La refondation a une position désormais sans ambiguïté. Elle ne veut pas aller aux élections. Les choses sont claires. Aussi a-t-elle choisi de se cacher derrière des faux fuyants et des arguties sans contenance, pour tenter vainement de masquer son refus d’aller aux élections. Alors que son chef proclame officiellement sa volonté de partir aux « élections vite, vite, vite… », ses collaborateurs donnent chaque jour davantage dans la surenchère et s’arc-boutent sur le même subterfuge : le désarmement des ex-rebelles. Ainsi en est- il de la dernière sortie, à Buyo, du ministre Désiré Tagro, qui fait partie de l’aile dure du Front Populaire Ivoirien. « L’Accord de Ouagadougou est clair. Les élections doivent se dérouler au plus tard deux mois après le processus DDR et c’est écrit. S’il n’ y a pas de désarmement, il n’y a pas d’élections… Nous sommes exigeants pour que cela soit appliqué », a lâché le ministre de l’Intérieur et ancien porte-parole de Laurent Gbagbo. La mauvaise foi politique est sans doute manifeste. Si Désiré Tagro est un des artisans de l’Accord politique de Ouagadougou, il doit véritablement savoir que le désarmement n’est plus à l’ordre du jour avec le consensus signé au « Pays des Hommes Intègres ». Désormais, il est question de cantonnement des forces en présence, en prélude à la formation d’une armée républicaine, qui sera mise en place par le nouveau président de la République. On ne peut, donc pas, honnêtement remettre en cause ce que l’on a librement paraphé comme le fait Tagro et les extrémistes du régime. Aujourd’hui, brandir le désarmement comme le préalable à la tenue des élections est une grosse forfaiture de la part des tenants du pouvoir. C’est en toute connaissance de cause, c'est-à-dire de la parfaite maîtrise de l’Accord de Ouaga que nous avons engagé les processus d’enrôlement et d’identification, des audiences foraines, sans que le ciel ne tombe sur la Côte d’Ivoire. De la même manière, les gens sont allés se faire identifier, de la même façon, ils pourront voter tranquillement. Les Forces nouvelles ont fait montre de suffisamment de grandeur et de responsabilité dans la marche vers le processus électoral. En la matière, les faits ne manquent pas pour le montrer. La Première Dame, Simone Gbagbo, a bien passé de nombreux jours au Nord, sans être inquiétée outre mesure. Comme à son habitude, elle a même nargué et méprisé les soldats de Guillaume Soro, sans que ces derniers n’opposent de désapprobation. Elle a traversé de long en large, les zones FN, sans crainte de quoi que ce soit. Dans la même veine, le président du FPI, Pascal Affi N’guessan, a passé 45 jours dans le Nord, sans rencontrer d’adversité. Il y a dormi tranquillement et parcouru de nombreuses contrées, pour véhiculer le message de son parti. Le séjour s’est tellement bien passé qu’il a martelé sans ambages : « tout le long de mon séjour, je n’ai pas entendu un seul coup de feu ». Le Chef de l’Etat lui-même y est allé et a été bien accueilli par les populations. Comment comprendre donc la nouvelle exigence de la refondation, à un moment où la majorité des politiques et des Ivoiriens réclament une date pour la tenue des élections ? On le devine aisément. Ne s’étant pas préparés à aller au scrutin et ayant peur du verdict à venir des urnes, Tagro et les frontistes cherchent des subterfuges pour tout remettre en cause. C’est ainsi qu’il faut comprendre les sorties qu’on nous propose depuis un moment et les cris d’orfraie que nous servent Tagro et la refondation. Il est temps d’arrêter les faux débats.
Bakary Nimaga
Bakary Nimaga