Quelles étaient les véritables intentions du procureur de la République en venant entretenir, avant-hier, la presse sur l`état d`avancement de l`enquête qu`il a diligentée sur instruction du chef de l`Etat après le drame du stade Houphouët-Boigny ? La question mérite d`être posée tant, dans la recherche des responsabilités, Tchimou Fehou Raymond s`est efforcé, non sans violer les règles élémentaires de procédure en matière d`enquête criminelle, de faire comprendre à l`opinion nationale qu`elle fait fausse route en se braquant contre les éléments des Forces de défense et de sécurité (FDS). Exprimant en effet ses sentiments personnels dans le cadre d`une enquête criminelle, ce qui n`est pas conforme aux usages, Tchimou a déclaré " qu`il n`a pas apprécié que l`on ait indexé les FDS " dans cette affaire. Allant jusqu`à conseiller qu`il ne fallait pas uniquement se " focaliser sur les éléments des FDS ". Pour lui, les raisons de ce drame sont plutôt à rechercher ailleurs car en fait, soutient-il " il y a eu trop de tickets vendus ". Or M. Anzian Kacou, l`un des responsables de la FIF a déjà déclaré sur les antennes de la RTI que c`est un peu plus de 31000 tickets qui ont été vendus pour un stade dont la capacité d`accueil est de 35000 places assises. Mais la plus grave contradiction vient certainement des victimes de la tragédie elles-mêmes. Car le soir des évènements, "Le Nouveau Réveil" a envoyé une équipe de reportage dans les CHU pour interroger des blessés. Leurs témoignages accablent de façon unanime les FDS. Zéguégba Aubin interné au CHU de Treichville explique. " D`habitude, on ouvre tôt le Félicia, mais jusqu`à 16h30, le portail était fermé du côté du virage B. On donnait l`argent aux policiers qui laissaient passer ceux qui n`avaient pas de tickets. Quand on est devenu nombreux, il y a eu le gaz lacrymogène. La panique a provoqué la bousculade parce que le portail a été forcé. Je pensais que j`allais mourir puisque les gens sont tombés sur moi ", témoigne ce jeune homme blessé sur son lit d`hôpital. Le procureur Tchimou a-t-il visité les CHU pour entendre ces rescapés ? Lui qui n`apprécie pas qu`on indexe les FDS. Mezo Firmin, 20 ans, accable aussi les policiers en charge de la sécurité du stade " On était en rang depuis 12h. Les policiers ont fait passer ceux qui n`avaient pas de tickets. C`est eux qui ont poussé le portail et il y a eu bousculade. Les policiers ont jeté les gaz dans les rangs. Quand je suis tombé, je me suis évanoui parce que les gens ont marché sur moi. Mon ami Adama Sanogo est mort ". Pathétique. Et pourtant notre procureur de la République bien aimé nous informait, dans sa plaidoirie en faveur des policiers, que là où il y a eu jet de bombe lacrymogène, il n`y avait pas eu de mort. Mystère. Pendant que les évènements se déroulaient, Tchimou n`était pas au stade, il n`était même pas à Abidjan. Mais apparemment, il en sait plus que les témoins oculaires, les victimes.
Akwaba Saint Clair
Akwaba Saint Clair