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Politique Publié le vendredi 6 mars 2009 | Nord-Sud

A l`An 2 de l`application de l"APO : Voici le nouveau discours tenu dans les "agoras" et "parlements"

A l’approche de la sortie de crise, le discours tenu dans les « Sorbonnes », « agoras » et « parlements » de la capitale économique a baissé de ton. Nord-Sud Quotidien fait le point.

Tout a commencé par la « Sorbonne » du Plateau. En ce lieu situé en plein cœur de la commune des affaires, les Abidjanais venaient s’abreuver de savoir, de culture et d’informations. Des « savants » dispensaient la connaissance entre midi et 14h. Ces espaces de « la libre parole » étaient devenus dans les années 90 des lieux mythiques. Comme dans la Grèce antique, pour débattre des affaires du pays. Le mouvement a pris du volume avec le déclenchement de la crise de septembre 2002. Les « champs de la bataille patriotique » se sont alors multipliés dans la ville d’Abidjan et à l’intérieur du pays. Un seul message meublait les rencontres : la défense des institutions de la République. L’ex-rébellion, les partis de l’opposition ivoirienne, la France, le Burkina Faso et particulièrement le Dr Alassane Dramane Ouattara étaient cloués au pilori par les partisans de Laurent Gbagbo. Aujourd’hui, deux années après la signature de l’Accord politique de Ouagadougou, qui a consacré la paix des braves, que reste-t-il du discours de ces maîtres de la parole? Qu’en est-il du combat « patriotique »? Si les méthodes n’ont pas changé, le ton quant à lui, a sensiblement évolué dans le temps.


Plus d’os à croquer

La tête de Guillaume Soro et celles des rebelles ne sont plus mises à prix. Tout comme le père et présumé financier de l’ex-rébellion et l’ancienne puissance coloniale, la France, sont quelque peu “oubliés”. Incursion dans ce monde de fanatiques où endoctrinement, manipulation et désinformation défient la vérité au quotidien.

Il est midi ce 25 février quand nous foulons l’espace appelé ‘‘Sorbonne Solidarité’’ en plein cœur du Plateau, centre de la gestion du pays. Le show des orateurs n’a pas encore commencé dans cette « université à ciel ouvert ». Entre temps, hommes de Dieu et tradi-praticiens se succèdent sur le podium dans le brouhaha des vendeurs ambulants qui, pour prêcher la vérité divine, qui pour vanter les mérites de leurs médicaments, aux mille vertus. Sur une facette du mur de l’immeuble des 60 logements, se trouve placardé l’ordre de passage des orateurs sur un tableau de programmation des communications. Aucun thème n’est mentionné à l’ordre du jour. Seuls les noms des orateurs y sont précisés. Ce jour là, les nommés Ben Sahiri, « Bangolo » et « Thabo M’Beki » étaient chargés de tutoyer le verbe au grand plaisir des « étudiants » et abonnés. Contrairement à la ferveur des années passées, l’on sent que «les patriotes » n’affluent plus. Signe que les « sorbonnards » n’ont plus d’os à ronger. Ceux qui ont fait les beaux jours du « Temple du Plateau » selon des informations recueillies auprès de certains habitués, y mettent rarement les pieds. Nado Clément, président de la « Sorbonne Solidarité » n’est pas présent le jour de notre passage. Ce mercredi-là, seuls deux thèmes font l’actualité : La descente aux enfers du principal financier de la rébellion et l’impossibilité de la France de se défaire de la tutelle économique ivoirienne. Quand le ‘‘professeur’’ Ben Sahiri entre en scène, il donne le scoop du jour, une information qu’il assure détenir « de première main et de source sûre ». Il livre alors que l’embellie dans la crise ivoirienne est le fait du « génie politique du président Laurent Gbagbo et de l’essoufflement financier d’Alassane Ouattara », qui est selon lui « le père de la rébellion ». Sahiri parle aussi, actualité oblige, de la présence de Blaise Compaoré sur les bords de la lagune Ebrié. Selon le « prof », le président du Faso est venu suivre la cérémonie d’ouverture de la première édition du Championnat d’Afrique des nations (Chan) grâce à la « perspicacité politique » de Gbagbo. « Le président Gbagbo a désormais Compaoré et ATT dans sa poche. Tenez-vous bien, cela fait trois ans que la Côte d’ Ivoire paie les fonctionnaires du Mali et du Burkina Faso. Alassane Ouattara est aujourd’hui paumé comme un rat d’église. Quand il est allé voir Sarkozy, ce dernier lui a dit de tout faire pour entrer dans les bonnes grâces de Gbagbo de sorte que lorsqu’il sera réélu pour son second mandat, il puisse le nommer Directeur général quelque part», a révélé Ben Sahiri. Intox ou réalité ? Sans moyens de vérification, ces « révélations » de Ben Sahiri semblent vraisemblablement revêtues du manteau de l’intoxication.


L’affluence a baissé

Un autre espace, un autre décor. A la ‘’Sorbonne Côte d’Ivoire’’, les emplois fictifs de la présidence, les dessous de la présence de l’avion pirate à l’aéroport et l’affaire des 65 millions de Mtn sont les centres d’intérêt du « cours » du jour dans « l’établissement » de Richard Dakoury. Après les salves des tradi-praticiens, ‘‘Gouverneur Zaouli’’, l’orateur de service tente d’éclairer la lanterne du maigre public sur les dessous de ces sujets. Après une intervention qui n’a nullement passionné, le maître arrête le ‘‘cours magistral’’ afin que les étudiants ‘‘paient le transport’’ du ‘‘gouverneur’’. Ici, l’intendant estime que, « Le professeur ne doit pas lutter le bus le soir avec les petits voyous du Rdr ». Pour Zaouli, « la lutte patriotique n’est certes pas alimentaire, mais il faut s’alimenter pour pouvoir la mener ». De fait, les auditeurs assis sur les chaises et bancs sous un hangar de fortune appelés les ‘VIP’’ doivent cotiser 50 f au minimum chacun. Ceux qui sont sur leurs jambes appelés ‘‘Le collectif des debout’’ ne sont pas épargnés. Malgré les nombreux appels à la solidarité, la quête a du mal à atteindre 1.500 Fcfa.


Abobo veut sa part du gâteau

Au ‘‘Tout puissant congrès d’Abobo’’, situé en bordure du boulevard principal, les « jeunes patriotes » ont d’autres préoccupations. Ils sont loin du train-train quotidien des « agoras ». Sans avoir éclipsé les sujets liés à l’actualité, les responsables de cet espace de « liberté » ont mis un point d’honneur sur l’identification de tous les « patriotes ». Au cours de sa séance du 4 mars, ‘‘Bangolo, le gouverneur Wè’’ l’orateur du jour n’a pas manqué d’interpeller ses pairs en ces termes : « Camarades patriotes, faites-vous identifier dans vos différents parlements. Après la lutte patriotique, le temps de la récompense est venu. Il y aura une grande vague de recrutements au port et dans d’autres secteurs d’activité. Si vous ne vous faites pas identifier, vous ne serez pas pris en compte. Sans votre carte de patriote, vous n’aurez pas un traitement spécial ». Après ce véritable tocsin, de nombreux assistants se sont rués sur le secretaire général chacun venait d’être convaincu de s’inscrire pour obtenir la carte de membre payée à 1000Fcfa. Avant cette identification patriotique, ‘‘Le gouverneur Wè’’ se prononçant sur l’actualité nationale s’en est violemment pris aux enseignants qui observent depuis le début de la semaine une grève illimitée. « En Côte d’ivoire, Gbagbo a trop joué avec les rebelles. Il devait faire comme Lassana Conté. Aujourd’hui quand les Soro parlent, on ne peut plus rien dire et il y a des gens qui les défendent. Quand les enseignants aussi parlent, personne ne peut réagir parce que c’est eux qui comprennent français. Quand ils sont dans une logique, personne ne peut les convaincre. Mais je dis que le président Gbagbo doit prendre ses responsabilités pour diriger le pays », a martelé Bangolo.

Kra Bernard
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