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Région Publié le vendredi 17 avril 2009 | Notre Voie

Aboisso - La nomination d’un chef tourne à l’affrontement : des blessés et une voiture saccagée

La nomination de Diarra Daouda comme nouveau chef du village de Diatokro ( 17 km d’Aboisso ) par la chefferie d’Adaou en remplacement d’Issouf Sanogo , a débouché sur un affrontement sanglant, le vendredi 10 avril dernier, entre partisans des deux hommes. Bilan : plusieurs blessés dans les deux camps, la voiture de marque Mercedes, appartenant au président de la mutuelle du village , saccagée. Comment en est-on arrivé là ?

Selon Bassané Karim, Ouattara Yacouba et Doumbia Laciné, des partisans du chef de village déchu, Issouf Sanogo, environ 90 ans, un conflit latent existait depuis le samedi 12 mai 2007. Ce jour-là, racontent-ils, la chefferie d’Adaou, conduite par le chef dudit village, se rend à Diatokro pour un entretien avec Issouf Sanogo, le chef de village. “Le courrier qui a précédé la rencontre indiquait qu’il s’agissait d’un entretien avec notre chef. Mais, à notre grande surprise, la délégation est venue nous annoncer que le vieux Sanogo n’était plus chef et qu’à partir de ce jour-là , nous devions reconnaître Daouda Diarra comme nouveau chef”, explique Bassané Karim, porte-parole du groupe. Selon lui, la délégation venue d’Adaou n’a rien voulu savoir. Elle est donc restée de marbre. Le lendemain 13 mai, trois membres du bureau de la jeunesse se rendent à Adaou pour faire changer la décision. Rien n’y fit. Le lundi 14 mai, les partisans de Sanogo se rendent au bureau de la sous-préfecture d’Aboisso où ils seront rejoints par une délégation de la nouvelle chefferie. Le sous-préfet d’alors, M.Kroko Boni, reçoit les deux délégations ensemble. A en croire Bassané, l’autorité administrative aurait reconnu Sanogo comme étant toujours chef, car il n’aurait pas été informé d’un quelconque changement. Le sous-préfet se rend à Diatokro, le 16 juin 2007. Les deux camps dressent des bâches en deux lieux différents pour le recevoir. Il opte pour un terrain neutre. Il confirme Sanogo comme chef. On en était là quand un premier incident, vite circonscrit par la gendarmerie, éclate les 24 et 25 mars, d’abord entre Doumbia Laciné et un fils du nouveau chef, puis ensuite entre des jeunes filles du village. Le jeudi 2 avril, des émissaires du roi Nana Amon N’doffou V, en mission à Koffikro, font escale à Diatokro pour régler le problème. Après avoir écouté les deux camps, ils maintiennent Sanogo comme chef, Touré Foussény comme secrétaire du chef et Diarra Daouda comme adjoint au secrétaire. “Le pouvoir qu’on t’a donné est un cadeau empoisonné”, dit le chef de délégation à Daouda Diarra tout en le convaincant d’y renoncer. Le problème, on le verra, était loin d’être réglé. Le jeudi 9 avril, les deux chefs, nouveau et ancien, reçoivent chacun un courrier de la notabilité d’Adaou les informant d’une rencontre prévue pour le lendemain vendredi. Encore une fois, des bâches sont dressées en deux endroits différents. Aux environs de onze (11) heures, les deux camps sont informés que la rencontre est reportée à l’après-midi. Les deux groupes se dispersent pour la prière de vendredi. Ils se croisent dans les rues. La provocation tourne à l’affrontement, sans qu’on sache véritablement qui a commencé. On compte des blessés aux cailloux et même à la corne de gazelle. L’imam est pris à partie pour avoir choisi un camp. La prière de vendredi se fait sous haute surveillance de la gendarmerie. La Mercedes de Siaka Konaté, président de la mutuelle de développement, est saccagée puis renversée, sa chemise est mise en lambeaux.

En toile de fond se trouve la gestion du château d’eau de l’hydraulique villageoise améliorée (HVA). Pour les partisans de Sanogo Issouf, le président de la mutuelle veut un chef à sa solde qui puisse l’aider à s’emparer de la gestion du château.

“Le vieux Sanogo n’aime pas les combines. C’est pourquoi il est combattu par les bouchers du village avec ,à leur tête, Issa Nikiéma dont le bétail détruit toujours nos plantations. Siaka Konaté et ses amis sont jaloux de notre bonne gestion”, clament-ils. De l’autre coté, le nouveau chef rétorque : “Ce sont ces jeunes autour du chef qui gâtent tout, sinon le vieux Sanogo n’est pas compliqué. Ils gèrent le château d’eau, un bien public et communautaire et refusent de rendre compte à tout le village. Nous ne pouvons pas rester indifférents à la gestion du château d’eau, et s’il y a une grave panne ? ”, indique Daouda Diarra avant d’expliquer pourquoi il a été porté à la tête du village. « Ce n’est pas moi qui me suis désigné. La notabilité d’Adaou a estimé que Sanogo était très âgé et qu’il fallait trouver quelqu’un qui réponde aux critères de chef. Leur choix s’est porté sur moi et ils l’ont annoncé au cours d’une réunion publique. C’est Adaou qui commande sur ce tronçon jusqu’à Kakoukro-Limite. » Selon Mamadou Diarra, neveu de Daouda Diarra, la gestion du château manque de transparence.

“Je déplore le silence coupable de nos autorités administratives et militaires. L’administration ne joue pas son rôle”, dénonce Mamadou Diarra avant de pointer un doigt accusateur vers Djéry Diakité, opérateur économique à Koffikro. Pour le président de la mutuelle, Siaka Konaté, “il s’agit d’un conflit entre les bras cassés et les bras valides du village”. La chefferie d’Adaou, approchée pour comprendre sa démarche dans cette affaire, a expliqué que la décision revient toujours à Adaou de changer quand ça ne va pas parce que propriétaire terrien. “C’est nous qui décidons quand ça ne va pas. L’ancien chef n’a plus de pouvoir. C’est le roi du Sanwi qui est à la base de tous les problèmes. Nous l’accusons des problèmes dans le royaume”, indique Nana Akoï Bénié, chef d’Adaou. A Diatokro, chaque partie considère son leader comme chef jusqu’à nouvel ordre. Approché pour connaître sa position dans cette affaire, le doyen Bléoué Aka, fils d’Adaou, a déclaré ceci : “ Je n’ai pas de parti pris. Le vieux Sanogo est un ami. Je suis venu souvent le voir. J’aime la vérité. Les palabres ne mènent nulle part. Pour la construction de la mosquée du village, j’ai offert du ciment. J’irai régler ce problème”.

Cette semaine sera déterminante dans l’évolution de la crise d’autant plus qu’une plainte est déposée à la gendarmerie par le président de la mutuelle après la destruction de son véhicule.

Sam K.D
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