Le procureur Tchimou préfère le gaz lacrymogène

Les enquêtes sont en cours, mais on est au moins sûr d'une chose depuis hier. Le procureur Tchimou n'a "pas beaucoup apprécié le fait que sur le champ, les gens aient indexé les FDS". Du coup, nous sommes tous rassurés. Mais laissons d'abord parler monsieur le procureur sur une question relative à l'utilisation du gaz lacrymogène par les forces de l'ordre. "Effectivement, les forces de l'ordre ont dû utiliser les moyens conventionnels qu'il faut pour maintenir l'ordre. Ils ont utilisé du gaz lacrymogène. Mais à ce niveau, il faut être assez clair. Il n'y a pas eu mort d'hommes. Il y a eu des blessés. On n'a pas constaté de morts aux endroits où du gaz lacrymogène a été utilisé. Il faut être assez clair là-dessus. Parce que nous ne sommes pas là pour, je dirai caresser quelqu'un. S'il y avait eu mort d'hommes, on allait rapidement en tenir compte. Il n'y a pas eu mort d'hommes. Encore, ça été judicieux d'avoir utilisé du gaz lacrymogène puisque si ça n'avait pas été fait, je ne sais pas ce qui allait se passer sincèrement. Où il n'y a pas eu d'utilisation de gaz lacrymogène, on parle de 19 morts. Où il y a eu utilisation de gaz lacrymogène, on parle uniquement de blessés. Je préfère les blessés qu'on peut soigner et retrouver par rapport aux morts. Donc effectivement, du gaz lacrymogène, a été utilisé mais il n'y a pas eu mort d'homme là ou ça été fait ".

Dans ce passage, il est clairement établi que les forces de l'ordre, par l'utilisation du gaz lacrymogène, ont, si l'on suit le raisonnement du procureur, évité que le bilan ne soit encore plus lourd que ce que nous savons : " encore ça été judicieux d'avoir utilisé du gaz lacrymogène, puisque si ça n'avait pas été fait, je ne sais pas ce qui allait se passer ". Autrement dit, les gens ont eu tort d'indexer les forces de l'ordre qu'ils auraient dû en réalité remercier. Exit donc tous les questionnements et autres commentaires méchants sur les forces de l'ordre. Le raisonnement du procureur est donc logique. Les blessés sont préférables aux morts et cela ne peut être discuté par aucun individu encore en possession de toutes ses facultés mentales. Le seul problème, c'est que l'enquête préliminaire qui a permis a monsieur le procureur de découvrir l'acte héroïque posé par les forces de l'ordre n'a officiellement commencé que le mardi 31 mars 2009 après que le chef de l'Etat eut saisi le procureur par un courrier en date du lundi 30 mars 2009, même si l'action publique, par la visite du substitut du procureur Diakité au CHU avait été activée le jour même du drame. Or monsieur le procureur dit qu'il n'a " pas beaucoup apprécié le fait que sur le champ, les gens aient indexé les FDS ". C'est ce qu'on appelle instruire à décharge dès le début. Et le procureur est bien dans le rôle du parquet. Mais comme les enquêtes se poursuivrent…

Assalé Tiémoko