Copa Barry (gardien des ElEphants) - “Ils sont morts pour nous”

Quarante-huit heures après l'éclatant succès des Eléphants sur le Malawi en éliminatoires de la Can et du Mondial 2010, le portier de l'équipe nationale, profondément marqué par le terrible drame du “Félicia”, décortique la victoire des siens. Et “s'incline” devant la mémoire des dix-neuf victimes.

Copa, pouvez-vous revenir sur votre belle victoire de dimanche soir ?
Avant de revenir sur le match, je voudrais d'abord présenter mes condoléances les plus attristées aux familles des victimes des événements du stade. C'est triste. Je suis effondré. En ce qui concerne le match lui-même, je dirais qu'on s'est facilité la tâche en trouvant le chemin des filets très rapidement. Cela a porté un coup au moral de nos adversaires. Logiquement, tout s'est bien passé pour nous.

Vous attendiez-vous à un tel scénario ?
Franchement, on ne s'attendait pas à une entrée en matière aussi tonitruante. Nous étions certes motivés pour remporter ce match mais, on ne pouvait imaginer ce qui s'est passé. On savait que le Malawi était une équipe difficile à bouger. On était sûr de notre force. Mais, de là à inscrire deux buts dans les cinq premières minutes, on ne s'attendait forcément pas à cela.

Ce sont les Eléphants qui ont été exceptionnels ou ce sont vos adversaires qui ne tenaient pas la route ?
C'est l'équipe ivoirienne qui a été très performante. Au fait, on a su plier le match en inscrivant deux buts en cinq minutes. Il était alors très difficile aux joueurs malawites de refaire surface. Le score ne reflète pas forcément la physionomie de la rencontre, même si on a été dominateurs pendant la majeure partie du match. Par moments, le Malawi a démontré une belle qualité de jeu qui nous a perturbés. De toute façon, on savait que c'est une équipe qui possédait un bon potentiel.

Pouvez-vous d'ores et déjà dire que la Côte d'Ivoire a son ticket pour Afrique du Sud 2010 ?
Attention ! Il ne faut surtout pas céder à l'euphorie. Nous ne sommes qu'au début des éliminatoires. On doit absolument rester concentré jusqu'au bout. Le bilan se fera après la fin des éliminatoires et non pas avant. Le chemin est encore long.

Mais, la Côte d'Ivoire ne peut quand même pas se permettre de rater le rendez-vous sud-africain ? Vous êtes dans une poule largement à votre portée…
Bien sûr que ce sera une énorme désillusion si on ne se qualifiait pas pour la Coupe du monde 2010. L'équipe n'envisage même pas un instant une telle éventualité. Mais, il ne faut pas croire que la qualification sera aussi facile pour nous. Rien n'est acquis. Chaque match aura ses réalités. C'est à nous d'aller chercher la qualification. Elle ne se donnera pas à nous. Mais, vous pouvez être rassuré : nous mettrons tout en œuvre pour assumer notre statut de favoris du groupe E.

Quelle est l'équipe qui pourrait empêcher la Côte d'Ivoire d'oblitérer son visa pour le Mondial ?
C'est nous-mêmes d'abord. Nous sommes notre premier adversaire. De toutes les façons, nous respectons toutes les équipes de notre poule.

Malheureusement, votre succès de dimanche, a été terni par la mort de 19 personnes au stade ?
C'est vraiment malheureux. Dans ces moments-là, on oublie le football parce que la vie est plus importante que le foot. Je suis profondément attristé par ce qui s'est passé au stade. C'est pour nous que toutes ces personnes sont mortes. Je voudrais m'incliner devant la mémoire de toutes ces personnes qui ont perdu la vie. On ne les oubliera jamais. C'est pour eux qu'on enfilera désormais le maillot national.

Comment avez-vous appris la triste nouvelle ?
C'est après le match. C'est quand nous sommes arrivés à l'hôtel qu'on a été informé. Naturellement, tout le monde était abattu. Je souhaite un prompt rétablissement aux blessés et Je réitère une fois de plus mes condoléances aux familles et aux proches des victimes. Que leurs âmes reposent en paix !

Interview réalisée par
Abdoul Kapo
kapo02949403@yahoo.fr