Les résultats de l’enquête ne seront pas publiés dans un temps record

Dans le cadre de l’enquête ouverte par le parquet de Tchimou Raymond Féhou, Procureur de la République à la demande du Président de la République, Laurent Gbagbo, sur le drame survenu le 29 mars 2009 au stade Félix Houphouët Boigny, dont le bilan fait état de 132 blessés et 19 morts, les langues n’ont pas fini de se délier. Pour sûr, Tchimou Raymond Féhou entend faire un travail exemplaire dépouillé de tout soupçon. Mais comme la politique n’est pas loin de faire main basse sur ce drame, il va s’en dire que les dés sont pipés d’avance. “C’est à la fin, lorsque nous aurons les auditions des uns et des autres, les éclaircissements, les preuves, que nous pourrons dire que l`enquête a pris fin. Comme je le fais d`habitude, pour dire, voici ce que nous avons obtenu et la première personne qui sera informée, c`est d`abord celui qui m`a mandaté, donc le Président de la République” a indiqué Tchimou. Par ailleurs, le Président Gbagbo qui se présente dans ce cas de figure comme “un Procureur en puissance” ne peut-il pas influencer les résultats de l’enquête s’il s’avère par exemple que la responsabilité des Forces de défense et de sécurité de Côte d’Ivoire est établie dans le drame surtout que cette sortie de crise est fragile et repose sur ce corps ?

Pis, contrairement à ce que le peuple attend des résultats”vite, vite…”, il doit attendre encore des mois et des mois. Car, avant de finir d’auditionner 500 personnes, beaucoup d’eau aura coulé sous le pont et les tensions auront baisé. Il y a des signes qui ne trompent pas. Déjà le dimanche 29 mars 2009 les services du Procureur de la République étaient informés par le Commissaire de Police du 4ème Arrondissement de Treichville de ce que des bousculades étaient intervenues au stade Félix Houphouët Boigny avant le match Côte d’Ivoire/ Malawi. Cette action publique mise en mouvement par Tchimou a été renforcée par celle de Laurent Gbagbo pour dit-il, “marquer sa ferme volonté de voir toute la lumière faite sur les causes de ce drame”. Aux sortir d’un Conseil extraordinaire de gouvernement, présidé par le Premier ministre himself, Soro Guillaume. Il a annoncé ce qui suit :”Ce matin, un Conseil extraordinaire de gouvernement s’est tenu. Pour faire le point et l’état des lieux sur les tragiques événements qui se sont produits au stade Houphouët-Boigny. Nous avons entendu les communications des ministres des Sports, de l’Intérieur, de la Défense et de la Santé. Solidairement, le gouvernement a bien écouté et a pris acte de toutes les dispositions que tous les ministres ont eu à prendre pour gérer la crise du stade et de ces événements douloureux. Le gouvernement, par ma voix, tient à exprimer ses condoléances aux familles qui ont perdu des parents dans cette situation, fort regrettable. Par la suite, le gouvernement, non seulement s’associe, s’implique avec le chef de l’Etat qui a décrété trois jours de deuil sur l’ensemble du territoire, prendra une part active dans la prise en charge des blessés et dans l’organisation des obsèques des décédés. En plus, le gouvernement a décidé de prendre des mesures particulières pour faire en sorte qu’un tel drame ne se reproduise plus en Côte d’Ivoire. J’irai voir le chef de l’Etat pour parler avec lui sur les conditions de la mise en place d’une commission d’enquête qui va se charger de regarder, d’analyser et d’apprécier toutes les défaillances qui ont pu conduire à de tels événements tragiques. Ensuite, le gouvernement a pris la décision de mettre en place un comité technique qui va se charger de faire l’audit sécuritaire du stade Félix Houphouët-Boigny, de faire un audit sur le système de billetterie et d’apprécier tous les autres éléments techniques qui ont pu contribuer, d’une manière ou d’une autre, à la survenue de ces événements tragiques. Voilà ainsi résumées les mesures que le gouvernement a été amené à prendre”. Les déclarations ou mesures à prendre pour la manifestation de la vérité, par les deux personnalités de l’Etat dénotent de la solidarité à ce que ce genre de drame ne se produise plus. Seulement, là où il y a problème c’est que l’enquête judiciaire même si elle doit fournir des résultats crédibles, n’est pas loin de connaître des”écorchures”

Sériba Koné