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Art et Culture Publié le vendredi 27 mars 2009 | Le Repère

Assemblée générale élective du Burida - Une porte ouverte au cafouillage !

Suite aux nombreuses crises qui secouent le Bureau ivoirien du droit d'auteur (Burida) depuis bientôt cinq ans, le ministre de la Culture et de la francophonie, Komoé Kouadio Augustin, a décidé de ramener la paix dans la maison des créateurs. En 2008, un atelier de réflexion a été initié et organisé à l'hôtel Ivoire. Cette tribune accouchera d'un décret portant reforme du Burida avec l'organisation d'une nouvelle assemblée générale élective. Contre toute attente, cette AG saluée par tous connaît aujourd'hui un blocage. Les préparatifs entamés par la tutelle piétinent sous la poussée des artistes qui sembleraient divisés par le mode opératoire de la mise en place des collèges électoraux.


Que dit exactement la reforme ?

Conformément au nouveau décret sur la reforme du Burida, une rencontre a eu lieu le vendredi 13 mars dernier au cabinet du ministre de la Culture sis au 22e étage de la Tour E. Laquelle rencontre a réuni autour du maître des lieux un nombre considérable d'artistes, d’auteurs de compositeurs, tous sociétaires du Burida. A l'ordre du jour, le mode opératoire de la mise en place des collèges et son chronogramme. Selon des sources dignes du ministère de la Culture, cette séance de travail n'a pas tenu toutes ses promesses. Il a eu un rejet du mode opératoire proposé par le ministre. Des artistes ont souhaité un vote uninominal c'est-à-dire l'ancien système où le scrutin peut même se faire à main levée. L'on se rappelle bien que ce type d'élection demeure en partie à l'origine de la crise qui a le plus secoué le Burida. C'était au temps de Tantie Oussou en tant que PCA. Selon les textes de la reforme, il faut appliquer la proportionnelle où le gagnant détient 50% des voix. Pour ce faire, le ministre a proposé, dit-on, de procéder par collèges électoraux qui vont prendre part à l'AG. Tenant compte de la majorité détenue par les artistes appelés communément chanteurs, ils bénéficient d'un collège riche de 95 personnes. Malheureusement, cette tâche reste ardue parce qu'ils seraient divisés déjà. Alors, plus le temps passe, plus les choses coincent. Difficile de constituer un bloc autour d'une seule tête de liste pour affronter d'autres potentiels candidats issus des disciplines sœurs.


Des élections incertaines si…

Peut-on ou doit-on espérer des élections au Burida maintenant ? Cette interrogation ne peut trouver sa réponse qu'auprès du ministère de la Culture étant donné qu'il est la tutelle et en tant que telle, il a une obligation de résultat vis-à-vis de l'opinion mais surtout de l'ensemble du gouvernement. Or, à l'analyse de ce qui s'installe progressivement autour desdites élections qu'on pourrait qualifier de cafouillage, il est incertain que le nouveau président du conseil d'administration du Burida soit connu de tous de sitôt. Les artistes chanteurs ont du mal à s'accorder. Deux staffs de campagne respectivement au service de Gadji Celi et de Valen Guédé semblent s'opposés farouchement. Mais au-delà, les hommes du ministre et celui de l'administrateur du Burida semblent mêlés à un jeu de favoritisme.


Quand le jeu des alliances retarde le processus

Si ce qui se murmure dans les couloirs du Burida ces derniers temps se confirmait, alors ce serait chose regrettable pour l'ensemble du monde culturel en Côte d'Ivoire. Sans doute dans un souci de démocratisation du secteur, le ministre Komoé Augustin a ouvert une table de négociation sur la reforme du Burida devant aboutir à l'élection du PCA et à la nomination du Directeur général. Curieusement, l'on parle de complicité entre l'autorité et certains candidats. Tantôt c'est la paire "ministère-Unartci" ou "ministère-staff de Valen Guédé". Tantôt "Armand Obou-Valen Guédé". Et pourtant, le ministère que nous avons approché en début de semaine, dit vertement ne pas se reconnaître dans ces bassesses.


De la responsabilité du ministère

Au regard de ce qui précède, l'on est tenté de porter un doigt accusateur sur le ministère pour la simple raison qu'il demeure l'autorité suprême. S'il a initié un atelier de réflexion, c'est parce que les artistes à eux seuls ont du mal à assainir leur milieu. Pourquoi donc vouloir absolument attendre l'unanimité autour du décret afin d'organiser l'AG ? Un débat sur des questions culturelles a certes besoin d'être décontracté mais également avec un peu de rigueur. Autrement dit que le ministère prenne maintenant ses responsabilités pour mettre tout le monde au pas car cette crise n'a que trop duré.


De la responsabilité des artistes

Dommage que des créateurs et autres artistes ne parviennent pas à s’entendre sur l’essentiel ! Comment comprendre que ces éveilleurs de conscience et dont les prouesses musicales égayent des milliers de foyers dans le monde ne réussissent pas à maintenir la cohésion en leur sein. Toujours en train de se quereller autour de leur intérêt commun. Et pourtant, c'est à "chaudes larmes" qu'ils ont obtenu auprès du Président de la République la gestion de leur propre maison. Aujourd'hui, l'on comprend mal que leur combat soit à un autre niveau. Un niveau moins préoccupant d'ailleurs. Ils sont heureux parce que leur Burida leur sera désormais confié mais s'entredéchirent sur le choix d'un des leurs qui doit le diriger. Une ambition démesurée, dirait-on ? Il serait plus facile pour un observateur de conclure que nos artistes sont leurs propres ennemis et donc responsables de ce qui se passe au Burida.


A qui profite donc le Burida ?

Quoi qu'on dise, le climat électoral du Burida est très nuageux en ce moment ; ce qui pourrait déboucher sur le désordre total si rien n'est fait. Dans ce cas, le chef de l'Etat peut retirer définitivement le Burida aux sociétaires. Et qui en serait le plus heureux ? Le ministère ? Parce qu'il en ferait toujours un de ses solides piliers ? ou les artistes minoritaires devant les urnes qui, déjà certains de leur défaite, voudraient voir tout le monde perdre ! Pis, les élections se tiennent par un mode uninominal facilement influençable pour élire un PCA dans des conditions calamiteuses. Dans ces conditions, le Burida ne connaîtra pas de sitôt la tranquillité et chacun pourra en faire à sa tête. Pendant ce temps, c'est l'industrie culturelle qui se meurt et avec elle des générations de créateurs. A qui cela pourrait également profiter ? En somme, qui, peur des élections au Burida ? Dans tous les cas, le ministère annonce la mise en place des collèges en début du mois d’avril.

Dieusmonde Tadé
dieusmonde@yahoo.fr
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