité locale, surtout le 21ème Fespaco, et la situation en Guinée-Bissau. Pas une ligne sur l’accord politique de Ouaga. La presse ne semble manifestement pas se souvenir qu’il y a exactement deux ans, les protagonistes de la crise ivoirienne paraphaient ce qui allait devenir l’APO, autrement dit l’Accord politique de Ouagadougou, censé ramener, enfin la paix en Côte d’Ivoire.
Entre le 4 mars 2007 et le 4 mars 2009, beaucoup d’eau a coulé sous le pont. Pour autant, l’APO a a t-elle obtenu les résultats escomptés ? La médiation Blaise Compaoré a-t-elle vraiment porté ses fruits ? Ou encore a-t-elle satisfait les espoirs placés en elle ? A Ouaga, les avis sont partagés. Et les Ouagalais, partagés entre scepticisme et optimisme. Pour, Abdoulaye Diallo, Gestionnaire du Centre national de Presse Norbert Zongo, l’APO est un échec. « Je constate que malgré tous les lauriers adressés au médiateur, ça fait deux ans que ça ne bouge pas, il n’y a pas de résultat », martèle t-il. Avant d’asséner : « L’accord politique de Ouaga était censé régler le problème de la Côte d’Ivoire en peu de temps et deux ans après, il n’y a toujours pas d’élections, c’est un échec ». Comme lui, Paul Nikiéma, enseignant ne cache pas sa déception. « La médiation de Blaise ne fait que gagner du temps aux protagonistes. En réalité, rien n’avance. Pire, on s’éternise dans une situation incompréhensive. On a fait trop de bruits pour rien », analyse t-il. En revanche, Chériff Sy, journaliste et directeur de publication de l’hebdomadaire « Bendré », pense que l’accord de Ouaga a apporté une « certaine accalmie ». Toutefois, il demeure perplexe : « je ne saurai vous dire s’il est positif ou négatif ». Mieux, la situation suscite en lui, une profonde interrogation : à quand les élections ? Et Chérif Sy est aujourd’hui persuadé, avec le recul, que « le médiateur et les deux parties en conflit (le président Gbagbo et les Forces Nouvelles) se plaisent dans une certaine incertitude ».
Entre scepticisme
et optimisme
« Ça fait quelques années que Gbagbo est président dans l’illégalité totale. Les Forces Nouvelles se plaisent aussi dans cette situation qui leur permet d’acheter et de s’acheter des véhicules de luxe, de s’offrir de grosses chaines et boucles en or comme de jeunes Américains. Et dans tout ça, c’est le peuple qui souffre », fulmine le journaliste, qui estime que le peuple ivoirien a suffisamment souffert le martyr. « La Côte d’Ivoire a suffisamment de ressources pour organiser des élections crédibles. Il manque juste une volonté de le faire. C’est à croire que derrière tout ça, il y a des forces occultes qui ne veulent pas d’élections », accuse t-il.
Rencontré devant l’hôtel Indépendance, Anselme Sawadogo, qui travaille à la Coopération Wallonie-Bruxelles, note que « beaucoup de chose ont été faites». Cependant, il nourrit quelques inquiétudes concernant la tenue des élections. « Selon les infos que j’ai, il reste encore la moitié des électeurs potentiels à enrôler c’est un travail énorme. Je crains que les échéances annoncées ne soient pas respectées. Et certains candidats comme Bédié ont l’impression que les gens font exprès pour retarder la tenue d’élections pour qu’il atteigne la limite d’âge prévue dans la constitution ivoirienne », révèle M. Sawadogo. Pour lui, il est clair qu’il y a un manque de confiance entre les différentes parties. Et ce dernier d’enchaîner : « je suis inquiet ». Mais Anselme Sawadogo reste convaincu que les armes ne peuvent plus tonner en Côte d’Ivoire, parce que, avance t-il, « la crise a atteint ses limites et les Ivoiriens sont fatigués ».
A Ouaga, tout le monde ne doute pas de la capacité de l’APO à ramener la paix en Côte d’Ivoire. Pour nombre de Ouagalais, il est même porteur d’espoir, la panacée pour « guérir » le « pays frère ». Parmi eux, figure Abdoulaye Somdé, chef de la documentation au Fespaco. Ce dernier applaudit la venue de la médiation de Blaise Compaoré. « Le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire sont un même pays. Donc, quand il y a des problèmes en Côte d’Ivoire, nous le ressentons. Notre souhait est que la paix revienne en Côte d’Ivoire » se réjouit-il. Puis, il poursuit : « Il n’ ya pas un Burkinabé qui n’a pas de frère en Côte d’Ivoire. C’était une crise profonde. C’est vrai qu’il y a des couacs, mais il faudrait qu’on aille petit à petit pour aboutir à une paix durable ». Un avis que partage, Moussa Sanfo, commerçant. Lui aussi souhaite que la médiation aille de l’avant. « Je prie pour que l’accord de Ouaga aboutisse à des élections transparentes et à une vraie paix. Je salue les efforts de Blaise Compaoré pour réconcilier les Ivoiriens ». Juliette Ramdé, étudiante, se félicite des acquis de l’APO Ouaga. « Quoiqu’on dise, notre président a réussi à réunir, à faire des ennemis d’hier, des partenaires d’aujourd’hui. Vous savez, il est plus facile de faire la guerre que la paix. Allons doucement, c’est la finalité qui compte et non le rythme. L’essentiel», conseille t-elle.
Septiques ou optimismes, les Burkinabés reconnaissent dans leur ensemble que l’Apo a ramené une certaine sérénité en Côte d’Ivoire. N’empêche, certains redoutent que la longue marche vers la paix s’éternise. C’est pourquoi, ils préconisent, pour quelques-uns, une « certaine fermeté » du médiateur. « C’est important pour que les choses avancent », assure Abdoulaye Diallo. « Il n’appartient certes pas à Blaise Compaoré de dire, nous allons organiser les élections, mais il doit pouvoir donner une date butoir », renchérit Chériff Sy. Quand Anselme Sawadogo est, lui, un tantinet fataliste. « Blaise Compaoré fait ce qu’il peut. Il ne peut pas exiger des protagonistes qu’ils organisent des élections dans 2 mois », conclut -il.
Par Y. Sangaré,
envoyé spécial à Ouaga
Entre le 4 mars 2007 et le 4 mars 2009, beaucoup d’eau a coulé sous le pont. Pour autant, l’APO a a t-elle obtenu les résultats escomptés ? La médiation Blaise Compaoré a-t-elle vraiment porté ses fruits ? Ou encore a-t-elle satisfait les espoirs placés en elle ? A Ouaga, les avis sont partagés. Et les Ouagalais, partagés entre scepticisme et optimisme. Pour, Abdoulaye Diallo, Gestionnaire du Centre national de Presse Norbert Zongo, l’APO est un échec. « Je constate que malgré tous les lauriers adressés au médiateur, ça fait deux ans que ça ne bouge pas, il n’y a pas de résultat », martèle t-il. Avant d’asséner : « L’accord politique de Ouaga était censé régler le problème de la Côte d’Ivoire en peu de temps et deux ans après, il n’y a toujours pas d’élections, c’est un échec ». Comme lui, Paul Nikiéma, enseignant ne cache pas sa déception. « La médiation de Blaise ne fait que gagner du temps aux protagonistes. En réalité, rien n’avance. Pire, on s’éternise dans une situation incompréhensive. On a fait trop de bruits pour rien », analyse t-il. En revanche, Chériff Sy, journaliste et directeur de publication de l’hebdomadaire « Bendré », pense que l’accord de Ouaga a apporté une « certaine accalmie ». Toutefois, il demeure perplexe : « je ne saurai vous dire s’il est positif ou négatif ». Mieux, la situation suscite en lui, une profonde interrogation : à quand les élections ? Et Chérif Sy est aujourd’hui persuadé, avec le recul, que « le médiateur et les deux parties en conflit (le président Gbagbo et les Forces Nouvelles) se plaisent dans une certaine incertitude ».
Entre scepticisme
et optimisme
« Ça fait quelques années que Gbagbo est président dans l’illégalité totale. Les Forces Nouvelles se plaisent aussi dans cette situation qui leur permet d’acheter et de s’acheter des véhicules de luxe, de s’offrir de grosses chaines et boucles en or comme de jeunes Américains. Et dans tout ça, c’est le peuple qui souffre », fulmine le journaliste, qui estime que le peuple ivoirien a suffisamment souffert le martyr. « La Côte d’Ivoire a suffisamment de ressources pour organiser des élections crédibles. Il manque juste une volonté de le faire. C’est à croire que derrière tout ça, il y a des forces occultes qui ne veulent pas d’élections », accuse t-il.
Rencontré devant l’hôtel Indépendance, Anselme Sawadogo, qui travaille à la Coopération Wallonie-Bruxelles, note que « beaucoup de chose ont été faites». Cependant, il nourrit quelques inquiétudes concernant la tenue des élections. « Selon les infos que j’ai, il reste encore la moitié des électeurs potentiels à enrôler c’est un travail énorme. Je crains que les échéances annoncées ne soient pas respectées. Et certains candidats comme Bédié ont l’impression que les gens font exprès pour retarder la tenue d’élections pour qu’il atteigne la limite d’âge prévue dans la constitution ivoirienne », révèle M. Sawadogo. Pour lui, il est clair qu’il y a un manque de confiance entre les différentes parties. Et ce dernier d’enchaîner : « je suis inquiet ». Mais Anselme Sawadogo reste convaincu que les armes ne peuvent plus tonner en Côte d’Ivoire, parce que, avance t-il, « la crise a atteint ses limites et les Ivoiriens sont fatigués ».
A Ouaga, tout le monde ne doute pas de la capacité de l’APO à ramener la paix en Côte d’Ivoire. Pour nombre de Ouagalais, il est même porteur d’espoir, la panacée pour « guérir » le « pays frère ». Parmi eux, figure Abdoulaye Somdé, chef de la documentation au Fespaco. Ce dernier applaudit la venue de la médiation de Blaise Compaoré. « Le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire sont un même pays. Donc, quand il y a des problèmes en Côte d’Ivoire, nous le ressentons. Notre souhait est que la paix revienne en Côte d’Ivoire » se réjouit-il. Puis, il poursuit : « Il n’ ya pas un Burkinabé qui n’a pas de frère en Côte d’Ivoire. C’était une crise profonde. C’est vrai qu’il y a des couacs, mais il faudrait qu’on aille petit à petit pour aboutir à une paix durable ». Un avis que partage, Moussa Sanfo, commerçant. Lui aussi souhaite que la médiation aille de l’avant. « Je prie pour que l’accord de Ouaga aboutisse à des élections transparentes et à une vraie paix. Je salue les efforts de Blaise Compaoré pour réconcilier les Ivoiriens ». Juliette Ramdé, étudiante, se félicite des acquis de l’APO Ouaga. « Quoiqu’on dise, notre président a réussi à réunir, à faire des ennemis d’hier, des partenaires d’aujourd’hui. Vous savez, il est plus facile de faire la guerre que la paix. Allons doucement, c’est la finalité qui compte et non le rythme. L’essentiel», conseille t-elle.
Septiques ou optimismes, les Burkinabés reconnaissent dans leur ensemble que l’Apo a ramené une certaine sérénité en Côte d’Ivoire. N’empêche, certains redoutent que la longue marche vers la paix s’éternise. C’est pourquoi, ils préconisent, pour quelques-uns, une « certaine fermeté » du médiateur. « C’est important pour que les choses avancent », assure Abdoulaye Diallo. « Il n’appartient certes pas à Blaise Compaoré de dire, nous allons organiser les élections, mais il doit pouvoir donner une date butoir », renchérit Chériff Sy. Quand Anselme Sawadogo est, lui, un tantinet fataliste. « Blaise Compaoré fait ce qu’il peut. Il ne peut pas exiger des protagonistes qu’ils organisent des élections dans 2 mois », conclut -il.
Par Y. Sangaré,
envoyé spécial à Ouaga