Une dizaine d’usines fermées, une production en baisse, un chômage technique chronique, plus de 6.000 emplois perdus. La filière forêt-bois est sinistrée. Les raisons de la descente aux enfers sont multiples : la fraude généralisée, l’inexistence d’un marché local et sous-régional, la faiblesse de la compétitivité des produits usinés, l’absence de renforcement des capacités de production. Le diagnostic établi, mercredi, à Grand-Bassam par le ministre de l’Environnement, des Eaux et Forêts est inquiétant. Selon Daniel Ahizi, la situation de la filière forêt-bois est exacerbée par la crise financière internationale et économique. En organisant un atelier sur « L’état actuel et le fonctionnement de la filière forêt-bois », le ministre espère trouver des solutions capables de relancer, mieux de redynamiser le secteur au bénéfice des acteurs. En effet, les faiblesses structurelles de cette filière qui regroupe l’exploitation forestière, l’industrie du bois, le charbon de bois et autres produits secondaires nécessitent de profondes reformes. Il s’agit de renforcer la représentativité des entreprises ivoiriennes au niveau de l’industrie du bois. Sur environ 88 unités industrielles de transformation en activité, 29% seulement proviennent de capitaux ivoiriens. Quant à l’exploitation forestière, 60% représentent des intérêts extérieurs. En ce qui concerne les produits secondaires, ils baignent dans l’anarchie. « Nous sommes concurrencés et bouleversés par la fabrication d’autres produits à base de bois », a critiqué M. Ahizi. Il est question de donner aux acteurs de la filière, la maîtrise de leur métier, la capacité d’organiser leur effort et la connaissance des phénomènes économiques mondiaux pour donner espoir à la filière. M. N’Goulet Kouamé Bediabé, coordonnateur de l’atelier, a indiqué que des études diligentées par la direction de la production et des industries forestières sur « l’état actuel et le fonctionnement des unités industrielles de la filière bois » révèlent que les nombreux cas de licenciements et de chômage technique continuent certainement de progresser malgré les appels de détresse des exportateurs et des usiniers de la filière. La baisse des commandes à l’exportation de bois d’œuvre et d’ébénisterie qui était de 30% en octobre 2008 est passée à plus de 50% aujourd’hui.
Emmanuelle Kanga Correspondante régionale
Emmanuelle Kanga Correspondante régionale