Le ministre de la Production animale et des Ressources halieutiques a frappé un grand coup. La patrouille intégrée qu`il a mise en place pour la surveillance des eaux territoriales a arrêté plusieurs navires clandestins dont un suspecté d`avoir partie liée à la disparition récente des gardes-côtes ivoiriens à Fresco.
La traque contre la pêche illégale est engagée. A la suite de la disparition des 4 éléments de la police maritime basés à San Pedro partis arraisonner des navires pirates au large de Sassandra, le ministre de la Production animale et des Ressources halieutiques, Alphonse Douaty, a mis en route, le 3 avril 2009, une opération spéciale. Celle-ci est bâtie autour d`un système intégré composé de toutes les forces impliquées dans la gestion des mers en l`occurrence les marins militaires, les agents des eaux et forêts ainsi que les agents des affaires maritimes. Il a mis à la disposition de cette sorte de «Cecos en mer», d`importants moyens logistiques : un patrouilleur de la marine nationale, «L`Intrépide», un Zodiac et des radars. Le ministère s`occupe lui-même de l`orientation des activités et de la mise en place des procédures administratives. Une semaine seulement après le démarrage, l`opération donne des résultats plus que satisfaisants que le ministre est allé constater de visu samedi à San Pedro. Selon le commandant des opérations, Noël Ogomou, 7 navires ont déjà été arraisonnés dont 5 nationaux et 2 étrangers. Quatre des navires nationaux se sont rendus coupables de mauvaise pratique de pêche en opérant dans les zones réservées à la pêche artisanale notamment les pirogues. Ce genre de pratique déstabilise la zone de reproduction et de grossissement des ressources halieutiques. L`un des navires nationaux, soutient l`officier supérieur de la marine nationale, est accusé de complicité avec des navires pirates en se prêtant au transbordement en mer. Les deux bateaux pirates étrangers pratiquant la pêche illicite sont Tottee, battant pavillon nigérian avec un équipage coréen et Maach 2, battant pavillon ghanéen avec un équipage chinois. En ce qui concerne ce dernier bateau, le ministre Alphonse Douaty révèle l`existence de plusieurs indices concordants attestant de sa participation au drame survenu au large de Fresco. «Des agents rescapés de ce grave incident affirment reconnaître les membres de l`équipage», souligne Alphonse Douaty, ajoutant que l`opération qu`il a initiée peut apporter un élément décisif à l`enquête en cours. Si les individus à bord des différents navires ne contestent pas la violation de la législation sur les pratiques des activités de pêcherie, les suspects de Maach 2 nient en bloc tout lien avec la disparition des marins ivoiriens. Quoi qu`il en soit, les autorités judiciaires sont saisies et les procédures engagées. Ces procédures ont conduit à l`arrestation des capitaines et des membres de leurs équipages ainsi que l`immobilisation des bateaux incriminés au Port autonome de San Pedro. Revenant sur les conditions d`arraisonnement de Maach 2, le commandant Ogomou explique qu`il a été aperçu grâce aux radars. Pris en chasse, les éléments ont pu mettre la main sur «l`engin criminel » au prix de mille efforts d`autant que, dit-il, le bateau avait refusé d`obtempérer. Un marin qui a participé à l`opération explique que d`autres navires ont réussi à prendre le large. Pour Alphonse Douaty, tous ces évènements douloureux rendent nécessaire la surveillance accrue des eaux territoriales ivoiriennes cibles de pratiques frauduleuses et de pillage systématique. En effet, les eaux maritimes ivoiriennes font l`objet d`incursions de navires de pêche étrangers non autorisés.
Réveil tardif ?
Ces navires qui ne sont pas enregistrés dans les fichiers de l`administration des pêches viennent piller les ressources halieutiques dans notre zone économique exclusive avec des méthodes proscrites par la réglementation notamment le chalut-bœuf. Ces pratiques sont dénoncées par les opérateurs du secteur, insistant sur une baisse quasi-régulière des captures des pêches maritimes. «Ces pratiques frauduleuses sont en grande partie à l`origine de la rareté et de la cherté du poisson sur le marché ivoirien», s`indigne le ministre Douaty. Sur la période 2001-2005, les débarquements à la pêche chalutière sont passés de 5.200 tonnes à 4.400 tonnes, soit une diminution en volume de 14,5% contre une contraction des ventes de 2,054 milliards Fcfa en 2001 à 1,4 milliard Fcfa en 2005, correspondant à une perte de 30 % en valeur. « Les unités de pêche chalutière équilibrent difficilement leurs comptes d`exploitation», fait-il observer. Au niveau de la pêche industrielle sardinière, le chiffre record de 40.000 tonnes en 2006 relève désormais du souvenir. Cette pêche est en recul constant sur la période 2001-2005. La production est passée de 24.700 tonnes à 12.600 tonnes équivalant à une perte de 49% en volume. Quant à la valeur des captures, elle a atteint un niveau de chute dans l`ordre de 43 %. Pour venir à bout des prédateurs, le gouvernement ne veut pas s`arrêter à des actions ponctuelles. Il entend réformer la législation en mettant en œuvre un plan national de surveillance des pêches intégrant le mécanisme satellitaire, le système radar et les patrouilles maritimes. Sur cette activité, la Côte d`Ivoire a sollicité la société française Thalès International. Par ailleurs, Alphonse Douaty a annoncé la création d`un organisme de surveillance des pêches calqué sur le modèle de certains pays plus avancés tels que le Maroc, la Mauritanie ou le Sénégal. Cet organisme, propose-t-il, sera constitué sous forme d`un Etablissement public national (Epn).
Lanciné Bakayoko, Envoyé spécial à San Pedro
La traque contre la pêche illégale est engagée. A la suite de la disparition des 4 éléments de la police maritime basés à San Pedro partis arraisonner des navires pirates au large de Sassandra, le ministre de la Production animale et des Ressources halieutiques, Alphonse Douaty, a mis en route, le 3 avril 2009, une opération spéciale. Celle-ci est bâtie autour d`un système intégré composé de toutes les forces impliquées dans la gestion des mers en l`occurrence les marins militaires, les agents des eaux et forêts ainsi que les agents des affaires maritimes. Il a mis à la disposition de cette sorte de «Cecos en mer», d`importants moyens logistiques : un patrouilleur de la marine nationale, «L`Intrépide», un Zodiac et des radars. Le ministère s`occupe lui-même de l`orientation des activités et de la mise en place des procédures administratives. Une semaine seulement après le démarrage, l`opération donne des résultats plus que satisfaisants que le ministre est allé constater de visu samedi à San Pedro. Selon le commandant des opérations, Noël Ogomou, 7 navires ont déjà été arraisonnés dont 5 nationaux et 2 étrangers. Quatre des navires nationaux se sont rendus coupables de mauvaise pratique de pêche en opérant dans les zones réservées à la pêche artisanale notamment les pirogues. Ce genre de pratique déstabilise la zone de reproduction et de grossissement des ressources halieutiques. L`un des navires nationaux, soutient l`officier supérieur de la marine nationale, est accusé de complicité avec des navires pirates en se prêtant au transbordement en mer. Les deux bateaux pirates étrangers pratiquant la pêche illicite sont Tottee, battant pavillon nigérian avec un équipage coréen et Maach 2, battant pavillon ghanéen avec un équipage chinois. En ce qui concerne ce dernier bateau, le ministre Alphonse Douaty révèle l`existence de plusieurs indices concordants attestant de sa participation au drame survenu au large de Fresco. «Des agents rescapés de ce grave incident affirment reconnaître les membres de l`équipage», souligne Alphonse Douaty, ajoutant que l`opération qu`il a initiée peut apporter un élément décisif à l`enquête en cours. Si les individus à bord des différents navires ne contestent pas la violation de la législation sur les pratiques des activités de pêcherie, les suspects de Maach 2 nient en bloc tout lien avec la disparition des marins ivoiriens. Quoi qu`il en soit, les autorités judiciaires sont saisies et les procédures engagées. Ces procédures ont conduit à l`arrestation des capitaines et des membres de leurs équipages ainsi que l`immobilisation des bateaux incriminés au Port autonome de San Pedro. Revenant sur les conditions d`arraisonnement de Maach 2, le commandant Ogomou explique qu`il a été aperçu grâce aux radars. Pris en chasse, les éléments ont pu mettre la main sur «l`engin criminel » au prix de mille efforts d`autant que, dit-il, le bateau avait refusé d`obtempérer. Un marin qui a participé à l`opération explique que d`autres navires ont réussi à prendre le large. Pour Alphonse Douaty, tous ces évènements douloureux rendent nécessaire la surveillance accrue des eaux territoriales ivoiriennes cibles de pratiques frauduleuses et de pillage systématique. En effet, les eaux maritimes ivoiriennes font l`objet d`incursions de navires de pêche étrangers non autorisés.
Réveil tardif ?
Ces navires qui ne sont pas enregistrés dans les fichiers de l`administration des pêches viennent piller les ressources halieutiques dans notre zone économique exclusive avec des méthodes proscrites par la réglementation notamment le chalut-bœuf. Ces pratiques sont dénoncées par les opérateurs du secteur, insistant sur une baisse quasi-régulière des captures des pêches maritimes. «Ces pratiques frauduleuses sont en grande partie à l`origine de la rareté et de la cherté du poisson sur le marché ivoirien», s`indigne le ministre Douaty. Sur la période 2001-2005, les débarquements à la pêche chalutière sont passés de 5.200 tonnes à 4.400 tonnes, soit une diminution en volume de 14,5% contre une contraction des ventes de 2,054 milliards Fcfa en 2001 à 1,4 milliard Fcfa en 2005, correspondant à une perte de 30 % en valeur. « Les unités de pêche chalutière équilibrent difficilement leurs comptes d`exploitation», fait-il observer. Au niveau de la pêche industrielle sardinière, le chiffre record de 40.000 tonnes en 2006 relève désormais du souvenir. Cette pêche est en recul constant sur la période 2001-2005. La production est passée de 24.700 tonnes à 12.600 tonnes équivalant à une perte de 49% en volume. Quant à la valeur des captures, elle a atteint un niveau de chute dans l`ordre de 43 %. Pour venir à bout des prédateurs, le gouvernement ne veut pas s`arrêter à des actions ponctuelles. Il entend réformer la législation en mettant en œuvre un plan national de surveillance des pêches intégrant le mécanisme satellitaire, le système radar et les patrouilles maritimes. Sur cette activité, la Côte d`Ivoire a sollicité la société française Thalès International. Par ailleurs, Alphonse Douaty a annoncé la création d`un organisme de surveillance des pêches calqué sur le modèle de certains pays plus avancés tels que le Maroc, la Mauritanie ou le Sénégal. Cet organisme, propose-t-il, sera constitué sous forme d`un Etablissement public national (Epn).
Lanciné Bakayoko, Envoyé spécial à San Pedro