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Politique Publié le vendredi 6 mars 2009 | Notre Voie

Convoqué pour être entendu par le conseil de discipline de son parti : Le ministre Gnamien Yao échappe à la mort au siège du PDCI


Candidat selon lui à la succession de Bédié, Gnamien Yao était convoqué ainsi que deux autres militants, pour répondre de ses actes devant le PDCI. Mais il a été reçu dans les locaux du parti avec une violence inouïe.
On a frôlé le drame, hier, au siège du PDCI. Gnamien Yao, secrétaire général- adjoint du PDCI, a failli perdre la vie par lynchage après avoir répondu à une convocation du conseil de discipline du parti, à la suite d’une plainte du secrétaire général. Il a été reçu à la maison du parti, avec une violente agression de la part de KKB et ses camarades. Prises au collet malgré le costume et la cravate, gifles, coups de poing et de pied. Rien n’a manqué au tableau. Et pour sauver sa peau, M. Gnamien Yao a dû s’échapper en passant par la fenêtre d’un bureau. Pour être ensuite pourchassé jusque dans la rue. Sa faute, avoir accordé une interview jugée injurieuse à un quotidien de la place, à la veille de son audition par le conseil de discipline.
Il est 11 heures quand le ministre arrive au siège de son parti. Plusieurs journalistes alléchés par l’événement, sont sur les lieux. Jovial, Gnamien Yao salue les uns et les autres. Une dame qui assure la permanence le conduit dans un bureau pour qu’il puisse y attendre son tour de passage devant le conseil de discipline qui «cuisine» déjà M. Apollinaire N’dri, gouverneur du District de Yamoussoukro. Le trois-ième convoqué, M. N’Zi Paul David, Directeur de cabinet du président de la République, n’a pas effectué le déplacement. Dans un courrier adressé au conseil de discipline, il a expliqué que ses occupations professionnelles ne lui permettent pas de répondre à cette convocation.
A peine le ministre s’est-il assis dans un fauteuil, que KKB, président de la jeunesse du PDCI, entre dans la pièce et l’interpelle : «Gnamien Yao ! Gnamien Yao !» «Dis quand même Monsieur le ministre», répond l’infortuné. La réplique ne se fait pas attendre. «Je ne dis pas monsieur le ministre, tu es Gnamien Yao». Et paf !, une gifle est partie. Puis une deuxième. On accourt pour ramener le calme mais KKB est intraitable, il tremble de colère et demande à ses camarades de la jeunesse du PDCI de l’aider à en finir avec Gnamien Yao. Deux gendarmes venus pour la sécurité de M. Apollinaire N’dri, sont présents sur les lieux. L’un d’eux empoigne son collègue. «Ce n’est pas notre affaire ça», répond le collègue. Et ils se retirent pour se placer plus loin.
Le cafouillage est total. Soudain, on voit KKB courir à toutes jambes en criant : «Rattrapez-le, rattrapez-le !». C’est que le ministre Gnamien Yao est passé par la fenêtre du bureau où il se trouvait, pour se retrouver dans la cour. Là encore, il sera pris à partie par une horde de jeunes excités par leur président.
Enfin, Gnamien Yao parvient à se retrouver hors du siège, au bord de la voie publique. La menace est toujours grande et on craint un meurtre car certains assaillants ont de grosses pierres en main. Le pauvre s’engouffre dans un woro-woro pour quitter les lieux. Mais un peu plus loin, il arrête le taxi et en sort parce que ses documents sont restés sur les lieux et il veut les récupérer. Erreur ! Il sera rattrapé par les jeunes militants de son parti pour être encore molesté. Heureusement, l’ambassadeur du Burkina Faso, SEM. Ilboudo, passait par- là. Il fait stopper son véhicule et invite Gnamien Yao à y prendre place afin d’échapper à la furie de KKB et ses camarades.
Durant toute la partie, les photographes ont été mis en garde. «Celui qui fait une photo, on détruit son appareil», ont prévenu les jeunes déchaînés. Et aucun flash n’a crépité pendant toute la scène. Dans la cour, c’est le branle-bas. On se congratule, on exprime sa colère. «S’il est fatigué de militer au PDCI, qu’il aille ailleurs ou qu’il crée son propre parti», entend-on crier. Le ministre Ahoussou Jeannot se confie aux journalistes : «Je ne savais pas que KKB était aussi fort. Il a une force de chimpanzé».
Pour justifier son acte, KKB réunit les journalistes dans son bureau. «Alors qu’il veut diriger le PDCI, il sort par la fenêtre. Gnamien peut insulter Bédié d’où il se trouve, mais je ne permettrai jamais qu’il vienne à la maison du PDCI-RDA pour narguer le parti ! Je ne le permettrai jamais, ça voudrait dire que j’ai démissionné. Mon travail à moi, c’est d’empêcher qu’on insulte Bédié. Je ne permettrai surtout pas que quelqu’un à qui Bédié a donné à manger, que Bédié a fait, vienne l’insulter», fulmine-t-il avec colère, respirant comme un chimpanzé en colère. «Vous n’avez pas lu Gnamien Yao dans vos journaux ? Vous n’avez pas lu ce prétentieux ?», poursuit-il en affirmant qu’aucun militant du FPI n’aurait la vie sauve après avoir injurié le président Gbagbo.
A 11h50, N’dri Apollinaire sort de la salle d’audience. Il est serein mais refuse de parler. «Je n’ai pas de déclaration à faire. Ceux qui m’ont convoqué vous en diront plus», lance-t-il avant de s’engouffrer dans son véhicule pour se retirer.
Après son départ, les journalistes approchent M. Noël Némin, président du conseil de discipline, pour obtenir des informations sur l’audition du gouverneur du District de Yamoussoukro. Il choisira plutôt de faire un commentaire sur la bastonnade de Gnamien Yao : «On ne peut pas permettre à ce gamin d’insulter gratuitement les gens. Il a été chassé, mais nous allons le ramener ici pour l’entendre».
Rejoint à son domicile, le ministre Gnamien Yao affirme qu’il se sent bien et que le PDCI se trouve en ce moment dans une guerre de succession. «Dans toutes les familles politiques, les guerres de succession ne sont pas aisées», avance-t-il. Avant d’affirmer qu’il est aguerri à ces choses-là. «On me reproche d’avoir rejoint le camp présidentiel. Or, ceux qui sont membres du conseil de discipline sont nuitamment dans le camp présidentiel. Djédjé Mady et beaucoup d’autres encore peuvent-ils mettre la main au feu et dire qu’ils ne rencontrent pas nuitamment Gbagbo ? C’est la peur de débattre avec moi, potentiel successeur du président Bédié, qui fait qu’on m’a frappé, sinon, nous sommes nombreux au PDCI à être dans le camp présidentiel», raconte-t-il.
Selon lui, ceux qui l’ont convoqué à cette audition étaient responsables de sa sécurité sur les lieux : «Je considère que c’est le président Bédié qui m’a fait frapper… Si KKB m’a porté main, c’est qu’il vient d’être lâché par Dieu. Jamais, je ne porterai main à un aîné». A ceux qui lui reprochent d’être un Juda qui a lâché Bédié, il rétorque que Bédié lui-même a longtemps milité à la FEANF et combattu Houphouët-Boigny avant de le rejoindre.
Pour ce qui est de sa convocation à comparaître devant le conseil de discipline, il se veut clair. «Si le PDCI me convoque, j’irai répondre. Je veux répondre quand le président Bédié est présent, pour lui dire que son temps est passé et qu’il doit prendre sa retraite», soutient-il. Avant de préciser : «Ne me tuez pas car je pourrais être utile au PDCI”.

Paul D. Tayoro ptayoro@yahoo.fr
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