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Société Publié le vendredi 6 mars 2009 | Notre Voie

Grève illimitée du Synesci tendance Soro Mamadou : L`école ivorienne en danger

La grève est le dernier recours, “l’arme absolue” pour tout syndicat de faire pression pour les pouvoirs publics pour faire rapidement aboutir ses revendications pourvu que son exécution, sa mise en oeuvre respecte le droit établi, les règles de l’art. Dans le cas d’espèce, c’est l’exception qui fait la règle. La grève illimitée de la tendance SYNESCI de Soro Mamadou, qui a débuté lundi dernier, n’a rien de syndical de par les méthodes de lutte qu’utilisent les militants de Soro pour se faire entendre. Il y a deux voies pour tout travailleur de faire la grève : rester à la maison ou venir sur son lieu de travail en observant une grève à la japonaise. Ces deux moyens réussissent sans problème lorsque le syndicat en grève est majoritaire sur le terrain, lorsque le syndicat est convaincu qu’aucun de ses militants ne trahira la lutte. A contrario, lorsqu’il est minoritaire, la seule manière pour dicter sa loi au pouvoir en place, c’est d’instaurer la terreur en empêchant par la violence les militants d’autres syndicats à venir dispenser leurs cours. C’est ce que nous observons hélas depuis lundi dernier dans tous les établissements secondaires publics de Côte d’Ivoire. Voies de fait, violences exercées sur des élèves qui attendent dans leurs salles de classe d’hypothétiques professeurs, brutalités commises sur des collègues qui veulent dispenser leurs cours et qui ne sont pas des militants du syndicat en grève, rétention des notes pendant deux trimestres, fermeture avec changement de serrures des portails des établissements, agressions physiques et verbales de chefs d’établissements secondaires, destructions de biens publics…Autant de pratiques révolues et de comportements moyenâgeux qui sont malheureusement à mettre au compte du SYNESCI tendance Soro Mamadou. Des actes qui ne s’identifient en rien à du syndicalisme mais qui s’apparentent à de la délinquance syndicale, même si le motif de la grève est justifié. Toute grève est légale et tout démocrate ne peut s’opposer à un mot d’ordre de grève d’un leader syndical. Mais telle qu’elle est menée par les hommes de Soro, on est en droit de s’interroger sur les intentions réelles de celui-ci tant ses agissements laissent penser qu’il est à la tête d’une autre rébellion, à la solde de leaders politiques tapis dans l’ombre. Pourquoi tant de violences et d’intolérance pour une simple signature d’un décret sur la nouvelle grille indiciaire des enseignants du secondaire public que le gouvernement ne refuse pas d’ailleurs mais promet de le signer à la fin de ce mois après les discussions avec les bailleurs de fonds ? Difficile de comprendre qu’on puisse refuser quelques jours d’attente et se comporter en hors-la-loi.

Le silence coupable des pouvoirs publics

Dans un Etat de droit, la justice privée est proscrite et l’Etat a le devoir de veiller sur la sécurité des personnes, les biens publics et privés. C’est une erreur, voire une démission de laisser une organisation estudiantine et scolaire comme la FESCI sécuriser les écoles secondaires publiques, et les enseignants qui veulent travailler. Ce n’est pas à ce syndicat de mettre au pas les fauteurs de troubles de l’école ivoirienne mais au gouvernement de prendre ses responsabilités en arrêtant tous les grévistes qui se seront rendus coupables d’actes de vandalisme. Le pire a été évité hier et souhaitons qu’aujourd’hui et demain la FESCI ne se fasse pas justice. L’Etat doit faire peur et se faire respecter. L’Etat, c’est l’Etat même si d’aucuns pensent à tort qu’il est faible. Personne ne peut défier l’Etat lorsqu’il met sa machine en marche et ces grévistes doivent se souvenir des réquisitions prises par Feu Félix Houphouêt Boigny pour remplacer tous les enseignants grévistes par des expatriés il y a quelques années. Le temps est maintenant arrivé pour l’Etat de réagir pour éviter l’anarchie et le désordre. Il s’agit de l’avenir des enfants de ce pays. Ce que l’Etat aurait également dû faire c’est de suffisamment communiquer sur la question de ce décret à signer, de mettre tous les syndicats au même niveau d’information et de compréhension concernant la date de signature de ce décret, de recevoir (la tutelle) tous les syndicats sans exclusion, d’éviter que les enseignants aient l’impression qu’on ne les prend pas au sérieux en leur annonçant, à plusieurs reprises et au dernier moment que les promesses sont impossibles. Les coupures de salaires des 9650 enseignants auraient dû être le dernier recours lorsque la tutelle aura démontré son ouverture, sa bonne foi, et son impartialité dans le choix des syndicats en présence en tenant surtout compte des forces en présence sur le terrain. Enfin la troisième erreur à relever, c’est de couper injustement les salaires de ceux qui n’ont pas suivi Soro Mamadou. Comment cette liste a pu parvenir à la Fonction publique et à la solde sans aucune vérification préalable ? Pourquoi de telles erreurs récurrentes ? La communication a encore manqué pour rassurer ces frustrés que cette grosse injustice sera rapidement réparée. Ce qui n’a pas été le cas et qui explique le ralliement de nombreux militants d’autres syndicats au mouvement de Soro Mamadou.


Charles Bédé
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