Regards croisés sur le paradis français

Pour son premier déjeuner littéraire, la fondation Memel Fôté a organisé hier, une rencontre autour de l'ouvrage Le paradis français de Maurice Bandaman.

Ce n'est pas un roman sur l'immigration, tout comme ce n'est pas un livre anti-français. C'est bien un roman comme tout autre. Mais à la seule différence que Le paradis français , la dernière production de Maurice Bandaman évoque un sujet d'actualité. Et qui est beaucoup vécu dans le monde des jeunes filles. Il s'agit des rencontres, ou tout simplement les mariages qui se font via Internet. L'ouvrage sorti aux éditions Nei-Ceda, a fait hier, l'objet d'un petit déjeuner littéraire à la Fondation Memel Fôté. "C'est une rencontre que nous organisons en partenariat avec l'association des écrivains de Côte d'Ivoire. " Explique de ce fait, le professeur Sery Bailly, qui dirige cette structure. Le modérateur tout trouvé est bien entendu, le professeur Cissé, l'un des spécialistes de Maurice Bandaman, Le paradis français présente-t-il, est un titre thématique. C'est une écriture précise, crue par moments. " Un constat bien juste. Puisque Maurice Bandaman écrit avec les mots qu'il faut. La poésie se mêle à la cruauté. Avec une bonne dose d'émotion pour décrire le drame des jeunes africains qui vont en Europe, à la recherche du bonheur qu'ils ne retrouvent pas ici. Par exemple, la belle Mira sûrement déçue de ne pas avoir l'amour qu'elle recherche en Côte d'Ivoire, décroche sur le Net, un amant blanc qui l'a fait partir en Italie. Là-bas, elle sera désillusionnée. Car elle va tomber sur un monstre sans cœur, qui va la plonger dans le sous-sol de la société. Mira sera prostituée contre son gré, obligée qu'elle est chaque jour, de satisfaire la libido de plusieurs mâles européens. Là-bas, elle rencontre plusieurs africaines qui ont eu la même trajectoire qu'elle. Mais elle réussira à s'échapper avec plusieurs autres africains pour se retrouver en France. Malheureusement, sur le chemin de la fuite, il y a des morts. Un jeune congolais qui a fui la guerre de son pays, s'effondre sur la route avec tous ses diplômes et son savoir. Là, ce n'est pas un cerveau qui s'enfuit. Mais un cerveau qui s'éteint plutôt, loin de tous les regards dans les montagnes italiennes en partance pour la France. " Là, je n'ai pas tout dit. Parce qu'on m'a dit que sur ce chemin, il y a beaucoup de corps. Et ce sont des corps de jeunes africains. " Précise l'auteur. En France, la vie de Mira va de chute en chute. Elle connaît tous les déboires, souvent en monnayant sa beauté pour survivre. C'est par exemple, le cas, quand elle se trouve obligée de faire l'amour au couteau avec un restaurateur vietnamien. Le livre de Maurice Bandaman met abondamment en scène le sexe. Pas qu'il n'y a que ça dans le quotidien des immigrés en Europe, mais bien parce qu'il a voulu décrire un drame. "Le livre est grave et sérieux à la fois " constate de ce fait le professeur Logbo. " Ce n'est pas un livre anti-français. C'est un livre de sensibilisation. Autant on sensibilise sur le Sida, autant on sensibilise sur les difficultés de la vie en Europe. " Précise l'auteur. Bref, le livre de Maurice Bandaman interpelle. Et il doit être mis à la disposition du grand public pour mieux dévoiler les dangers de l'immigration. C'est aussi un roman qui ferait un grand film au cinéma. Avis donc aux cinéastes.
Guéhi Brence