Les mauvaises habitudes ont la peau dure. Et cela colle comme une sangsue aux refondateurs qui nourrissent toujours le secret espoir de tout contrôler en Côte d’Ivoire. Ainsi, après avoir fait main basse sur la filière café-cacao, le pétrole et sur certains pans de l’administration ivoirienne, le FPI (Front populaire ivoirien) lorgne du côté du secteur de l’électricité. Après plusieurs tentatives infructueuses de remise en cause du contrat du groupe CIE-SODECI, le FPI a décidé de remettre le couvert cette année. En attendant d’actionner ses «jeunes patriotes », il a décidé de susciter une crise au sein de ce groupe. Des revendications non corporatistes sont même mises sur la table par le FESENE (Fédération des syndicats de l’eau et de l’énergie), dirigée par M. François Yao, ex-secrétaire général du SYNASEG, qui aujourd’hui a été licencié pour abandon de poste. La FESENE avait même décidé d’organiser une grève sauvage en sabotant les installations de la CIE et de la SODECI à partir du 23 mars 2009. Au motif que « les autorités de tutelle font l’objet d’un mépris et d’un manque de respect de la part de CIE et SODECI ; la CIE n’a pas respecté l’engagement pris par le groupe Bouygues, de réaliser les travaux d’investissement de 1000 milliards FCFA pour le secteur ; l’ouverture du capital de FINAGESTION à hauteur de 30 % à un tiers, sans en informer l’autorité concédante ». Pourquoi une fédération syndicale censée lutter pour les travailleurs, va-t-elle défendre des motifs qui relèvent exclusivement de l’autorité de tutelle, le ministère des Mines ? Il n’ y a pas à chercher une aiguille dans une botte de foin. C’est une crise artificielle qui est créée. La preuve, la FESENE, minoritaire, n’a pu mettre à exécution sa grève. Donc, parce qu’elle a été reçue par le président Gbagbo avec la complicité du ministre Monnet qui a en charge le département des Mines et de l’Energie. M. Monnet, chose curieuse, a toujours observé un mutisme face à la menace de coupure d’eau et d’électricité alors qu’il devait rappeler à l’ordre la FESENE et organiser une rencontre avec la Direction générale. Surtout que la FESENE avait commencé à sillonner les parlements et Agoras. Mais l’on a fini par comprendre l’absence de réaction du ministre des Mines puisque M. Yao François, « a toujours affirmé à qui veut l’entendre, qu’il bénéficie du soutien des premiers responsables du ministère des Mines et de l’Energie ». L’on n’a donc pas été surpris de voir le ministère des Mines tenir la main de la FESENE pour la conduire chez le premier des refondateurs. La grève ayant échoué bien avant qu’ils ne se rendent chez le Chef de l’Etat, à quoi répondait donc cette audience ? Si, ce n’était pour vilipender la CIE. L’on comprend aisément pourquoi ce département ministériel, au cours d’une récente rencontre avec le collectif des travailleurs de la CIE a révélé que malgré la privatisation, cette compagnie n’a rien fait. On imagine aisément ce qui a bien pu se dire entre le ministre Monnet, la FESENE et le Président Gbagbo au sujet de la CIE. Et l’on peut deviner aisément aujourd’hui qui sont ces commanditaires qui, tapis dans l’ombre, actionnent ces syndicalistes intégristes, notamment la FESENE. En vue de les amener à faire des revendications non syndicales. Le constat est clair : le FPI qui a déjà des hommes sûrs au niveau de la filière café-cacao, pétrole, du Port Autonome d’Abidjan, du Port de San Pedro, de la Douane et dans bien d’autres secteurs, veut contrôler le secteur de l’électricité où il estime n’avoir aucun droit de regard. Et où la manne financière n’atterrit pas dans sa gibecière. Pour ce faire, ce parti veut griller la compagnie et délester de ses pouvoirs ceux qui la dirigent. Ce, en la vouant aux gémonies. Et pour le FPI, tant pis s’il y a de l’électricité dans l’air.
Jean Eric ADINGRA
Jean Eric ADINGRA