Le procès Gnamantêh dans l'affaire " Ali Baba et les 40 voleurs " risque d'aboutir sur une jurisprudence grave qui va incontestablement placer des centaines d'hommes et de femmes de la presse et des médias dans des conditions de gens en perpétuel sursis. Hier, au tribunal du Plateau, la question qui préoccupait le substitut du procureur était de savoir si Nanankoua Gnamantêh avait en sa possession " la carte d'identité de journaliste professionnel ". La réponse à la question a été évidemment " non ". Lorsque le prévenu a voulu ajouter qu'il dispose bel et bien d'une carte de presse à lui octroyée par les éditions Le Réveil, le substitut du procureur a laissé entendre qu'il ne reconnaissait que la carte d'identité de journaliste professionnel et non la carte de presse délivrée par les organes de presse. Du coup, le prévenu, dans son entendement n'est pas un journaliste mais un homme ordinaire. La question de fond qui se pose aujourd'hui est : qui est journaliste en Côte d'Ivoire ? Selon le parquet, qui se base sur l'article 23 de la loi (liberticide) portant régime juridique de la presse de 2004, " Est journaliste professionnel, dans les conditions prévues par la présente loi, toute personne physique : justifiant d'un diplôme supérieur délivré par une école professionnelle de journalisme, à défaut, d'une licence de l'enseignement supérieur assortie d'une formation professionnelle de deux ans ou à défaut, d'une maîtrise de l'enseignement supérieur ou d'un diplôme équivalent, assorti d'une formation professionnelle d'un an dispensée dans une école de journalisme agréée ou reconnue par l'Etat ou d'un stage professionnel d'un an ; ayant pour occupation principale, régulière et rétribuée, la recherche, la collecte, la sélection, l'exploitation et la présentation de l'information ; exerçant cette activité dans une ou plusieurs publications quotidiennes ou périodiques, ou dans une ou plusieurs entreprises de communication audiovisuelle, ou dans une ou plusieurs agences de presse soumises à la Convention Collective ou au Statut Général de la Fonction Publique. La qualité de journaliste professionnel est attestée par la carte d'identité de journaliste professionnel".
Quid du journaliste ? Aucune réponse de la loi de 2004. Ce qui est normal puisque cette loi fixe les conditions pour avoir droit à la carte d'identité de journaliste professionnel. La loi ne fixait pas les conditions pour être journaliste (tout court). Cependant, la définition sous tous les cieux du journaliste n'a pas changé. Le journaliste qu'il soit ivoirien, français, américain ou birman est la personne qui a pour occupation principale, régulière et rétribuée, au sein d'un ou de plusieurs organes de la presse écrite ou audiovisuelle, la collecte, le traitement ou la présentation des informations. Dans ce sens, Nanankoua Gnamantêh est journaliste, détenteur de la carte de presse du groupe "Le Réveil".
Si le passage en force, basée sur une interprétation de la loi, du parquet passe mardi (jour du prononcé du verdict), alors les quelques 800 journalistes ivoiriens qui se considèrent comme tels mais qui ne détiennent pas la carte de journaliste professionnel (parce qu'ils ne remplissent pas les conditions énumérées plus haut, ou parce qu'ils ne voient pas l'intérêt qu'ils ont à déposer leurs dossiers auprès de la commission paritaire qui continue, du reste de recevoir les dossiers) sont en réel danger. Il faut tout simplement souhaiter que le tribunal ne suive pas le parquet, mardi, dans l'acceptation de cette définition figée, qui relève de l'hérésie.
André Silver Konan
Quid du journaliste ? Aucune réponse de la loi de 2004. Ce qui est normal puisque cette loi fixe les conditions pour avoir droit à la carte d'identité de journaliste professionnel. La loi ne fixait pas les conditions pour être journaliste (tout court). Cependant, la définition sous tous les cieux du journaliste n'a pas changé. Le journaliste qu'il soit ivoirien, français, américain ou birman est la personne qui a pour occupation principale, régulière et rétribuée, au sein d'un ou de plusieurs organes de la presse écrite ou audiovisuelle, la collecte, le traitement ou la présentation des informations. Dans ce sens, Nanankoua Gnamantêh est journaliste, détenteur de la carte de presse du groupe "Le Réveil".
Si le passage en force, basée sur une interprétation de la loi, du parquet passe mardi (jour du prononcé du verdict), alors les quelques 800 journalistes ivoiriens qui se considèrent comme tels mais qui ne détiennent pas la carte de journaliste professionnel (parce qu'ils ne remplissent pas les conditions énumérées plus haut, ou parce qu'ils ne voient pas l'intérêt qu'ils ont à déposer leurs dossiers auprès de la commission paritaire qui continue, du reste de recevoir les dossiers) sont en réel danger. Il faut tout simplement souhaiter que le tribunal ne suive pas le parquet, mardi, dans l'acceptation de cette définition figée, qui relève de l'hérésie.
André Silver Konan