Le ministre de la Production animale et des Ressources halieutiques, Alphonse Douati, s’est rendu samedi à San Pedro, où il lui a été présenté d’importants engins concernant la lutte contre la pêche illicite dans les eaux ivoiriennes. Il s’agit de plusieurs navires arraisonnés, dont «Maach 2», un bateau de pêche soupçonné d’être impliqué dans la disparition de quatre agents de la police maritime nationale, le 10 mars dernier, au large de Fresco ; et le patrouilleur «Intrépide », un engin de guerre de la marine nationale, réveillé pour faire pièce aux navires pirates, stationnés au port de san-Pedro. Le ministre qui s’y est rendu à la tête d’une forte délégation, a pu découvrir par lui-même, ces différents engins de mer, avant de se rendre à la salle de conférences de la Bourse café-cacao (Bcc) de ladite ville, où il s’est prêté aux questions des journalistes. La Conférence de presse de près de deux heures qu’il a animée, a permis aux journalistes, de se faire une idée claire de l’importance du poisson et des ressources halieutiques pour la Côte d’Ivoire ; du contexte des opérations de surveillance qui sont menées présentement dans ce pays ; des mesures de surveillance prises par son département de 2006 à 2008 ; des mesures arrêtées en 2009 ; et les perspectives en matière de politique de surveillance des pêcheries ivoiriennes. L’état d’avancement de l’enquête sur la disparition des quatre policiers marins, a été également abordé. Concernant ce dernier point, le ministre Douati a indiqué que Maach 2, arraisonné le jeudi 09 avril dernier, fait partie des quatre navires de pêche battant pavillon ghanéen, impliqués dans cette affaire. «Des agents rescapés de ce grave incident affirment reconnaître les membres de l’équipage », a assuré le ministre.
Aussi a-t-il souligné, les capitaines et les membres leurs équipages sont mis à la disposition de la gendarmerie ; les ambassades des pays concernés sont saisies. Les motifs du déplacement du ministre Douati à San Pedro vont au-delà de l’incident de Fresco. « L’évènement de ce jour concerne l’arraisonnement de plusieurs navires de pêche étrangers non autorisés dans nos eaux ainsi que de plusieurs navires nationaux s’adonnant à des mauvaises pratiques de pêche. Ces pratiques frauduleuses de la pêche sont en grande partie à l’origine de la rareté et de la cherté du poisson sur le marché ivoirien», a-t-il déclaré dès l’entame de sa conférence. Pour étayer ses propos sur la menace que la pêche illicite fait peser sur l’économie nationale, le conférencier a communiqué quelques chiffres sur l’évolution du secteur. Sur la période 2001-2005, les débarquements de pêche chalutière sont passés de 5200 tonnes à 4400 tonnes, soit une diminution en volume de 14,5%, pendant que les ventes se contractaient de 2, 054 milliards en 2001 à 1,4 milliard en 2005, soit une perte de 30% en valeur. La pêche industrielle nationale également, a été affectée par ce dépérissement. Du chiffre record de 40 000 tonnes atteint en 1986, elle subit une baisse constante. De 2001 à 2005, elle est passée de 24700 tonnes à 12600 tonnes. Enregistrant ainsi une chute de 43%. Cette dégradation de l’économie des pêcheries ivoiriennes s’explique, selon le ministre, par le fait que «la situation de crise a fait concentrer les efforts de l’Etat sur la surveillance du territoire terrestre au détriment de la mer, laissant le champ libre à la pêche illicite, non déclarée, non réglementée». Profitant de ce relâchement de la surveillance de la zone économique exclusive (Zee) de la Côte d’Ivoire, même les navires de pêche régulièrement autorisés violent les lois et règlements nationaux, en venant pêcher dans les deux miles marins réservés à la pêche artisanale, a précisé le ministre Douati. Quatre navires de pêche sur les sept arraisonnés depuis le 3 avril, date à laquelle le patrouilleur de la marine nationale, l’Intrépide, commandé par le capitaine de corvette Oboumou Noël, mène des opérations de surveillance de la Zee ivoirienne, sont dans ce cas de figure. Composé de 35 membres (des marins militaires, des agents des pêches appartenant au corps des eaux et forêts, et agents des affaires maritimes), l’équipage la l’Intrépide est un exemple de collaboration entre différents corps, que le ministre a félicité, et qualifié de «Cecos» de la mer. Cette initiative qui, en quelques jours, a permis d’arraisonner sept navires (deux étrangers et cinq nationaux), fait partie d’un ensemble de dispositions prises depuis 2006 par son département, dans le cadre de la surveillance des eaux ivoiriennes. Il s’agit entre autres, de l’adhésion de la Côte d’Ivoire à la surveillance satellitaire à travers le système Vms grâce à l’utilisation de balises argos. Lesquelles sont posées au bord des navires réguliers afin de repérer leur position en mer ; l’organisation de la surveillance dite passive qui a permis de relever que 52% des bateaux opérant dans les eaux ne sont munis d’aucune licence et ne sont enregistrés dans les administrations nationales ; l’interdiction de certaines pratiques de la pêche, notamment le «Chalut bœuf» qui consiste à utiliser des filets profonds et tirés par deux navires raclant et détruisant le fonds marin ; le retrait de la licence à 10 navires d’armateurs chinois ; la prise d’un arrêté du Premier ministre instituant le comité consultatif des pêches ; et la création d’un Programme de gestion durable des ressources halieutiques (Pdgrh), financé conjointement par la Côte d’Ivoire et l’Union européenne à travers le partenariat en matière de pêche. Sans pouvoir éradiquer le pillage des ressources halieutiques nationales, les mesures qui ont été prises ont produit des résultats encourageants, a soutenu le ministre. C’est pourquoi, dans les perspectives, il inscrit la continuation et l’intensification des opérations de surveillance, notamment en multipliant les patrouilles, et au besoin, en faisant appel à des appuis privés pour dissuader toute tentative de pillage des ressources halieutiques du pays ; l’adoption d’un nouveau projet de loi sur la pêche, lequel apportera «d’importantes innovations en intégrant les nouvelles exigences nationales et internationales» ; la mise en place d’un plan national de surveillance des pêches intégrant le mécanisme satellitaire, le système de radar et les patrouilles maritimes et, enfin, un projet de création d’un organisme de surveillance des pêches à l’instar de certains pays membres de la Conférence ministérielle sur la Coopération halieutique entre pays africains riverains de l’océan Atlantique (Comhafat) dont le Maroc, la Mauritanie, le Sénégal, la Guinée-Bissau, etc. Autant de mesures qui, selon le ministre Douati, témoignent de la volonté de la Côte d’Ivoire de «prendre ses responsabilités en tant qu’Etat côtier, Etat pavillon et Etat de port».
David Ya
Envoyé spécial à San Pédro
Aussi a-t-il souligné, les capitaines et les membres leurs équipages sont mis à la disposition de la gendarmerie ; les ambassades des pays concernés sont saisies. Les motifs du déplacement du ministre Douati à San Pedro vont au-delà de l’incident de Fresco. « L’évènement de ce jour concerne l’arraisonnement de plusieurs navires de pêche étrangers non autorisés dans nos eaux ainsi que de plusieurs navires nationaux s’adonnant à des mauvaises pratiques de pêche. Ces pratiques frauduleuses de la pêche sont en grande partie à l’origine de la rareté et de la cherté du poisson sur le marché ivoirien», a-t-il déclaré dès l’entame de sa conférence. Pour étayer ses propos sur la menace que la pêche illicite fait peser sur l’économie nationale, le conférencier a communiqué quelques chiffres sur l’évolution du secteur. Sur la période 2001-2005, les débarquements de pêche chalutière sont passés de 5200 tonnes à 4400 tonnes, soit une diminution en volume de 14,5%, pendant que les ventes se contractaient de 2, 054 milliards en 2001 à 1,4 milliard en 2005, soit une perte de 30% en valeur. La pêche industrielle nationale également, a été affectée par ce dépérissement. Du chiffre record de 40 000 tonnes atteint en 1986, elle subit une baisse constante. De 2001 à 2005, elle est passée de 24700 tonnes à 12600 tonnes. Enregistrant ainsi une chute de 43%. Cette dégradation de l’économie des pêcheries ivoiriennes s’explique, selon le ministre, par le fait que «la situation de crise a fait concentrer les efforts de l’Etat sur la surveillance du territoire terrestre au détriment de la mer, laissant le champ libre à la pêche illicite, non déclarée, non réglementée». Profitant de ce relâchement de la surveillance de la zone économique exclusive (Zee) de la Côte d’Ivoire, même les navires de pêche régulièrement autorisés violent les lois et règlements nationaux, en venant pêcher dans les deux miles marins réservés à la pêche artisanale, a précisé le ministre Douati. Quatre navires de pêche sur les sept arraisonnés depuis le 3 avril, date à laquelle le patrouilleur de la marine nationale, l’Intrépide, commandé par le capitaine de corvette Oboumou Noël, mène des opérations de surveillance de la Zee ivoirienne, sont dans ce cas de figure. Composé de 35 membres (des marins militaires, des agents des pêches appartenant au corps des eaux et forêts, et agents des affaires maritimes), l’équipage la l’Intrépide est un exemple de collaboration entre différents corps, que le ministre a félicité, et qualifié de «Cecos» de la mer. Cette initiative qui, en quelques jours, a permis d’arraisonner sept navires (deux étrangers et cinq nationaux), fait partie d’un ensemble de dispositions prises depuis 2006 par son département, dans le cadre de la surveillance des eaux ivoiriennes. Il s’agit entre autres, de l’adhésion de la Côte d’Ivoire à la surveillance satellitaire à travers le système Vms grâce à l’utilisation de balises argos. Lesquelles sont posées au bord des navires réguliers afin de repérer leur position en mer ; l’organisation de la surveillance dite passive qui a permis de relever que 52% des bateaux opérant dans les eaux ne sont munis d’aucune licence et ne sont enregistrés dans les administrations nationales ; l’interdiction de certaines pratiques de la pêche, notamment le «Chalut bœuf» qui consiste à utiliser des filets profonds et tirés par deux navires raclant et détruisant le fonds marin ; le retrait de la licence à 10 navires d’armateurs chinois ; la prise d’un arrêté du Premier ministre instituant le comité consultatif des pêches ; et la création d’un Programme de gestion durable des ressources halieutiques (Pdgrh), financé conjointement par la Côte d’Ivoire et l’Union européenne à travers le partenariat en matière de pêche. Sans pouvoir éradiquer le pillage des ressources halieutiques nationales, les mesures qui ont été prises ont produit des résultats encourageants, a soutenu le ministre. C’est pourquoi, dans les perspectives, il inscrit la continuation et l’intensification des opérations de surveillance, notamment en multipliant les patrouilles, et au besoin, en faisant appel à des appuis privés pour dissuader toute tentative de pillage des ressources halieutiques du pays ; l’adoption d’un nouveau projet de loi sur la pêche, lequel apportera «d’importantes innovations en intégrant les nouvelles exigences nationales et internationales» ; la mise en place d’un plan national de surveillance des pêches intégrant le mécanisme satellitaire, le système de radar et les patrouilles maritimes et, enfin, un projet de création d’un organisme de surveillance des pêches à l’instar de certains pays membres de la Conférence ministérielle sur la Coopération halieutique entre pays africains riverains de l’océan Atlantique (Comhafat) dont le Maroc, la Mauritanie, le Sénégal, la Guinée-Bissau, etc. Autant de mesures qui, selon le ministre Douati, témoignent de la volonté de la Côte d’Ivoire de «prendre ses responsabilités en tant qu’Etat côtier, Etat pavillon et Etat de port».
David Ya
Envoyé spécial à San Pédro