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Politique Publié le vendredi 17 avril 2009 | Le Nouveau Réveil

Accord Politique de Ouagadougou - C`est le terminus

C'est le moment; parce que le 4ème accord complémentaire du 22 décembre 2008 a définitivement mis fin à l'APO. C'est le terminus.

Constat: au lieu de clarifier l'accord principal auquel il est adossé pour le rendre plus digeste et facilement applicable, le 4ème accord complémentaire contredit l'accord principal, le remet en cause et ouvre de nouvelles brèches de polémique pour faire durer le temps de l'incertitude, et permettre à ses signataires de rester au pouvoir jusqu'en 2010.

Ce 4ème avenant réglait le différend militaire existant entre les deux ex-belligérants, en fixant les quatre points d'accord ci-après:

1. Les textes juridiques relatifs à la nouvelle armée républicaine de 39 000 hommes (FDS 34 000 et FAFN 5000) sont élaborés et signés au plus tard, un mois après le 22 décembre 2008 ;

2. La nouvelle armée devient opérationnelle au plus tard un mois après l'investiture du nouveau président de la République;

3. 4000 FAFN intègrent le CCI, aux côtés de 4000 FDS, soit au total 8000 hommes sur 39 000, au plus tard deux mois avant la date prévue pour l'élection présidentielle (date toujours inconnue), pour sécuriser les élections;

4. Les combattants civils FAFN non intégrés et les miliciens du Sud, désarmés et démobilisés, reçoivent chacun 500 000 FCFA et rentrent à la maison.

Mais, ce 4ème avenant est aussi bloqué : l'on ne parle plus du versement des 500.000 F aux ex-combattants pour solder les comptes; les textes de la nouvelle armée dorment dans les tiroirs; et le CCI n'existe que de nom: il n'a toujours pas accueilli les 8000 hommes.

Rappelons que:

D'une part, l'accord principal du 4 mars 2007 prévoyait:

1. De bâtir une armée nationale (nouvelle armée républicaine) à partir de la " restructuration et de la refondation des deux armées" et de faire du CCI son antichambre;

2. Par conséquent, de désarmer (remettre ses armes à autrui), de démobiliser et de réinsérer les ex-combattants des FDS et des FAFN avant l'élection présidentielle du 4 janvier 2008 ;

3. De désarmer, de démobiliser et d'intégrer, dans le même délai, les civils FAFN et les miliciens du Sud au sein du CCI, du Pnrrc et du Service civique.

D'autre part, l'accord complémentaire 3 (3ème avenant) du 28 novembre 2007:

1. Rectifiait déjà l'accord principal, en substituant le cantonnement des ex-combattants
(regroupement et stockage des armes) au DDR ci-dessus, avant l'élection présidentielle du 30 juin (puis du 30 novembre) 2008, sous la conduite du CCI et sous la supervision des forces impartiales (Onuci-licorne) ;

2. mais maintenait l'intégration des ex-combattants civils FAFN et les miliciens du Sud désarmés et démobilisés, au CCI, au Pnrrc et au Service civique.

On se rend bien compte que, chaque fois que l'on avance dans le temps, les deux signataires de l'APO s'arrangent pour transformer les solutions des problèmes antérieurs, en de nouveaux problèmes, compliquant ainsi la résolution de l'ensemble. Et pendant qu'ils font croire qu'ils sont en négociation " pour booster le processus ", ils gagnent du temps et profitent du pouvoir.

Face à cette situation, que fait le CPC? Que font particulièrement les deux dirigeants de l'opposition (1), membres de cet organe? L'un deux a dit récemment, qu'il ne se sentait pas concerné par l'accord complémentaire 4. Cela peu-t-il être possible, d'être membre du CPC et de ne pas se sentir concerné par les avenants à l'APO? S'est-il désolidarisé? A moins de cacher quelque chose aux Ivoiriens, par exemple une stratégie de conquête du pouvoir, ce discours qui émane notamment de l'un des principaux soutiens des FN, est peu convaincant; il est révélateur des luttes politiques souterraines qui font perdurer la crise.

L'ancien DGA du FMI a, semble-t-il, assuré sa participation à l'élection présidentielle à venir, en troquant son appui auprès du FMI et de la BM, pour l'admission de la Côte d'Ivoire au PPTE, contre son droit à l'éligibilité. "Il déploie la même énergie pour le maintien du chef de l'ex-rébellion à la Primature, même si ce dernier s'est montré jusqu'à présent incapable de faire organiser, par la CEI, des élections démocratiques pour sortir la Côte d'Ivoire de la crise. L'ancien Premier ministre attend-il de lui un soutien qui le conduise au palais présidentiel, sous l'escorte des "Com-zones" et des FAFN ?

Quant à l'ancien Président, il se satisfait apparemment de son rôle de "patriarche" que l'on vient consulter de toute parts, pour demander ses conseils et pour bénéficier de ses soutiens; il les donne volontiers, même à ses adversaires. Pourtant, parmi les trois grands candidats déclarés à l'élection présidentielle, il est le plus fragile: il n'a pas d'armée! Ce qui, à l'évidence, devrait le faire redoubler d'efforts à se constituer une véritable armée d'électrices et d'électeurs très combatifs. Au lieu de cela, il suit tranquillement la cadence imposée par les autres. Quand faudra-t-il se tenir debout pour imposer son propre rythme, et emboucher le clairon du "vieux sage d'Afrique" pour scander: "ventre affamé n'a point d'oreille"!

Les tenants actuels du pouvoir sont tranquilles! le premier, à l'image de son ami Dos Santos en Angola, tient à conserver son pouvoir, contre vents et marées; et il n'est plus prêt à le partager. Quant au second, il s'est mis sous la tutelle confortable du premier (2ème tutelle, la première étant celle de l'ancien DGA) pour, au mieux, lui succéder un jour au palais; au pire, pour s'éviter d'avoir à répondre, plus tard, des tueries perpétrées par l'ex-rébellion.

Mais, la tutelle présidentielle a ses soucis: elle aussi est guettée par d'éventuelles poursuites. La faute la plus facile à démontrer qui pourrait être à l'origine de l'une de ces poursuites, est celle de n'avoir pas su maintenir l'intégrité du territoire ivoirien, mais d'en avoir concédé une partie aux FN. Ne dit-on pas: " un Etat, une armée" ? En Côte d'Ivoire, il y a " deux armées ", donc deux Etats. L'un, le Sud et l'autre, le Nord. Curieuse ressemblance avec le Soudan.

Que faire maintenant pour sortir de cet imbroglio? L'accord complémentaire 4 est définitivement bloqué; et c'est sur ce blocage, qu'ils nous promettent, à tour de rôle, qu'ils vont organiser l'élection présidentielle, tantôt en septembre, tantôt en octobre 2009. Comment vont-ils s'y prendre? Non seulement la CEI n'y croit pas, mais elle étale au grand jour son incapacité à assumer pleinement ses responsabilités constitutionnelles: pour une simple publication du calendrier électoral (demandée par le CPC depuis le 10 novembre 2008 à Ouaga), elle exige la réunion de quatre conditions dont le déploiement effectif du CCI (le facteur bloquant) sur le territoire national, pour sécuriser les élections.

Tout cela montre bien l'incapacité des ex-belligérants et de leurs alliés, à mettre fin à la crise qu'ils ont créée, en organisant des élections démocratiques dans notre pays. Ils sont arrivés à bout de souffle et à leur terminus. Aller se " ressourcer " sur un cimetière de Yamoussoukro, en est la parfaite illustration. Ils doivent passer la main à d'autres. En douceur ou par la rue, c'est au choix. En démocratie, c'est l'absence de convention transversale qui impose les manifestations de rue. Ces manifestations pacifiques, comme cela se faisait sous la conduite de l'opposant Laurent Gbagbo, ne sont pas plus dangereuses, y compris pour le pouvoir, que le projet de l'armée du Sud de déployer ses gendarmes et ses policiers dans les zones CNO contrôlées par l'armée du Nord, sans passer par le CCI.

Les infiltrations des zones FAFN par les FDS, si elles ont lieu, peuvent entraîner la reprise de la guerre et occasionner de nombreux tués, sans garantir le succès d'une force sur l'autre, l'organisation d'élections démocratiques et le retour à la paix. De plus, rien n'indique que les Ivoiriens laisseront les deux bandes armées menacer leurs vies une seconde fois.
La guerre civile est anticonstitutionnelle. Et considérer les manifestations de rue, comme un moyen de revendication pour exiger l'organisation d'élections libres ou le remplacement des dirigeants ivoiriens, ne peut et ne doit en aucun cas faire l'objet d'aucune menace. C'est l'expression démocratique et c'est constitutionnel. Menacer les citoyens est contre productif: cela rappelle des souvenirs douloureux à de nombreux Ivoiriens qui tentent de les oublier et les irriterait encore davantage.

Par exemple, la DST de 1987: je reçois des mains d'un sympathisant, une liste d'opposants FPI clandestin. Neuf noms y figurent: Simone Ehivet, Aboudrahamane Sangaré, Bamba, Koffi Antoine, Ouraga Obou, Boga Doudou, Kokora Dago Pascal, Anaky Kobena, Antoine Séry. Ce sympathisant me dit: " B ! On suit vos mouvements; si le Président me demande de vous arrêter, je ferai mon travail; je serai obligé de vous arrêter, toi et tes amis. Voici une liste, prenez vos dispositions ". Je prends la liste et je la remets à Simone; et nous en discutons au sein de la direction clandestine.

Finalement, malgré la poursuite et l'intensification de nos activités, notamment la distribution sous le manteau, de " Propositions pour gouverner ", Houphouët ne nous fera pas arrêter pour nous enfermer à la DST; nous nous en tirerons avec une grande trouille, sur ce coup. Un an plus tôt, j'ai vécu des moments de calvaire, notamment durant ces cinq jours du mois de février 1986, au cours desquels j'ai été moralement torturé au palais présidentiel par un certain Commissaire Drissa TOE. Général, avez-vous connu ou entendu parler de Drissa TOE ? Savez-vous pour qui et pourquoi me torturait-il? Le savez-vous? Drissa TOE est décédé, mais le sympathisant est vivant et il est en Côte d'Ivoire. Général, ne nous menacez plus; cela nous rappelle les tortures subies et ça nous énerve. Demandez plutôt pardon à Dieu, au nom de Jésus-Christ, et laissez le peuple aller vers son destin.

Antoine Séry
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