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Société Publié le mardi 24 mars 2009 | L’intelligent d’Abidjan

Denis Kah Zion après l`incarcération de son collaborateur : "La presse est en danger"

Directeur général du groupe «Le Réveil», Denis Kah Zion s’est ouvert à L’Intelligent d’Abidjan à la suite de l’incarcération de son collaborateur, Namankoua Gnamantê. Il s’indigne contre les conditions de son arrestation et se dit serein face au verdict qui est attendu aujourd’hui.


M. Denis Kah Zion, depuis quelques jours, l’un de vos journalistes nommé Gnamantê est arrêté. L’opinion voudrait savoir quel est l’état d’esprit dans lequel se trouve aujourd’hui le directeur général?

Je voudrais d’abord remercier ‘’l’Intelligent d’Abidjan’’, sa direction et tous les rédacteurs pour le soutien qu’ils apportent à leur confrère du groupe ‘‘Le Réveil’’. C’est l’occasion aussi de dire merci à votre directeur général, Assé Alafé, qui est mon jeune frère avec qui j’entretiens de très bonnes relations. Nous nous parlons régulièrement. Pour répondre à votre question, je dirai que je suis serein, stoïque et très attentif à ce qui se passe. La sérénité se trouve dans le traitement des informations que nous donnons tous les jours. Je pense que s’il y avait d’autres sentiments, cela serait paru dans les journaux. Vous voyez que nous observons le même ton, la même attitude professionnelle. Nous arrivons au travail à temps. Et nous bouclons le journal quand il le faut. Pour tout dire, Gnamantê est en prison mais, notre préoccupation n’est pas tant l’emprisonnement de ce collaborateur. Parce que nous-mêmes, savons que nous sommes un groupe de presse de l’opposition. Je dirais même un groupe de presse leader de l’opposition. Tout ce que nous posons comme acte tous les jours nous savons qu’il y aura des gens en face de nous pour réagir. Celui qui ne fait rien ne dérange pas. Si nous dérangeons c’est parce que nous avons une place qui peut déranger aussi un système. Je veux dire que si Gnamantê est en prison, c’est à la suite d’une gestapo qui a été organisée. Vous et moi sommes des citoyens ivoiriens. Quand vous avez une affaire à la justice et que vous avez un conseil constitué des avocats qui se sont présentés au procureur de la République et que le lendemain, on appelle un individu au téléphone, on procède pratiquement à un enlèvement et on le jette en prison sans même informer son avocat. Je pense qu’il faut être vraiment dans la République de Côte d’Ivoire pour vivre cela. Même déjà, le substitut du procureur qui n’avait pas engagé encore le procès dans le cabinet du procureur de la République, je voudrais parler du substitut Diakité, nous a dit que ce sera un procès spécial. Et que pour une fois, on démontrera aux journalistes qu’ils ne sont pas au-dessus de la loi. A-t-on besoin de nous dire cela ? Nous sommes des justiciables. Si nous sommes convoqués, nous allons répondre. S’il y a des sanctions à prendre nous allons les assurer. Mais, on n’a pas à nous démontrer qu’aujourd’hui vous allez voir. Je pense que la haine, le mépris qu’on a pour les individus, on doit pouvoir les dominer en nous-mêmes. Gnamantê est en prison. Nous disons qu’il y a une maladresse. Il est journaliste. Je sais de quoi je parle. Il était enseignant, il fait valoir ses droits à la retraite depuis 2005. Gnamantê est aujoud’hui journaliste travailleur ici. Il est le plus présent au niveau de la rédaction. Il arrive les matins à 8 heures et repart les soirs vers 23 heures ou minuit. Comme il habite Koumassi, c’est lui qui part avec le véhicule qui va déposer les films. Il ne travaille pas seulement que les mercredis parce que c’est son jour de repos. Gnamantê était professeur certifié donc, il a la maîtrise. La loi dit que pour être journaliste professionnel, il faut avoir la licence plus deux années de formation. Quand vous avez la maîtrise au moins une année passée dans une entreprise de presse, cela vous donne droit à la carte d’identité professionnelle. Gnamantê a déjà fait 3 ans ici donc, il a droit à la carte d’identité professionnelle des journalistes. Il est régulièrement payé. Il a été promu tout récemment comme responsable des pages d’opinion. Et de par son âge, je l’ai mis ici aussi pour jouer le rôle de médiateur. La question que les gens se posent, est-ce qu’on peut être médiateur et journaliste ? Moi, je suis directeur général et gérant. Je suis journaliste. Quand vous allez au groupe la refondation, Sokouri Bohui est directeur général mais, il n’est pas journaliste. Gnamantê est journaliste et il est responsable des pages d’opinion. Vous pensez que je vais aller à Brômakôtê ramasser un vendeur de charbon pour venir lui confier les pages d’opinon dans mon journal ? On va épiloguer inutilement sur ce chapitre-là. Mais, le cas Gnamantê risque de faire école. Parce que si Gnamantê devrait rester en prison, c’est vous ses collaborateurs, je pense que l’épée de Damoclès est sur votre tête. Pour un rien on peut prendre un journaliste pour le jeter en prison. Ce qui devrait être un délit de presse donc, qui devrait être dépénalisé. On va l’exprimer en termes de délit par voie de presse. Et on vous jette en prison. La presse ivoirienne est en danger. Ceux qui ne le savent pas, je pense qu’ils doivent se réveiller.


Selon certains agents de la Dst, M. Gnamantê, lors de son audition, a laissé entendre qu’il n’était pas journaliste et qu’il n’avait pas de carte de presse…

Je crois que c’est un peu de cela qu’il s’agit. Il n’a pas été entendu par la Dst. C’est à la brigade de recherche de gendarmerie qu’il a été entendu. Gnamantê a dit qu’il n’est pas un journaliste professionnel. C’est honnête, il n’est pas journaliste professionnel. A «l’Intelligent d’Abidjan», je ne sais pas, vous avez combien de journalistes professionnels. Par honnêteté, Gnamantê a dit qu’il n’est pas journaliste professionnel.


A-t-il dit qu’il n’a pas la carte d’identité de journaliste du groupe ‘‘Le Réveil’’ ?

Honnêtement, je ne peux pas engager des gens ici qui n’ont pas de carte de journaliste. Si je le fais, je me mets dans une situation inconfortable. Au même moment où il était en train d’être auditionné là-bas, le CNP nous a demandé de dresser la liste de tous les journalistes. Vous pensez que moi, je peux déclarer quelqu’un au CNP pour qui je suis obligé de faire face à un certain nombre de choses parce qu’il travaille ici. C’est seulement les stagiaires qui n’ont pas de carte chez moi. Ils ont une attestation de stage. Il faut que les gens fassent très attention avec la déclaration faite par mon collaborateur entre je ne suis pas un journaliste professionnel parce qu’il ne détient pas la carte d’identité de journaliste professionnel que seulement 129 journalistes ivoiriens détiennent sur les mille et quelque. Il faut faire très attention. Gnamantê a sa carte de presse que moi, j’ai signée. Maintenant si le procureur dit que la signature de Kah Zion n’est pas valable. On nous le démontrera.


Est-ce que vous pensez qu’à travers Gnamantê c’est M. Denis Kah Zion qui est visé ?

Je sais que si je suis encore en vie, je le dois à Dieu. Ma tête est réclamée. Depuis un moment, ma tête est réclamée parce que mon journal sort des dossiers qui dérangent, parce qu’on veut faire des arrangements et des compromissions avec moi que je refuse. Vous savez, on travaille pour avoir de l’argent. Je ne travaille pas pour ramasser les cailloux à la fin du mois. Mais je dis, l’argent sale, je ne mange pas ça. Et ceux qui me connaissent le savent. Ceux avec qui j’ai discuté ces derniers temps le savent. J’aurais pu aussi être prompt à prendre l’argent comme le font certains de mes confrères qui organisent des conférences de presse pour régler un certain nombre de problèmes avec un groupe de presse. Alors qu’ils n’ont pas eu le courage de mettre la main sur un dossier qui a faire pratiquement le tour de toutes les rédactions que tout le monde a refusé. Je dis que si l’argent des Ivoiriens a été empoché par des gens alors que c’est le trésor ivoirien qui devrait recevoir cet argent, je me dois de dénoncer cela. Quoique cela me coûte. Je ne peux pas accepter cela. Je dis aussi que quand je traite le dossier des employés fictifs que des gens se retrouvent en prison, c’est normal que ma tête soit mise à prix et que des gens cherchent à me tuer. Gnamantê en prison, c’est Kah Zion qu’on vise. C’est Kah Zion qu’on veut ‘‘bouffer’’. J’utilise le mot. Quand vous n’agissez pas mal, si vous êtes dans la droite ligne, Dieu vous aide. Vous savez, ces gens quand vous ‘‘bouffez’’ leur argent. Ils vous assassinent, ils vous tuent automatiquement. Et tous ceux qui ont été victimes aujourd’hui qui ne sont même plus de ce monde ont eu des compromissions avec ces gens. Et moi, je ne suis pas là dedans. Je n’y serai jamais. Je préfère vivre des recettes de mon journal et les quelques publicités que mon journal gagne. Je mets quiconque au défi de regarder le compte de ‘’Le Nouveau Réveil’’, s’ils ont vu la trace d’un chèque quelconque. Même le PDCI n’a pas un sou dans mon entreprise de presse. Ce n’est pas par orgueil que je le dis. Mais, je le dis pour que les gens le sachent. Vous savez quels sont les rapports qui existent entre le Pdci et mon journal. La position de mon journal est de donner l’information. Quand ça ne va pas au Pdci, on dit que ça ne va pas. Je pense que demain vous allez entendre que Kah Zion est en prison. Parce que même les déclarations que je fais sont lues à la loupe. Mais, je suis responsable de ce que je dis et j’assume ce que je dis.


Est-ce que vous ne craignez pas la condamnation de votre journaliste ou le paiement d’une forte amende susceptible de mettre en péril votre journal ?

Je pense que c’est à des choses auxquelles il faut s’attendre. Si nous devrons disparaître parce qu’on va nous demander une somme insupportable, Dieu saura nous créer des chemins pour qu’on puisse toujours produire et vendre nos journaux. Si encore on ne déclare pas la fermeture de notre groupe de presse. Mais, si nos journaux sont fermés, nos esprits ne sont pas fermés, nos bras ne sont pas fermés, nos pieds ne sont pas fermés et notre intelligence n’est pas fermée. Nous continuerons de travailler. Quel que soit ce qu’on va nous infliger comme amende. Je comprends ce que vous dites parce qu’on a ressortir la loi sur la presse. Quand c’est une offense au Chef de l’Etat, l’amende c’est entre 10 et 20 millions. Dieu nous donnera la force pour trouver cette somme et de payer cela. Vous savez aussi, quand vous êtes condamné, vous pouvez faire appel. Et à un autre niveau de la justice on examine la peine qui vous a été infligée. Ce que nous ne pouvons pas comprendre aujourd’hui, c’est l’emprisonnement de nos journalistes. Nous disons que cela ne devrait pas se faire. Nous sommes dans un pays de droit et cela ne doit pas se faire. Je voudrais une fois de plus vous remercier de m’avoir donné l’occasion de dire ce que je pense de ce dossier qui a un double volet. Il s’agit du procès du journal et des journalistes qui devrait se passer normalement ce mardi 24 mars à 13h 30.. Avant ça, il y a l’enlèvement de mon journaliste qui croupit aujourd’hui à la Maca. Je pense que des procès, nous en avons tous les vendredis ici. Nous n’alertons pas l’opinion pour dire que nous avons tel procès. C’est normal quand vous êtes journaliste que vous posez un acte, que vous soyez traduit devant le tribunal. Mais de là, aller enlever un journaliste et le jeter en prison, je pense que trop, c’est trop pour ce que vient de faire le substitut Diakité. Il a une haine viscérale pour nous. Je dis que cette haine ne se justifie pas. Je ne le connais pas. Peut-être que lui me connaît. Peut-être qu’il me reproche des choses. Mais, il est substitut du procureur, il doit le savoir et il a la loi. Il n’a pas le droit d’organiser une gestapo pour enlever quelqu’un et le jeter en prison tout en sachant que la personne a des avocats. La vie, c’est une roue. Elle tourne et elle tournera encore pendant longtemps

Réalisée par J.J, Coll C.S
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