«Il y a eu trop de grèves cette année. Si les dates sont maintenues, nous sommes foutus», prévient un élève du lycée Houphouët Boigny de Korhogo. « Moi je reprends la terminale, donc je n'ai pas ce problème. Mais pour mes camarades arrivés cette année, ce sera difficile puisque le programme n'est pas encore bouclé » renchérit Hié Kilako, un autre candidat en classe de terminale A2. Mlle Ouattara Sientchienwin, en terminale D, ne partage pas leur avis. Pour elle, il n'y a pas de raison qu'on ne puisse pas aller aux examens en juin puisque tous les programmes sont pratiquement achevés. «C'est seulement en histoire-géographie que les cours ne pourront pas être achevés. Ne pas achever le programme d'histoire-géographie n'est pas en soi un handicap » affirme-t-elle. « D'ailleurs, les professeurs d'histoire n'ont jamais terminé leurs programmes. Ce sont toujours des polycopies qu'ils distribuent aux élèves en fin d'année et on n'a pas le temps de les assimiler », accuse sa camarade de classe. Silué Emilie soutient le contraire : « Il n'y a pas d'autre alternative. Il faut décaler les examens d'au moins deux semaines pour permettre aux enseignants de terminer le programme et nous permettre d'avoir un temps de révision.» Dans les classes, les situations sont diverses. Pour Ladji Coulibaly, professeur de sciences physiques, « seuls des cours de rattrapage » pourront lui permettre de terminer son programme. « En terminale D, les physiques constituent une des matières spécifiques et il me reste encore 7 à 8 chapitres. Ce sont des chapitres de 7 heures. S'il y a d'éventuelles perturbations, c'est la totale », craint M. Coulibaly. « La date de juin serait trop juste. Il faut un décalage d'au moins deux semaines », souhaite Adama Dao, professeur de lettres. « En français, il n'y a pas de problème spécifique. Le retard ne se situe que dans l'étude des œuvres. Concernant la méthodologie (Ndlr : dissertation littéraire, résumé de texte et production écrite, commentaire composé), le programme en terminale est une révision. Seulement, il faut tenir compte du retard accusé pour revoir les dates », propose-t-il. En philosophie, ce sont les mêmes problèmes. Si Koné Mamadou du lycée moderne dit qu'il ne lui reste que deux problématiques qu'il peut achever, son collègue, Koné Sindé explique qu'il est obligé de faire des cours les samedis pour avancer dans le programme. « A partir du 20 mai, j'achève le programme » se réjouit Koné Bakary, enseignant de SVT (Ndlr : Sciences de la vie et de la terre, anciennement appelées sciences naturelles). « J'entame mes séances de révision avec mes élèves de la terminale D lundi prochain (Ndlr : 20 avril). Le programme est fini », révèle pour sa part Kouassi Ameth M'Baye, professeur de mathématique. Et M. Kouassi de poursuivre : « Si je m'en tiens à ma discipline, les candidats sont quasiment prêts pour les examens. » Son homologue Sanogo Bakary a trois chapitres à terminer. « Ce qu'il faut privilégier pour le choix des sujets, a-t-il proposé, ce sont les premières leçons de sorte à ne pas pénaliser les enfants. On va courir pour terminer les programmes, mais ce n'est pas à l'avantage des candidats. Donc il faut maintenir les dates, mais choisir les sujets parmi les chapitres de début», estime-t-il. Des professeurs de langues défendent la même position : «En allemand, il n'y a pas de souci. Je termine en deux semaines au plus.» Sauf que MM N'Dri et Bamba, respectivement professeurs d'anglais et d'espagnol avouent qu'il leur sera difficile d'achever le programme dans le temps. Toutefois, il serait indiqué, en opérant le choix des sujets, de tenir compte des nombreuses perturbations qui ont jalonné l'école. Car, cette fois, les élèves ne sont que des victimes innocentes.
Mazola
Correspondant régional
Mazola
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