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Économie Publié le samedi 4 avril 2009 | Le Patriote

Interview. M. Kouadio Koffi N’Da, porte-parole du comité de crise du Synaseg: “Le ministre Monnet cautionne celui qui veut faire disparaître la CIE”

Le Patriote : Comment se porte le synaseg aujourd’hui ?
Kouadio Koffi N’Da : Aujourd’hui le Synaseg se porte très mal. Il n’a plus ses instances au complet. La commission contrôle, le commissariat aux comptes, la trésorerie n’existe plus. Les membres de la commission et du bureau exécutif national sont pratiquement tous partis à la retraite. Le synaseg va très mal. Il est à l’image aujourd’hui d’un appatam qui avait au départ ses 4 pieds, mais aujourd’hui qui ne résiste que sur deux pieds.

L.P. : Mais M. Yao François est toujours membre du synaseg ?
K.K.N. : Oui M. Yao est membre du synaseg. C’est le secrétaire général sortant. Il a eu droit à 2 mandats et à 1 mandat exceptionnel depuis 2001 et celui-ci devrait prendre fin en 2004. Depuis 2004, le mandat de M. Yao a pris fin et nous constatons que jusqu’en 2009 où nous sommes, c’est-à-dire 5 ans après, M. Yao continue d’être le secrétaire général du synaseg. Nous l’avons interpellé sur les dysfonctionnements de notre syndicat, nous l’avons rencontré, nous lui avons remis des documents et il ne nous a jamais reçus.

L.P. Pourquoi ne vous a-t-il pas reçus ?
K.K.N. : Mais, M. Yao nous traite de manipulés, de vendus, de pantins, de félons. Pour lui, nous ne sommes pas des responsables. Ainsi nous ne pouvons pas décrier les dysfonctionnements de notre syndicat. Pourtant, nos textes sont clairs là-dessus. Notre statut et règlement intérieur stipule que si un membre du synaseg constate des dysfonctionnements, il a le droit de saisir le bureau exécutif ou bien de saisir la commission contrôle pour avis. Et pour convoquer le conseil syndical afin de trouver une solution idoine. Dans notre cas, la commission contrôle est composée de trois membres. Le premier est décédé. Le second est parti à la retraite. Le seul membre qui reste, nous l’avons saisi et c’est avec lui que nous sommes partis aux assises de Taabo. Mais bien avant, nous avons saisi le secrétaire général, le 05 février 2009. Nous lui avons transmis les documents ainsi que nos griefs. A sa demande, nous avons porté cela sur papier. Le 09 février, le courrier lui a été déposé mais jusqu’au 28 février il ne nous avait pas reçus. Et pourtant nous lui avions donné 15 jours pour qu’il nous reçoive afin de laver le linge sale en famille. C’est plutôt une conférence de presse qu’il a organisée pour nous traiter de vendus, de manipulés etc.

L.P. : C’est ce qui vous a amenés à suspendre M. Yao ?
K.K.N. : Oui ! Aux assises de Taabo, nous avons décidé, nous membres du synaseg et du comité de crise, de prendre nos responsabilités. A Taabo, nous étions rassemblés avec 12 secrétaires généraux de section, un secrétaire général adjoint et membre de la commission contrôle. Nous étions donc représentatifs et sur les 15 sections, nous avions 12 qui étaient déjà à Taabo. Nous avons alors demandé de suspendre le bureau exécutif et d’aller au congrès pour renouveler les instances du synaseg. Ce congrès est prévu du 22 au 24 avril 2009. Nous allons organiser ce congrès que lui ne voulait pas faire arguant qu’il n’y a pas d’argent. Si le secrétaire général du synaseg ne peut pas organiser un congrès, mais où a-t-il eu les moyens pour créer la Fesene ? Où a-t-il eu les moyens pour faire toutes ses tournées, ses entrées à la Présidence, ses entrées au ministère, le journal télévisé ? ça veut dire quelque part qu’il est financé par quelqu’un d’autre.

L.P. : Lui avez- porté la nouvelle de sa suspension et de la tenue du congrès?
K.K.N. : Bien sûr ! Dès notre retour de Taabo, nous avons déposé les rapports à son secrétariat. Il a lu les rapports et il n’a pas réagi. Bien au contraire, il a continué à nous traiter de tous les maux alors qu’il n’est pas un modèle.

L.P. : C’est-à-dire ?
K.K.N. : M. Yao a géré les fonds de la Mutasec. Les fournisseurs qui ont vendu des appareils électroménagers au niveau de la Mutasec, n’ont pas été payés à ce jour. Lorsque vous prenez l’opération immobilière, celle-ci n’a pas encore vu le jour. On ne sait même pas où est situé le terrain. La fameuse lettre d’attribution, il dit l’avoir obtenue depuis 2003, elle est caduque. Et aujourd’hui, les agents vont à la retraite, sans avoir eu de terrains, sans avoir eu de maisons, sans avoir été remboursés de leurs cotisations. Il a échoué dans tous les domaines de la gestion.

L.P. : Vous saviez cela depuis longtemps. Pourquoi réagissez-vous maintenant ?
K.K.N. : Au fait, à un moment donné, nos aînés ont raté leurs missions. Je le dis parce que les membres fondateurs du synaseg n’ont pas eu le courage de prendre leur responsabilité à un moment donné. Mais aujourd’hui, les temps ont changé. Nous, les jeunes qui sommes dans le synaseg, avons décidé de prendre nos responsabilités. Nous avons alors été appuyés par certains membres fondateurs qui ne veulent plus être comptables des actes de M. Yao.

L.P. : Malgré tout M. Yao a réussi à déclencher une grève avec la Fesene au point d’être reçu par le Chef de l’Etat...
K.K.N. : (Il nous interrompt). C’est une fuite en avant que M. Yao fait. Nous lui avons posé des problèmes qu’il n’a pas résolu. Et nous apprenons qu’il a créé une fédération dénommée Fesene. Mais nous, nous ne reconnaissons pas la fesene. Où se trouve le siège? Quels sont ses membres pour qu’il puisse déposer un mot d’ordre de grève ? C’est plutôt le synaseg qu’il veut utiliser pour assouvir son dessein. Mais nous, au synaseg, nous sommes lucides. C’est pourquoi les membres du comité de crise, dès notre retour de Taabo, avions organisé une série de tournées au niveau de la CIE pour informer nos camarades de ce qui se passe au niveau de notre syndicat et dans notre entreprise. Nous avons lancé une tournée de mobilisation auprès de nos camarades. Ce qui a contraint M. Yao à suspendre son mot d’ordre de grève. Parce que du lundi 23 au mercredi 25 mars, tous les agents de la CIE étaient à leur poste. Personne n’a suivi le mot d’ordre de grève.

L.P. : Vous estimez que la Fesene n’existe pas mais elle a quand même été reçue par le Chef de l’Etat !
K.K.N. : C’est parce que le Chef de l’Etat n’est pas informé des problèmes internes de notre syndicat. Lorsque M. Yao va rencontrer le Président, il ne lui dit pas la vérité sur le fonctionnement de notre syndicat. Notre statut et règlement intérieur stipule qu’avant toute affiliation du Synaseg à une fédération, il faudrait que cela soit ratifié par le congrès. Nous ne sommes pas encore allés au congrès et l’on nous dit que la Fesene parle au nom du synaseg, nous disons non ! Le synaseg ne connaît qu’une seule fédération à laquelle il est affilié, c’est la Fesaci. Aujourd’hui, M. Yao est à la fois le secrétaire général du synaseg et secrétaire général de la Fesen. On ne peut pas être à la fois secrétaire général d’une fédération et être secrétaire général d’un syndicat, vous voyez qu’il y a problème. Il va à la Présidence pour se présenter comme un martyr, comme celui qui est la victime. Or aujourd’hui, nous nous rendons compte que la victime, c’est nous qu’il est en train de chercher à utiliser pour atteindre des objectifs personnels.
L.P. : Mais il y était avec le ministre Léon-Emmanuel Monnet, ministre des Mines et de l’Energie, votre tutelle ?
K.K.N. : Vous savez, M. Monnet et M. Yao François, sont des amis. M. Monnet était à la création de la Fésaci. Ils se connaissent depuis la Fésaci.

L.P. M. Monnet n’a-t-il pas rencontré des associations de la CIE ?
K.K.N. : Le collectif des agents de la CIE, composé des syndicats et associations de la CIE, de l’Union des cadres a cherché à rencontrer le ministre. Mais celui-ci a brillé par son absence. Ce sont ses représentants qui ont reçu le collectif. Ce qui est paradoxal, c’est que le ministre a le temps de rencontrer le secrétaire général de la Fesene et de l’introduire à la présidence. On ne peut pas comprendre qu’un individu soit reçu par le ministre de tutelle et que ce même ministre refuse de recevoir le collectif qui parle au nom de 7.000 agents.

L.P. : Peut-être qu’il avait un calendrier très chargé ?
K.K.N. : Nous pensons que quelque soit l’occupation que le ministre a, pour un problème au niveau du secteur de l’électricité, il devait avoir un petit temps pour recevoir le collectif. Mais c’est avec une certaine célérité qu’il a reçu M. Yao pour l’introduire auprès de la Présidence. Nous sommes fort étonnés qu’il ait refusé de recevoir les membres du collectif.

L.P. : Mais pourquoi refuserait-il de recevoir les membres du collectif ?
K.K.N. : On se rend compte aujourd’hui que le ministre a choisi son camp. Et son camp, c’est celui du secrétaire général de la Fesene. A preuve, lorsqu’il y a eu le mot d’ordre de grève, il devrait appeler les deux parties. A savoir le secrétaire général de la Fesene et la direction générale pour essayer de concilier les deux parties afin de faire suspendre le mot d’ordre de grève. Il ne l’a pas fait. Il a même, parait-il, intimer l’ordre au PCA et au DG de la CIE, en mission à l’extérieur de rentrer d’urgence au pays. Et pourtant, il pouvait convoquer M. Yao et lui demander de suspendre sa grève en attendant que sa hiérarchie rentre au pays. Surtout que les revendications étaient non syndicales. Le problème de M. Yao, ce ne sont pas les agents de la CIE. Nous savons pertinemment qu’il est guidé par quelqu’un.

L.P. : Par qui ?
K.K.N. Quelqu’un. Mais cette main tôt ou tard, nous allons la découvrir. Et savoir qui tire les ficelles au niveau de la Fesene. Et quand le collectif parle de grève pour protester, il a pleinement raison. Car on ne peut pas comprendre que nous soyons dans une entreprise et on reçoit de manière précipitée le secrétaire général de la Fesene au ministère, à la Présidence. Il intervient même au journal télévisé de 20h et on ne peut pas recevoir un collectif qui représente 7.000 agents. Un collectif composé des syndicats de CIE et de SODECI, des associations des femmes, des secrétaires, de l’association des agents de maîtrise, de l’association des cadres, de l’association des sportifs. Toutes les couches socio-professionnelles sont représentées dans ce collectif et on refuse de l’écouter, de l’entendre. Je vous apprends par ailleurs que lorsque le ministre a reçu le collectif, il a indiqué que tous les acquis de la CIE aujourd’hui, c’est l’EECI, et non l’œuvre de la CIE. Pour lui, la CIE n’a rien fait. Quand un ministre, censé régler les litiges à l’intérieur d’une entreprise, prend déjà position de cette manière, il va de soi que quelque part, les gens ont raison de dire que si on ne les reçoit pas, ils vont entrer en grève, parce qu’il y a deux poids deux mesures.

L.P. : Le ministre a dit cela à quel moment ?
K.K.N. : Le ministre a dit cela lors de la rencontre avec le collectif. (Ndlr : le vendredi dernier, quelques jours après le passage de la Fesène à la présidence et à la Télévision). Il a reçu le collectif qui a aussitôt fait une déclaration de presse ce vendredi-là. Ces agents ont aussi exigé d’être reçus par le Chef de l’Etat, pour lui expliquer réellement la situation au Groupe CIE-SODECI.

L.P. : En ce qui concerne les acquis, le ministre n’a-t-il pas raison ?
K.K.N. : Dans le contrat entre la CIE et l’Etat de Côte d’Ivoire, tout le réseau appartient à l’Etat de Côte d’Ivoire. La CIE, il est vrai produit, transporte et distribue, mais le réseau appartient à l’Etat de Côte d’Ivoire. Dans ce contrat, c’est l’Etat qui devait réparer toutes les grosses pannes sur le réseau. Mais aujourd’hui, vu la situation de crise, c’est la CIE elle-même qui fait les réparations et qui rend compte à l’Etat. Qui après doit faire les déductions et rembourser la CIE. Ce réseau aujourd’hui dessert plus de 4 ou 5 pays. L’on ne peut pas dire que les acquis de la CIE sont ceux de l’EECI. Si tel était le cas, l’EECI n’allait pas partir. Si l’EECI gérait aussi bien, l’Etat de Côte d’Ivoire n’allait pas la privatiser au profit de la CIE. C’est parce que le travail a été bien fait, après cette privatisation qu’en 2005, le contrat a été renouvelé. C’est-à-dire que la CIE a respecté le cahier de charges, a rempli son contrat comme il se doit. Que le ministre le sache, les acquis aujourd’hui de la CIE viennent de la CIE elle-même. Le Burkina Faso, le Nigeria et plusieurs pays viennent copier le modèle de gestion de la CIE. Le ministre ne peut donc pas dire que les acquis de la CIE viennent de l’EECI. Nous sommes désolés. C’est dommage que la tutelle ne cherche pas à savoir ce qui se passe dans l’entreprise mais cautionne quelqu’un qui veut plutôt faire disparaître l’entreprise.

L.P. Ce collectif n’a donc plus confiance au ministre Monnet ?
K.N.N. : Oui quelque part, ce collectif n’a plus confiance au ministre, parce qu’il ne se comporte pas comme un conciliateur. Il se montre en diviseur. Lui qui devrait être l’arbitre, faire preuve d’impartialité, est partial. Le collectif a donc raison de douter du ministre Monnet.

Par Jean-Eric ADINGRA
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