La distribution des premières factures d`électricité interrompue depuis le déclenchement de la crise en septembre 2002, a débuté le lundi 06 avril dernier. Dès l`émission des premières factures normales comme décidée par le groupe en lieu et place des forfaits, des grincements de dents et autres mécontentements se font sentir petit-à-petit au sein de la population de la capitale de l`ex rébellion. Du quartier Dar-Es-Salam en passant par Djamourou, Sokoura et Koko, dans les maquis, kiosques à café et autres, la redistribution et le paiement des factures alimentent toutes les causeries. C`est le sujet de conversation sur toutes les langues depuis le lundi dernier.
C`est au cours d`une cérémonie organisée le jeudi 04 avril dernier, au Ran Hôtel, que les autorités locales du groupe SODECI-CIE avaient jeté les bases de cette reprise des activités du groupe CIE-SODECI. Ainsi par cette cérémonie, le groupe SODECI-CIE venait de reprendre officiellement avec leurs activités interrompues il y a de cela deux ans, suite à une vive manifestation des populations pour le refus de payer des factures.
Sensibilisation
Après la phase de lancement, sept (7) délégations conjointes composées des autorités des Forces nouvelles du groupe CIE-SODECI ont entrepris une grande tournée de sensibilisation dans les 10 zones CNO pour expliquer aux différentes populations la nécessité et le bien-fondé du paiement des factures. Durant quelques jours, ces différentes missions ont sillonné et échangé avec l`ensemble des populations des régions de la Vallée du Bandama, la ville de Bouaké, les régions de Man, de Korhogo, de Séguéla, d’Odienné, de Bouna. Même si quelques-uns ont adopté et accepté le paiement desdites factures, quelques résistances et grincements de dents persistent. " C`est une bonne initiative parce que nous voulons la réunification de ce pays. Mais ce qui pose le problème du non paiement de ces factures, c`est que les grandes sociétés de la place ne fonctionnent pas. Telles que Trituraf, CIDT, Gonfreville etc. Donc, ce sera très difficile. Nous-mêmes qui sommes à la retraite, nous allons vers nos amis pour qu`ils nous donnent quelque chose. Mais si nous n`avons rien, qu`est-ce que nous pouvons faire ? C`est très difficile ", a dit M. N`Guessan Patrice, ancien cheminot à la retraite. Traoré Mamadou alias P. Charles, électronicien au quartier Commerce, se pose des questions. Pour lui, " le problème est très complexe et compliqué. Parce qu`aujourd`hui, pour la population de Bouaké, c`est l`agonie financière. C`est l`apparence. Les gens ne travaillent pas. Des familles ne mangent même pas dans certaines cours. Je ne sais pas si les responsables des Forces nouvelles sont conscients de ce problème ".
Grogne…
Il était 7 heures, le lundi dernier, lorsque les agents de la Compagnie ivoirienne d`électricité (CIE) et de la Société de distribution d`eau en Côte d`Ivoire (SODECI), divisés en plusieurs groupes, ont pris d`assaut les différents ménages dans les quartiers pour remettre les premières factures d`eau et de l`électricité du mois de janvier 2009. Au quartier Dar-Es-Salam, un agent dudit groupe que nous avons rencontré et qui a voulu garder l`anonymat, nous explique ``Tout se déroule très bien pour l`instant. Jusque-là, nous n`avons pas été confrontés à des résistances de la part des populations. Lorsque nous venons dans les familles, nous nous contentons de remettre simplement les factures sans faire de commentaires ". Face à ces premières émissions, les réactions ne se sont pas fait attendre. M. Traoré Mamadou alias P. Charles, électronicien au quartier Commerce, lui, a fait savoir " La famille voisine où tout le monde est au chômage, leur facture s`élève à plus d`un million. Que les Forces nouvelles nous viennent en aide sinon, nous ne serons pas en mesure de payer ces factures. Nous ne vivons pas mais nous survivons. Je demande aux autorités de voir ce problème. Sinon, nous avons la volonté de payer mais les montants sont trop élevés ". Très en colère, M. Dembélé Sékou, commerçant au marché de Dar-Es-Salam, reste très ferme et catégorique. " Nous ne sommes pas prêts. Parce ce que les temps sont durs. Nous n`avons pas les moyens pour payer. Actuellement, le marché est très dur. Nous ne comprenons pas nos autorités locales. Le groupe CIE/SODECI veut nous piéger à Bouaké. Vraiment ça ne va pas. C`est la débandade totale. Passons aux choses sérieuses qui sont l`identification, les élections, le redéploiement de l`administration etc. Moi, aujourd`hui, je ne suis pas prêt à payer de facture ", a-t-il précisé.
Montants élevés
Certaines personnes jugent le montant de leur facture élévé. " J`ai déménagé dans le mois de janvier dans ma maison. Et, je suis seul chez moi à la maison. Chaque matin, je sors et je ne reviens que le soir à 22 heures. Je n`allume que la télé et les lumières. Vers 00 heure, je les éteins. Je quitte la maison à 7 heures. Voilà que je me retrouve avec 43.325 Cfa sur ma facture. Alors je me demande à quel moment ils sont passés relever mon index ou sur quelle base ils se fondent pour facturer. C`est incroyable ", s`exclame M. Siano Coulibaly, sur les nerfs. C`est la même situation dans plusieurs familles. Dembélé Sékou rajoute, " le minimum des factures chez nous à la maison, c`est 32.000 Frs pour la consommation du seul mois de janvier. Or, il n`y a ni télé, ni ventilateur. Ça, ce n`est pas normal. Avant la crise, ma consommation en deux (2) mois était de 22.000 Frs. Et aujourd`hui, pour un mois de consommation, j`ai une facture de 32.000 Frs ". Plus loin, M. Touré Karamoko, diplômé en sciences éco, en quête d`emploi, renchérit, amer " Nous sentons que nous sommes délaissés. Soyons réalistes. Qu`on allège la tâche à nos parents. Chez nous, la facture la moins chère fait 35.000. Avant la crise, nous ne payions pas 3600 Frs. " Je crois que la crise, depuis 2002, a occasionné beaucoup de difficultés au sein de la population. Je crois que c`est l`unicité des caisses et le retour à la normalité qui demandent que les gens paient les factures d`eau et de courant. C`est la bienvenue. Mais, il faut qu`il y ait un accompagnement. Il s`agit de la régularité des salaires de certaines sociétés pré-citées. Aujourd`hui, à Bouaké, ce sont les femmes qui nourrissent leurs maris à la maison. La crise a mis tout le monde au chômage. Si les salaires sont réguliers, je pense qu`à certains niveaux, il n`y aura pas de problème ", a fait savoir M. N`Guessan Patrice.
Un bureau de négociation et de dialogue
Décidé coûte que coûte à alléger la tâche aux populations, la direction de la CIE-Sodeci a ouvert un bureau pour la circonstance. Pour le directeur régional de la CIE, M. Becekon Alexis, " si les populations pensent qu`il y a des problèmes sur certaines factures, nous sommes ouvert au dialogue et à la négociation. Il y a un bureau, un espace qui a été aménagé spécialement pour pouvoir recueillir certaines réclamations et les différentes facilités ". Arrivé dans ce bureau, nous avons été reçu par une dame qui, depuis le matin, rencontre les différents clients venus porter des requêtes, des réclamations ou des informations.
Pour rappel, il faut savoir que depuis 2002, suite au déclenchement de la crise, ils sont nombreux ceux qui, dans les zones centre, nord et ouest, sont sans activités et donc, sans revenus.
DELMAS ABIB
delmas2000@hotmail.com
C`est au cours d`une cérémonie organisée le jeudi 04 avril dernier, au Ran Hôtel, que les autorités locales du groupe SODECI-CIE avaient jeté les bases de cette reprise des activités du groupe CIE-SODECI. Ainsi par cette cérémonie, le groupe SODECI-CIE venait de reprendre officiellement avec leurs activités interrompues il y a de cela deux ans, suite à une vive manifestation des populations pour le refus de payer des factures.
Sensibilisation
Après la phase de lancement, sept (7) délégations conjointes composées des autorités des Forces nouvelles du groupe CIE-SODECI ont entrepris une grande tournée de sensibilisation dans les 10 zones CNO pour expliquer aux différentes populations la nécessité et le bien-fondé du paiement des factures. Durant quelques jours, ces différentes missions ont sillonné et échangé avec l`ensemble des populations des régions de la Vallée du Bandama, la ville de Bouaké, les régions de Man, de Korhogo, de Séguéla, d’Odienné, de Bouna. Même si quelques-uns ont adopté et accepté le paiement desdites factures, quelques résistances et grincements de dents persistent. " C`est une bonne initiative parce que nous voulons la réunification de ce pays. Mais ce qui pose le problème du non paiement de ces factures, c`est que les grandes sociétés de la place ne fonctionnent pas. Telles que Trituraf, CIDT, Gonfreville etc. Donc, ce sera très difficile. Nous-mêmes qui sommes à la retraite, nous allons vers nos amis pour qu`ils nous donnent quelque chose. Mais si nous n`avons rien, qu`est-ce que nous pouvons faire ? C`est très difficile ", a dit M. N`Guessan Patrice, ancien cheminot à la retraite. Traoré Mamadou alias P. Charles, électronicien au quartier Commerce, se pose des questions. Pour lui, " le problème est très complexe et compliqué. Parce qu`aujourd`hui, pour la population de Bouaké, c`est l`agonie financière. C`est l`apparence. Les gens ne travaillent pas. Des familles ne mangent même pas dans certaines cours. Je ne sais pas si les responsables des Forces nouvelles sont conscients de ce problème ".
Grogne…
Il était 7 heures, le lundi dernier, lorsque les agents de la Compagnie ivoirienne d`électricité (CIE) et de la Société de distribution d`eau en Côte d`Ivoire (SODECI), divisés en plusieurs groupes, ont pris d`assaut les différents ménages dans les quartiers pour remettre les premières factures d`eau et de l`électricité du mois de janvier 2009. Au quartier Dar-Es-Salam, un agent dudit groupe que nous avons rencontré et qui a voulu garder l`anonymat, nous explique ``Tout se déroule très bien pour l`instant. Jusque-là, nous n`avons pas été confrontés à des résistances de la part des populations. Lorsque nous venons dans les familles, nous nous contentons de remettre simplement les factures sans faire de commentaires ". Face à ces premières émissions, les réactions ne se sont pas fait attendre. M. Traoré Mamadou alias P. Charles, électronicien au quartier Commerce, lui, a fait savoir " La famille voisine où tout le monde est au chômage, leur facture s`élève à plus d`un million. Que les Forces nouvelles nous viennent en aide sinon, nous ne serons pas en mesure de payer ces factures. Nous ne vivons pas mais nous survivons. Je demande aux autorités de voir ce problème. Sinon, nous avons la volonté de payer mais les montants sont trop élevés ". Très en colère, M. Dembélé Sékou, commerçant au marché de Dar-Es-Salam, reste très ferme et catégorique. " Nous ne sommes pas prêts. Parce ce que les temps sont durs. Nous n`avons pas les moyens pour payer. Actuellement, le marché est très dur. Nous ne comprenons pas nos autorités locales. Le groupe CIE/SODECI veut nous piéger à Bouaké. Vraiment ça ne va pas. C`est la débandade totale. Passons aux choses sérieuses qui sont l`identification, les élections, le redéploiement de l`administration etc. Moi, aujourd`hui, je ne suis pas prêt à payer de facture ", a-t-il précisé.
Montants élevés
Certaines personnes jugent le montant de leur facture élévé. " J`ai déménagé dans le mois de janvier dans ma maison. Et, je suis seul chez moi à la maison. Chaque matin, je sors et je ne reviens que le soir à 22 heures. Je n`allume que la télé et les lumières. Vers 00 heure, je les éteins. Je quitte la maison à 7 heures. Voilà que je me retrouve avec 43.325 Cfa sur ma facture. Alors je me demande à quel moment ils sont passés relever mon index ou sur quelle base ils se fondent pour facturer. C`est incroyable ", s`exclame M. Siano Coulibaly, sur les nerfs. C`est la même situation dans plusieurs familles. Dembélé Sékou rajoute, " le minimum des factures chez nous à la maison, c`est 32.000 Frs pour la consommation du seul mois de janvier. Or, il n`y a ni télé, ni ventilateur. Ça, ce n`est pas normal. Avant la crise, ma consommation en deux (2) mois était de 22.000 Frs. Et aujourd`hui, pour un mois de consommation, j`ai une facture de 32.000 Frs ". Plus loin, M. Touré Karamoko, diplômé en sciences éco, en quête d`emploi, renchérit, amer " Nous sentons que nous sommes délaissés. Soyons réalistes. Qu`on allège la tâche à nos parents. Chez nous, la facture la moins chère fait 35.000. Avant la crise, nous ne payions pas 3600 Frs. " Je crois que la crise, depuis 2002, a occasionné beaucoup de difficultés au sein de la population. Je crois que c`est l`unicité des caisses et le retour à la normalité qui demandent que les gens paient les factures d`eau et de courant. C`est la bienvenue. Mais, il faut qu`il y ait un accompagnement. Il s`agit de la régularité des salaires de certaines sociétés pré-citées. Aujourd`hui, à Bouaké, ce sont les femmes qui nourrissent leurs maris à la maison. La crise a mis tout le monde au chômage. Si les salaires sont réguliers, je pense qu`à certains niveaux, il n`y aura pas de problème ", a fait savoir M. N`Guessan Patrice.
Un bureau de négociation et de dialogue
Décidé coûte que coûte à alléger la tâche aux populations, la direction de la CIE-Sodeci a ouvert un bureau pour la circonstance. Pour le directeur régional de la CIE, M. Becekon Alexis, " si les populations pensent qu`il y a des problèmes sur certaines factures, nous sommes ouvert au dialogue et à la négociation. Il y a un bureau, un espace qui a été aménagé spécialement pour pouvoir recueillir certaines réclamations et les différentes facilités ". Arrivé dans ce bureau, nous avons été reçu par une dame qui, depuis le matin, rencontre les différents clients venus porter des requêtes, des réclamations ou des informations.
Pour rappel, il faut savoir que depuis 2002, suite au déclenchement de la crise, ils sont nombreux ceux qui, dans les zones centre, nord et ouest, sont sans activités et donc, sans revenus.
DELMAS ABIB
delmas2000@hotmail.com