Hier, sur l'esplanade du Palais présidentiel, la nation ivoirienne a rendu hommage à l'illustre disparue, S.E.Mme Sarata Ottro Zirignon. Le Temps vous propose un extrait de l'oraison funèbre lu par l'Ambassadeur Voho Sahi.
“…Le premier mot c'est l'engagement. L'engagement de Sarata Touré remonte aux années 1970 - 1971. Sa biographie officielle mentionne qu'elle obtient son Bac au lycée classique de Bouaké en 1970. Titulaire d'une licence de littérature et civilisation anglaises de l'université d'Abidjan et du Capes pour l'enseignement de l'anglais dans le second cycle des lycées à l'Ens dès 1973, elle va parfaire sa formation entre 1974 et 1976 à l'université d'Abidjan et au Moray house College of Education à Edimbourg en Grande-Bretagne.
A son retour, elle enseigne comme professeur certifié d'anglais de 1976 à 1980 au Lycée de jeunes filles de Yamoussoukro et au Lycée classique d'Abidjan. En 1980, elle part travailler aux Etats-Unis, comme traductrice indépendante à New York. Elle rentre en 1984. L'ambassade des Etats-Unis à Abidjan l'engage cette même année comme traductrice agréée, Senior Linguist, analiste politique. Elle restera à ce poste jusqu'en 2000, soit 16 ans durant ! Parallèlement à ses fonctions à l'ambassade des Etats-Unis, elle fonde et gère de 1992 à 1994, un Cabinet de Traduction et de Formation en Anglais, le Catsu.
Mais l'engagement de cette femme n'est pas uniquement d'ordre intellectuel et professionnel. Ceux de sa génération se souviennent qu'en 1969, pour encadrer la jeunesse ivoirienne de l'époque, le parti unique crée le Meeci : Mouvement des élèves et étudiants de Côte d'Ivoire, sous section du parti. Face à ce mouvement, les étudiants qui défendent les idées d'autonomie de pensée et de liberté d'organisation créent l'Union syndicale des étudiants et élèves de Côte d'Ivoire (Useeci). Sarata Touré n'est pas une simple militante de cette dernière organisation. Elle est au-devant de la lutte, dans le bureau de la section Ens, section dirigée par Yao Kassi Maxime.
Dans cette bataille pour la liberté elle subira, avec ses camarades, la répression qui a conduit les uns, dont le président Laurent Gbagbo, à Séguéla et les autres, essentiellement les filles, à Bouaké. Elle se retrouve ainsi en prison avec Ganon Amessan Agnès, Kouassi Adjoua Madeleine, Mabla Henriette, Toh Clémentine, et son amie de toujours, Koudou Jeannette, restée à Abidjan au camp d'Akouédo.
Tout naturellement, l'engagement syndical la conduit à l'engagement politique. D'abord, à travers les mouvements de la société civile. Elle est membre fondateur du Mouvement ivoirien des femmes démocrates (Mifed), créé en 1990. Elle milite activement à la Ligue ivoirienne des Droits de l'Homme (Lidho) de 1990 à 1996 et dans la section Afrique du Groupe d'Etude et de Recherches sur la Démocratie et le Développement économique et social (Gerddes), de 1991 à 1993.
Dès 1990, elle adhère au Front populaire ivoirien. Elle est chargée des relations extérieures au cabinet du président du Fpi avant d'entrer au Secrétariat général, l'instance dirigeante du parti, en 1995. Durant la campagne électorale de 2000, elle a en charge les relations extérieures du candidat Laurent Gbagbo au sein de la direction nationale de campagne.
Au moment donc où elle est nommée en 2000, directeur adjoint du cabinet du Président de la République, c'est le couronnement de plusieurs décennies d'engagement, de sacrifices, de fidélité à soi et aux autres. Sarata Ottro Zirignon-Touré, a d'autant plus de mérite qu'au moment où elle s'est engagée, la victoire n'était pas assurée. Elle n'est pas venue au secours de la victoire. Au contraire, elle était là dans les moments d'incertitude et de braise.
Il lui a fallu vaincre les préjugés, les résistances et les pesanteurs de tous genres. Comme Nanan Triban dans Soundjata, Lion du Manding, cet hymne à la noblesse dans l'engagement, elle a rompu avec tous les Sassouman Bérété pour prendre le parti de la liberté, de la vérité et de l'ouverture. C'est pourquoi, elle est un modèle de médiation. (…) Salut la patronne, salut Madame le Directeur de Cabinet adjoint ".
Propos recueillis par
Frimo Koukou
Photos : Yanez Dessouza
“…Le premier mot c'est l'engagement. L'engagement de Sarata Touré remonte aux années 1970 - 1971. Sa biographie officielle mentionne qu'elle obtient son Bac au lycée classique de Bouaké en 1970. Titulaire d'une licence de littérature et civilisation anglaises de l'université d'Abidjan et du Capes pour l'enseignement de l'anglais dans le second cycle des lycées à l'Ens dès 1973, elle va parfaire sa formation entre 1974 et 1976 à l'université d'Abidjan et au Moray house College of Education à Edimbourg en Grande-Bretagne.
A son retour, elle enseigne comme professeur certifié d'anglais de 1976 à 1980 au Lycée de jeunes filles de Yamoussoukro et au Lycée classique d'Abidjan. En 1980, elle part travailler aux Etats-Unis, comme traductrice indépendante à New York. Elle rentre en 1984. L'ambassade des Etats-Unis à Abidjan l'engage cette même année comme traductrice agréée, Senior Linguist, analiste politique. Elle restera à ce poste jusqu'en 2000, soit 16 ans durant ! Parallèlement à ses fonctions à l'ambassade des Etats-Unis, elle fonde et gère de 1992 à 1994, un Cabinet de Traduction et de Formation en Anglais, le Catsu.
Mais l'engagement de cette femme n'est pas uniquement d'ordre intellectuel et professionnel. Ceux de sa génération se souviennent qu'en 1969, pour encadrer la jeunesse ivoirienne de l'époque, le parti unique crée le Meeci : Mouvement des élèves et étudiants de Côte d'Ivoire, sous section du parti. Face à ce mouvement, les étudiants qui défendent les idées d'autonomie de pensée et de liberté d'organisation créent l'Union syndicale des étudiants et élèves de Côte d'Ivoire (Useeci). Sarata Touré n'est pas une simple militante de cette dernière organisation. Elle est au-devant de la lutte, dans le bureau de la section Ens, section dirigée par Yao Kassi Maxime.
Dans cette bataille pour la liberté elle subira, avec ses camarades, la répression qui a conduit les uns, dont le président Laurent Gbagbo, à Séguéla et les autres, essentiellement les filles, à Bouaké. Elle se retrouve ainsi en prison avec Ganon Amessan Agnès, Kouassi Adjoua Madeleine, Mabla Henriette, Toh Clémentine, et son amie de toujours, Koudou Jeannette, restée à Abidjan au camp d'Akouédo.
Tout naturellement, l'engagement syndical la conduit à l'engagement politique. D'abord, à travers les mouvements de la société civile. Elle est membre fondateur du Mouvement ivoirien des femmes démocrates (Mifed), créé en 1990. Elle milite activement à la Ligue ivoirienne des Droits de l'Homme (Lidho) de 1990 à 1996 et dans la section Afrique du Groupe d'Etude et de Recherches sur la Démocratie et le Développement économique et social (Gerddes), de 1991 à 1993.
Dès 1990, elle adhère au Front populaire ivoirien. Elle est chargée des relations extérieures au cabinet du président du Fpi avant d'entrer au Secrétariat général, l'instance dirigeante du parti, en 1995. Durant la campagne électorale de 2000, elle a en charge les relations extérieures du candidat Laurent Gbagbo au sein de la direction nationale de campagne.
Au moment donc où elle est nommée en 2000, directeur adjoint du cabinet du Président de la République, c'est le couronnement de plusieurs décennies d'engagement, de sacrifices, de fidélité à soi et aux autres. Sarata Ottro Zirignon-Touré, a d'autant plus de mérite qu'au moment où elle s'est engagée, la victoire n'était pas assurée. Elle n'est pas venue au secours de la victoire. Au contraire, elle était là dans les moments d'incertitude et de braise.
Il lui a fallu vaincre les préjugés, les résistances et les pesanteurs de tous genres. Comme Nanan Triban dans Soundjata, Lion du Manding, cet hymne à la noblesse dans l'engagement, elle a rompu avec tous les Sassouman Bérété pour prendre le parti de la liberté, de la vérité et de l'ouverture. C'est pourquoi, elle est un modèle de médiation. (…) Salut la patronne, salut Madame le Directeur de Cabinet adjoint ".
Propos recueillis par
Frimo Koukou
Photos : Yanez Dessouza