Le Patriote : Passons à un autre volet de notre entretien. Au rythme auquel vont les choses aujourd’hui en Côte d’ivoire, pouvez-vous nous dire, de façon nette, quand est-ce qu’auront lieu l’élection présidentielle ?
Alain Lobognon : Merci de me poser cette question. Je voudrais dire que si je donne une date aujourd’hui, vous serez les premiers à dire que le Premier ministre dont je suis l’un des collaborateurs veut se substituer à la CEI pour fixer une date des élections. Le Premier ministre est le garant du processus. Et les Forces Nouvelles qu’il dirige sont les arbitres du jeu politique. Elles seront des observateurs avertis pendant ces élections. La seule structure qui est habilitée à fixer une date pour la tenue des élections, c’est la Commission Electorale Indépendante qui est dirigée par un membre d’un parti politique de la place et qui, de surcroît, est membre d’un groupement de partis politiques qui comprend en son sein, l’ensemble des partis politiques signataires de l’accord de Linas Marcoussis ainsi que d’autres forces politiques. Il m’est difficile aujourd’hui en tant que membre des Forces Nouvelles, en tant que collaborateur du Premier ministre de dire la date à laquelle vont se dérouler les élections. Il appartient à la Commission Electorale Indépendante de communiquer cette date aux Ivoiriens le moment venu.
LP : Dans ce cas, que répondez-vous à ceux qui affirment que le chef de l’Etat, le Premier ministre et la CEI sont en « deal » pour amener les Ivoiriens jusqu’en 2010 ?
A L : Je dirais que c’est un progrès énorme qui a été fait. Au départ, on disait que c’est le chef de l’Etat et le Premier ministre qui étaient en deal. Maintenant qu’on dise que c’est la CEI, le chef de l’Etat et le Premier ministre qui sont en deal, je dis que c’est un progrès énorme. Je voudrais rappeler que s’il existe des gens qui entretiennent ce genre de propos, c’est que l’ensemble des partis politiques ivoiriens sont engagés dans un deal collectif pour aller en 2010 pour la tenue des élections. Pour notre part, en tant que membre des Forces Nouvelles et collaborateur du Premier ministre, nous pensons que les élections doivent se tenir en 2009. Oui, je le dis et je le répète, les élections doivent avoir lieu en 2009.
LP : Parlons maintenant de l’unicité de caisse de l’Etat. Concrètement, comment les choses se passent sur le terrain?
A L : Vous me donnez là l’occasion de préciser un certain nombre de choses qui ont été dites sur cette opération. L’unicité de caisse de l’Etat concerne l’ensemble du territoire ivoirien. Certaines personnes prennent le raccourci pour faire croire que quand on parle de l’unicité de caisse, il s’agit de légaliser des pratiques que chacun condamne. Quand je parle de pratiques que chacun condamne, c’est quoi ? Nous avons une zone qu’on qualifie de zone Centre Nord et Ouest qui est, en réalité, cette zone qui a été administrée par les Forces Nouvelles depuis le déclenchement de la crise armée. Ailleurs, alors qu’un désordre s’installait, les Forces Nouvelles se sont organisées pour la bonne tenue de cette zone. Par la suite, un accord de paix a été signé qui voudrait que l’Etat se redéploie. Le processus est en cours. L’accord a reconnu qu’il faut permettre aux services douaniers et fiscaux de se redéployer. C’est ce processus que le Premier ministre qui est aussi le Secrétaire général des Forces Nouvelles a qualifié d’unicité de caisse de l’Etat. S’il y avait des droits d’auteur à lui payer, il fallait les lui payer. Parce que le terme « unicité de caisse de l’Etat » n’a pas été inventé par ces donneurs de leçon qui parlent de l’unicité de caisse de l’Etat sans savoir quelle réalité elle renferme. On doit également envoyer des fonctionnaires des services des impôts dans ces mêmes zones pour faire le travail qui se faisait normalement avant le 19 septembre 2002. Mais, en sept ans de crise, des habitudes ont été perdues. Donc il faut donner les moyens de permettre aux populations qui sont restées, de reprendre ces habitudes perdues. Pour les uns de payer à nouveau les impôts, pour les autres de dédouaner les marchandises qui sont à dédouaner. Parce qu’il n’est pas facile de croire que celui qui a eu un véhicule sans effort pourra accepter de gaieté de cœur d’aller le dédouaner au prix fort. Cela est une réalité. Maintenant, quand on dit que le processus piétine, je dis non ! Le processus est en train de se mettre en place.
LP : Les Forces Nouvelles ne craignent-elles pas de se laisser fragiliser par la mise en œuvre de l’unicité de caisse de l’Etat qui pourrait voir leurs différentes structures priver de ressources nécessaires à leur fonctionnement quotidien ?
A L : Au lieu de répondre à la question, je vais vous poser une question. Que proposez- vous en lieu et place de l’unicité de caisse de l’Etat ?
LP : Nous ne savons que trop. C’est à nous de poser les questions et à vous d’y répondre…Sur ce plan, le mode opératoire de l’unicité de caisse préconise le principe de la mixité et de la parité dans les nominations au sein des brigades qui devaient être mises en place pour conduire l’opération sur le terrain. Ces brigades mixtes tardent à se mettre en place. Aux dernières nouvelles, les cinq agents des Douanes qui séjournaient à Bouaké en attendant la mise en place de la première brigade mixte ont regagné précipitamment Abidjan depuis jeudi 26 février. De quoi s’agit-il?
A L : Je vous dis que c’est un processus qui se met progressivement en place. Il y a des difficultés. Le Premier ministre préside justement le mercredi 4 mars à Bouaké, un atelier pour évaluer le processus.(l’interview a été réalisée le vendredi 27 février 2009. NDLR) Comme je le dis, il ne fallait pas s’attendre à voir les douaniers qui avaient quitté les localités de la zone CNO depuis le 19 septembre, venir et commencer automatiquement à délivrer des factures. En clair, il peut avoir des difficultés sur le terrain mais le processus continue. C’est de cela qu’il est question. Quant à la mixité dont vous parlez, c’est vrai, pendant les négociations du comité technique, il a été demandé au gouvernement d’intégrer en son sein, les éléments des Forces Nouvelles qui rempliraient les critères requis à cet effet. Il a été demandé que ces éléments en règle soient intégrés dans l’administration fiscale et douanière.
LP : Qu’en est-il de la polémique en cours autour de la question de la suspension ou non de l’activité de dédouanement des engins roulants au profit de l’activité d’immatriculation?
A L : Je dis qu’il ne saurait avoir de polémique autour de la question de l’unicité de caisse de l’Etat. Pendant longtemps, une structure des Forces Nouvelles appelée la Centrale, a mobilisé les richesses. Après un séminaire de plusieurs jours à Bouaké, il a été demandé de dissoudre cette structure pour permettre à l’Etat de jouer à nouveau son rôle régalien à ce niveau. Le Premier ministre qui est par ailleurs, le secrétaire général des Forces Nouvelles, n’a mandaté personne pour dire de suspendre l’unicité de caisse de l’Etat au motif qu’on voudrait procéder d’abord à l’immatriculation des engins roulants avant leur dédouanement. Non !
LP : A côté de l’unicité de caisse de l’Etat, il y a la cérémonie de passation des charges des commandants de zones aux préfets. Que répondez-vous à ceux qui disent que c’en est fini pour les Forces Nouvelles si une telle passation des charges avait effectivement lieu ?
A L : Mais, il s’agit là de ceux qui ne veulent pas que la crise finisse. C’est simple. Ce sont eux qui voient toujours des problèmes là où nous pensons qu’il y a des solutions. Au départ, quand nous avons signé l’accord, ils ont dit que les Forces Nouvelles ont trahi. Les gens étaient dans le slogan de la trahison quand il y a eu l’attentat du 29 juin 2007 à Bouaké contre l’avion transportant le Premier ministre. Il y a une réalité qui est, aujourd’hui, une vérité. Si nous avions tous péri dans cet attentat, ceux qui avaient crié à la trahison des Forces Nouvelles auraient dit qu’ils ont eu raison de dire que les Forces nouvelles ont trahi. Mais, nous sommes en vie. Et le fait que nous ayons été épargnés nous permet de rétablir chaque fois la vérité. C’est nous qui avons estimé que le moment était venu de permettre à l’Etat de prendre pied dans la zone CNO et d’administrer l’ensemble de la Côte d’ivoire. La disposition de l’accord a été de dire qu’il faut organiser une passation des charges entre les responsables des Forces Nouvelles et l’administration préfectorale. C’est aussi simple que ça. Il n’y a pas deux préfets dans une même localité.
LP : La 5e réunion du CPC aura lieu bientôt précisément le 11 mars prochain. Des informations font état de ce qu’il y aurait encore quelques blocages artificiels autour de la tenue de cette réunion. Quand est-ce que ce CPC aura lieu ?
A L : C’est un accord qui a prévu en son sein, différentes structures. Le CPC, c’est le cadre permanent de concertation. C’est un cadre qui permet de réunir le facilitateur, en l’occurrence le Président de la République du Burkina Faso, le chef de l’Etat ivoirien M. Laurent Gbagbo, M. Henri Konan Bédié, président du PDCI- RDA, M. Ouattara, président du RDR et le Premier ministre garant de la mise en œuvre de l’accord. C’est un cadre qui est créé pour aller discuter et voir ce qu’on peut régler autour d’une table de négociation. Une date a été évoquée. Maintenant, le reste dépend de la disponibilité de chacun des acteurs. Le CPC ne se réunit pas parce que le conseil de sécurité de l’ONU l’exige. Cela est hors de question. Si les acteurs membres du CPC ne sont pas prêts, on ne peut pas exiger d’eux qu’ils se réunissent pour boire simplement du café ensemble ou bien pour jouer aux cartes. On se réunit pour régler des problèmes.
LP : L’occasion faisant le larron, avez-vous aujourd’hui le sentiment que les Forces Nouvelles ont trahi leur idéal de combat ou sont-elles véritablement en phase avec leurs objectifs initiaux ?
A L : Bon, je vous remercie de la question. Supposons même que les Forces Nouvelles aient trahi. Qui auraient-elles ainsi trahi ? Qui ? C’est la question qui se pose. Je vais y répondre. Les Forces nouvelles n’ont signé aucun engagement avec ceux qui affirment à tout bout de champ qu’il y a trahison. Les Forces Nouvelles n’ont trahi personne. Les Forces Nouvelles ont toujours dit que la guerre était finie. Maintenant, s’il advenait qu’il existe des gens prêts pour une reprise des hostilités, les Forces nouvelles ne pourraient que leur souhaiter bon vent. Mais demander aux Forces nouvelles de se mettre au premier plan pour faire encore la guerre, c’est trop leur demander. Parce que les Forces Nouvelles ont perdu beaucoup d’amis, beaucoup de camarades de lutte, beaucoup de frères d’armes. Toutes ces personnes sont mortes. Et tous ceux qui crient à la trahison n’ont pas participé aux obsèques de toutes ces victimes. Toutes ces personnes qui crient à la trahison de la part des Forces Nouvelles ne participent pas chaque fin de mois, à la satisfaction des besoins des familles, des veuves et des orphelins des victimes. Donc, nous disons que les Forces Nouvelles sont en phase avec leurs engagements de départ.
Interview réalisée par Khristian Kara et Jean Claude Coulibaly
Alain Lobognon : Merci de me poser cette question. Je voudrais dire que si je donne une date aujourd’hui, vous serez les premiers à dire que le Premier ministre dont je suis l’un des collaborateurs veut se substituer à la CEI pour fixer une date des élections. Le Premier ministre est le garant du processus. Et les Forces Nouvelles qu’il dirige sont les arbitres du jeu politique. Elles seront des observateurs avertis pendant ces élections. La seule structure qui est habilitée à fixer une date pour la tenue des élections, c’est la Commission Electorale Indépendante qui est dirigée par un membre d’un parti politique de la place et qui, de surcroît, est membre d’un groupement de partis politiques qui comprend en son sein, l’ensemble des partis politiques signataires de l’accord de Linas Marcoussis ainsi que d’autres forces politiques. Il m’est difficile aujourd’hui en tant que membre des Forces Nouvelles, en tant que collaborateur du Premier ministre de dire la date à laquelle vont se dérouler les élections. Il appartient à la Commission Electorale Indépendante de communiquer cette date aux Ivoiriens le moment venu.
LP : Dans ce cas, que répondez-vous à ceux qui affirment que le chef de l’Etat, le Premier ministre et la CEI sont en « deal » pour amener les Ivoiriens jusqu’en 2010 ?
A L : Je dirais que c’est un progrès énorme qui a été fait. Au départ, on disait que c’est le chef de l’Etat et le Premier ministre qui étaient en deal. Maintenant qu’on dise que c’est la CEI, le chef de l’Etat et le Premier ministre qui sont en deal, je dis que c’est un progrès énorme. Je voudrais rappeler que s’il existe des gens qui entretiennent ce genre de propos, c’est que l’ensemble des partis politiques ivoiriens sont engagés dans un deal collectif pour aller en 2010 pour la tenue des élections. Pour notre part, en tant que membre des Forces Nouvelles et collaborateur du Premier ministre, nous pensons que les élections doivent se tenir en 2009. Oui, je le dis et je le répète, les élections doivent avoir lieu en 2009.
LP : Parlons maintenant de l’unicité de caisse de l’Etat. Concrètement, comment les choses se passent sur le terrain?
A L : Vous me donnez là l’occasion de préciser un certain nombre de choses qui ont été dites sur cette opération. L’unicité de caisse de l’Etat concerne l’ensemble du territoire ivoirien. Certaines personnes prennent le raccourci pour faire croire que quand on parle de l’unicité de caisse, il s’agit de légaliser des pratiques que chacun condamne. Quand je parle de pratiques que chacun condamne, c’est quoi ? Nous avons une zone qu’on qualifie de zone Centre Nord et Ouest qui est, en réalité, cette zone qui a été administrée par les Forces Nouvelles depuis le déclenchement de la crise armée. Ailleurs, alors qu’un désordre s’installait, les Forces Nouvelles se sont organisées pour la bonne tenue de cette zone. Par la suite, un accord de paix a été signé qui voudrait que l’Etat se redéploie. Le processus est en cours. L’accord a reconnu qu’il faut permettre aux services douaniers et fiscaux de se redéployer. C’est ce processus que le Premier ministre qui est aussi le Secrétaire général des Forces Nouvelles a qualifié d’unicité de caisse de l’Etat. S’il y avait des droits d’auteur à lui payer, il fallait les lui payer. Parce que le terme « unicité de caisse de l’Etat » n’a pas été inventé par ces donneurs de leçon qui parlent de l’unicité de caisse de l’Etat sans savoir quelle réalité elle renferme. On doit également envoyer des fonctionnaires des services des impôts dans ces mêmes zones pour faire le travail qui se faisait normalement avant le 19 septembre 2002. Mais, en sept ans de crise, des habitudes ont été perdues. Donc il faut donner les moyens de permettre aux populations qui sont restées, de reprendre ces habitudes perdues. Pour les uns de payer à nouveau les impôts, pour les autres de dédouaner les marchandises qui sont à dédouaner. Parce qu’il n’est pas facile de croire que celui qui a eu un véhicule sans effort pourra accepter de gaieté de cœur d’aller le dédouaner au prix fort. Cela est une réalité. Maintenant, quand on dit que le processus piétine, je dis non ! Le processus est en train de se mettre en place.
LP : Les Forces Nouvelles ne craignent-elles pas de se laisser fragiliser par la mise en œuvre de l’unicité de caisse de l’Etat qui pourrait voir leurs différentes structures priver de ressources nécessaires à leur fonctionnement quotidien ?
A L : Au lieu de répondre à la question, je vais vous poser une question. Que proposez- vous en lieu et place de l’unicité de caisse de l’Etat ?
LP : Nous ne savons que trop. C’est à nous de poser les questions et à vous d’y répondre…Sur ce plan, le mode opératoire de l’unicité de caisse préconise le principe de la mixité et de la parité dans les nominations au sein des brigades qui devaient être mises en place pour conduire l’opération sur le terrain. Ces brigades mixtes tardent à se mettre en place. Aux dernières nouvelles, les cinq agents des Douanes qui séjournaient à Bouaké en attendant la mise en place de la première brigade mixte ont regagné précipitamment Abidjan depuis jeudi 26 février. De quoi s’agit-il?
A L : Je vous dis que c’est un processus qui se met progressivement en place. Il y a des difficultés. Le Premier ministre préside justement le mercredi 4 mars à Bouaké, un atelier pour évaluer le processus.(l’interview a été réalisée le vendredi 27 février 2009. NDLR) Comme je le dis, il ne fallait pas s’attendre à voir les douaniers qui avaient quitté les localités de la zone CNO depuis le 19 septembre, venir et commencer automatiquement à délivrer des factures. En clair, il peut avoir des difficultés sur le terrain mais le processus continue. C’est de cela qu’il est question. Quant à la mixité dont vous parlez, c’est vrai, pendant les négociations du comité technique, il a été demandé au gouvernement d’intégrer en son sein, les éléments des Forces Nouvelles qui rempliraient les critères requis à cet effet. Il a été demandé que ces éléments en règle soient intégrés dans l’administration fiscale et douanière.
LP : Qu’en est-il de la polémique en cours autour de la question de la suspension ou non de l’activité de dédouanement des engins roulants au profit de l’activité d’immatriculation?
A L : Je dis qu’il ne saurait avoir de polémique autour de la question de l’unicité de caisse de l’Etat. Pendant longtemps, une structure des Forces Nouvelles appelée la Centrale, a mobilisé les richesses. Après un séminaire de plusieurs jours à Bouaké, il a été demandé de dissoudre cette structure pour permettre à l’Etat de jouer à nouveau son rôle régalien à ce niveau. Le Premier ministre qui est par ailleurs, le secrétaire général des Forces Nouvelles, n’a mandaté personne pour dire de suspendre l’unicité de caisse de l’Etat au motif qu’on voudrait procéder d’abord à l’immatriculation des engins roulants avant leur dédouanement. Non !
LP : A côté de l’unicité de caisse de l’Etat, il y a la cérémonie de passation des charges des commandants de zones aux préfets. Que répondez-vous à ceux qui disent que c’en est fini pour les Forces Nouvelles si une telle passation des charges avait effectivement lieu ?
A L : Mais, il s’agit là de ceux qui ne veulent pas que la crise finisse. C’est simple. Ce sont eux qui voient toujours des problèmes là où nous pensons qu’il y a des solutions. Au départ, quand nous avons signé l’accord, ils ont dit que les Forces Nouvelles ont trahi. Les gens étaient dans le slogan de la trahison quand il y a eu l’attentat du 29 juin 2007 à Bouaké contre l’avion transportant le Premier ministre. Il y a une réalité qui est, aujourd’hui, une vérité. Si nous avions tous péri dans cet attentat, ceux qui avaient crié à la trahison des Forces Nouvelles auraient dit qu’ils ont eu raison de dire que les Forces nouvelles ont trahi. Mais, nous sommes en vie. Et le fait que nous ayons été épargnés nous permet de rétablir chaque fois la vérité. C’est nous qui avons estimé que le moment était venu de permettre à l’Etat de prendre pied dans la zone CNO et d’administrer l’ensemble de la Côte d’ivoire. La disposition de l’accord a été de dire qu’il faut organiser une passation des charges entre les responsables des Forces Nouvelles et l’administration préfectorale. C’est aussi simple que ça. Il n’y a pas deux préfets dans une même localité.
LP : La 5e réunion du CPC aura lieu bientôt précisément le 11 mars prochain. Des informations font état de ce qu’il y aurait encore quelques blocages artificiels autour de la tenue de cette réunion. Quand est-ce que ce CPC aura lieu ?
A L : C’est un accord qui a prévu en son sein, différentes structures. Le CPC, c’est le cadre permanent de concertation. C’est un cadre qui permet de réunir le facilitateur, en l’occurrence le Président de la République du Burkina Faso, le chef de l’Etat ivoirien M. Laurent Gbagbo, M. Henri Konan Bédié, président du PDCI- RDA, M. Ouattara, président du RDR et le Premier ministre garant de la mise en œuvre de l’accord. C’est un cadre qui est créé pour aller discuter et voir ce qu’on peut régler autour d’une table de négociation. Une date a été évoquée. Maintenant, le reste dépend de la disponibilité de chacun des acteurs. Le CPC ne se réunit pas parce que le conseil de sécurité de l’ONU l’exige. Cela est hors de question. Si les acteurs membres du CPC ne sont pas prêts, on ne peut pas exiger d’eux qu’ils se réunissent pour boire simplement du café ensemble ou bien pour jouer aux cartes. On se réunit pour régler des problèmes.
LP : L’occasion faisant le larron, avez-vous aujourd’hui le sentiment que les Forces Nouvelles ont trahi leur idéal de combat ou sont-elles véritablement en phase avec leurs objectifs initiaux ?
A L : Bon, je vous remercie de la question. Supposons même que les Forces Nouvelles aient trahi. Qui auraient-elles ainsi trahi ? Qui ? C’est la question qui se pose. Je vais y répondre. Les Forces nouvelles n’ont signé aucun engagement avec ceux qui affirment à tout bout de champ qu’il y a trahison. Les Forces Nouvelles n’ont trahi personne. Les Forces Nouvelles ont toujours dit que la guerre était finie. Maintenant, s’il advenait qu’il existe des gens prêts pour une reprise des hostilités, les Forces nouvelles ne pourraient que leur souhaiter bon vent. Mais demander aux Forces nouvelles de se mettre au premier plan pour faire encore la guerre, c’est trop leur demander. Parce que les Forces Nouvelles ont perdu beaucoup d’amis, beaucoup de camarades de lutte, beaucoup de frères d’armes. Toutes ces personnes sont mortes. Et tous ceux qui crient à la trahison n’ont pas participé aux obsèques de toutes ces victimes. Toutes ces personnes qui crient à la trahison de la part des Forces Nouvelles ne participent pas chaque fin de mois, à la satisfaction des besoins des familles, des veuves et des orphelins des victimes. Donc, nous disons que les Forces Nouvelles sont en phase avec leurs engagements de départ.
Interview réalisée par Khristian Kara et Jean Claude Coulibaly