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Politique Publié le lundi 16 mars 2009 | L’intelligent d’Abidjan

Enquête express - Sorbonne du Plateau - Une journée à la Sorbonne

Sorbonne. Le mardi 24 février 2009, nous avons décidé de visiter les sorbonnards qui, depuis l’éclatement de la crise militaro- politique, font parler d’eux. C’était juste pour vivre l’ambiance de ce qui prévaut en ce lieu, passé pour être le lieu par excellence de l’apprentissage de l‘art oratoire. Ici on ne parle que de politique et surtout de la défense des institutions républicaines incarnées par le Président Laurent Gbagbo. La Sorbonne, c’est aussi les activités repréhensibles.

La plupart de ceux qui animent et abreuvent les spectateurs de discours ayant trait à la politique sont jeunes. Ce sont surtout des élèves, étudiants, déscolarisés et chômeurs. Mais aussi des adultes. Il est 08 heures 30 mn ce mardi 24 février 2009, il y a peu de monde. Mais au fil du temps, les Sorbonnards arrivent et prennent place sur les bancs déjà installés pour les informations du jour. On ne se presse pas pour occuper les bancs. Ici chacun est libre de s’asseoir là ou il veut, comme il veut, mais dans la discipline. Le monde grossit au fil du temps que nous nous approchons vers 10 heures, le nombre des animateurs aussi. Il paraît que ces hommes ont des scoops. Et ne on s’emmerde pas à les écouter. Ils peuvent même vous amener à les écouter pendant des heures durant sans vous en lasser. Ils vous parlent du Président comme si celui-ci est leur amis de longue date.


Sorbonne, lieu d’expression libre

Nombreux sont les patriotes qui, aux premières heures de la crise y sont passés pour apporter leur message de résistance. On peut citer, Charles Blé Goudé et ses camarades de l’alliance patriotique, les députés Williams Attéby, Mamadou Koulibaly et bien d’autres encore qui n’ont pas boudé leur plaisir de passer au crachoir de la Sorbonne. A l’instar des autres «parlements» d’Abidjan, celui de la Sorbonne passe pour être une référence et une source d’informations pour les uns et les autres. C’est de la Sorbonne qu’est partie la naissance de la plupart des autres «parlements». Et c’est de là que les autres animateurs viennent se ressourcer pour retourner à leurs bases respectives. Depuis l’éclatement de la guerre jusqu’ à aujourd’hui, le langage est le même. Il reste inchangeable. C’est celui de la défense des Institutions républicaines et de celui qui les incarne : le Chef de l’Etat. Selon les différents discours, Laurent Gbagbo est le sauveur de la Côte d’Ivoire et la France, la source de tous les maux des Ivoiriens et même de l’Afrique. Qu’il faut à tout prix combattre et se débarrasser de son joug. Ceux qui animent à la Sorbonne passent tour à tour et disent ce qu’ils savent de Laurent Gbagbo et la France. Chacun a une vérité. L’essentiel, c’est d’être dans la même ligne : faire passer le message de la défense des Institutions. Même si c’est du réchauffé. Il est 10 heures, un homme d’une trentaine révolue entre en scène. Le micro en main, il parle du Président Laurent Gbagbo et de son entourage. Il parle du scandale de l’escroquerie de 65 millions. Il parle mais ne dit rien de nouveau de ce que l’on sait déjà sur cette affaire qui a défraié la chronique. Il en parle comme s’il travaillait à la présidence. Sur la moralisation de la vie publique : « Personne n’échappera parce que Laurent Gbagbo a décidé de nettoyer son entourage pourri. Sa secrétaire n’a pas échappé. Et bien d’autres encore seront chassés. Les gens de café-cacao sont en prison », a-t-il laissé entendre. L’auditoire qui apprécie ses propos se met à l’acclamer. Mais le temps ne lui permet plus de continuer. Quelqu’un d’autre doit passer au crachoir. Après sa prestation, il est remercié par une collectede pièces de monnaie. Cet argent servira, selon le dirigeant du jour, à payer les frais de transport. « Faites parler votre cœur en donnant quelques pièces à un patriote», dit-il. Le deuxième qui prend le micro parle de la chute de Bédié du pouvoir. «Ce qui a fait échouer Bédié c’est qu’il était un homme d’affaires. Qui avait du mal à gérer ses propres affaires et celles de la République. Mais Laurent Gbagbo n’est pas un homme d’affaires c’est pourquoi, il réussit à gérer les affaires de la République sans difficulté. Et c’est la France qui l’a bloqué » soutient-il. L’auditoire ne manque pas de l’applaudir. Ici, tout le monde est pour Gbagbo. Même l’homme qu’on appelle le « cafarmatologue » rentre en scène à notre grande surprise. Depuis quand ce monsieur parle politique ? Ce que nous savons de lui c’est qu’il est celui qui a la solution des équations aux cafards. Il a parlé mais nous sommes restés sur notre faim. Il termine bien évidemment par la présentation de son produit contre les cafards. Un autre vient et prend la parole. Il fait un tour d’horizon de l’actualité internationale avant de revenir au plan national. De l’affaire de Norbert Zongo ; au Burkina, jusqu’à l’assassinat du Président bissau-guinéen en passant par Madagascar, l’orateur s’est étalé comme s’il était sur les lieux au moment des faits. Sur l’actualité nationale, il parle un peu des problèmes brûlants de l’heure. Le PPTE (Pays pauvre et très endetté) qui, selon lui, est bloqué par le fait de la France, s’agissant de l’admissibilité de la Côte d’Ivoire à ce programme et bien d’autres sujets. Lui, c’est le « gouverneur ». Comme ses prédécesseurs, il sera remercié par une collecte. Il est presque midi, c’est sur ces notes que nous décidons de déjeuner. Le monde qu’il y a déjà dans les restaurants à ciel ouvert est impressionnant.


La restauration à la Sorbonne

Il est midi. La Sorbonne. C’est aussi le visage de la pauvreté. Mais on semble se plaire dans cette situation. Le plus important, c’est de trouver de quoi à manger. Juste à un pas du «parlement», se tiennent des restaurants qui sont pour la plupart tenues par des femmes. Ici, les conditions d’hygiène sont les derniers soucis des tenancières de ces restaurants. « L’essentiel, on s’est trouvé une place pour le commerce ; le reste ce n’est plus notre affaire », semble être la devise. Les eaux usées, les odeurs, les ordures de toutes sortes se côtient. Car comme le dit l’adage « ventre affamé n’a point d’oreilles ». L’insalubrité tout simplement. Mais le monde qu’il y a dans ces différents restaurants à ciel ouvert est impressionnant. Les restaurants ont presque la même configuration. Des petites clôtures montées avec des en briques pour certains, en bois, tôle et en fer pour d’autres. Du matériel vétuste qu’on risque de recevoir sur la tête si un vent violent survenait. Mais cela n’a pas d’importance, la nourriture d’abord. Comme on le voit très souvent sous les tropiques. Nous essayons de nous frayer un chemin dans une forêt de personnes préoccupées par la nourriture et bien d’autres choses. Histoire de répondre aux exigences de l’estomac. Un homme nous dépasse à vive allure et s’arrête devant un restaurant. Il commande un plat de riz avec de la sauce aubergine. Il prend place sur un banc très sale et se met à manger avec un empressement incroyable. Le restaurant qui nous accueille est loin de se faire distinguer des autres. Dans ce restaurant, c’est une jeune fille sénégalaise qui tient ce coin de vente de « tchiep », du riz gras dans la singularité n’a pas de secret pour la femme sénégalaise. D’ailleurs la plupart de ces restaurants de tchiep sont l’affaire de ces Sénégalaises. La jeune dame nous sert dans une assiette qui souffre de salubrité. Nous nous armons d’un courage et nous mangeons sans trop tenir compte des conditions d’hygiène. Juste à côté de ce restaurant, se trouve un «garbadrôme». Dans un coin bien sale tenu par un Nigérien. Le monde qu’il y a démontre combien de fois la population est friande de cette nourriture que les spécialistes nutritionnistes disent moins vitaminée. Les clients ne se gênent pas pour autant. Ils vont jusqu’à se disputer souvent pour des morceaux de poisson encore à la cuisson. Et ce sont les plus téméraires qui bravent la chaleur du feu qui s’approprient les bonnes parties de poisson. Au risque même, très souvent de se faire renverser de l’huile chaude sur les pieds. Et c’est pareil partout à Abidjan. Il peut même s’ensuivre la bagarre. Les gens préfèrent en réalité ces «restaurants» à ceux appelés les restaurants de luxe du Plateau où les prix des plats oscillent entre 5000 FCFA, 10000 FCFA et plus. Alors qu’à la Sorbonne, avec 250 F CFA ou 300 F CFA, vous avez de la nourriture à gogo pour manger à votre faim. On ne tient pas compte de la qualité du plat. Ce sont généralement des plats de riz, «foutou», «foufou», «attiéké». Ces plats sont accompagnés de la sauce arachide, graine, tomate, pistache etc., avec de la viande de brousse, bœuf qui sont proposés aux clients. Et d’autres mets dont des grillades (ignames, alloco, etc).


Sorbonne, lieu de dépravation

Si la Sorbonne est reconnue pour être le lieu par excellence de l’apprentissage de l’art oratoire, le temple de la parole, il n’est pas faux de reconnaître que la Sorbonne est un lieu de dépravation. Pour ce que nous avons vu exposé à l’œil nu. Nous pouvons affirmer en passant sans être prétentieux, que l’éthique et la morale ont foutu le camp à la Sorbonne. En témoignent les photos ; les romans, les journaux X ; les CD pornographiques qui sont vendus sans tenir compte de nos moeurs africaines. C’est la pornographie à outrance exposée aux yeux de tout passant : enfants, jeunes, adultes, vieux. Ici on se moque pas mal des mœurs. L’essentiel, c’est de se faire de l’argent à n’importe quel prix et avec n’importe quel article. N’en déplaisent à quiconque. A la Sorbonne, on le sait, tous les CD vendus sont piratés. Et on veut lutter contre la piraterie. A la Sorbonne avec 1000 F CFA vous avez le dernier album d’Alpha Blondy, de Tiken Jah, Magic Systèm, les Patrons, Yodé et Siro, les Garagistes, O’nel Mala, Constance, Sheckina, et bien d’autres encore. Même les stars internationales. Si vous en voulez plusieurs, un CD peut vous revenir à 750 FCFA. Les clients sont de toutes les couches sociales, pauvres ou riches, de toute profession (étudiants, élèves enseignants, policiers, gendarmes, journalistes, artistes, etc).


Le jardin public du Plateau

A quelques mètres de la Sorbonne, se trouve le jardin public du Plateau. Où chaque jour, des femmes agentes de la mairie sont chargées de passer un coup de balai pour plus de propreté en ce lieu. Ce jardin sert de lieu de repos pour plusieurs passants au Plateau. Elèves, étudiants, fonctionnaires, petits cireurs, débrouillards, vagabonds, malades mentaux, «margouillins», tous s’y trouvent pour prendre un bon repos entre midi et deux. Pendant ce laps de temps, où certains se reposent, d’autres sont à l’écoute de la bonne nouvelle de Dieu. Des pasteurs et évangélistes ambulants prêchent la parole de Dieu. Il se tient aussi des moments de débats sur toutes sortes de sujets. Mais généralement, c’est sur la religion. L’homme que nous avons vu en train de prêcher serait un instituteur à la retraite venu de Bouaké. La guerre l’a amené à Abidjan. Selon ses propres dires, Dieu l’a sauvé de plusieurs situations difficiles. Les témoignages qu’il rend de sa vie en sont édifiants. Il en a plusieurs pour convaincre et annoncer la Bonne nouvelle. Il était 14 heures quand un groupe de jeunes garçons attire la foule vers lui. Curiosité oblige, nous nous approchons du lieu et nous nous rendons compte de ce qui s’y passe. Des jeunes gens au nombre de quinze sont en prière. Devant eux, une pancarte est plantée sur laquelle est écrite : « Les églises dites évangéliques et leur mère catholique sont dans le faux. Débat coranique ». Le débat est lancé à travers cette pancarte. Ici le débat est tel que les passionnés de la religion chrétienne ou musulmane. n’ont pas leur place. Les propos qui y sont tenus sont à révolter quiconque n’aimerait qu’on dénigre sa religion. Celui qui prend la parole ne fait pas de cadeau aux hommes de Dieu de la Côte d’Ivoire. « Nous sommes des enfants de Jésus Christ. Nous nous reconnaissons en lui. Il est notre Sauveur et notre Seigneur. En dehors de lui, personne ne peut sauver », a-t-il laissé entendre. Il avance dans ses propos pour dire «ni les pasteurs, ni les prêtres, les prophètes, les Imans et bien d’autres encore et leurs fidèles ne sont dans le vrai ; ce sont des bandes de voyous, bandits et d’escrocs ». Une partie de la foule acclame et l’autre crie : « Blasphème ». Un homme pas du tout content retorque : « C’est vous qui êtes dans le faux ». Le débat devient très houleux. Des voix mécontentes s’élèvent et les esprits s’échauffent. Nous craignons un affrontement. Mais les esprits vont se calmer et le débat va suivre sa cours. Le temps des questions réponses. La suite est sans commentaire. Du lundi au vendredi ce groupe est au Plateau.

J.P.B
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