Vous avez dit dans vos propos liminaires que des personnes sont actuellement auditionnées. Peut-on avoir une idée du nom des personnes concernées. Vous dites aussi que dans un bref délai, nous aurons les résultats de l'enquête. Peut-on en avoir une projection ? Dans un mois, dans deux semaines ? Dans combien de temps ?
Je vois que vous êtes très impatient. Nous ne sommes pas en mesure de vous donner la liste des personnes auditionnées. Au moment où je vous parle, d'autres personnes sont en train d'être auditionnées. Donc il serait mal placé pour moi de vous donner la liste. Déjà dans certains journaux que j'ai lus, on a fait état d'un certain nombre de personnes qui ont été entendues. Mais dans l'ensemble, vous saurez. Il n'y a pas lieu de vous cacher quoique ce soit. Tous ceux qui font partie de la FIF et qui ont participé à l'organisation de ce match seront entendus. Ceux qui se sont occupés de la sécurité, ceux aussi qui sont chargés de couper les tickets ainsi de suite. Et enfin les témoins, les victimes, les ayants droit des victimes décédées. Voici un peu la liste des individus qui seront entendus. Soit qui on été déjà entendus ou qui feront l'objet. Qui vont nous aider à avoir une idée assez claire de ce qui s'est passé. J'insiste là-dessus pour dire qu'il n'y a pas lieu de se disperser. De dire oui, c'est telle ou telle chose. Nous savons une chose qui est assez certaine, il y a eu une bousculade. Cette bousculade a entraîné mort d'hommes. Qui est-ce qui a été à la base de cette bousculade ? Nous c'est ça qui nous intéresse. Pourquoi il y a eu bousculade ? A partir de ces éléments, de ces informations, nous serons en mesure de situer les responsabilités des uns et des autres. Maintenant combien de temps, il faudra pour boucler une telle enquête, je ne peux pas vous donner de date. Je peux vous dire quand ça commencé. Et ça, je l'ai souligné tantôt. Mais quand ça va s'achever, je ne peux pas vous donner de date. Mais nous faisons en sorte que rapidement, on puisse arriver à boucler cette enquête. A ma connaissance, ce n'est pas une enquête aussi complexe que ça. On pourra boucler ça dans peu de temps.
Les éléments des Fds semblent impliqués par la vente des tickets parallèles. Votre enquête vous mène-t-elle à ces agents ? Quel sera l'aboutissement de l'enquête ? Allez-vous simplement rendre compte au chef de l'Etat qui vous a saisi pour lui proposer des solutions ou bien des poursuites pénales seront engagées contre les éventuels auteurs ?
Vous faites mention des agents des Fds impliqués dans la vente des tickets. Je vous ai dit que tous ceux qui, vraiment, ont participé à l'organisation de ce match, qui étaient vraiment dans l'organisation seront entendus. De même que les agents des Fds qui étaient chargés de la sécurité seront entendus. Je n'ai pas beaucoup apprécié le fait que sur le champ, les gens aient indexé les agents des Fds. Ils sont effectivement dans l'organisation mais il y a eu beaucoup d'éléments qui sont intervenus avant ces agents des Fds. Il s'agissait d'un match à guichet fermé. Ça veut dire quoi ? On va essayer de comprendre ce que ça signifie. Combien de tickets ont été émis ? Est-ce que le terrain était plein avant les faits ou après les faits, c'est-à-dire avant qu'il y ait mort d'hommes. Pourquoi il y a plus d'hommes peut-être à l'extérieur qu'à l'intérieur ? Alors tout ça sera dans l'ensemble de l'enquête que nous sommes en train de faire. On ne peut pas se focaliser uniquement sur les agents FDS. Tous ceux qui ont participé à ce qui s'est passé seront entendus et c'est le résultat c'est-à-dire l'enquête qui va nous permettre de savoir réellement ce qui s'est passé. Est-ce que les FDS ont vendu des tickets ? L'enquête va vous permettre de savoir tout ça. Donc à ce niveau, tous ceux qui étaient présents, qui, vraiment, étaient dans cette organisation, seront entendus pour que nous sachions réellement ce qui s'est passé. Maintenant, l'aboutissement de cette enquête, est-ce que ça va donner lieu à des poursuites judiciaires ? Je vous ai dit que l'action publique c'est-à-dire que nous, nous avons commencé notre enquête lorsque officiellement le Président de la République nous a saisi. Quand il nous a saisi, il nous a saisi sur un certain nombre de points. Nous ferons le nécessaire pour qu'il soit informé utilement sur ces points. Connaître les causes et lui faire des propositions pour éviter que ces genres de faits ne se reproduisent. Mais le parquet a enclenché l'action publique. Ayant enclenché l'action publique, le parquet peut estimer qu'il y a des faits qui sont susceptibles d'être poursuivis devant le Tribunal. Donc ça, ça relève du procureur de la République qui, au vu des faits et des résultats pourra voir s'il y a effectivement infraction ou non. Parce que jusque-là ce que nous, nous pouvons déjà écarter, c'est l'homicide volontaire. L'homicide volontaire, c'est-à-dire qu'il n'y a pas eu volonté de donner la mort à quelqu'un. Ça au moins, nous avons écarté ça. Aucun individu n'est venu soit avec un pistolet ou avec une arme blanche pour donner volontairement la mort à quelqu'un. Nous savons qu'il y a eu une bousculade. Déjà, nous tendons plus vers le cas d'homicide involontaire. Est-ce qu'il y a eu omission de porter secours ? Tous ces éléments sont des éléments que nous sommes en train de chercher pour voir ce qui s'est passé. Est-ce qu'il y a eu aussi escroquerie, tentative d'escroquerie. S'il y a eu peut être des tickets parallèles, on s'en va vers une autre forme d'infraction. D'autres parlent de racket. Le commissaire du gouvernement est là, il pourra aussi apprécier pour nous aider. Et je tiens à souligner que nous sommes un peu dans cet ensemble-là. Nous répondons à l'attente du Président mais aussi à l'attente de ce que la loi veut.
Monsieur le procureur, avez-vous eu l'information de ce qu'il y a eu du gaz lacrymogène au stade Houphouët-Boigny lors de la rencontre ?
Effectivement, les agents des forces de l'ordre ont dû utiliser les moyens conventionnels qu'il faut pour maintenir l'ordre. Ils ont utilisé du gaz lacrymogène. Mais à a ce niveau, il faut être assez clair ; il n'y a pas eu mort d'hommes. Il y a eu des blessés. On n'a pas constaté de morts aux endroits où du gaz lacrymogène a été utilisé. Il faut être assez clair là-dessus. Parce que nous ne sommes pas là pour, je dirai caresser quelqu'un. S'il avait eu mort d'homme, on allait rapidement en tenir compte. Il n'y a pas eu mort d'homme. Encore ça été judicieux d'avoir utilisé du gaz lacrymogène. Puisque si ça n'avait pas été fait, je ne sais pas ce qui allait se passer sincèrement. Où il n'y a pas eu d'utilisation de gaz lacrymogène, on parle de 19 morts. Où il y a eu utilisation de gaz lacrymogène, on parle uniquement de blessés. Je préfère les blessés qu'on peut soigner et retrouver par rapport aux morts. Donc effectivement, du gaz lacrymogène a été utilisé mais il n'y a pas eu mort d'homme là où ça été utilisé.
Depuis le début de l'enquête, est-ce qu'il y a eu des personnes qui ont été interpellées ?
C'est une enquête qui vient à peine de commencer. Il y aura peut être des interpellations ou non. Ceux qui sont sur le terrain pourront effectivement me dire s'il y a lieu, si c'est nécessaire d'interpeller des personnes, on le fera.
Nous avons été informé de ce que l'imprimeur qui a confectionné les tickets serait détenu à la brigade de gendarmerie de Treichville. Confirmez-vous l'information ?
L'un de mes substituts m'avait fait mention de la nécessité d'interpeller certains imprimeurs afin d'éviter que eux-ci récupèrent des scellés assez importants pour l'enquête. D'ici demain peut être, s'ils vont me faire le point. Et je saurai ce qu'il en est. Parce qu'il y a eu trop de tickets.
M. le procureur, il nous est revenu que les bousculades qui ont entraîné les morts ont eu lieu avant le match. Au niveau des officiels, l'information nous est revenue qu'on devrait ajourner le match. Et que des personnes seraient intervenues pour demander que le match se jouent. Avez-vous l'information ? Si oui, peut-on alors parler de refus de porter secours ?
Il n'y a pas de refus de porter secours. C'est une question d'appréciation.
Comment expliquez-vous aussi que sur 21 tourniquets, seulement 8 fonctionnaient ce jour ?
Toutes ces questions, nous nous les posons. Et l'enquête nous permettra d'avoir des réponses à ces questions. Nous ne pouvons pas d'ores et déjà vous dire que certains voulaient que le match s'arrête. Que d'autres voulaient que le match se poursuivre. Si on arrête, est-ce que ceux qui avaient payé allaient accepter que le match s'arrête ? Est-ce qu'il n'aurait pas eu plus de morts ? Parce qu'on connaît la réaction des grands supporters. La personne est au terrain et on lui dit il n'y a plus de match. Ceux qui sont habitués au sport savent ce que ça signifie. Mais l'enquête va nous permettre de savoir si ces appréciations pertinentes auraient peut être pu sauver la vie de certains. Qu'est-ce qui prouve qu'en arrêtant le match, ceux qui sont dehors qui avaient connaissance qu'on a arrêté le match, n'allaient pas se bousculer ? Tout ça se sont des questions que nous nous posons. L'essentiel c'est de voir dans l'ensemble ce qui s'est passé. Et pourquoi ça s'est passé. Les témoins vont nous aider à aller dans ce sens. Quand vous parler de refus de porter secours, c'est un peu trop gros. L'enquête nous situera. Par rapport aux tourniquets, effectivement, le parquet n'est pas habitué à aller visionner les matches pour savoir le nombre de tourniquets. N'empêche qu'effectivement, nous avons constaté que tous les tourniquets ne marchaient pas. Il appartiendra à ceux qui sont habitués à faire marcher cela de nous dire, d'habitude, combien de tourniquets marchent. Ou bien comment ça se passe. Et en fonction des réponses, nous serons en mesure de donner notre appréciation. Mais pour l'heure, j'ai été un peu choqué de constater que tous les tourniquets n'ont pas marché. Pourquoi. Est-ce que c'était défaillant ? Est-ce que d'habitude c'est comme ça que ça se passe ? Donc l'enquête nous permettra d'avoir des choses assez positives là-dessus.
Vous indiquez que les forces de l'ordre ont été très vite accusées par les uns et les autres. Mais toujours est il que celles-ci ont été accusées par des victimes elles-mêmes. Dans tous les cas, nous nous posons la question de savoir quel était le dispositif sécuritaire mis en place pour un match à guichet fermé ? Aussi avez-vous mis en place un dispositif pour protéger ceux que vous invitez à témoigner.
Nous avons effectivement demandé aux blessés de venir témoigner. De venir dire ce qu'ils ont vu et non pas ce qu'ils ont entendu. Si c'est contre les forces de l'ordre, ils vont nous dire, si c'est contre les organisateurs, ils vont aussi nous dire. Lorsque j'ai parlé des forces de l'ordre, c'est pour vous amener à ne pas vous focaliser sur les forces. Il n'y a pas que les forces de l'ordre. Nous, quand nous faisons une enquête, on ne le fait pas uniquement sur des personnes. Cela peut nous amener sur de faux terrains. Nous nous disons que dans cette organisation il y a eu ceux qui ont organisé ce match. Quelles sont les mesures prises pour l'organiser ? Les mesures de sécurité, les mesures de secours, etc…C'est ce que nous voulons savoir. Qu'est-ce qui n'a pas fonctionné ? Est-ce de manière volontaire ou involontaire ? Pourquoi des supporters ont utilisé la grille de sortie au lieu de se diriger vers les tourniquets par lesquels tout le monde passe. Pourquoi il y a plus de monde qu'il n'apparaît alors qu'il s'agit d'un match à guichet fermé. Ce sont là des questions que les témoins sont en mesure de nous dire chacun sa part de connaissance. Pas ce qu'ils ont entendu dire ou ce qu'ils ont imaginé. C'est pourquoi je dis les témoins réels, c'est les tickets. Parce qu'encore à ce niveau-là, ce n'est pas sûr que ce soit tout le monde qui a eu les tickets. Nous connaissons nos supporters ivoiriens. Il y a ceux qui ont les tickets, les vrais tickets, il y a ceux qui ont de faux tickets, il y a aussi ceux qui, sans tickets escaladent les murs. Il y a beaucoup qui ont escaladé les murs pour se retrouver là où ils ne fallaient pas se retrouver. C'est tout cela qui entre en ligne de compte. Nous voulons donc vérifier ce qui s'est passé. Pourquoi il n'y a pas eu vraiment des mesures adéquates pour éviter ce drame. Nous allons tabler sur tous les témoins. S'agissant de leur sécurité, nous pensons qu'il n'y aura pas de problèmes. Sauf au cas où au sortir de ces auditions, ils vont proclamer partout voilà moi j'ai accusé tel. Les provocations, vous savez ce que ça donne. Uu témoin qui se tait après son témoignage ne peut pas avoir de problème. Dans tous les cas, ce qui s'est passé à entraîner un deuil national. Toute la Côte d'Ivoire est attristée, consternée. Nous pensons que cette enquête nous permettra surtout d'éviter que ce genre de drame n'intervienne encore. Pour au moins une fois que la Côte d'Ivoire était heureuse après le CHAN, de constater cette belle victoire. Moi j'aime beaucoup le foot, mais je préfère regarder à la télévision. Ce jour-là, je n'étais là. C'est le même dimanche de mon arrivée à 19 heures qu'on m'a téléphoné pour dire, il y a eu dix neuf (19) morts. J'étais obligé d'amener l'un de mes substituts sur le terrain et il m'a rendu compte vers les 23 heures. On a commencé en même temps cette enquête. J'aimerai en profiter pour dire que dans tous les pays francophones, les procédures relatives aux enquêtes relèvent uniquement de l'ordre judiciaire et de l'organe à qui la loi a donné une compétence. On ne peut pas confier une enquête judiciaire, à un corps qui n'appartient pas à l'ordre judiciaire et encore, il faut vérifier au niveau de la loi, quel est ce corps qui est compétent pour mener cette enquête. Par exemple, pour l'enquête actuelle, on parle de mort d'hommes. Une fois que la police, même si ces policiers ou les gendarmes sont concernés, la loi prouvée a voulu que l'enquête soit menée par les policiers de police judiciaire sous la direction du procureur de la République. Ce n'est pas parce qu'un policier ou un gendarme a commis un fait, qu'on va accuser toute la gendarmerie ou toute la police et rendre ces corps là incompétents de mener leur enquête. En l'espèce, je n'ai pas à choisir à la fois la police et la gendarmerie mais encore, le parquet a pris soin de mettre à la tête de cette enquête, un autre substitut. C'est-à-dire que c'est le procureur lui-même qui gère, qui pose les questions. Les enquêteurs ne font que saisir. Donc c'est sur la direction de ces deux structures avec à leur tête le procureur adjoint Momblé Lucien qui suit vraiment ces enquêtes. On ne peut pas à ce niveau avoir un doute avant même la fin de l'enquête sur ce qui se passe. A ma connaissance jusque-là, les enquêtes qui ont été gérées par le parquet ont connu une suite favorable. Présentement, il y a le lieu de respecter les autorités qui sont chargées de cette enquête. On ne peut confier cette enquête à d'autres organes que les organes prévus par la loi. Tout ce que nous faisons est contrôlé par la loi et par ceux qui sont aussi chargés de la défense de l'intérêt des mis en cause. Et qui connaissent et qui sont obligés de dire selon la loi, celui-là n'a pas la qualité de police judiciaire. Si tu n'as pas la qualité de police judiciaire, tu ne peux pas mener une enquête. Voilà un peu comment ça se passe. Que ce soit les policiers qui aient commis des actes. On a jugé. Si vous venez au parquet, vous saurez combien de policiers ont été jugés suite aux enquêtes menées par la police. Des gendarmes, qui ont été jugés suite aux enquêtes menées par des gendarmes. Donc ce n'est pas un fait nouveau pour dire que comme on soupçonne les policiers donc le fait de confier l'enquête à la police elle ne sera pas menée objectivement. Je ne le pense pas. La loi est égale pour tout le monde.
Le Chef de l'Etat a-t-il été informé du drame avant ou après le match ?
Ça ne concerne pas du tout mon enquête. Est-ce que le Chef de l'Etat a été informé avant, après, ça n'a aucune répercussion sur mon enquête. Je ne suis pas un journaliste mais je suis un enquêteur. Si maintenant l'information donnée avait une répercussion sur l'enquête, alors je me pencherai là-dessus pour en savoir davantage. J'ai été saisi parce qu'il y a eu bousculade qui a entraîné mort d'hommes et des blessés.
Propos recueillis par Diarrassouba Sory, De Bouaffo et Paul Koffi
Je vois que vous êtes très impatient. Nous ne sommes pas en mesure de vous donner la liste des personnes auditionnées. Au moment où je vous parle, d'autres personnes sont en train d'être auditionnées. Donc il serait mal placé pour moi de vous donner la liste. Déjà dans certains journaux que j'ai lus, on a fait état d'un certain nombre de personnes qui ont été entendues. Mais dans l'ensemble, vous saurez. Il n'y a pas lieu de vous cacher quoique ce soit. Tous ceux qui font partie de la FIF et qui ont participé à l'organisation de ce match seront entendus. Ceux qui se sont occupés de la sécurité, ceux aussi qui sont chargés de couper les tickets ainsi de suite. Et enfin les témoins, les victimes, les ayants droit des victimes décédées. Voici un peu la liste des individus qui seront entendus. Soit qui on été déjà entendus ou qui feront l'objet. Qui vont nous aider à avoir une idée assez claire de ce qui s'est passé. J'insiste là-dessus pour dire qu'il n'y a pas lieu de se disperser. De dire oui, c'est telle ou telle chose. Nous savons une chose qui est assez certaine, il y a eu une bousculade. Cette bousculade a entraîné mort d'hommes. Qui est-ce qui a été à la base de cette bousculade ? Nous c'est ça qui nous intéresse. Pourquoi il y a eu bousculade ? A partir de ces éléments, de ces informations, nous serons en mesure de situer les responsabilités des uns et des autres. Maintenant combien de temps, il faudra pour boucler une telle enquête, je ne peux pas vous donner de date. Je peux vous dire quand ça commencé. Et ça, je l'ai souligné tantôt. Mais quand ça va s'achever, je ne peux pas vous donner de date. Mais nous faisons en sorte que rapidement, on puisse arriver à boucler cette enquête. A ma connaissance, ce n'est pas une enquête aussi complexe que ça. On pourra boucler ça dans peu de temps.
Les éléments des Fds semblent impliqués par la vente des tickets parallèles. Votre enquête vous mène-t-elle à ces agents ? Quel sera l'aboutissement de l'enquête ? Allez-vous simplement rendre compte au chef de l'Etat qui vous a saisi pour lui proposer des solutions ou bien des poursuites pénales seront engagées contre les éventuels auteurs ?
Vous faites mention des agents des Fds impliqués dans la vente des tickets. Je vous ai dit que tous ceux qui, vraiment, ont participé à l'organisation de ce match, qui étaient vraiment dans l'organisation seront entendus. De même que les agents des Fds qui étaient chargés de la sécurité seront entendus. Je n'ai pas beaucoup apprécié le fait que sur le champ, les gens aient indexé les agents des Fds. Ils sont effectivement dans l'organisation mais il y a eu beaucoup d'éléments qui sont intervenus avant ces agents des Fds. Il s'agissait d'un match à guichet fermé. Ça veut dire quoi ? On va essayer de comprendre ce que ça signifie. Combien de tickets ont été émis ? Est-ce que le terrain était plein avant les faits ou après les faits, c'est-à-dire avant qu'il y ait mort d'hommes. Pourquoi il y a plus d'hommes peut-être à l'extérieur qu'à l'intérieur ? Alors tout ça sera dans l'ensemble de l'enquête que nous sommes en train de faire. On ne peut pas se focaliser uniquement sur les agents FDS. Tous ceux qui ont participé à ce qui s'est passé seront entendus et c'est le résultat c'est-à-dire l'enquête qui va nous permettre de savoir réellement ce qui s'est passé. Est-ce que les FDS ont vendu des tickets ? L'enquête va vous permettre de savoir tout ça. Donc à ce niveau, tous ceux qui étaient présents, qui, vraiment, étaient dans cette organisation, seront entendus pour que nous sachions réellement ce qui s'est passé. Maintenant, l'aboutissement de cette enquête, est-ce que ça va donner lieu à des poursuites judiciaires ? Je vous ai dit que l'action publique c'est-à-dire que nous, nous avons commencé notre enquête lorsque officiellement le Président de la République nous a saisi. Quand il nous a saisi, il nous a saisi sur un certain nombre de points. Nous ferons le nécessaire pour qu'il soit informé utilement sur ces points. Connaître les causes et lui faire des propositions pour éviter que ces genres de faits ne se reproduisent. Mais le parquet a enclenché l'action publique. Ayant enclenché l'action publique, le parquet peut estimer qu'il y a des faits qui sont susceptibles d'être poursuivis devant le Tribunal. Donc ça, ça relève du procureur de la République qui, au vu des faits et des résultats pourra voir s'il y a effectivement infraction ou non. Parce que jusque-là ce que nous, nous pouvons déjà écarter, c'est l'homicide volontaire. L'homicide volontaire, c'est-à-dire qu'il n'y a pas eu volonté de donner la mort à quelqu'un. Ça au moins, nous avons écarté ça. Aucun individu n'est venu soit avec un pistolet ou avec une arme blanche pour donner volontairement la mort à quelqu'un. Nous savons qu'il y a eu une bousculade. Déjà, nous tendons plus vers le cas d'homicide involontaire. Est-ce qu'il y a eu omission de porter secours ? Tous ces éléments sont des éléments que nous sommes en train de chercher pour voir ce qui s'est passé. Est-ce qu'il y a eu aussi escroquerie, tentative d'escroquerie. S'il y a eu peut être des tickets parallèles, on s'en va vers une autre forme d'infraction. D'autres parlent de racket. Le commissaire du gouvernement est là, il pourra aussi apprécier pour nous aider. Et je tiens à souligner que nous sommes un peu dans cet ensemble-là. Nous répondons à l'attente du Président mais aussi à l'attente de ce que la loi veut.
Monsieur le procureur, avez-vous eu l'information de ce qu'il y a eu du gaz lacrymogène au stade Houphouët-Boigny lors de la rencontre ?
Effectivement, les agents des forces de l'ordre ont dû utiliser les moyens conventionnels qu'il faut pour maintenir l'ordre. Ils ont utilisé du gaz lacrymogène. Mais à a ce niveau, il faut être assez clair ; il n'y a pas eu mort d'hommes. Il y a eu des blessés. On n'a pas constaté de morts aux endroits où du gaz lacrymogène a été utilisé. Il faut être assez clair là-dessus. Parce que nous ne sommes pas là pour, je dirai caresser quelqu'un. S'il avait eu mort d'homme, on allait rapidement en tenir compte. Il n'y a pas eu mort d'homme. Encore ça été judicieux d'avoir utilisé du gaz lacrymogène. Puisque si ça n'avait pas été fait, je ne sais pas ce qui allait se passer sincèrement. Où il n'y a pas eu d'utilisation de gaz lacrymogène, on parle de 19 morts. Où il y a eu utilisation de gaz lacrymogène, on parle uniquement de blessés. Je préfère les blessés qu'on peut soigner et retrouver par rapport aux morts. Donc effectivement, du gaz lacrymogène a été utilisé mais il n'y a pas eu mort d'homme là où ça été utilisé.
Depuis le début de l'enquête, est-ce qu'il y a eu des personnes qui ont été interpellées ?
C'est une enquête qui vient à peine de commencer. Il y aura peut être des interpellations ou non. Ceux qui sont sur le terrain pourront effectivement me dire s'il y a lieu, si c'est nécessaire d'interpeller des personnes, on le fera.
Nous avons été informé de ce que l'imprimeur qui a confectionné les tickets serait détenu à la brigade de gendarmerie de Treichville. Confirmez-vous l'information ?
L'un de mes substituts m'avait fait mention de la nécessité d'interpeller certains imprimeurs afin d'éviter que eux-ci récupèrent des scellés assez importants pour l'enquête. D'ici demain peut être, s'ils vont me faire le point. Et je saurai ce qu'il en est. Parce qu'il y a eu trop de tickets.
M. le procureur, il nous est revenu que les bousculades qui ont entraîné les morts ont eu lieu avant le match. Au niveau des officiels, l'information nous est revenue qu'on devrait ajourner le match. Et que des personnes seraient intervenues pour demander que le match se jouent. Avez-vous l'information ? Si oui, peut-on alors parler de refus de porter secours ?
Il n'y a pas de refus de porter secours. C'est une question d'appréciation.
Comment expliquez-vous aussi que sur 21 tourniquets, seulement 8 fonctionnaient ce jour ?
Toutes ces questions, nous nous les posons. Et l'enquête nous permettra d'avoir des réponses à ces questions. Nous ne pouvons pas d'ores et déjà vous dire que certains voulaient que le match s'arrête. Que d'autres voulaient que le match se poursuivre. Si on arrête, est-ce que ceux qui avaient payé allaient accepter que le match s'arrête ? Est-ce qu'il n'aurait pas eu plus de morts ? Parce qu'on connaît la réaction des grands supporters. La personne est au terrain et on lui dit il n'y a plus de match. Ceux qui sont habitués au sport savent ce que ça signifie. Mais l'enquête va nous permettre de savoir si ces appréciations pertinentes auraient peut être pu sauver la vie de certains. Qu'est-ce qui prouve qu'en arrêtant le match, ceux qui sont dehors qui avaient connaissance qu'on a arrêté le match, n'allaient pas se bousculer ? Tout ça se sont des questions que nous nous posons. L'essentiel c'est de voir dans l'ensemble ce qui s'est passé. Et pourquoi ça s'est passé. Les témoins vont nous aider à aller dans ce sens. Quand vous parler de refus de porter secours, c'est un peu trop gros. L'enquête nous situera. Par rapport aux tourniquets, effectivement, le parquet n'est pas habitué à aller visionner les matches pour savoir le nombre de tourniquets. N'empêche qu'effectivement, nous avons constaté que tous les tourniquets ne marchaient pas. Il appartiendra à ceux qui sont habitués à faire marcher cela de nous dire, d'habitude, combien de tourniquets marchent. Ou bien comment ça se passe. Et en fonction des réponses, nous serons en mesure de donner notre appréciation. Mais pour l'heure, j'ai été un peu choqué de constater que tous les tourniquets n'ont pas marché. Pourquoi. Est-ce que c'était défaillant ? Est-ce que d'habitude c'est comme ça que ça se passe ? Donc l'enquête nous permettra d'avoir des choses assez positives là-dessus.
Vous indiquez que les forces de l'ordre ont été très vite accusées par les uns et les autres. Mais toujours est il que celles-ci ont été accusées par des victimes elles-mêmes. Dans tous les cas, nous nous posons la question de savoir quel était le dispositif sécuritaire mis en place pour un match à guichet fermé ? Aussi avez-vous mis en place un dispositif pour protéger ceux que vous invitez à témoigner.
Nous avons effectivement demandé aux blessés de venir témoigner. De venir dire ce qu'ils ont vu et non pas ce qu'ils ont entendu. Si c'est contre les forces de l'ordre, ils vont nous dire, si c'est contre les organisateurs, ils vont aussi nous dire. Lorsque j'ai parlé des forces de l'ordre, c'est pour vous amener à ne pas vous focaliser sur les forces. Il n'y a pas que les forces de l'ordre. Nous, quand nous faisons une enquête, on ne le fait pas uniquement sur des personnes. Cela peut nous amener sur de faux terrains. Nous nous disons que dans cette organisation il y a eu ceux qui ont organisé ce match. Quelles sont les mesures prises pour l'organiser ? Les mesures de sécurité, les mesures de secours, etc…C'est ce que nous voulons savoir. Qu'est-ce qui n'a pas fonctionné ? Est-ce de manière volontaire ou involontaire ? Pourquoi des supporters ont utilisé la grille de sortie au lieu de se diriger vers les tourniquets par lesquels tout le monde passe. Pourquoi il y a plus de monde qu'il n'apparaît alors qu'il s'agit d'un match à guichet fermé. Ce sont là des questions que les témoins sont en mesure de nous dire chacun sa part de connaissance. Pas ce qu'ils ont entendu dire ou ce qu'ils ont imaginé. C'est pourquoi je dis les témoins réels, c'est les tickets. Parce qu'encore à ce niveau-là, ce n'est pas sûr que ce soit tout le monde qui a eu les tickets. Nous connaissons nos supporters ivoiriens. Il y a ceux qui ont les tickets, les vrais tickets, il y a ceux qui ont de faux tickets, il y a aussi ceux qui, sans tickets escaladent les murs. Il y a beaucoup qui ont escaladé les murs pour se retrouver là où ils ne fallaient pas se retrouver. C'est tout cela qui entre en ligne de compte. Nous voulons donc vérifier ce qui s'est passé. Pourquoi il n'y a pas eu vraiment des mesures adéquates pour éviter ce drame. Nous allons tabler sur tous les témoins. S'agissant de leur sécurité, nous pensons qu'il n'y aura pas de problèmes. Sauf au cas où au sortir de ces auditions, ils vont proclamer partout voilà moi j'ai accusé tel. Les provocations, vous savez ce que ça donne. Uu témoin qui se tait après son témoignage ne peut pas avoir de problème. Dans tous les cas, ce qui s'est passé à entraîner un deuil national. Toute la Côte d'Ivoire est attristée, consternée. Nous pensons que cette enquête nous permettra surtout d'éviter que ce genre de drame n'intervienne encore. Pour au moins une fois que la Côte d'Ivoire était heureuse après le CHAN, de constater cette belle victoire. Moi j'aime beaucoup le foot, mais je préfère regarder à la télévision. Ce jour-là, je n'étais là. C'est le même dimanche de mon arrivée à 19 heures qu'on m'a téléphoné pour dire, il y a eu dix neuf (19) morts. J'étais obligé d'amener l'un de mes substituts sur le terrain et il m'a rendu compte vers les 23 heures. On a commencé en même temps cette enquête. J'aimerai en profiter pour dire que dans tous les pays francophones, les procédures relatives aux enquêtes relèvent uniquement de l'ordre judiciaire et de l'organe à qui la loi a donné une compétence. On ne peut pas confier une enquête judiciaire, à un corps qui n'appartient pas à l'ordre judiciaire et encore, il faut vérifier au niveau de la loi, quel est ce corps qui est compétent pour mener cette enquête. Par exemple, pour l'enquête actuelle, on parle de mort d'hommes. Une fois que la police, même si ces policiers ou les gendarmes sont concernés, la loi prouvée a voulu que l'enquête soit menée par les policiers de police judiciaire sous la direction du procureur de la République. Ce n'est pas parce qu'un policier ou un gendarme a commis un fait, qu'on va accuser toute la gendarmerie ou toute la police et rendre ces corps là incompétents de mener leur enquête. En l'espèce, je n'ai pas à choisir à la fois la police et la gendarmerie mais encore, le parquet a pris soin de mettre à la tête de cette enquête, un autre substitut. C'est-à-dire que c'est le procureur lui-même qui gère, qui pose les questions. Les enquêteurs ne font que saisir. Donc c'est sur la direction de ces deux structures avec à leur tête le procureur adjoint Momblé Lucien qui suit vraiment ces enquêtes. On ne peut pas à ce niveau avoir un doute avant même la fin de l'enquête sur ce qui se passe. A ma connaissance jusque-là, les enquêtes qui ont été gérées par le parquet ont connu une suite favorable. Présentement, il y a le lieu de respecter les autorités qui sont chargées de cette enquête. On ne peut confier cette enquête à d'autres organes que les organes prévus par la loi. Tout ce que nous faisons est contrôlé par la loi et par ceux qui sont aussi chargés de la défense de l'intérêt des mis en cause. Et qui connaissent et qui sont obligés de dire selon la loi, celui-là n'a pas la qualité de police judiciaire. Si tu n'as pas la qualité de police judiciaire, tu ne peux pas mener une enquête. Voilà un peu comment ça se passe. Que ce soit les policiers qui aient commis des actes. On a jugé. Si vous venez au parquet, vous saurez combien de policiers ont été jugés suite aux enquêtes menées par la police. Des gendarmes, qui ont été jugés suite aux enquêtes menées par des gendarmes. Donc ce n'est pas un fait nouveau pour dire que comme on soupçonne les policiers donc le fait de confier l'enquête à la police elle ne sera pas menée objectivement. Je ne le pense pas. La loi est égale pour tout le monde.
Le Chef de l'Etat a-t-il été informé du drame avant ou après le match ?
Ça ne concerne pas du tout mon enquête. Est-ce que le Chef de l'Etat a été informé avant, après, ça n'a aucune répercussion sur mon enquête. Je ne suis pas un journaliste mais je suis un enquêteur. Si maintenant l'information donnée avait une répercussion sur l'enquête, alors je me pencherai là-dessus pour en savoir davantage. J'ai été saisi parce qu'il y a eu bousculade qui a entraîné mort d'hommes et des blessés.
Propos recueillis par Diarrassouba Sory, De Bouaffo et Paul Koffi