Le procureur de la République a livré, hier, les premiers résultats de son enquête à la presse. A ce jour, j’informe tous les parents des victimes décédées, qu’ils peuvent procéder à l’inhumation des corps de leurs enfants, frères et pères, puisque les autopsies les concernant sont achevées». Cette information à l’intention des parents des 19 personnes mortes dans la bousculade au stade Félix Houphouët-Boigny le 29 mars dernier a été donnée par le procureur de la République, M. Raymond Tchimou Féhou, au cours d’un point de presse qu’il a animé hier après-midi au palais de justice d’Abidjan – Plateau. Le chef du parquet qui avait à ses côtés le commissaire du gouvernement, le colonel Ange Kessi Kouamé Bernard, entendait ainsi rendre public, pan par pan, le contenu de l’enquête qu’il conduit sur ces évènements tragiques et pour laquelle il a été expressément saisi par le Président de la République. Le conférencier, qui a entretenu les journalistes sur ce qui est fait à ce jour, a estimé que les auditions et perquisitions en cours donnent déjà des résultats satisfaisants. Et que très bientôt, toute la lumière sera faite sur cette tragédie qui a valu trois jours de deuil national. Selon le conférencier Raymond Tchimou, l’enquête qui se fait sous la direction d’un de ses adjoints et de deux de ses substituts, a été officiellement confiée le 31 mars, à la fois, à la police criminelle et à la brigade de gendarmerie de Treichville. Comme premiers éléments qui ressortent de l’origine du drame, le chef du parquet révèle : «Des supporters ont forcé la grille de sortie n° 23 donnant accès aux gradins situés du côté de l’Assemblée nationale et l’entrée du portail n° 5 située du côté de l’immeuble Atta pour pouvoir entrer dans le stade. La bousculade qui s’en est suivie a fait 19 morts». De ce fait, Raymond Tchimou s’inscrit en faux contre des allégations tendant à faire croire à un effondrement de mur qui serait à l’origine de la mort des supporters. Le procureur de la République qui n’apprécie guère le comportement de certaines personnes qui mettent systématiquement à l’index les Forces de défense et de sécurité, dit que l’enquête prend en compte tous les organisateurs à tous les niveaux de ce match de football. Il annonce l’interpellation des imprimeurs des tickets d’entrée au stade, pour nécessité d’enquête. Le commissaire du gouvernement, chef du parquet militaire, interpellé par les doutes des uns et des autres quant au fait que l’enquête est confiée aux gendarmes et policiers alors que des éléments de ce corps seraient impliqués, précise : «N’ayez aucune crainte, car ce ne sont pas des civils qui arrêtent et défèrent au tribunal militaire les agents des Fds sur les cas desquels nous statuons tous les jours.» Le procureur Tchimou, tout en invitant les blessés et autres témoins à se confier aux enquêteurs, prévient toutefois que les auteurs de faux témoignages seront sanctionnés.
Landry Kohon
Landry Kohon