Dans cette interview, le patron de la fédération Fpi de Bouaflé, M. Goré Bi Michel, passe en revue sans faux fuyants les problèmes nationaux et ceux qui minent son parti dans la Marahoué.
•Dans cette phase des prolongations de l’identification et de l’enrôlement des populations, comment s’annonce la moisson du Front populaire ivoirien dans la Marahoué ?
Comme tous les partis politiques, nous sommes sur le terrain. Les gens se font enrôler. Dans le département de Bouaflé dont j’ai la charge, nous avons pour le moment 50.320 enrôlés pour la sous-préfecture. Mais tous les sites ne sont pas encore ouverts parce que la Cei manque de moyens. Ce nombre est important. Actuellement il y a beaucoup d’hommes qui n’ont pas de pièces. Ils ont la Carte nationale d’identité (Cni) verte et pas d’extrait de naissance. Donc notre parti se bat comme tous les autres partis. C’est à la fin de l’enrôlement qu’on saura quel parti politique a eu beaucoup de ses militants enrôlés. Je pense que tel que je le vois, le Fpi est bien parti.
•Justement la plupart de ces détenteurs de la carte nationale d’identité verte seraient des militants du Fpi?
(Il hausse le ton). C’est une erreur de dire que tous ceux qui n’ont pas d’extrait de naissance sont des militants du Fpi. Qu’est-ce qui prouve qu’ils ne sont pas du Pdci ou du Rdr ? C’est des Ivoiriens qui n’ont pas de pièce. Cela ne veut pas dire que tous ceux qui n’ont pas de pièce sont du Fpi. Ils viennent en grande partie des villages et campements. Il y en a aussi de la ville. Je vous donne un exemple. La ville de Bouaflé compte plus de 70.000 habitants dont 30.000 se sont fait enrôler. Donc je reviens pour dire que ce sont des Ivoiriens dont certains disent qu’ils ne voyagent pas. Ils sont dans leurs villages ou leurs campements. Ils n’ont pas besoin de pièce. Avant on ne contrôlait pas les pièces. Ce qui fait que ceux qui n’ont pas de pièce n’appartiennent pas à un parti politique.
•Que faites-vous pour ces personnes ?
Nous avons approché le sous-préfet. Nous lui avons demandé ce qu’on doit faire. Il y a des gens qui ont la Cni verte et même la Cni jaune. Pour ces derniers, les numéros des extraits sont inscrits au verso. Nous les relevons et nous nous rendons dans les sous-préfectures pour leur faire établir un extrait et c’est ce que nous sommes en train de faire.
•C’est seulement dans les sous-préfectures?
Nous le faisons aussi dans les communes. Il y a des gens des communes qui n’ont pas aussi d’extrait de naissance. Ils sont nombreux. Qu’ils soient en ville ou dans une sous-préfecture, ce sont des Ivoiriens. Nous allons donc vers les autorités et nous leur achetons des timbres dans la sous-préfecture comme dans la commune. Donc nous avons fait les pièces des Ivoiriens, de nos parents.
•Si vous le faites pour les Ivoiriens, pourquoi n’avoir pas associé les autres partis ?
Mais le Fpi est un parti politique. Un parti politique se bat pour prendre le pouvoir. On ne se met pas ensemble pour le prendre. Ce n’est pas possible. La preuve est qu’il y a la mouvance présidentielle, il y a le Rhdp. Le Rhdp s’est mis ensemble pour nous combattre. Donc nous faisons les pièces de nos parents, de nos militants. Il n’y a pas de honte à le dire.
•Sur quelle base sélectionnez-vous les pétitionnaires ? Est-ce sur présentation de la carte de membre de votre parti ?
Mais ce sont des gens que nous connaissons. Nous connaissons nos électeurs. Quand on va vers celui qui a une Cni jaune, on relève le numéro de l’extrait au verso et on se rend à Bonon, Zuénoula et Bouaflé à la sous-préfecture pour faire sa pièce et on le fait enrôler. Donc on ne peut pas associer le Pdci ou encore le Rdr, qui sont nos adversaires, à cette opération. Eux se battent pour prendre le pouvoir et nous, nous voulons le conserver.
•Les populations naturalisées des trois villages (Koudougou, Tenkodogo et Garango) vous reprochent de les empêcher de se faire enrôler...
Non c’est une erreur. Il suffit d’approcher la Cei. La Cei est récupérée par le Rhdp. La Cei nationale comme la Cei régionale de Bouaflé. Le président est du Rdr, ils sont 20 membres et beaucoup sont du Rhdp. Donc ici ce n’est pas le Fpi qui dirige la Cei.
•Certains de vos collaborateurs auraient donné pourtant des consignes aux agents recenseurs?
Non, c’est une erreur. C’est la Cei qui a recruté les agents de l’identification. Allez voir M. Diabaté (Ndlr : président régional Cei Marahoué). C’est eux qui ont organisé leur test. C’est eux qui ont recruté les agents enrôleurs. La preuve c’est que sur six agents, vous avez souvent quatre qui sont du Rhdp.
•Les plaignants sont pourtant convaincus…
Non ! (Il hausse le ton à nouveau). Le Fpi veut prendre le pouvoir. Donc on ne peut pas empêcher une partie de la population de se faire enrôler. La preuve est que nous avons acheté des timbres pour faire des extraits à des Ivoiriens. Tous ces gens peuvent ne pas voter pour nous. Moi je suis de Sonh (Ndlr : une tribu Gouro de Bouaflé), où j’ai fait des extraits à des Baoulés, des Sénoufos, des Gouros, etc. Mais le jour du vote, le bénéficiaire est le seul à voter dans l’isoloir… le Fpi n’a jamais donné l’ordre à la Cei d’empêcher les gens de Garango, Koudougou et Tenkodogo de se faire enrôler. C’est faux.
•Votre parti semble avoir perdu de sa vitalité sur le terrain à Bouaflé depuis l’incarcération de Kouakou Firmin qui en était le directeur départemental de campagne du président Gbagbo.
Le Fpi est sur le terrain, il y a un temps pour les meetings et un autre pour travailler. Nous sommes à l’étape la plus décisive. C’est l’étape de l’enrôlement. On ne peut pas être en meeting alors que nos adversaires sont sur le terrain. Le président Gbagbo lui-même l’a dit : « Si je tombe au combat, enjambez mon corps et continuez la lutte ». La preuve est que le camarade est en prison, il a été remplacé par Thierry Bouikalo, Directeur général de l’Imprimerie nationale. C’est lui qui assure l’intérim. Bien qu’il soit en prison, ça nous fait mal mais on continue de travailler. On lui rend souvent visite à la Maca.
•Pourtant son procès tarde à venir ?
Ça c’est une affaire judiciaire. Ce n’est pas une affaire politique. C’est gens-là, on ne sait pas quelle faute ils ont commise. Mais pour le moment, on ne peut pas dire que Kouakou Firmin est en prison. Il est sous mandat de dépôt. Avec le temps peut-être, qu’ils seront jugés et on verra s’ils ont commis la faute.
•Mais sa détention prolongée fait grogner ses parents de Koblata, son village natal.
Seule la justice peut dire pourquoi elle la prolonge. Et puis, c’est encore une erreur des gens. Tous ceux qui sont en détention dans cette affaire ne sont pas du Fpi. Ils sont une trentaine de personnes. Il y a des gens du Rdr, du Pdci, du Fpi. Aucun parent de Kouakou Firmin n’est encore venu se plaindre à la fédération de cette détention prolongée. Nous lui rendons d’ailleurs visite.
•Peut-on connaitre l’état de vos rapports avec les autres formations politiques ?
J’ai de bons rapports avec les responsables du Rdr, du Pdci (…). Il n’y a pas d’animosité entre nous ici à Bouaflé. Toi tu es journaliste. Tu nous vois ensemble. C’est un problème de parti. Nous voulons conserver notre pouvoir et nous allons le conserver. Parce que nous sommes restés égaux à nous-mêmes. Quand nous étions à l’opposition, il était difficile pour nous de pénétrer les villages Ayaou. Aujourd’hui, 40 à 50% de ces populations sont avec nous. C’est le résultat du travail fait par Gbagbo. Un seul village Yaouré était électrifié avant l’arrivée de Gbagbo au pouvoir. Aujourd’hui sur les 33 qu’ils sont, 15 ont déjà été électrifiés. On n’a pas de problème ici. Les gens n’attendent que le top départ pour voter Gbagbo au premier tour. Ça je vous le garantis.
Propos recueillis par Inza D. Kader Correspondant régional
•Dans cette phase des prolongations de l’identification et de l’enrôlement des populations, comment s’annonce la moisson du Front populaire ivoirien dans la Marahoué ?
Comme tous les partis politiques, nous sommes sur le terrain. Les gens se font enrôler. Dans le département de Bouaflé dont j’ai la charge, nous avons pour le moment 50.320 enrôlés pour la sous-préfecture. Mais tous les sites ne sont pas encore ouverts parce que la Cei manque de moyens. Ce nombre est important. Actuellement il y a beaucoup d’hommes qui n’ont pas de pièces. Ils ont la Carte nationale d’identité (Cni) verte et pas d’extrait de naissance. Donc notre parti se bat comme tous les autres partis. C’est à la fin de l’enrôlement qu’on saura quel parti politique a eu beaucoup de ses militants enrôlés. Je pense que tel que je le vois, le Fpi est bien parti.
•Justement la plupart de ces détenteurs de la carte nationale d’identité verte seraient des militants du Fpi?
(Il hausse le ton). C’est une erreur de dire que tous ceux qui n’ont pas d’extrait de naissance sont des militants du Fpi. Qu’est-ce qui prouve qu’ils ne sont pas du Pdci ou du Rdr ? C’est des Ivoiriens qui n’ont pas de pièce. Cela ne veut pas dire que tous ceux qui n’ont pas de pièce sont du Fpi. Ils viennent en grande partie des villages et campements. Il y en a aussi de la ville. Je vous donne un exemple. La ville de Bouaflé compte plus de 70.000 habitants dont 30.000 se sont fait enrôler. Donc je reviens pour dire que ce sont des Ivoiriens dont certains disent qu’ils ne voyagent pas. Ils sont dans leurs villages ou leurs campements. Ils n’ont pas besoin de pièce. Avant on ne contrôlait pas les pièces. Ce qui fait que ceux qui n’ont pas de pièce n’appartiennent pas à un parti politique.
•Que faites-vous pour ces personnes ?
Nous avons approché le sous-préfet. Nous lui avons demandé ce qu’on doit faire. Il y a des gens qui ont la Cni verte et même la Cni jaune. Pour ces derniers, les numéros des extraits sont inscrits au verso. Nous les relevons et nous nous rendons dans les sous-préfectures pour leur faire établir un extrait et c’est ce que nous sommes en train de faire.
•C’est seulement dans les sous-préfectures?
Nous le faisons aussi dans les communes. Il y a des gens des communes qui n’ont pas aussi d’extrait de naissance. Ils sont nombreux. Qu’ils soient en ville ou dans une sous-préfecture, ce sont des Ivoiriens. Nous allons donc vers les autorités et nous leur achetons des timbres dans la sous-préfecture comme dans la commune. Donc nous avons fait les pièces des Ivoiriens, de nos parents.
•Si vous le faites pour les Ivoiriens, pourquoi n’avoir pas associé les autres partis ?
Mais le Fpi est un parti politique. Un parti politique se bat pour prendre le pouvoir. On ne se met pas ensemble pour le prendre. Ce n’est pas possible. La preuve est qu’il y a la mouvance présidentielle, il y a le Rhdp. Le Rhdp s’est mis ensemble pour nous combattre. Donc nous faisons les pièces de nos parents, de nos militants. Il n’y a pas de honte à le dire.
•Sur quelle base sélectionnez-vous les pétitionnaires ? Est-ce sur présentation de la carte de membre de votre parti ?
Mais ce sont des gens que nous connaissons. Nous connaissons nos électeurs. Quand on va vers celui qui a une Cni jaune, on relève le numéro de l’extrait au verso et on se rend à Bonon, Zuénoula et Bouaflé à la sous-préfecture pour faire sa pièce et on le fait enrôler. Donc on ne peut pas associer le Pdci ou encore le Rdr, qui sont nos adversaires, à cette opération. Eux se battent pour prendre le pouvoir et nous, nous voulons le conserver.
•Les populations naturalisées des trois villages (Koudougou, Tenkodogo et Garango) vous reprochent de les empêcher de se faire enrôler...
Non c’est une erreur. Il suffit d’approcher la Cei. La Cei est récupérée par le Rhdp. La Cei nationale comme la Cei régionale de Bouaflé. Le président est du Rdr, ils sont 20 membres et beaucoup sont du Rhdp. Donc ici ce n’est pas le Fpi qui dirige la Cei.
•Certains de vos collaborateurs auraient donné pourtant des consignes aux agents recenseurs?
Non, c’est une erreur. C’est la Cei qui a recruté les agents de l’identification. Allez voir M. Diabaté (Ndlr : président régional Cei Marahoué). C’est eux qui ont organisé leur test. C’est eux qui ont recruté les agents enrôleurs. La preuve c’est que sur six agents, vous avez souvent quatre qui sont du Rhdp.
•Les plaignants sont pourtant convaincus…
Non ! (Il hausse le ton à nouveau). Le Fpi veut prendre le pouvoir. Donc on ne peut pas empêcher une partie de la population de se faire enrôler. La preuve est que nous avons acheté des timbres pour faire des extraits à des Ivoiriens. Tous ces gens peuvent ne pas voter pour nous. Moi je suis de Sonh (Ndlr : une tribu Gouro de Bouaflé), où j’ai fait des extraits à des Baoulés, des Sénoufos, des Gouros, etc. Mais le jour du vote, le bénéficiaire est le seul à voter dans l’isoloir… le Fpi n’a jamais donné l’ordre à la Cei d’empêcher les gens de Garango, Koudougou et Tenkodogo de se faire enrôler. C’est faux.
•Votre parti semble avoir perdu de sa vitalité sur le terrain à Bouaflé depuis l’incarcération de Kouakou Firmin qui en était le directeur départemental de campagne du président Gbagbo.
Le Fpi est sur le terrain, il y a un temps pour les meetings et un autre pour travailler. Nous sommes à l’étape la plus décisive. C’est l’étape de l’enrôlement. On ne peut pas être en meeting alors que nos adversaires sont sur le terrain. Le président Gbagbo lui-même l’a dit : « Si je tombe au combat, enjambez mon corps et continuez la lutte ». La preuve est que le camarade est en prison, il a été remplacé par Thierry Bouikalo, Directeur général de l’Imprimerie nationale. C’est lui qui assure l’intérim. Bien qu’il soit en prison, ça nous fait mal mais on continue de travailler. On lui rend souvent visite à la Maca.
•Pourtant son procès tarde à venir ?
Ça c’est une affaire judiciaire. Ce n’est pas une affaire politique. C’est gens-là, on ne sait pas quelle faute ils ont commise. Mais pour le moment, on ne peut pas dire que Kouakou Firmin est en prison. Il est sous mandat de dépôt. Avec le temps peut-être, qu’ils seront jugés et on verra s’ils ont commis la faute.
•Mais sa détention prolongée fait grogner ses parents de Koblata, son village natal.
Seule la justice peut dire pourquoi elle la prolonge. Et puis, c’est encore une erreur des gens. Tous ceux qui sont en détention dans cette affaire ne sont pas du Fpi. Ils sont une trentaine de personnes. Il y a des gens du Rdr, du Pdci, du Fpi. Aucun parent de Kouakou Firmin n’est encore venu se plaindre à la fédération de cette détention prolongée. Nous lui rendons d’ailleurs visite.
•Peut-on connaitre l’état de vos rapports avec les autres formations politiques ?
J’ai de bons rapports avec les responsables du Rdr, du Pdci (…). Il n’y a pas d’animosité entre nous ici à Bouaflé. Toi tu es journaliste. Tu nous vois ensemble. C’est un problème de parti. Nous voulons conserver notre pouvoir et nous allons le conserver. Parce que nous sommes restés égaux à nous-mêmes. Quand nous étions à l’opposition, il était difficile pour nous de pénétrer les villages Ayaou. Aujourd’hui, 40 à 50% de ces populations sont avec nous. C’est le résultat du travail fait par Gbagbo. Un seul village Yaouré était électrifié avant l’arrivée de Gbagbo au pouvoir. Aujourd’hui sur les 33 qu’ils sont, 15 ont déjà été électrifiés. On n’a pas de problème ici. Les gens n’attendent que le top départ pour voter Gbagbo au premier tour. Ça je vous le garantis.
Propos recueillis par Inza D. Kader Correspondant régional