x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Économie Publié le lundi 6 avril 2009 | Nord-Sud

PPTE : Le gouvernement à l’épreuve de la bonne gouvernance

L’initiative des Pays pauvres très endettés est une vraie bouffée d’oxygène pour l’économie nationale mais elle n’est sans doute pas la panacée. Les autorités doivent impérativement s’arrimer aux règles minimales de gestion en privilégiant l’intérêt de la collectivité au détriment des comptes personnels.
En franchissant le point de décision de l’initiative en faveur des Pays pauvres très endettés, Ppte, le pays devrait bénéficier, après les formalités d’usage, d’une importante réduction de sa dette extérieure et des bénéfices importants sur la dette bilatérale du Fonds monétaire international (Fmi) et de la Banque africaine mondiale (BM). La décision n’aura pas été facile à prendre, entre le tableau de bord technique privilégié par les deux structures, et la diplomatie souterraine qui a dû venir à bout des dernières réticences. L’atteinte du point de décision de l’initiative Ppte, à l’évidence, a été un accouchement dans la douleur. En effet, les derniers jours du mois de mars auront été particulièrement éprouvants pour les autorités ivoiriennes. Paul Wolfowitz de la Banque mondiale, avait proposé le report de l’examen du dossier ivoirien à une date ultérieure. Il était particulièrement irrité contre les fonctionnaires des institutions internationales, accusés de «complaisance» vis-à-vis du dossier ivoirien, les performances réalisées par le pays étant jugées insuffisantes. En dernier ressort, quelques ambassadeurs, en poste à Abidjan, ont été approchés pour donner leur avis. Même si certains ont critiqué les manquements de la Côte d’Ivoire en matière de bonne gouvernance, la corruption de son système judiciaire, l’enrichissement illicite de ses élites, la compassion pour un «pays en détresse» a primé. Une décision plus de cœur que de raison, ironise un fonctionnaire de la Banque mondiale. Dans tous les cas, cette controverse en sourdine augure de lendemains encore plus durs pour la Côte d’Ivoire. Le pays, qui entame son nouveau programme triennal, reste encore sous le joug des institutions de Bretton Woods. Les dirigeants ivoiriens doivent encore montrer, chaque jour davantage, des signes de la bonne conduite des affaires publiques pour ne pas replonger. Mais quels vont être les prochains chantiers de la bonne gouvernance, de la rigueur budgétaire et des initiatives de développement durable? On le sait, les bailleurs de fonds seront beaucoup plus regardants sur les questions de bonne gouvernance et de respect des engagements pris. Sur le chapitre de la bonne gouvernance, la communauté financière internationale n’envisage pas lâcher prise. Un regard plus attentif sera porté sur la gestion des ressources générées par l’atteinte du point de décision. Les chefs de missions des pays membres proposent que les fonds décaissés soient sous les conditions du Document de réduction et de stratégie de la Pauvreté (Drsp). Ce qui signifie qu’ils ne seront pas versés dans le budget du gouvernement. Autant dire que les fonds ne seront pas inscrits au budget de l’Etat. Cette précaution n’arrange certes pas les professionnels de la gabegie et du flou, mais ils devront s’y accommoder. De plus, les soutiens financiers traditionnels à venir seront encore plus conditionnés par le respect de l’orthodoxie managériale. On ne devrait plus se contenter de mesures cosmétiques, comme les sanctions spectaculaires de quelques fonctionnaires soupçonnés d’atteinte aux fonds. La réduction du train de vie de l’Etat est attendue. Il est par ailleurs impératif que la mise à l’écart de certains hauts fonctionnaires « de plus en plus isolés du fait de leur implication dans des actes de corruption» devienne systématique. Non seulement cela contribuera à rétablir la confiance entre les financiers multilatéraux et la Côte d’Ivoire mais également, rassurera les populations. Pour le reste, les bailleurs prennent au mot le gouvernement ivoirien qui a pris des engagements dans la lettre d’intention adressée au Directeur général du Fonds monétaire international, Dominique Strauss-Kahn : la réforme du secteur énergétique, une meilleure gestion des finances publiques avec en point d’orgue l’accélération de l’aboutissement de la réforme du café cacao. Un dossier sensible sur lequel des efforts supplémentaires doivent être réalisés, dans le sens des attentes des bailleurs de fonds. La finalisation du programme de la Facilité de réduction de la pauvreté et de la croissance (Frpc) conclu avec le Fmi dans des conditions jugées satisfaisantes et la présentation par les autorités ivoiriennes d’un document intérimaire de stratégie de réduction de la pauvreté, Dsrp, ont permis à la Côte d’Ivoire d`accéder au point de décision. En outre, la Côte d’Ivoire doit mettre en œuvre les actions déclinées dans les stratégies sectorielles des domaines prioritaires pour lutter contre la pauvreté. Par exemple pour l`éducation : la construction de 2.500 salles de classes et la décentralisation de la gestion des infrastructures. Et dans le cadre de la santé : l’augmentation à 70% des taux de vaccination et les actions massives de lutte contre le Vih/Sida. L`utilisation de ces économies budgétaires réalisées par la remise de la dette fera l`objet d`un mécanisme particulier. Les sommes qui auraient dû être versées aux bailleurs de fonds, au titre du service de la dette, devront être chaque mois déposées sur un compte spécial ouvert à la Banque des États de l’Afrique de l’Ouest (Bceao), créé pour financer les premiers projets de lutte contre la pauvreté.

Lanciné Bakayoko
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Économie

Toutes les vidéos Économie à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ