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International Publié le vendredi 17 avril 2009 | Le Repère

Chronique internationale - La diplomatie de la médiation : un art difficile

C'est un euphémisme de dire que le continent africain va mal alors que le monde se redessine grâce à un multilatéralisme déshumanisé. Désordre africain avec 30% des troupes africaines dans les forces de maintien de la paix de l'ONU, coups d'Etat en Mauritanie, en Guinée Conakry, crime et châtiment en Guinée-Bissau, un chef d'Etat OMAR EL BECHIR du Soudan inculpé par la Cour Pénale Internationale (CPI) pour crimes de guerre et contre l'humanité au Darfour et cerise sur le gâteau, affrontements entre des clones mérina des plateaux à MADAGASCAR, ce morceau de l'Asie à la remorque de l'Asie. Et pourtant, pas moins de sept médiateurs (Union Africaine, ONU, OIF, la Communauté de l'océan indien, la SADC, le Conseil des Eglises Chrétiennes malgaches, FFKM, le groupe informel des ambassadeurs accrédités dans le pays) n'arrivent pas à ramener le calme dans l'île rouge au grand désespoir d'une population au bout de l'asphyxie. Diplomatie des groupes de contact appliquée en Guinée Conakry, médiations multiples à Madagascar, décidément l'art de la médiation diplomatique est difficile, et les succès ne sont toujours pas au rendez-vous. La fin du monde bipolaire a enrichi les recettes permettant de résoudre les conflits régionaux ou internationaux. Du moins pouvait-on l'espérer: jusqu'en 1990, la seule voie clairement affichée était celle de la négociation entre les supergrands. Même si celle-ci ne s'exerçait pas toujours directement, elles pesaient informellement dans tous les cas, jusque sur les chapitres les plus intimes de l'histoire de la décolonisation. Nous sommes entrés, depuis 1990, dans une ère de médiation potentiellement plus riche et diversifiée. La puissance tierce dispose aujourd'hui d'une capacité certaine d'intervenir pour atténuer la violence d'un litige, inter ou intra étatique, voire tout simplement pour le supprimer. Les alignements perdent de leur acuité, les clivages n'ont plus la valeur structurelle d'antan, tandis que l'éparpillement des conflits liés à des situations particulières accrédite chez tous l'idée que celui qui n'est pas partie prenante d'un différend peut avoir un regard de moindre partialité. En même temps, notre monde s'enrichit sans cesse de principes généraux acceptés et de conventions plus ou moins ratifiées, ce qui laisse au médiateur habile un rôle fécond de formulateur, d'interprète respectable d'un intérêt régional ou planétaire.

La présidence française de l'Union européenne des six derniers mois de l'année 2007 et l'Europe ont passé avec des performances inégales. Contrairement à l'Union Africaine, le vieux continent a en principe tous les attributs du bon médiateur: non pas Etat, mais addition d'Etats, en paix sur son sol, elle n'est plus le cratère du monde, elle est en paix et n'est plus crispée sur une menace immédiate.

On peut admettre que la diplomatie française en a tiré ha ilement profit pour mener, au nom de l'Europe, une médiation réussie en août 2008, entre la Russie et la Géorgie. Le Caucase n'était pas un succès isolé: L'opération ARTEMIS, montée naguère au Congo avait montré que toute initiative européenne en Afrique n'était pas vouée à l'échec. L'Union européenne a en revanche manqué l'occasion qui lui était offerte de contribuer à la solution du conflit israélo-palestinien, non par incompétence, mais en révélant lors de la "guerre de Gaza", véritable souricière, des manquements graves aux règles tacites de la médiation.

Le médiateur doit d'abord savoir accéder à chacun des camps belligérants. Dans une navette remarquée entre Moscou et Tbilissi, Nicolas SARKOSY avait réussi à toucher directement chaque protagoniste et donc à donner, notamment au plus faible,… le sentiment 'indispensable qu'il était pleinement impliqué dans le processus de marchandage. Au Proche-Orient, le refus à priori de parler au RAMAS n'a contribué qu'à placer un peu plus le mouvement radical au centre de l'imbroglio israélo-palestinien et à l'encourager à jouer l'essentiel de son jeu hors la scène de négociation dont il était exclu. Pire encore, le recours à des acteurs de substitution (Egypte, Autorité palestinienne.) qui n'étaient pas en prise directe sur le conflit n'a fait que les disqualifier en soulignant leur impuissance. En second lieu, le médiateur ne peut certes pas s'afficher comme neutre, tant il est illusoire, dans un monde d'interdépendance de s'abstenir de prendre parti dans des conflits finalement aussi proches. Encore faut-il que les protagonistes, et surtout les plus faibles, aient en faveur du médiateur, un capital de confiance les conduisant à prendre des risques. Enfin, l'art du médiateur est de savoir modifier les perceptions de part et d'autre, c'est-à-dire conduire à une vision qui fait de la violence un instrument désormais indésirable ou contre-productif. Dans le Caucase, les parties ont vite compris que le coût de leur recours à la force allait se renchérir. Hélas, le contraire a été démontré au Proche-Orient qu'Israël pouvait " rehausser " ses liens avec l'Europe tout en portant la guerre à GAZA, et que les tirs de roquettes sur le sud d'Israël étaient le seul moyen de distraire un statut quo intolérable pour les palestiniens.


par SEM Jean-Vincent ZINSOU
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