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Économie Publié le samedi 4 avril 2009 | Fraternité Matin

Dette intérieure/ Gré Faustin, Président du Syndicat national des fournisseurs de l’Etat de Côte d’Ivoire (Synafeci) : “Beaucoup de fournisseurs de l’Etat sont en difficulté”

En attendant la mise en œuvre de la décision de paiement des arriérés intérieurs afin de booster l’activité économique nationale, l’un des représentants des fournisseurs se prononce sur la question.

Quel est l’état des lieux de l’apurement de vos dettes?

90% des fournisseurs de l’Etat ne sont pas encore payés. Nous entendons d’être payés comme en 1997. En octobre et décembre de cette année-là, toutes les factures avaient été payées dans tous les bureaux du Trésor et quel qu’en fût le montant.

Où en êtes-vous avec la titrisation que le gouvernement propose comme une alternative au payement de vos factures?

Nous avons toujours été opposé à la titrisation. Tout au moins, nous demandons que ce soit volontaire. Aujourd’hui, 70 milliards de francs de nos créances ont été titrisés. Nous constatons, qu’on nous l’a tout simplement imposée.

Pourquoi refusez-vous la titrisation?

La première raison est que nous avons besoin de notre argent maintenant pour sauver nos entreprises qui sont en difficulté. Vous savez qu’en Côte d’Ivoire, les banques prêtent difficilement aux petites entreprises. Alors, nous n’avons d’autres ressources que celles que nous tirons du payement de nos factures.

Vous revendiquez 243 milliards d’impayés. Mais de source crédible, il y a une part de ces factures qui est fictive.



Q’en dites-vous?

Je crois que vous voulez parler des passifs. Lors de notre rencontre avec le ministre, il a dit que ces passifs se chiffrent à 8 milliards de francs Fcfa. Mais, que c’est seulement 800 millions qui seront pris en compte. En réponse, nous lui avons dit de publier la liste des entreprises dont les factures ont été retenues. Et que ses services écrivent aux autres pour leur signifier le rejet de leurs factures ainsi que les motivations. Car si leur fausseté est avérée, ces personnes méritent d’être poursuivies en justice. Cela participe à la transparence.

Vous avez demandé à être reçu par le Chef de l’Etat Laurent Gbagbo. Cela est-il encore à l’ordre du jour, après toutes les déclarations officielles en faveur du payement de vos factures?

De février 2008 jusqu’à ce jour, nous avons rencontré plusieurs personnalités de ce pays pour leur poser le problème des fournisseurs de l’Etat. Il y a eu pêle-mêle, le cabinet du ministre Bohoun Bouabré, celui du Premier ministre Guillaume Soro, ministre de l’Intérieur Tagro Désiré. Nous avons également été reçus par le cabinet de Coulibaly Gervais, porte-parole du Président de la République, le conseiller juridique du Président de la République, Me Daligou; je citerai aussi le directeur général du Trésor public, Mme Djédjé Mama. Au terme de toutes ces démarches, il n’y a rien eu de concret pour soulager les fournisseurs de l’Etat dont les entreprises se meurent. Nous avons donc décidé de rencontrer le Président de la République qui reste, pour nous, le dernier recours. C’est d’ailleurs pour cela que nous avons entamé une grève de la faim le mois dernier. A l’issue de laquelle Marcel Zagbahou, chef de cabinet adjoint du Président Gbagbo, nous a reçus, accompagné de ses collaborateurs. Nous avons répété, à cette occasion, notre requête : rencontrer le Président de la République. Il a accédé à cette demande. C’est pourquoi, nous avons suspendu la grève. Nous avons donc fait passer le message dans toutes les régions du pays et les fournisseurs de l’Etat sont prêts à rencontrer leur Président de la République. Nous disons que cette rencontre est importante pour le pays, parce que nous, fournisseurs de l’Etat, savons beaucoup de choses.

Pourquoi avez-vous appelé les opérateurs économiques à suspendre le payement de leurs impôts jusqu’à nouvel ordre?

Nous avons lancé cet appel, parce que nous n’avons pas le choix. Sans argent, comment voulez-vous que nous payions les impôts ? Un opérateur économique qui n’est pas payé depuis dix ans, avec quoi va-t-il payer les impôts ? Et ces impôts qu’on nous réclame, c’est bien par rapport à notre chiffre d’affaires. Mais, puisque les factures ne sont pas réglées, comment voulez-vous que nous les payions sur un chiffre d’affaires que nous n’avons pas recouvré. Ce n’est pas logique!

Vous faites courir à vos amis le risque d’écoper des pénalités.

Pour ce qui concerne les pénalités, nous avons dit au ministre de l’Economie et des Finances, lors de notre rencontre, que nous ne pouvons pas payer les impôts maintenant. Et nous lui avions demandé de faire en sorte qu’on ne nous les applique pas. Il a répondu qu’il a pris bonne note. Comme il venait d’en être saisi, il va étudier cette requête. Nous attendons donc sa réponse.

Que doit ont retenir de tout ce que vous avez dit?

Chaque fois qu’il en a l’occasion, le Président Gbagbo exprime son soutien à l’entrepreneuriat. Et nous espérons qu’il est suffisamment informé de nos souffrances. Si la Côte d’Ivoire est debout, c’est parce que nous payons les impôts. Mais pour le faire, il faut que nous existions. Lorsque nous parlons, certains peuvent penser que nous sommes intransigeants. Ce n’est pas le cas. Beaucoup de fournisseurs sont en difficulté, voire en faillite. Leurs enfants ne vont plus à l’école. Leurs employés ne sont pas payés. D’autres ont maille à partir avec la justice, parce qu’ils ne peuvent pas honorer leurs engagements vis-à-vis de leurs créanciers. Pourtant, cet argent a servi à exécuter des marchés publics. Au niveau international, nous ne sommes plus crédibles.

David Ya
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