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Économie Publié le mercredi 1 avril 2009 | Fraternité Matin

L’histoire de la dette : Comment la Côte d’Ivoire est devenue pauvre, très endettée

Avec le point de décision de l’Initiative Ppte et le nouveau programme approuvé, le pays engrange 126 milliards d’appuis budgétaires.

Après les deux événements majeurs enregistrés par son pays, à savoir le programme économique et le point de décision Ppte, le Président ivoirien a fait cette adresse à la Nation, hier à la Télévision nationale.

Ivoiriennes, Ivoiriens, mes chers compatriotes, chers amis de la Côte d`Ivoire.

C`est la première fois que je prends la parole après le drame qui s`est produit dimanche dernier au stade Houphouet-Boigny, à l`occasion du match entre la Côte d`Ivoire et le Malawi. Je voudrais dire combien ce drame nous touche profondément. C`est un drame national. J`adresse mes condoléances aux familles des personnes qui ont trouvé la mort. Je souhaite un prompt rétablissement aux blessés. Bien sûr, l`Etat prend en charge les soins des blessés et les obsèques des personnes décédées. Mais j`entends que toute la lumière soit faite sur les circonstances de ces événements tragiques.



Les responsabilités seront situées. J`ai écrit au Procureur de la République pour lui demander de mener une enquête. Cet après-midi même, je suis allé apporter le réconfort de la nation en votre nom à tous aux blessés. L`hommage officiel de la nation aux victimes aura lieu mercredi après-midi. Nous devons rester dignes et forts dans l`épreuve.



Mes chers compatriotes,



Nous sortons de la crise. Progressivement. Sûrement. Depuis la signature de l`Accord politique de Ouagadougou, il y a deux ans, le 4 mars 2007, nous avons fait des progrès importants sur la voie de la paix et de la normalisation.



Comme vous le savez, cette sortie de crise comporte trois volets: le redressement des finances publiques, la réunification du pays, la préparation et l`organisation des élections. Ces trois points sont liés. Car les élections, même organisées dans les meilleures conditions possibles, ne sauraient à elles seules ramener et garantir une paix durable, si la situation financière du pays ne permet pas à l`Etat d`honorer ses engagements intérieurs et extérieurs. C`est pourquoi, nous menons de front trois actions:



- les négociations pour l`admission de la Côte d`Ivoire au programme Ppte en vue du redressement des finances publiques,



- l`application de l`annexe IV à l`accord de Ouagadougou, pour la réunification du pays



- et les opérations d`identification et d`enrôlement pour préparer les élections.



Ce soir, je m`adresse à vous pour parler uniquement du premier point: le redressement des finances publiques.



En effet, le vendredi 27 mars 2009, le Conseil d`administration du Fonds monétaire international a pris deux décisions importantes pour la Côte d`Ivoire. D`une part, il a approuvé en faveur de notre pays un Programme économique et financier triennal soutenu par la Facilité pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance (Frpc). D`autre part, il a décidé d`admettre notre pays au point de décision de l`initiative des Pays pauvres très endettés (Ppte).



La première tranche de l`appui financier qui accompagne ce programme est de 51 milliards de francs CFA, correspondant à 24% de notre quota au Fmi. Cette première tranche sera mise immédiatement à notre disposition.



Je rappelle que le 6 mars dernier déjà, grâce à une opération soutenue par l`Agence française de développement (Afd) et à un appui budgétaire de la Banque africaine de développement (Bad), notre pays a réglé les arriérés dus à cette dernière institution. Ce qui a permis au Conseil d`administration de la Bad de lever les sanctions financières qui frappaient la Côte d`Ivoire. Désormais, nous sommes à jour de paiement des dettes envers nos créanciers multilatéraux: la Banque mondiale depuis le 2 avril 2008 et la Bad depuis le 6 mars 2009.



Aujourd`hui même, mardi 31 mars 2009, le Conseil d`administration de la Banque mondiale vient, à son tour, de confirmer l`admission de la Côte d`Ivoire au point de décision de l`initiative Ppte, en même temps qu`il accorde un appui budgétaire de 150 millions de dollars, soit 75 milliards de francs CFA.



Ainsi donc, les trois principaux partenaires financiers multilatéraux de la Côte d`Ivoire, que sont le Fmi, la Banque mondiale et la Bad sont désormais engagés à nos côtés en vue de l`allègement de la dette, et de la lutte contre la pauvreté.



C`est une bonne nouvelle. Car le poids de ces dettes, nul ne devrait l`ignorer, était devenu une hypothèque sérieuse sur l`avenir même de la Côte d`Ivoire.



Je rappelle que la dette de la Côte d`Ivoire que nous payons aujourd`hui date, pour l`essentiel des années 70, 80 et 90. C`est au cours de ces trois décennies que la dette a connu une évolution fulgurante. De 100 milliards de francs CFA, équivalant à 17,7% du Pib en 1973, le montant de la dette est passé successivement à 2 371 milliards, soit 75,6% du Pib en 1985 puis à 8 468 milliards, soit 136,2 % du Pib en 1996.



Aujourd`hui, ce montant est de 6 300 milliards de francs CFA, soit 60% du Pib.



C`est ainsi que la Côte d`Ivoire est devenue un pays pauvre très endetté. Mais cette dette est la dette de la Côte d`Ivoire. Je l`assume en tant que Chef de l`Etat et je cherche les meilleures voies pour en sortir. L`initiative Ppte, offerte par la communauté internationale, en est une.



Les décisions prises par nos partenaires, au cours de ces derniers jours ne sont pas encore une victoire pour notre pays. Nous n`avons pas encore l`allègement des dettes. Celui-ci interviendra véritablement quand nous atteindrons le point d`achèvement. Nous n`avons pas encore amorcé le développement durable de notre pays. Mais ces décisions constituent une étape nécessaire. Elles sont encourageantes pour la Côte d`Ivoire pour une double raison. D`abord parce que c`est la première fois, après des échecs successifs, que nous parvenons à cette étape de l`initiative.



Ensuite parce qu`elles viennent récompenser les efforts importants et les sacrifices qu`ensemble nous avons consenti dans cette période de crise.



C`est pourquoi je voudrais adresser mes remerciements aux responsables des trois institutions financières qui ont compris le sens de notre démarche et les enjeux de notre programme.



Je remercie la France dont l`appui a été décisif, dans les négociations avec la Banque mondiale d`abord et avec la Bad ensuite.



Je félicite le Premier ministre, le Gouvernement, et tous ceux qui ont conduit les négociations à divers niveaux, durant toutes ces années.



Mes chers compatriotes,



Les efforts que nous avons consentis, les sacrifices que nous nous sommes imposés, viennent de connaître un premier aboutissement. En effet, au cours de ces années de crise, nous avons consacré des ressources importantes au remboursement des dettes extérieures.



Ainsi, en 2006, 2007 et 2008, les paiements que nous avons effectués au titre de la dette extérieure ont été les suivants: 36,8 milliards en 2006, 93 milliards en 2007, 251,8 milliards, dont 151,49 à la Banque mondiale en 2008. En retour, nous avons reçu 9,86 milliards en 2006, 37,13 milliards en 2007 et 60,14 milliards en 2008.



On note que durant cette période, les montants des remboursements ont été plus élevés que les financements reçus par notre pays. Pour la seule année 2008, le transfert net en faveur de la Banque mondiale a été de 151,5 milliards de francs CFA.



C`est dans ces chiffres qu`il faut chercher les raisons des difficultés financières de l`Etat. Quand un pays qui est en crise consacre autant d`argent au paiement des dettes extérieures, on peut comprendre qu`il ait quelques difficultés à honorer tous ses engagements intérieurs. C`est pourquoi, tout en comprenant les difficultés des créanciers de l`Etat, je me félicite de ce que leur patience ait favorisé le résultat actuel.



Ce résultat est important mais il ne doit pas nous faire oublier que notre crise n`est pas encore terminée. Le premier défi que nous avons à relever est celui de la bonne utilisation des appuis que nous recevons. C`est une question de responsabilité. Je veillerai à ce que la gestion de ces fonds se fasse dans la rigueur et la transparence. J`y attache du prix.



Avec le point de décision, notre pays va bénéficier d`une remise partielle de ses dettes. Je tiens, là aussi, comme il se doit et comme nous nous y sommes engagés, à ce que les ressources du Ppte viennent financer notre stratégie de réduction de la pauvreté. Le coût de cette stratégie est évalué à 17 000 milliards sur une période de 5 ans. Cette perspective valait les efforts que nous avons consentis.



C`est pourquoi, malgré la situation de crise où nous sommes, et précisément parce que nous sommes en crise, j`ai choisi de ne pas compromettre l`avenir du pays. Je suis conscient des difficultés des entreprises de Côte d`Ivoire. Je sais combien il est important pour les entreprises, pour les travailleurs comme pour les ménages, que l`Etat puisse honorer régulièrement ses engagements intérieurs. Mais précisément, à cause de ces difficultés, et pour pouvoir y faire face durablement et efficacement, il fallait accepter les sacrifices. Et vous les avez acceptés.



Pourquoi cette option en 2007 ?



- D`abord parce que, avec l`Accord Politique de Ouagadougou, les perspectives de sortie de crise sont devenues plus nettes.



- Ensuite, parce que nous sommes conscients qu`avec le poids de la dette extérieure sur nos finances publiques, nous ne pouvons pas envisager une relance vigoureuse de l`économie, sans le soutien et un appui conséquent de la communauté financière internationale.



Je rappelle qu`en octobre 2000, au moment où j`arrivais à la Présidence de la République, notre pays était mis au ban des institutions financières internationales.



J`avais alors fixé comme priorité au gouvernement dirigé par le Premier ministre Pascal Affi N`Guessan, de rétablir nos relations financières internationales. Et nous avons gagné la confiance de nos partenaires bilatéraux et multilatéraux.



Dès le mois de mars 2002, nous avions signé un Programme de même nature que celui qui vient d`être approuvé par le Fmi, la Frpc. Ce programme avait été effectivement mis en œuvre. Il avait fait l`objet d`une revue concluante au mois de septembre 2002. Nous étions alors sur le point d`être admis au point de décision du Ppte quand il y a eu la guerre.



Depuis lors, nous consacrons l`essentiel de notre énergie au règlement de cette crise née de la guerre. D`abord parce que nous avons besoin de la paix, pour nous-mêmes, et nous avons besoin de la paix pour développer notre pays. Ensuite parce que la confiance des autres en nous dépend de notre capacité à préserver la paix et la stabilité chez nous.



Avec la signature de l`Accord Politique de Ouagadougou, le 4 mars 2007, nous avons recréé les conditions de la confiance.



La confiance dans la capacité de la Côte d`Ivoire de se relever, de se reconstruire, de poursuivre son programme de lutte contre la pauvreté et d`équipement du pays en infrastructures et services de base.



Alors, nous avons décidé de reprendre les négociations avec les partenaires financiers. Ce que nous ne pouvions pas faire tant qu`il n`y avait pas de perspective sérieuse de paix. En juillet 2007, nous avons signé un programme soutenu par une Assistance d`urgence post-conflit, (Aupc) qui a été exécuté durant un an et demi.



Parallèlement à l`exécution de ce programme, nous avons élaboré et adopté notre Document de stratégie pour la réduction de la pauvreté (Dsrp), étape indispensable pour arriver aux décisions que viennent de prendre le Fmi et la Banque mondiale.



Mes chers compatriotes,



Les appuis financiers dont nous bénéficions devront être consacrés essentiellement à apurer les arriérés intérieurs. Nous avons plusieurs priorités de dépenses. Il est urgent d`accorder une attention particulière aux dépenses qui peuvent relancer l`emploi.



A cet égard, je demande de privilégier les fournisseurs de l`Etat, notamment les petites et moyennes entreprises qui ont été lourdement touchées par la crise et dont les difficultés se traduisent par l`augmentation du chômage.



Ensuite il faut permettre aux collectivités territoriales, (les mairies, les départements et les districts) d`accomplir leur mission de réaliser le développement à la base.



Enfin il faut améliorer les transferts au profit de nos représentations diplomatiques qui sont confrontées depuis un certain temps à des difficultés sérieuses. C`est une question de crédibilité de l`Etat ivoirien.



Le succès du redressement demande la paix et la stabilité dans notre pays. Nous avons démontré aux yeux du monde que nous sommes capables de dépasser ce qui nous divise pour nous entendre sur l`essentiel, sur ce qui nous unit autour de la Côte d`Ivoire.



J`ai confiance dans l`Accord Politique de Ouagadougou. Allons de l`avant. Ce que nous venons d`obtenir avec le point de décision pour le Ppte, c`est pour nous aider à relever la tête pour mieux appréhender l`ampleur des tâches qui nous attendent sur la voie du développement de notre pays.



L`aide extérieure n`est pas une fin en soi. C`est un apport qui ne vaut que par la capacité du pays à faire preuve de transparence dans la gestion, de bonne gouvernance et de justice sociale dans l`allocation des ressources.



Il faut se placer d`ores et déjà et dès aujourd`hui au-delà de l`objectif de la lutte contre la pauvreté pour viser la lutte pour le développement. Mon ambition est de faire de la Côte d`Ivoire un pays développé, c`est-à-dire un pays industrialisé. La guerre a contrarié nos projets. Elle ne les a pas compromis. Le soutien que nos partenaires viennent de nous accorder devrait nous conforter dans la voie que nous avons choisie.



Nous devons donc renforcer nos capacités internes de mobilisation des ressources.

L`aide internationale peut aider un pays à sortir d`une mauvaise passe. C`est sa vocation. Mais c`est toujours avec ses propres ressources, avec le travail de ses fils et de ses filles qu`un pays passe d`un stade de développement à un autre. La crise se termine. C`est maintenant que nous devons travailler à mettre la Côte d`Ivoire sur la voie du développement de façon durable. Dans la paix et dans la solidarité.

Que Dieu bénisse la Côte d`Ivoire!

Je vous remercie !

Laurent Gbagbo



Option : Et voilà... le point attendu !

Après l’approbation, par le Conseil d’administration du Fmi, de son nouveau programme économique, appuyé par la Facilité pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance (Frpc), le 27 mars dernier, la Côte d’Ivoire vient d’engranger un autre point. Le point de décision de l’initiative en faveur des pays pauvres très endettés (Ppte). L’atteinte de cette étape cruciale dans le processus d’annulation de la dette extérieure, rendue publique hier, 31 mars, par la Banque mondiale à l’issue de son conseil d’administration tenu à Washington, associée à l’approbation du nouveau programme économique, est sans aucun doute une très bonne nouvelle. Ce d’autant que les deux événements, enregistrés en l’espace de cinq jours, mettent le pays dans une posture beaucoup plus optimiste. Autrement dit, la Côte d’Ivoire peut envisager sereinement son avenir, et celui de ses filles et fils. En effet, si le programme économique est un catalyseur puissant de mobilisation de la communauté financière internationale, de tous les bailleurs de fonds qui comptent dans le monde, en faveur d’une nouvelle dynamique nationale axée sur la production, la création de richesses et d’emplois afin de faire reculer durablement la pauvreté dans le pays, le point de décision, lui, ouvre la voie aux négociations avec les plus grands créanciers de l’Etat. Notamment le Club de Paris et celui de Londres qui regroupent, respectivement, les créanciers bilatéraux et commerciaux. Ces créanciers, on peut l’affirmer, seront sensibles au dossier ivoirien au regard des efforts fournis par l’Etat ivoirien dans une période de crise et post-crise particulièrement sensible et délicate. La rigueur et la transparence qui ont guidé, ces dernières années, la gestion de l’économie ivoirienne en général et des finances publiques en particulier, sont des indicateurs de performance qui devraient assurément jouer en faveur de la Côte d’Ivoire. D’ailleurs, c’est fort du soutien de la communauté internationale que le ministre de l’Economie et des Finances ira discuter avec les créanciers dans l’optique de parvenir à une soutenabilité de la dette extérieure, en attendant de parvenir au point d’achèvement de l’initiative Ppte. Qui se traduira par l’annulation pure et simple d’un volume substantiel de cette dette. Ce qui permettra au pays de disposer de ressources Ppte, estimées à 500 milliards de FCFA environ par an, sur plusieurs années.

Si la Côte d’Ivoire est arrivée au point de décision, c’est aussi parce que son Document de stratégie de réduction de la pauvreté (Dsrp), dont l’élaboration s’est faite sur une base consensuelle, est pertinent et exprime, de façon claire et détaillée, la vision de l’Etat et les moyens et méthodes qu’il entend utiliser pour éradiquer la pauvreté. Laquelle a atteint des proportions inquiétantes (48,94% de la population devenue pauvre du fait des crises successives). Mobiliser massivement des ressources financières, matérielles et humaines dans une situation de tensions de trésorerie pour travailler sur la stratégie de réduction de la pauvreté est aussi l’expression d’une volonté forte des tenants du pouvoir politique ivoiriens. Aidés en cela par des bailleurs de fonds et partenaires au développement dont la foi dans le pays n’a jamais failli.

Approbation du Programme économique avec le Fmi. Eligibilité au point de décision de l’initiative Ppte. Les Ivoiriens peuvent pousser un ouf de soulagement. Parce que leurs autorités, à commencer par le Chef de l’Etat et son Premier ministre, mais aussi le ministre d’Etat, ministre du Plan et du Développement, et le ministre de l’Economie et des Finances, ont réussi à redonner espoir. L’espoir d’une renaissance économique et sociale ivoirienne, d’un autre miracle ivoirien. Même si le chemin devant y conduire reste encore long et exige la poursuite des réformes structurelles engagées par l’Etat.

par Gooré Bi Hué



Communiqué conjoint Fmi-Banque mondiale sur le point de décision

L’Association internationale de développement (AID) de la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI) ont convenu que la République de Côte d’Ivoire était admise à recevoir un allégement de la dette au titre de l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE) renforcée, lui permettant ainsi d’atteindre le point de décision prévu par cette Initiative. La Côte d’Ivoire devient le 35ème pays à atteindre son point de décision.

La Côte d’Ivoire recevra un allégement de dette intérimaire de la part de certains créanciers, mais pour pouvoir bénéficier d’un allégement irrévocable au point d’achèvement, le pays va mettre en œuvre un large éventail de réformes. La Côte d’Ivoire a notamment adopté une stratégie de réduction de la pauvreté (SRP) en 2009 et elle a établi des antécédents de mise en œuvre dans le cadre des programmes économiques appuyés par l’Assistance d’urgence post-conflit (AUPC) du FMI. Pour atteindre le point d’achèvement la Côte d’Ivoire devra mettre en application sa SRP pendant au moins un an, et préserver la stabilité macroéconomique au vu d’une exécution satisfaisante de son programme économique appuyé par un accord au titre de la Facilité pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance (FRPC). Le pays devra en outre mettre en œuvre les déclencheurs du point d’achèvement flottant, lesquels couvrent des réformes structurelles et sociales clés, notamment dans les domaines de la gestion des finances publiques, de la gestion de la dette et de la gouvernance.

Outre l’allégement prévu par l’Initiative PPTE, la Côte d’Ivoire bénéficiera d’un allégement au titre de l’Initiative d’allégement de la dette multilatérale (IADM) lorsqu’elle atteindra le point d’achèvement PPTE. Les autorités disposeront ainsi davantage de ressources pour combattre la pauvreté.

M. John Lipsky, Directeur général adjoint du FMI, a déclaré: “La Côte d’Ivoire a rempli les conditions pour atteindre le point de décision dans le cadre de l’Initiative PPTE renforcée. Pour atteindre le point d’achèvement, La Côte d’Ivoire devra réaliser des performances satisfaisantes dans le cadre de la FRPC soutenue par le FMI, mettre en application la stratégie de réduction de la pauvreté pendant au moins un an, appliquer des mesures proposées, notamment des réformes structurelles et sociales clés, notamment dans les domaines de la gestion des finances publiques, de la gestion de la dette et de la gouvernance. A ce stade, la Côte d’Ivoire bénéficiera d’un allégement au titre l’Initiative d’allégement de la dette multilatérale (IADM). La Côte d’Ivoire est aussi qualifiée à bénéficier de la réduction de la dette dans la période allant de la période de décision à la période d’achèvement, conformément aux normes de l’Initiative PPTE”.

M. Arend Kouwenaar, Chef de mission du FMI en Côte d’Ivoire, a déclaré: «Après plus d’une décennie de troubles civils et de difficultés économiques, la Côte d’Ivoire s’est engagée sur la voie du redressement économique et de la normalisation politique. En dépit des retombées négatives du ralentissement de l’économie mondiale, les résultats enregistrés dans le cadre des programmes appuyés par l’AUPC du FMI ont été globalement satisfaisants. D’importants dérapages se sont certes produits dans l’exécution de grands travaux publics, mais la Côte d’Ivoire a globalement assuré la maîtrise de ses politiques budgétaires. Malgré une situation post-conflit délicate, le pays a entrepris d’importantes réformes de gestion des finances publiques pour atteindre le point de décision de l’Initiative PPTE. Des politiques macroéconomiques prudentes, une gestion plus transparente des finances publiques et une gouvernance renforcée dans la gestion des ressources publiques seront essentielles pour assurer la viabilité de la dette et entretenir la croissance tout en créant la marge de manœuvre nécessaire pour financer les dépenses de lutte contre la pauvreté et de promotion de la croissance».

M. [Madani M. Tall], Directeur de la Banque mondiale chargé de la Côte d’Ivoire, a déclaré: «Nous sommes heureux que la Côte d’Ivoire ait atteint le point de décision de l’Initiative PPTE. Le pays devrait remplir sans tarder les conditions qui lui permettront de franchir le point d’achèvement et, partant, de bénéficier de l’intégralité de l’allégement de la dette. Il pourra ainsi libérer des ressources pour financer des dépenses cruciales dans les secteurs sociaux. Dans le cadre du programme PPTE la Côte d’Ivoire reste déterminée à améliorer la gouvernance, à promouvoir la transparence de la gestion des finances publiques et de la dette, à accélérer les réformes dans les secteurs de l’énergie, du café et du cacao, et à renforcer les programmes sociaux conformément aux déclencheurs définis dans la perspective du point d’achèvement. La mise en œuvre de ces réformes est vitale pour accélérer la croissance économique et accroître les niveaux de vie».

Particularités de l’opération d’allégement de la dette

La dette publique extérieure contractée ou garantie par l’État ivoirien était estimée à 14,3 milliards de dollars des ÉU en valeur nominale à la fin décembre 2007, soit 12,8 milliard de dollars des ÉU en valeur actuelle nette (VAN).

L’allégement au titre de l’Initiative PPTE renforcée est estimé à 3 milliards de dollars des ÉU en VAN, soit une réduction de 23,6 % de la dette après les mécanismes d’allégement classiques. Quand la Côte d’Ivoire franchira le point d’achèvement de l’Initiative PPTE, elle devrait bénéficier aussi d’un allégement au titre de l’IADM de la part de l’AID, du FafD et du FMI, des montants projetés à quelque 1,693 milliard de dollars des ÉU, 311,6 millions de dollars des ÉU, et 9,3 millions de dollars des ÉU, respectivement.

La Côte d’Ivoire a déjà reçu près de la moitié de son allégement estimé au titre de l’Initiative PPTE à la faveur de rééchelonnements et d’opérations d’apurement des arriérés concessionnels passés.

L’allégement de dette classique, l’allégement au titre des initiatives PPTE et IADM et l’allégement bilatéral consenti en sus de l’Initiative PPTE auront pour effet conjugué de ramener la VAN de la dette à 75 % des recettes budgétaires en 2011, contre 327 % en 2007.



Note aux rédacteurs :

Le revenu national brut (RNB) par habitant de la Côte d’Ivoire était de 960 dollars des ÉU en 2007. La période d’instabilité politique et de troubles civils ont entraîné un déclin économique et, partant, une diminution des niveaux de vie et une aggravation de la pauvreté. Le PIB réel par habitant a chuté de 15 % entre 2000 et 2006. L’incidence de la pauvreté s’est sensiblement accrue, de 38,2 % en 2002 à 48,9 % en 2008. En 2007 le pays était classé à la 166ème position (sur 177 pays) de l’indice de développement des Nations Unies. En 1999 il occupait la 154ème position (sur 174 pays).

L’Initiative en faveur des PPTE

En 1996, la Banque mondiale et le FMI ont lancé l’Initiative en faveur des PPTE pour créer un cadre de référence dans lequel tous les créanciers, y compris les créanciers multilatéraux, peuvent accorder un allégement de la dette aux pays les plus pauvres et les plus lourdement endettés du monde, et ainsi réduire les contraintes exercées par la charge du service de la dette sur la croissance économique et la lutte contre la pauvreté dans ces pays. Trois améliorations ont été apportées à l’initiative en 1999 :

Un allégement plus profond et plus large. Les seuils de la dette extérieure ont été abaissés par rapport au mécanisme initial. En conséquence, davantage de pays ont été admis à recevoir un allégement de la dette et certains sont devenus admissibles à un allégement plus élevé.
Un allégement plus rapide. Certains créanciers ont commencé à accorder un allégement intérimaire de la dette immédiatement au «point de décision». En outre, le nouveau mécanisme a permis aux pays d’atteindre le «point d’achèvement» plus rapidement.

Un lien plus étroit entre l’allégement de la dette et le recul de la pauvreté. Les ressources libérées doivent être utilisées à l’appui de stratégies de réduction de la pauvreté établies par les autorités nationales à l’issue d’un vaste processus de consultations.



À ce jour, 35 PPTE ont atteint le point de décision et 24 d’entre eux ont atteint le point d’achèvement.



Focus/ Philippe Ong Seng (Administrateur de la Banque mondiale)



au ministre d’État Paul Antoine Bohoun Bouabré (Administrateur de la Banque mondiale pour la Côte d’Ivoire)



Monsieur le Gouverneur,



J`ai l`honneur et le plaisir de vous informer que le Conseil d`administration de la Banque mondiale, réuni en sa séance plénière du mardi 31 mars 2009, a examiné trois importantes dossiers concernant 1a Côte d`Ivoire : (i) l`éligibilité de la Côte d`ivoire au point de décision de décision de l`initiative Ppte; (ii) l`évaluation faite par le personnel de la Banque et du Fmi du document de stratégie de lutte contre la pauvreté; et (iii) le projet d`un don de 150 millions de dollars en appui au programme de réformes dans le secteur de la gouvernance et de la transparence dans les secteurs de l`énergie, du cacao et du système financier.



Les discussions se sont déroulées sur un ton positif et encourageant, malgré quelques réserves exprimées par un petit nombre d`administrateurs. Dans leur large majorité, les administrateurs ont salué la qualité des documents et ont reconnu que la Côte d`Ivoire est éligible au point de décision de l`initiative Ppte. Ils ont loué le gouvernement pour la finalisation du Document de stratégie de réduction de la pauvreté et, en particulier, pour l`approche participative adoptée malgré le contexte social difficile. Par ailleurs, ils ont approuvé le don de 150 millions de dollars des Etats-Unis pour la poursuite des réformes dans les secteurs de l`énergie, du cacao et du système financier.

En dépit de leur soutien, les administrateurs ont reconnu la fragilité de la situation et ont souligné l`importance d`achever la réunification du pays en vue de consolider la paix et la stabilité du pays. Ils ont souligné les défis auxquels la Côte d`Ivoire doit encore faire face et la nécessité du soutien de la communauté internationale.

Au total, ces discussions ont montré une juste reconnaissance des efforts de réforme de la Côte d`Ivoire et confirmé l`encouragement des partenaires au développement du pays à la poursuite des réformes.

Tout en vous réitérant ma disponibilité à œuvrer au renforcement de la coopération entre la Banque mondiale et votre pays, je vous prie de croire, Monsieur le Gouverneur, à l`assurance de ma haute et fraternelle considération.

Philippe Ong Seng
Administrateur
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