Ce qui est convenu d’appeler «l’affaire Anaky Kobenan» continue d’alimenter la chronique au sein de l’opposition politique. Après la déclaration de la coalition RHDP, c’était le tour hier, au siège du PDCI des députés de la Mouvance parlementaire pour la réconciliation et la paix, de monter au créneau. Une fois de plus, l’intrusion de l’Etat-major des armées dans le débat politique, en ordonnant l’interpellation d’Anaky, a retenu l’attention des honorables députés. Ainsi, au nom de la Mouvance parlementaire, le Général Gaston Ouasséna Koné a fait observer à «l’actuel chef d’Etat major des armées que son prédécesseur a eu le même réflexe répressif (…) et que cela n’a pas empêché le régime FPI, lorsqu’il n’a plus eu besoin de ses services de le contraindre à l’exil». En d’autres termes, le porte-parole de la Mouvance parlementaire du RHDP demande à Mangou de se rappeler ce qui est arrivé à son prédécesseur qui n’est autre que le Général Mathias Doué, aujourd’hui en exil. Et ce, afin qu’il sache raison garder. Après avoir rappelé son statut d’ancien membre de gouvernement et de député encore en fonction, le conférencier a condamné l’interpellation d’Anaky qui aurait pu bénéficier de son double statut. De même, Ouassénan a condamné « la dérive totalitaire et l’utilisation injustifiable des militaires que le FPI a instaurée en Côte d’Ivoire depuis son accession calamiteuse au pouvoir». La Mouvance parlementaire considère que l’opinion émise par Anaky n’a rien de séditieux. Et s’il en était ainsi, alors l’actuel chef de l’Etat a tenu des propos plus dangereux sans que le ciel ne lui tombe dessus. «En 1998, M. Laurent Gbagbo, alors secrétaire général du Front populaire ivoirien, avait déclaré que si le PDCI n’organisait pas d’élections transparentes et démocratiques, il irait s’asseoir à Mama et que le PDCI devra alors s’attendre à voir en face de lui un Kabila . Ce qui est une allusion à la rébellion menée par Laurent kabila en RDC (ex Zaïre), rébellion qui a renversé le Président Mobutu», a rappelé la Mouvance parlementaire. Elle ajoute qu’en dépit du caractère dangereux de ces propos pour l’ordre républicain, le secrétaire général du FPI d’alors n’a été aucunement inquiété. A la question de savoir si Anaky peut se prévaloir encore du titre de député, vu que le mandat du parlement est venu à terme, le conférencier a répondu pour dire qu’il en est de même pour le Président de la République. «Nous sommes dans une situation d’exception. L’assemblée nationale existe, mais ce sont ses attributions qui ont été amoindries», a regretté M. Ouasséna Koné. «S’il y a un troisième député arrêté, vous verrez notre réaction», a prévenu le conférencier en mettant ainsi fin à son intervention.
Ibrahima B. Kamagaté
Ibrahima B. Kamagaté