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Politique Publié le jeudi 26 mars 2009 | Notre Voie

Situation socio-politique en Côte d’Ivoire-Des ex-combattants des F.N. : "Nous ne sommes plus prêts à reprendre la guerre"

Des jeunes ex-combattants des Forces nouvelles de Bouaké clament haut et fort qu’ils inscrivent leurs actions dans le processus de paix en cours en Côte d’Ivoire. Pour rien au monde, ils jurent ne plus être prêts à reprendre les armes.

«Nous ne sommes plus prêts à reprendre la guerre. Dans la vie, il faut savoir ce qu’on veut et s’arrêter au bon moment. Notre seul problème actuellement reste notre réinsertion sociale. Que les hommes politiques se mettent dans la tête que, pour rien au monde, nous ne reprendrons les armes. Nous sommes fatigués de la guerre qui ne nous a rien apporté. Vous voyez nos conditions de vie. C’est dur».

Cette confession a été faite par un groupe de jeunes ex-combattants appartenant aux Forces nouvelles avec qui nous avons passé quelques heures, les 19 et 20 mars 2009, à Bouaké.
Ces jeunes, au nombre de douze, qui ont voulu garder l’anonymat, n’ont pas caché leur déception. Le dénuement dans lequel ils vivent désormais y est assurément pour quelque chose. Accord qui les oblige dorénavant à arrêter le racket, seul moyen qui leur permettait de survivre. Toutefois leur seul espoir réside aujourd’hui dans le respect de l’accord politique de Ouagadougou. «Nous sommes convaincus que notre salut réside dans l’application stricte de l’accord politique de Ouagadougou signé le 4 mars 2007 et les autres accords complémentaires», a confié K.A. qui renchérit : «Nos chefs ont gagné dans cette guerre. Alors que c’est nous qui étions sur tous les fronts au risque de notre vie». K.A. a, en outre, indiqué qu’il a pris les armes malgré lui. «Je suis militant du FPI. Si j’ai pris les armes, c’était pour sauver ma vie», confesse-t-il. Avant de poursuivre : «Certains de mes amis du quartier savaient mon appartenance politique. Au début de la guerre, je suis sorti de la maison pour fuir le sort qu’avaient connu des camarades. Et, pendant que j’étais dehors, ma petite sœur m’a appelé pour me dire que les rebelles me cherchaient. Je suis donc allé me rendre. Parce que je ne pouvais pas marcher pour aller à Yamoussoukro ou Abidjan. Je suis donc devenu rebelle malgré moi. Aujourd’hui, mes amis et moi, nous ne pensons qu’à notre avenir».

K.A. regrette aujourd’hui d’avoir pris les armes comme les autres jeunes du groupe avec qui nous partageons en toute amitié un repas dans un maquis situé non loin de la préfecture de police.
Ces jeunes ex-combattants des Forces nouvelles veulent rentrer dans la République. C’est pourquoi, selon eux, ils ne se cachent pas à demander l’argent à toute personne qui entre dans la capitale du Centre par car. «Nous ne rackettons pas. Sinon nous allions nous cacher. L’argent que les passagers donnent nous sert à assurer notre quotidien», explique Sina D. Et, comme pour nous convaincre que les ex-rebelles ne rackettent pas, K.A. ajoute : «Vous dites à Abidjan que nous rackettons les gens ici. Ça nous fait mal quand vous dites cela. Parce que vous savez que si on parle de racket, ce sont les policiers et les gendarmes qui sont sur les routes. Ils ne contrôlent personne. Ils font payer plutôt 1000 FCFA ou 2000FCFA à ceux ou celles qui n’ont pas de pièce d’identité. Pourtant l’Etat les paie. Nous, nous ne cachons pas ce que nous prenons aux passagers. Eux, ils cachent ce qu’ils prennent».

L’air sérieux et d’un ton à peine menaçant, il nous invite à comprendre leur situation. «Evitez de dire que nous rackettons. Avec quoi voulez-vous que nous assurions notre vie ?», questionne-t-il.

Alors, combien peuvent-ils gagner au quotidien ? «Ça varie selon le nombre de personnes qui entrent dans notre zone. Et puis, il y en a qui donnent 50 FCFA. D’autres 100 FCFA. Les plus gentils nous donnent 200 FCFA. En réalité, c’est ce que nous prenons. Maintenant, si quelqu’un nous donne 500 FCFA, nous sommes contents et nous lui disons merci. Dans tous les cas, pour le nombre que nous sommes, nous ne gagnons pas grand-chose. Mais nous faisons avec, en attendant que l’Etat ait les moyens de nous prendre en compte», répond Sina D.

Quant à la question de savoir si les ex-combattants des Forces nouvelles sont sincères dans la renonciation d’une hypothétique reprise des armes, nos interlocuteurs nous rassurent. «Est-ce que vous voyez encore des armes circuler ? C’est vrai que nous avons un échantillon ici avec vous. Mais ce que nous exprimons est la volonté de tout le monde dans toutes les zones CNO. Personne ne pourra nous convaincre de reprendre les armes», indique Koné S. Alors, pourquoi des brutalités sont observées ces derniers temps à Bouaké et Séguéla ? «Vous savez, ce n’est pas facile de maîtriser le comportement de tout le monde. Des choses pareilles sont commises aussi par des agents des forces de l’ordre zélés en zone gouvernementale. Mais, ça ne veut pas dire que nous voulons reprendre la guerre. Nous soutenons que personne, ni même nos chefs ne peuvent nous convaincre de reprendre les armes. Ils ont eu leur part. Nous attendons que l’Etat nous donne les moyens pour notre intégration dans la société. C’est tout», rassure Sina D.


D.Z.
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