Les grandes douleurs sont muettes, dit-on. Mais la douleur était si vive que le chef de l'Etat Laurent Gbagbo a quasiment éclaté en sanglots."Les jeunes gens sont venus faire la fête. Il y a longtemps que les jeunes n'avaient pas vu leur équipe nationale, leurs idoles Kalunho, Kolo Touré et Drogba. Ils étaient donc très nombreux. Ils étaient venus s'amuser, ils ont trouvé la mort…." tentait-t-il d'exprimer. Incapable d'aller jusqu'au terme de son allocution, M. Laurent Gbagbo a simplement abrégé son allocution pour faire place au recueillement. C'était incontestablement le temps fort de la cérémonie d'hommage aux 19 morts et aux 132 blessés officiellement reconnus. Il y avait un monde composite, hier après-midi, sur l'esplanade de la Maison des Anciens combattants au Plateau, juste en face du stade Houphouët-Boigny. Mme Simone Gbagbo, le Premier Ministre Guillaume Soro, les présidents d'institution, les ministres, les Ambassadeurs, le président de la FIF Anouma, l'Etat major des armées et le ministre des affaires étrangères du Benin, Jean Pierre Ahouzou, ont répondu présents pour exprimer soutien et compassion à l'égard des familles des victimes et de la nation. Le président Laurent Gbagbo est arrivé à 15h40. Après les honneurs du détachement militaire placé sous le commandement du Lieutenant-colonel Diarrassouba Zoumana, le chef de l'Etat a pris place dans la loge des officiels. C'est l'Imam Idriss Koudouss qui a ouvert la série des allocutions."Il s'agit de rendre hommage à des fils qui nous ont précédés à la vie intermédiaire. Nous allons faire la Fatiha qui signifie ouverture du bonheur. Qu'ils vivent une vie meilleure à celle vécue ici bas. Que le Seigneur nous guide sur le droit chemin. Méditons ensemble la Fatiha pour le repos de leurs âmes."Tels sont les propos psalmodiés par Koudouss Idriss. L'archevêque d'Abidjan Mgr Jean Pierre Kutwa lui a emboité le pas."Tous rassemblés en ce lieu au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit pour te présenter ces frères. Ils ne savaient pas ce qui les attendait. Toi Miséricordieux d'un seul corps, d'une seule voix, prends pitié d'eux. Ne tiens pas compte de leur péché. Ouvre-leur grand tes bras afin de les accueillir dans ta maison" a renchérie le chef de l'Eglise catholique en Côte d'Ivoire. Puis a parlé le porte-parole des familles des victimes, Kessiè Ouraga, dont l'intervention a créé la polémique sur sa représentativité, à la fin de la cérémonie. Quant au ministre des sports Dagobert Banzio, il a demandé que des mesures visant à sanction les coupables du drame soient prises. Le chef de l'Etat Laurent Gbagbo a fermé la boucle avec une sacré dose d'émotions. Pour finir, il a déposé des gerbes de fleurs sur l'un des lieux du drame à savoir l'entrée du virage A du stade Houphouët-Boigny. C'est sur une note d'amertume que les autorités ont quitté les lieux.
Marc Koffi
Marc Koffi