La police a effectué des descentes musclées hier dans les établissements secondaires publics pour imposer la reprise des cours. Plusieurs enseignants grévistes ont été mis aux arrêts.
L`étape du bâton est entrée dans une phase très active hier, au point de compromettre celle de la carotte. Le gouvernement a frappé fort en mettant aux arrêts plusieurs enseignants du secondaire public pour « trouble à l`ordre public.» Selon les leaders syndicaux qui ont dû se planquer, plus de cent personnes sont tombées dans les nasses des forces de l`ordre mercredi. Parmi elles, au moins trois membres du bureau exécutif du Syndicat national des enseignants du second degré(Synesci) : Ekoun Kouassi, trésorier général, arrêté au lycée moderne de Port-Bouët, Gah Bertille, secrétaire adjointe à l`organisation arrêtée au lycée moderne d`Adjamé (220 logements), Bakayoko Assita, secrétaire à la mobilisation féminine, arrêtée au lycée Harris de la même commune. Un responsable de la Coordination des enseignants du second degré (Ces-ci) a été également interprllé à Adzopé. Pour la quasi-totalité des arrestations, le mode opératoire reste le même (lire les témoignages de quelques détenus). Les enseignants ont été pris dans la salle des profs ou dans l`enceinte de leurs établissements. En les embarquant, les policiers leur ont expliqué qu`ils étaient venus avec l`ordre d`arrêter tous les enseignants ne dispensant pas de cours. La veille, le porte-parole de la Police nationale, le commissaire principal Diagouri Gnahoua, venu annoncer l`usage de la force sur les antennes de la télévision publique avait pourtant promis que celle-ci ne viserait que les enseignants qui empêcheraient leurs collègues de travailler. Entre son communiqué et la pratique il y a ces affirmations de N`Goran Christophe, arrêté avec deux de ses collegues, N`Guessan Constant et Diomandé Mamadou, au lycée Simone Ehivet Gbagbo de Yopougon : « Nous étions venus pour un piquet de grève sans violence quand ils (les policiers) nous ont obligés à embarquer dans leur cargo. Nous avons été battus à sang et déférés à la préfecture de police d`Abidjan.» D`autres syndicalistes, surpris dans la cour du lycée moderne d`Abobo, auraient connu le même sort s`ils n`avaient pas eu de bonnes jambes. Les agents les ont poursuivis en vain. Ils se sont sauvés en escaladant la clôture arrière. Les mêmes courses-poursuites ont eu lieu ailleurs comme au lycée Tiapani de Dabou. Cette répression musclée met en péril le rendez-vous de la présidence de la République prévu demain. Remontés par le goût amer du bâton qui les frappe, les leaders syndicaux ne semblent pas intéressés, en tout cas pas pour le moment, par la carotte brandie par le chef de l`Etat.
Cissé Sindou
La suite du film
Après avoir essayé la manipulation syndicale et des sanctions pécuniaires, cette nouvelle forme de punition est visiblement l`arme sur laquelle comptent les autorités pour casser la grève qui paralyse le secondaire public. La stratégie est connue pour avoir été utilisée dans le passé. Il y a deux ans, lors d`une autre grève concernant toujours le profil de carrière, un groupe de syndicalistes dont le secrétaire général de la Ces-ci, N`Dri Michel, ont été écroués à la Maca pendant plusieurs jours. Lorsque des négociations s`ouvrent dans ces conditions, elles portent d`abord sur la libération des prisonniers. Ce qui met le gouvernement en position de force et lui permet de détourner les grévistes du problème de fond. Les arrestations d`hier, qui vont certainement se poursuivre aujourd`hui ont pour but de faciliter la tâche au chef de l`Etat qui invite les leaders syndicaux, demain, à la table de négociation. Si Soro Mamadou, secrétaire général du Synesci, et ses camarades acceptent de se rendre au palais, Laurent Gbagbo va leur proposer la libération immédiate de leurs camarades, et peut-être le rétablissement des salaires, contre la reprise immédiate des cours. Quant à la signature du décret sur la nouvelle grille indiciaire attendue par les formateurs, elle pourrait être reportée à plus tard. Notamment après une visite que le chef de l`Etat pourrait effectuer dans un lycée, accompagné de la presse, pour constater de visu la reprise des enseignements. Les acclamations des enseignants qui, espère-t-il, pourraient voir dans cette démarche un gros effort de sa part constituent un coup médiatique important. Pour une simple signature, il aura engrangé des dividendes politiques. Au grand dam des apprenants qui auront perdu des semaines de cours. C`est la politique.
C.S
L`étape du bâton est entrée dans une phase très active hier, au point de compromettre celle de la carotte. Le gouvernement a frappé fort en mettant aux arrêts plusieurs enseignants du secondaire public pour « trouble à l`ordre public.» Selon les leaders syndicaux qui ont dû se planquer, plus de cent personnes sont tombées dans les nasses des forces de l`ordre mercredi. Parmi elles, au moins trois membres du bureau exécutif du Syndicat national des enseignants du second degré(Synesci) : Ekoun Kouassi, trésorier général, arrêté au lycée moderne de Port-Bouët, Gah Bertille, secrétaire adjointe à l`organisation arrêtée au lycée moderne d`Adjamé (220 logements), Bakayoko Assita, secrétaire à la mobilisation féminine, arrêtée au lycée Harris de la même commune. Un responsable de la Coordination des enseignants du second degré (Ces-ci) a été également interprllé à Adzopé. Pour la quasi-totalité des arrestations, le mode opératoire reste le même (lire les témoignages de quelques détenus). Les enseignants ont été pris dans la salle des profs ou dans l`enceinte de leurs établissements. En les embarquant, les policiers leur ont expliqué qu`ils étaient venus avec l`ordre d`arrêter tous les enseignants ne dispensant pas de cours. La veille, le porte-parole de la Police nationale, le commissaire principal Diagouri Gnahoua, venu annoncer l`usage de la force sur les antennes de la télévision publique avait pourtant promis que celle-ci ne viserait que les enseignants qui empêcheraient leurs collègues de travailler. Entre son communiqué et la pratique il y a ces affirmations de N`Goran Christophe, arrêté avec deux de ses collegues, N`Guessan Constant et Diomandé Mamadou, au lycée Simone Ehivet Gbagbo de Yopougon : « Nous étions venus pour un piquet de grève sans violence quand ils (les policiers) nous ont obligés à embarquer dans leur cargo. Nous avons été battus à sang et déférés à la préfecture de police d`Abidjan.» D`autres syndicalistes, surpris dans la cour du lycée moderne d`Abobo, auraient connu le même sort s`ils n`avaient pas eu de bonnes jambes. Les agents les ont poursuivis en vain. Ils se sont sauvés en escaladant la clôture arrière. Les mêmes courses-poursuites ont eu lieu ailleurs comme au lycée Tiapani de Dabou. Cette répression musclée met en péril le rendez-vous de la présidence de la République prévu demain. Remontés par le goût amer du bâton qui les frappe, les leaders syndicaux ne semblent pas intéressés, en tout cas pas pour le moment, par la carotte brandie par le chef de l`Etat.
Cissé Sindou
La suite du film
Après avoir essayé la manipulation syndicale et des sanctions pécuniaires, cette nouvelle forme de punition est visiblement l`arme sur laquelle comptent les autorités pour casser la grève qui paralyse le secondaire public. La stratégie est connue pour avoir été utilisée dans le passé. Il y a deux ans, lors d`une autre grève concernant toujours le profil de carrière, un groupe de syndicalistes dont le secrétaire général de la Ces-ci, N`Dri Michel, ont été écroués à la Maca pendant plusieurs jours. Lorsque des négociations s`ouvrent dans ces conditions, elles portent d`abord sur la libération des prisonniers. Ce qui met le gouvernement en position de force et lui permet de détourner les grévistes du problème de fond. Les arrestations d`hier, qui vont certainement se poursuivre aujourd`hui ont pour but de faciliter la tâche au chef de l`Etat qui invite les leaders syndicaux, demain, à la table de négociation. Si Soro Mamadou, secrétaire général du Synesci, et ses camarades acceptent de se rendre au palais, Laurent Gbagbo va leur proposer la libération immédiate de leurs camarades, et peut-être le rétablissement des salaires, contre la reprise immédiate des cours. Quant à la signature du décret sur la nouvelle grille indiciaire attendue par les formateurs, elle pourrait être reportée à plus tard. Notamment après une visite que le chef de l`Etat pourrait effectuer dans un lycée, accompagné de la presse, pour constater de visu la reprise des enseignements. Les acclamations des enseignants qui, espère-t-il, pourraient voir dans cette démarche un gros effort de sa part constituent un coup médiatique important. Pour une simple signature, il aura engrangé des dividendes politiques. Au grand dam des apprenants qui auront perdu des semaines de cours. C`est la politique.
C.S