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Politique Publié le jeudi 2 avril 2009 | Le Nouveau Réveil

Après 15 jours de détention à la Maca - Gnamantêh au sujet de son arrestation : "Je suis tombé dans un traquenard" - Les ex-prévenus Gnamantêh et Eddy Péhé ont répondu aux questions de la presse

Hervé Makré (Le Jour Plus)
Grand frère Gnamantêh, je voudrais que vous nous fassiez le film de votre détention. Le premier jour, dans quel état d'esprit étiez-vous lorsque vous rentriez à la Maca ? Comment l'avez-vous vécu ? Dites-nous ce qui s'est passé ?

Je voudrais aussi demander au Directeur de publication Eddy Péhé, pendant que Gnamantêh était arrêté, on nous a informé que vous aviez fermé tous vos portables. Vous étiez injoignable. Aviez-vous peur de recevoir aussi un coup de fil du procureur ? Pourquoi tous vos portables étaient-ils éteints ?

Eddy Péhé : Je voudrais qu'on me permette de répondre avant Gnamantêh parce qu'il a une histoire, je dirais très pathétique, à raconter.

Effectivement je n'étais pas joignable sur mes portables. Je voudrais préciser que j'ai les cinq puces de tous les cinq réseaux mais à la gendarmerie, j'ai donné un seul numéro plus le fixe. Et donc, je suis sorti de chez moi un jeudi matin, à 13h on arrête Gnamantêh, et on appelle sur le fixe trois fois, - puisque je n'ai pas dit à quelqu'un -, Chez moi, lorsqu'on pose la question de savoir où j'étais, ils ont répondu : il n'est pas là. Il est allé où ? On ne sait pas ! On ne pouvait pas non plus me joindre sur les portables mais j'étais sur l'espace d'Abidjan. J'ai pu joindre le DG avec qui j'ai échangé, il m'a donné des conseils. Je n'avais pas peur mais le plus souvent, les courageux ne vont pas jusqu'au bout de leur combat quand il s'agit de s'offrir à des gens qui n'ont aucune notion de la morale, qui ont un mépris royal de la mort et de la liberté. Alors, il fallait rester prudent.
Gnamantêh : Merci Makré de me poser cette question. Mais avant de répondre à votre question, vous me permettez d'abord d'adresser mes remerciements, en premier lieu, à notre père, notre très cher père, son excellence Henri Konan Bédié qui dès les premiers instants a pris à bras le corps le problème et qui a constitué un collectif d'avocats pour défendre notre cause, notre cause commune et aussi à tous les présidents du RHDP et le ministre Amadou Soumahoro qui est là, a pris position en notre faveur. Et le Président Bédié en actionnant toutes ses actions, si je peux m’exprimer ainsi, a mis au premier plan, le professeur Djédjé Mady avec tout le PDCI et j'ai eu vraiment chaud au cœur en lisant sur "Le Repère", le PDCI-RDA demande la libération de Gnamantêh sans condition. Comprenez que quand on est dans ces conditions, on ne peut qu'être serein et je voudrais donc les remercier.

Et à travers le professeur Djédjé Mady, tout le PDCI-RDA et principalement notre maman, notre sœur, madame Dao, qui était le jour du procès en jogging, pour dire, je suis venue pour le combat. Et quand j'ai vu cela, je me suis dit, mais écoutez, Gnamantêh, tu peux disparaître, tu peux mourir heureux avec tout ce que tu vois. Je voudrais aussi saluer la jeunesse du PDCI-RDA, avec à sa tête KKB et notre frère Blé Guirao de l’UDPCI. Le jour du procès, ils ont prouvé qu'ils sont effectivement là et que nous pouvons, comme je l'ai dit tout à l'heure, partir tranquillement, et que la relève est assurée. Et cela m'a fait chaud au cœur.

Je voudrais aussi féliciter, le professeur Djédjé Mady, je l'ai dit déjà, le Forum du PDCI-RDA qui est à notre côté ce matin et tous les clubs de soutien de Côte d'Ivoire et d'ailleurs. J'ai lu les journaux, on a eu le soutien d'Europe, des Etats-Unis et vous comprenez que nous étions vraiment heureux de voir tous ces soutiens.

Nous n'allons pas citer de noms, de peur d'en oublier certains. Mais il y a des gens qui sont allés nous voir à la Maca, des députés. Qu'ils reçoivent aussi ici, nos remerciements. Je voudrais particulièrement m'adresser au collectif des avocats mené par les maîtres Narcisse Aka, Blessy Chrysostome et l'ex-bâtonnier Adjé Luc et leur dire aussi merci. Je voudrais, si vous le permettez, remercier ma famille biologique de Morokro, principalement mon grand frère Koua Ettien Jean Paul qui a perdu cinq kilos en deux semaines. Il y en a un ici avec nous. Ils ont voulu venir, on leur a dit, écoutez, on verra. Je voudrais aussi remercier notre chef de village qui, le jour du procès a envoyé un représentant pour dire va suivre ce qui se passe et vient me porter la nouvelle, Nanan Biti Georges, il s'appelle. Je voudrais aussi remercier la presse nationale et internationale en toutes ses composantes. Leur présence nous a vraiment été d'un grand support.

Je voudrais remercier l'administration de la Maca, depuis le chef de bâtiment jusqu'au directeur, je ne sais pas pourquoi, peut-être que je suis journaliste, vraiment à leurs niveaux, tous les services demandés ont été rendus. Je voudrais, si vous me le permettez saluer mes collègues détenus du bâtiment B, réfectoire 10 dont le chef de chambre s'appelle Adama Sylla, Gbané dit Apaty, Bini Zéké, N'guessan Bi, Sawadogo, NK Sissoko, nous étions 8 dans la même cellule, nous partagions nos repas ensemble.

Je réponds à ta question. Je voudrais aussi remercier le service du poste de police du tribunal d'Abidjan Plateau ; je ne voudrais pas citer de nom, j'ai rencontré l'un de mes élèves et vraiment ils ont été au petit soin. Les autres étaient là-bas et moi j'étais au fréon. De temps en temps en passant, je sifflais quelques canettes. Je voudrais remercier la justice ivoirienne d'avoir dit le droit et même le parquet. Le parquet nous a permis d'expliquer au monde que les offenses en question n'étaient qu'un rappel des faits historiques. Merci surtout à Madame le président du tribunal, Madame le juge Koné Aïssata d'avoir dit le droit. Et comme le professeur Djédjé Mady l'a dit, elle a fait beaucoup, les 40 millions, mon vieux !

Pendant 30 ans, j'ai travaillé, je n'ai pas pu économiser un million. Je voudrais réserver la palme d'or à M. Denis Kah Zion, on ne peut rien dire, il a tout fait et à toute l'équipe du groupe de presse "Le Réveil". D'aucuns diraient, mais c'est normal, vous êtes de la même maison, mais quand nous suivons dans les journaux tout ce qui a été dit, il faut reconnaître que beaucoup d'efforts ont été faits. Les gens me disent, Gnamantêh tu es serein, alors je ne peux qu'être serein et écouter quand les gens viennent me voir, on m'avait donné 4 bancs qui ne pouvaient pas contenir tous les visiteurs. Quelqu'un m'a dit aussi, tu souris, je souris, parce que derrière moi, il y a des hommes et des femmes qui me soutiennent. Et ça, ça ne peut que me rendre serein. Que tous soient remerciés comme on le dit Dieu fera pour eux, grâce à eux, nous sommes là aujourd'hui. Et nous allons répondre maintenant à votre question, cher frère.

Disons que ce jour je suis tombé dans un traquenard tout simplement. Parce que le procureur Diakité Mamadou et moi, nous ne sommes pas des amis, mais nous avons un ami commun. Je suis allé par 2 fois à son bureau en dehors de cette histoire. Alors quand il m'a appelé, je vous fais la confidence, je mangeais l'akpani au vin avec des frères. Tout joyeux, il m'appelle, je lui dis ha ! procureur. Il me dit Gnamantêh, tu as fait comment pour avoir mon numéro ? Alors, je lui ai dit, procureur, je suis passé par 2 fois dans votre bureau, vous m'avez donné votre numéro. Il me dit, passe moi le numéro de maître Blessy. Je lui dis procureur, il se trouve dans mon portable. Je vais vous l'envoyer par Sms. Je coupe, et après il m'appelle la minute qui suit. Et il me dit, ha ! Gnamantêh, tu peux passer me voir, j'ai besoin de te dire quelque chose. Je lui ai dit, je ne suis pas au Plateau, je suis loin d'ici. Il me dit non, non tu viens, c'est juste 5mn, donc j'ai laissé les frères avec qui j'étais, j'ai pris un verre de vin et j'ai couru au Plateau. J'arrive au bureau du procureur. " Bonjour Monsieur le procureur ". Il dit emmenez-le. Je regarde derrière moi, il y avait un monsieur assez corpulent avec un talkie-walkie. Il a dit "suivez-moi ! ". Je l'ai suivi, nous sommes allés au poste de police et puis après ça, on m'a conduit dans un véhicule banalisé. Et je suis arrivé à la Maca. Et c'est tout. La première chose qui m'a frappé c'était le bruit. C'est terrible, c'est infernal. Ces jeunes gens qui sont là. Le jeudi est un jour de réception. On appelle ça jour de communication où les parents vont voir les gens. Il y a des jeunes gens qu'on appelle taxis qui viennent prendre les billets. On écrit votre nom sur un bout de papier et ils viennent vous chercher. Et ça fait tout un bruit infernal. J'ai dit " mais ce n'est pas possible. Qu'est-ce que c'est que ça ? Et quand je me suis retrouvé dans ma cellule, la nuit, il y a une souris qui est venue m'embrasser. Elle est montée sur ma bouche carrément cette souris. Donc voilà un peu la vie. Je ne sais pas si j'ai répondu à ta question (rires…).

Propos retranscrits par CRA et EPA (stagiaires)
Photos: Olga Ottro et Patricia Ziahé
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