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Société Publié le jeudi 2 avril 2009 | L’intelligent d’Abidjan

Des directeurs d’hôpitaux et un expert en passation de marchés publics se prononcent sur la privatisation des laboratoires publics

Dr Thès Eulalie, directrice générale de l’hôpital de Tabou : « La privatisation des services va mettre fin au règne des tricheurs et des détourneurs de réactifs»

«Aujourd’hui, de nombreux défis se posent à l’Etat si bien qu’il n’a pas les moyens de renouveler le matériel bio médical. Pour équiper les formations sanitaires, la concession sur la base du modèle BOT de certains services notamment ceux du laboratoire et de la radio, se présente comme une solution à explorer et que des directeurs explorent actuellement. Mais, ils l’explorent parce que ce système a montré ses résultats en Cardiologie au CHU de Treichville à travers l’Institut de Cardiologie. Ce système tant décrié par les techniciens, qu’en est-il au juste ? Il s’agit de transférer la gestion momentanée du service à un privé qui, en retour, doit équiper l’hôpital et l’alimente également en recettes. Avec ce système, le technicien a même plus de moyens pour travailler et bien travailler. Seulement, il ne peut plus tricher ou encore détourner les réactifs comme nous le constatons malheureusement dans des structures de la place. Avec ce système, l’hôpital ne paie rien. L’opérateur vient avec une équipe technique, un plateau technique rénové et réalise même des examens spéciaux. L’hôpital, à mon avis, gagne car la privatisation va diminuer la fraude et les détournements de réactifs qui réduisent considérablement les recettes de l’hôpital. Sans cela, nous ne pouvons plus fonctionner. Le Fonctionnement d’Action Sanitaire est passé de 500 millions à 50 millions de francs du fait des détournements. L’organisation parallèle mise en place pour recevoir directement le malade, lui prendre l’argent, l’empocher et faire ses examens, va prendre fin et les recettes vont s’accroître. Je pense qu’on doit privatiser même la radiologie pour mettre fin au règne des tricheurs et les détourneurs de réactifs. La privatisation est donc une bouée de sauvetage qui a montré ses résultats en Cardio où tout marche bien. Ce qu’il faut craindre, est qu’on fasse du privé sur le matériel de l’hôpital. C’est tout».

Gballou Angénor, directeur de l’hôpital général de Bonoua: «La privatisation des services des hôpitaux publics ne repose sur aucun acte juridique »

«La question relative à la privatisation des services des hôpitaux publics est pour moi un sujet de politique de santé. Avant on ne payait pas les consultations dans les hôpitaux publics. Il y a eu en 1979 la réunion de Almahatta en Russie où les décideurs du système de santé publique ont refléchi sur une nouvelle politique de santé. Ces réflexions ont débouché sur l’initiative de Bamako au Mali où il a été retenu le principe de l’implication des populations dans la gestion des services de santé. Dans le prolongement des décisions de Bamako, il a été retenu que ceux qui arrivent en consultation, paient. Alors, cela a débouché sur le système des recouvrements. Il s’agissait de faire en sorte que les hôpitaux disposent de ressources, de recettes pour faire face aux besoins. Et aujourd’hui, cela est appliqué. Si demain, on réfléchit sur la privatisation des services des hôpitaux publics, une décision gouvernementale sera alors prise. Pour le moment, ce n’est pas le cas. Ni dans l’ancien plan national de Développement de la Santé (PNDS), ni dans le nouveau, il n’est mentionné nulle part que nous devons privatiser des services notamment les laboratoires. Ce n’est pour le moment pas une décision gouvernementale. Quand le besoin se fera sentir pour une grande qualité des soins, alors le gouvernement qui ne prend pas de décision qui va à l’encontre des intérêts de la population, appréciera. Pour l’instant, la privatisation des services des hôpitaux publics ne repose sur aucun acte juridique. Sachons que tout acte administratif sans fondement juridique est nul et de nul effet, nous nous engageons dans la privatisation. Il est dit dans les coulisses que cela se fait dans des hôpitaux de la place. Je ne suis pas marabout pour savoir ce qui se passe ailleurs. Ce que je sais, c’est que le laboratoire de l’hôpital Bonoua n’est pas privatisé et il ne le sera pas sans décision gouvernementale ».


Diabaté Kaladji, Chef de projets à la direction des Marchés Publics : « Les CHU sont des autorités contractantes »

«Depuis un moment, l’on parle de passation de marchés dans les hôpitaux. Ce que je peux dire là-dessus, est que les CHU sont des autorités contractantes. Ces structures ont un budget autonome et peuvent contracter des marchés qui ne doivent pas aller au-delà de 30 millions. A ce seuil, le marché doit passer par la DMP. En l’espèce, à notre niveau, quand le budget est notifié, avec le correspondant du ministère de la Santé au sein de la DMP, on détermine les lignes à marché. Ensuite, on prépare le dossier, puis s’ensuit la concurrence précédée par l’appel d’offres. Une commission se réunit et choisit le meilleur. Je dois dire que dans le milieu de la santé, les responsables procèdent par BOT qui est une procédure particulière. L’opérateur retenu qui n’est pas passé par la DPM, construit et opère à ses frais. Au bout d’une période, il transmet les équipements, les infrastructures au contractant. A ce niveau, le choix de l’opérateur se fait par appel d’offres et tout appel d’offres doit faire l’objet d’une publicité. Pour éviter cette publicité qui peut déboucher sur plusieurs candidatures, il peut avoir un gré à gré pour l’attribution du marché. C’est généralement cette procédure que les responsables des hôpitaux utilisent bien souvent pour attribuer un marché. Cette procédure est autorisée sous certaines conditions que sont entre autres, l’extrême urgence, la spécificité de la tâche et les secrets d’Etat. Maintenant, la procédure de passation du marché est-elle régulière ou non ? Pour y répondre, il convient de voir si les conditions du gré à gré soulevées sont fondées. Et dans le milieu de la santé, il est évident que l’extrême urgence est un argument irréprochable».

Propos recueillis par M.T.T (Photo : M.T.T)
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