Le système éducatif ivoirien est sérieusement paralysé par une grève illimitée, déclenchée par quatre formations syndicales du secondaire général et technique. A l’origine, la non prise du décret sur la grille indiciaire revalorisée et la suspension des salaires de la majorité des enseignants. Le porte-parole du mouvement des syndicats, Mamadou Soro, interpelle l’Etat sur la menace d’une année blanche. Interview.
Le Patriote : Vous avez entamé une grève illimitée depuis le lundi 2 mars 2009. Qu’est –ce qui justifie ce débrayage ?
Mamadou Soro : Nous avons engagé effectivement depuis le lundi un nouvel arrêt de travail, qui fait suite à deux faits majeurs.
L.P. : Lesquels
M.S : D’abord le refus du gouvernement d’adopter notre grille par voie de décret, Lequel devait fixer la date des effets financiers. Et le refus du gouvernement à satisfaire notre plate-forme revendicative, déposée sur sa table depuis le 07 janvier 2009. Deuxième chose, le gouvernement s’est lancé dans une campagne d’intoxication et d’injures gratuites adressée aux enseignants qui depuis 1960, continuent d’abattre un travail pour mettre à la disposition de la nation ivoirienne, des cadres qui assurent le développement durable de notre pays. Vous avez vu sa sortie du dimanche 1er mars au cours du journal télévisée de 13 heures. Que d’injures gratuites ! Ces faits ont été complétés par une mesure de rétorsion illogique et défiant le bon sens. Or Les enseignants attendaient plutôt des solutions à leur plate-forme revendicative. Pendant le mois de février 2009, il n’y a eu aucun mouvement d’arrêt de travail. Et pourtant, c’est pour ce mois que le ministre de l’Education nationale, comme un « Nazi », a décidé de suspendre les salaires de près de 10.000 enseignants du secondaire général sur 11985 qui sont dans les salles de classes. Soit environ 98,88 % de suspendus. Cela est grave. Ça veut dire que le Ministre de l’Education nationale veut lui-même que la crise s’envenime… Face à la répression devant l’injustice, nous n’avons d’autre issue que de nous lever pour nous battre. C’est ce qui explique cette levée spontanée, lundi matin, de l’ensemble des enseignants du secondaire de Côte d’Ivoire, pour dire « non » à l’injustice.
L.P. : Est-ce que vos syndiqués vous ont suivi dans ce mouvement général d’arrêt de travail ?
M.S : Vous avez dû le constater, les syndiqués sont en avance. Nous ne faisons que les encadrer pour que les uns et les autres ne débordent pas. Les militants sont plus déterminés que nous-mêmes. A ce niveau, nous sommes en phase dans la détermination.
L.P. : Le ministre Bleu Lainé a dit que la rétention des notes et la non distribution des copies aux élèves, sont une forme de grève qui « ne dit pas son nom ». Et c’est ce qui l’a poussé à agir ainsi. Qu’en dites vous ?
M.S : La rétention des notes n’est pas une grève. C’est archi-faux. Le soutenir est une escroquerie intellectuelle. Avec la rétention des notes, nous allons correctement au cours, nous remplissons les cahiers de textes. Nous évaluons et nous corrigeons les devoirs. Et chacun sait à quoi s’en tenir. Par contre, le remplissage des documents de fin de trimestre, le calcul des moyennes, le remplissage des matrices, la tenue des conseils de classe sont purement administratifs. Ce sont des devoirs supplémentaires pour l’enseignant. Donc, la rétention en elle-même, n’est pas une grève. C’est cette mise au point que nous allons faire à M. Bleu Lainé. Quand il y a un mouvement de grève, qu’est-ce qu’on fait ? En tant qu’autorité de tutelle, c’est engager le dialogue. Or depuis que la rétention à commencé, on les a avertis. On leur a donné un ultimatum, depuis le 04 octobre 2008. Le 16 novembre, nous les avons relancés ainsi que le 11 décembre 2008, et jusqu’à la grève du 20 janvier 2009, le ministre Bleu Lainé n’a jamais reçu le SYNESCI ou un quelconque syndicat pour parler de la rétention des notes. Donc, il n’y a pas eu de dialogue. Il n’y a pas eu de négociations. Il n’y a pas eu de dialogue social.
L.P. : Pour vos revendications, le gouvernement vous demande d’attendre jusqu’en janvier 2010. Il estime que les caisses sont vides pour satisfaire votre plate-forme revendicative. Quelle est votre appréciation ?
M.S : Le gouvernement, officiellement, ne nous a pas reçu pour dire d’attendre janvier 2010. Les enseignants sont fâchés, car, cela fait huit ans qu’un processus a commencé. Et en huit ans, on n’arrive pas à la fin de ce processus.
L.P. : De quel processus s’agit-il ?
M.S : Il s’agit du processus de l’adoption du profil de carrière. Il y a eu le décret qui adopte le profil de carrière, il y a eu l’arrêté interministériel de 2007. Mais, il doit y avoir un décret abrogeant celui de 1967 et celui du 9 janvier 1978 qui a mis en valeur les grilles indiciaires. Au jour d’aujourd’hui, nous parlons. Mais le gouvernement ne dit pas, «voici la grille sur lequel on veut vous aligner ». Il n’y a pas de négociation pour aller à un Accord si la grille est adoptée par voie de décret. Et de deux, le gouvernement n’a pas pu nous dire quelle est la date des effets financiers de notre profil de carrière. Pour revenir à l’ordre, nous ne faisons que nous arc-bouter sur l’article 16 de l’arrêté interministériel du 13 août 2008, n° 9482 qui disait que le gouvernement devrait avoir pris le décret adoptant la grille au plus tard le 31 Août 2008.Aujourd’hui, sept mois après, le gouvernement n’a rien fait. Et ce sont encore les syndicats qui ont amené le gouvernement à revenir sur la table de négociations.
L.P. : Le ministre Bleu Lainé vous a pourtant invité à la patience…
M.S : La patience est un chemin d’or. Mais vous conviendrez avec moi, que la patience a des limites.
L.P. : L’Etat vous a donné des garanties sûres notamment après son éligibilité à l’initiative PPTE (Pays Pauvres et très Endettés) ?
M.S : Je souhaite beaucoup de chance à la Côte d’Ivoire. Je suppose que si on est candidat, ça va nous apporter un plus. Mais, pour l’heure, PPTE veut dire pour nous «Professeur Pauvre Très Endetté». Nous disons non. Si le décret avait été pris avant le 31 août 2008, on ne nous aurait pas parlé de PPTE. Mais bien plus, je voudrais vous informer la Côte d’Ivoire est candidate au PPTE, depuis 1998. Cela fait dix ans que nous sommes candidats et nous ne sommes pas encore élus. Vous voulez que les enseignants dans un tel contexte confient leur sort à une probable éligibilité. Notre profil de carrière ne trouvera pas sa solution avec l’admission au PPTE. Et si on échoue, les enseignants vont être obligés de reléguer aux calandres grecques l’adoption de leur grille indiciaire et la date des effets financiers. Les enseignants n’étant pas bénéficiaires directs des avantages du PPTE, ne peuvent pas lier le profil de carrière qui a commencé depuis 2002 à une quelconque élection au PPTE. C’est pour dire que nous ne demandons pas d’argent pour le mettre dans nos poches. Ce que nous demandons, c’est la régularisation administrative d’un processus qui a commencé. Cette régularisation administrative passe par la prise d’un décret qui adopte la nouvelle grille. Si ce décret est signé et qu’on nous donne la date des effets financiers, on pourra trouver un consensus. Mais, il n’y a aucun dialogue. Diantre, les Magistrats ont vu leur décret signé le 14 février et dont l’effet financier était prévu pour janvier 2009. Ce décret a été rétroactif au niveau des effets financiers. Cela veut dire que c’est possible qu’on adopte notre grille indiciaire revalorisée et qu’on fixe la date des effets financiers. Nous sommes ouverts au dialogue social. Nous avons fait une grève conjointe avec l’enseignement technique. Mais cet ordre d’enseignants n’a pas connu de mesures de rétorsion.
L.P. : Est-ce à dire que c’est le ministre Bleu Lainé qui a demandé la suspension des salaires des enseignants ?
M.S. La suspension et la ponction des salaires ne sont pas des mesures du gouvernement. C’est le ministre de l’Education nationale, Gilbert Bleu Lainé qui a demandé avec un esprit criminel « d’assassiner » ses collaborateurs. Et devant cette tentative d’assassinat, les enseignants ne peuvent accepter d’offrir leur cou pour se faire égorger et mourir comme des animaux, pour satisfaire aux désirs empiristes d’un ministre. Nous disons que la date de la prochaine mesure de rétorsion sera la date où nous allons brûler les copies, les notes et les moyennes. C’est pourquoi, ici et maintenant, le Premier ministre Guillaume Soro, est interpellé, ainsi que le président Laurent Gbagbo.
L.P. : Ces deux personnalités ne vous ont-ils pas approché ?
M.S : Non ! Visiblement, de notre point de vue, le ministre Bleu Lainé veut entraîner le gouvernement avec lui dans les marrées boueuses d’une année blanche. Si le ministre ouvre le dialogue, on pourrait arriver à un compromis, s’il ferme le dialogue, nous sommes déterminés.
L.P. : Quelles sont les propositions concrètes que vous avez faites au gouvernement, relatives à la grille revalorisée ?
M.S : Il n’y a pas eu de séance de travail véritable entre le gouvernement et nous. Le gouvernement, nous a acheminé une proposition et il souhaite voir nos propositions. Depuis le 26 septembre que nous avons acheminée nos propositions, il n’y a pas eu de séances de travail pour dire qu’est-ce que l’un et l’autre concède. De ce point de vue, je ne peux pas dire voici le travail technique qui a été abattu. Notre grille est simple. Nous, avons bénéficié d’une grille particulière. Mais le décret 161 du 11 septembre 2008, de l’octroi des indemnités pour le grade A3 de 265.000 Fcfa par mois et pour le grade A4 300.000 Fcfa / mois, aux agents du ministère de la Fonction publique. Quand nous avons fait des études comparées, du décrochage qui nous donne des puces indiciaires 545 points à 542 points, nous constatons qu’il y a un manque à gagner pour que la grille indiciaire soit à l’actualité de 1250 points à ajouter à l’actuel indice, pour le CAPCM, de 1235 POINTS ; Et comme le président Laurent Gbagbo avait promis ajouter les150 points d’indice à tous les fonctionnaires, nous avons ajouté cela.
L.P. : La tutelle vous a menacés d’aller exercer d’autres fonctions plus rémunératrices, si vous ne voulez pas enseigner ?
M.S : C’est une dérive fasciste. Le ministère de L’Education nationale n’est pas la propriété privée de Gilbert Bleu Lainé. Et les enseignants ne sont pas sa propriété privée. Les enseignants sont une propriété collective du peuple de Côte d’Ivoire. Ce n’est pas à lui le ministre de dire à 11985 enseignants qui exercent dans les classes (craie en main) de vider les salles et de ne plus assurer l’éducation. C’est grave ! Nous comprenons alors pourquoi, il y a Gbéhi Tomé et sa femme qui sont ses cousins au cabinet. Est-ce ça la gestion ? Les enseignants ne le suivront pas dans cette volonté de faire de ce ministère une propriété familiale. Nous disons non. La deuxième remarque, c’est que Bleu Lainé est hostile aux solutions et au dialogue social. Car, s’il était réellement animé par une volonté de recherches des solutions en lieu et place de dire d’aller nous faire voir ailleurs, il aurait pu dire de nous retrouver pour engager la négociation. C’est avec regret que nous constatons que le gouvernement paie ce ministre. En tout cas, si le gouvernement pense que l’Année blanche l’arrange, et que Bleu Lainé doit continuer à énerver les enseignants, c’est à lui d’observer. Pour notre part, nous les quatre formations syndicales (SYNESCI ; CES-CI, SYNAFTPCI et Syndicat Solidarité), nous sommes disposés à la négociation pour trouver des solutions à nos problèmes. L’intervention du ministre sur le journal de 13 heures du dimanche dernier n’est qu’un tissu de mensonges. Il dit que je revendique des indemnités. C’est faux ! Je souhaite que notre ministre prenne de la hauteur et vienne à l’esprit critique et à la contradiction des idées. Seul le consensus va faire gagner la nation Ivoirienne, par une année de qualité. Qu’il se souvienne qu’il est le premier responsable de l’Education ivoirienne, s’il y a une année blanche, il va répondre devant la nation. Et l’histoire retiendra que c’est sous le ministre Bleu Lainé qu’il y a eu une année blanche.
Réalisée par Anzoumana Cissé
Le Patriote : Vous avez entamé une grève illimitée depuis le lundi 2 mars 2009. Qu’est –ce qui justifie ce débrayage ?
Mamadou Soro : Nous avons engagé effectivement depuis le lundi un nouvel arrêt de travail, qui fait suite à deux faits majeurs.
L.P. : Lesquels
M.S : D’abord le refus du gouvernement d’adopter notre grille par voie de décret, Lequel devait fixer la date des effets financiers. Et le refus du gouvernement à satisfaire notre plate-forme revendicative, déposée sur sa table depuis le 07 janvier 2009. Deuxième chose, le gouvernement s’est lancé dans une campagne d’intoxication et d’injures gratuites adressée aux enseignants qui depuis 1960, continuent d’abattre un travail pour mettre à la disposition de la nation ivoirienne, des cadres qui assurent le développement durable de notre pays. Vous avez vu sa sortie du dimanche 1er mars au cours du journal télévisée de 13 heures. Que d’injures gratuites ! Ces faits ont été complétés par une mesure de rétorsion illogique et défiant le bon sens. Or Les enseignants attendaient plutôt des solutions à leur plate-forme revendicative. Pendant le mois de février 2009, il n’y a eu aucun mouvement d’arrêt de travail. Et pourtant, c’est pour ce mois que le ministre de l’Education nationale, comme un « Nazi », a décidé de suspendre les salaires de près de 10.000 enseignants du secondaire général sur 11985 qui sont dans les salles de classes. Soit environ 98,88 % de suspendus. Cela est grave. Ça veut dire que le Ministre de l’Education nationale veut lui-même que la crise s’envenime… Face à la répression devant l’injustice, nous n’avons d’autre issue que de nous lever pour nous battre. C’est ce qui explique cette levée spontanée, lundi matin, de l’ensemble des enseignants du secondaire de Côte d’Ivoire, pour dire « non » à l’injustice.
L.P. : Est-ce que vos syndiqués vous ont suivi dans ce mouvement général d’arrêt de travail ?
M.S : Vous avez dû le constater, les syndiqués sont en avance. Nous ne faisons que les encadrer pour que les uns et les autres ne débordent pas. Les militants sont plus déterminés que nous-mêmes. A ce niveau, nous sommes en phase dans la détermination.
L.P. : Le ministre Bleu Lainé a dit que la rétention des notes et la non distribution des copies aux élèves, sont une forme de grève qui « ne dit pas son nom ». Et c’est ce qui l’a poussé à agir ainsi. Qu’en dites vous ?
M.S : La rétention des notes n’est pas une grève. C’est archi-faux. Le soutenir est une escroquerie intellectuelle. Avec la rétention des notes, nous allons correctement au cours, nous remplissons les cahiers de textes. Nous évaluons et nous corrigeons les devoirs. Et chacun sait à quoi s’en tenir. Par contre, le remplissage des documents de fin de trimestre, le calcul des moyennes, le remplissage des matrices, la tenue des conseils de classe sont purement administratifs. Ce sont des devoirs supplémentaires pour l’enseignant. Donc, la rétention en elle-même, n’est pas une grève. C’est cette mise au point que nous allons faire à M. Bleu Lainé. Quand il y a un mouvement de grève, qu’est-ce qu’on fait ? En tant qu’autorité de tutelle, c’est engager le dialogue. Or depuis que la rétention à commencé, on les a avertis. On leur a donné un ultimatum, depuis le 04 octobre 2008. Le 16 novembre, nous les avons relancés ainsi que le 11 décembre 2008, et jusqu’à la grève du 20 janvier 2009, le ministre Bleu Lainé n’a jamais reçu le SYNESCI ou un quelconque syndicat pour parler de la rétention des notes. Donc, il n’y a pas eu de dialogue. Il n’y a pas eu de négociations. Il n’y a pas eu de dialogue social.
L.P. : Pour vos revendications, le gouvernement vous demande d’attendre jusqu’en janvier 2010. Il estime que les caisses sont vides pour satisfaire votre plate-forme revendicative. Quelle est votre appréciation ?
M.S : Le gouvernement, officiellement, ne nous a pas reçu pour dire d’attendre janvier 2010. Les enseignants sont fâchés, car, cela fait huit ans qu’un processus a commencé. Et en huit ans, on n’arrive pas à la fin de ce processus.
L.P. : De quel processus s’agit-il ?
M.S : Il s’agit du processus de l’adoption du profil de carrière. Il y a eu le décret qui adopte le profil de carrière, il y a eu l’arrêté interministériel de 2007. Mais, il doit y avoir un décret abrogeant celui de 1967 et celui du 9 janvier 1978 qui a mis en valeur les grilles indiciaires. Au jour d’aujourd’hui, nous parlons. Mais le gouvernement ne dit pas, «voici la grille sur lequel on veut vous aligner ». Il n’y a pas de négociation pour aller à un Accord si la grille est adoptée par voie de décret. Et de deux, le gouvernement n’a pas pu nous dire quelle est la date des effets financiers de notre profil de carrière. Pour revenir à l’ordre, nous ne faisons que nous arc-bouter sur l’article 16 de l’arrêté interministériel du 13 août 2008, n° 9482 qui disait que le gouvernement devrait avoir pris le décret adoptant la grille au plus tard le 31 Août 2008.Aujourd’hui, sept mois après, le gouvernement n’a rien fait. Et ce sont encore les syndicats qui ont amené le gouvernement à revenir sur la table de négociations.
L.P. : Le ministre Bleu Lainé vous a pourtant invité à la patience…
M.S : La patience est un chemin d’or. Mais vous conviendrez avec moi, que la patience a des limites.
L.P. : L’Etat vous a donné des garanties sûres notamment après son éligibilité à l’initiative PPTE (Pays Pauvres et très Endettés) ?
M.S : Je souhaite beaucoup de chance à la Côte d’Ivoire. Je suppose que si on est candidat, ça va nous apporter un plus. Mais, pour l’heure, PPTE veut dire pour nous «Professeur Pauvre Très Endetté». Nous disons non. Si le décret avait été pris avant le 31 août 2008, on ne nous aurait pas parlé de PPTE. Mais bien plus, je voudrais vous informer la Côte d’Ivoire est candidate au PPTE, depuis 1998. Cela fait dix ans que nous sommes candidats et nous ne sommes pas encore élus. Vous voulez que les enseignants dans un tel contexte confient leur sort à une probable éligibilité. Notre profil de carrière ne trouvera pas sa solution avec l’admission au PPTE. Et si on échoue, les enseignants vont être obligés de reléguer aux calandres grecques l’adoption de leur grille indiciaire et la date des effets financiers. Les enseignants n’étant pas bénéficiaires directs des avantages du PPTE, ne peuvent pas lier le profil de carrière qui a commencé depuis 2002 à une quelconque élection au PPTE. C’est pour dire que nous ne demandons pas d’argent pour le mettre dans nos poches. Ce que nous demandons, c’est la régularisation administrative d’un processus qui a commencé. Cette régularisation administrative passe par la prise d’un décret qui adopte la nouvelle grille. Si ce décret est signé et qu’on nous donne la date des effets financiers, on pourra trouver un consensus. Mais, il n’y a aucun dialogue. Diantre, les Magistrats ont vu leur décret signé le 14 février et dont l’effet financier était prévu pour janvier 2009. Ce décret a été rétroactif au niveau des effets financiers. Cela veut dire que c’est possible qu’on adopte notre grille indiciaire revalorisée et qu’on fixe la date des effets financiers. Nous sommes ouverts au dialogue social. Nous avons fait une grève conjointe avec l’enseignement technique. Mais cet ordre d’enseignants n’a pas connu de mesures de rétorsion.
L.P. : Est-ce à dire que c’est le ministre Bleu Lainé qui a demandé la suspension des salaires des enseignants ?
M.S. La suspension et la ponction des salaires ne sont pas des mesures du gouvernement. C’est le ministre de l’Education nationale, Gilbert Bleu Lainé qui a demandé avec un esprit criminel « d’assassiner » ses collaborateurs. Et devant cette tentative d’assassinat, les enseignants ne peuvent accepter d’offrir leur cou pour se faire égorger et mourir comme des animaux, pour satisfaire aux désirs empiristes d’un ministre. Nous disons que la date de la prochaine mesure de rétorsion sera la date où nous allons brûler les copies, les notes et les moyennes. C’est pourquoi, ici et maintenant, le Premier ministre Guillaume Soro, est interpellé, ainsi que le président Laurent Gbagbo.
L.P. : Ces deux personnalités ne vous ont-ils pas approché ?
M.S : Non ! Visiblement, de notre point de vue, le ministre Bleu Lainé veut entraîner le gouvernement avec lui dans les marrées boueuses d’une année blanche. Si le ministre ouvre le dialogue, on pourrait arriver à un compromis, s’il ferme le dialogue, nous sommes déterminés.
L.P. : Quelles sont les propositions concrètes que vous avez faites au gouvernement, relatives à la grille revalorisée ?
M.S : Il n’y a pas eu de séance de travail véritable entre le gouvernement et nous. Le gouvernement, nous a acheminé une proposition et il souhaite voir nos propositions. Depuis le 26 septembre que nous avons acheminée nos propositions, il n’y a pas eu de séances de travail pour dire qu’est-ce que l’un et l’autre concède. De ce point de vue, je ne peux pas dire voici le travail technique qui a été abattu. Notre grille est simple. Nous, avons bénéficié d’une grille particulière. Mais le décret 161 du 11 septembre 2008, de l’octroi des indemnités pour le grade A3 de 265.000 Fcfa par mois et pour le grade A4 300.000 Fcfa / mois, aux agents du ministère de la Fonction publique. Quand nous avons fait des études comparées, du décrochage qui nous donne des puces indiciaires 545 points à 542 points, nous constatons qu’il y a un manque à gagner pour que la grille indiciaire soit à l’actualité de 1250 points à ajouter à l’actuel indice, pour le CAPCM, de 1235 POINTS ; Et comme le président Laurent Gbagbo avait promis ajouter les150 points d’indice à tous les fonctionnaires, nous avons ajouté cela.
L.P. : La tutelle vous a menacés d’aller exercer d’autres fonctions plus rémunératrices, si vous ne voulez pas enseigner ?
M.S : C’est une dérive fasciste. Le ministère de L’Education nationale n’est pas la propriété privée de Gilbert Bleu Lainé. Et les enseignants ne sont pas sa propriété privée. Les enseignants sont une propriété collective du peuple de Côte d’Ivoire. Ce n’est pas à lui le ministre de dire à 11985 enseignants qui exercent dans les classes (craie en main) de vider les salles et de ne plus assurer l’éducation. C’est grave ! Nous comprenons alors pourquoi, il y a Gbéhi Tomé et sa femme qui sont ses cousins au cabinet. Est-ce ça la gestion ? Les enseignants ne le suivront pas dans cette volonté de faire de ce ministère une propriété familiale. Nous disons non. La deuxième remarque, c’est que Bleu Lainé est hostile aux solutions et au dialogue social. Car, s’il était réellement animé par une volonté de recherches des solutions en lieu et place de dire d’aller nous faire voir ailleurs, il aurait pu dire de nous retrouver pour engager la négociation. C’est avec regret que nous constatons que le gouvernement paie ce ministre. En tout cas, si le gouvernement pense que l’Année blanche l’arrange, et que Bleu Lainé doit continuer à énerver les enseignants, c’est à lui d’observer. Pour notre part, nous les quatre formations syndicales (SYNESCI ; CES-CI, SYNAFTPCI et Syndicat Solidarité), nous sommes disposés à la négociation pour trouver des solutions à nos problèmes. L’intervention du ministre sur le journal de 13 heures du dimanche dernier n’est qu’un tissu de mensonges. Il dit que je revendique des indemnités. C’est faux ! Je souhaite que notre ministre prenne de la hauteur et vienne à l’esprit critique et à la contradiction des idées. Seul le consensus va faire gagner la nation Ivoirienne, par une année de qualité. Qu’il se souvienne qu’il est le premier responsable de l’Education ivoirienne, s’il y a une année blanche, il va répondre devant la nation. Et l’histoire retiendra que c’est sous le ministre Bleu Lainé qu’il y a eu une année blanche.
Réalisée par Anzoumana Cissé