La justice en Côte d'Ivoire est en souffrance. Selon le garde des Sceaux, ministre de la Justice et des droits de l'Homme, Koné Mamadou, les maisons pénitentiaires sont les premiers endroits où les droits de l'Homme sont les plus éprouvés. Toutes les prisons de Côte d'Ivoire sont dépassées. La Maison d'arrêt et de correction d'Abidjan (Maca) construite pour recevoir 1.500 pensionnaires, enregistre aujourd'hui 5.000 locataires. Neuf tribunaux de première instance sont fonctionnels sur 36. A ces chiffres peu reluisants Mme Amani Druide, secrétaire nationale à la gouvernance et au renforcement des capacités, a jouté quelques indicateurs qui témoignent de la situation critique de l'appareil judicaire. « Il y a un magistrat pour 65.000 habitants, 22 sections de tribunaux sont fonctionnels sur 36 créés, et le personnel est peu nombreux. En 1995, on était à 505 magistrats, 468 greffiers, 762 agents pénitentiaires » a-t-elle révélé. Ce diagnostic a été établi, jeudi, à Grand-Bassam au cours de la table ronde d'élaboration du document de renforcement des capacités en matière judicaire et pénitentiaire en Côte d'Ivoire. Cette réflexion, à laquelle ont pris part les membres de la grande famille judiciaire, a recommandé la construction de nouveaux établissements pénitentiaires, l'amélioration de l'hygiène et de la santé en milieu carcéral et l'amélioration de l'alimentation des détenus. Elle propose aussi le développement d'activités agropastorales et des ateliers pour permettre aux détenus d'apprendre un métier et produire la nourriture pour la prison. Au plan judiciaire, il s'agit de l'avènement d'un tribunal du commerce que le ministre apprécie pour éviter, selon lui, la durée des procès qui malheureusement échappent souvent au juge. S'ajoutent la vulgarisation des actes uniformes Ohada et l'appui à l'institut national de formation judiciaire. Le ministre a indiqué que malgré les efforts réels de reformes législatives et règlementaires et d'organisations, la justice continue de faire l'objet de critiques et de méfiance aussi bien au niveau des justiciables que de la majorité des investisseurs. Cette table ronde vise à identifier et à analyser les dysfonctionnements et difficultés qui entament la crédibilité et l'efficacité des systèmes judicaires et pénitentiaires. C'est aussi l'occasion d'élaborer un document de renforcement des capacités en matière judiciaire et pénitentiaire. Mme Amani Druide, secrétaire nationale à la gouvernance et au renforcement des capacités, a indiqué qu'en matière d'appréciation de la qualité de la bonne gouvernance dans un pays, l'analyse de la place et du fonctionnement de la justice apparaît comme incontournable. C'est sa structure qui a initié la rencontre financée par la Bad (Banque africaine de développement). Ceci, dans le cadre de l'appui global au secteur de la justice et conformément à la note de stratégie adoptée en Conseil des ministres du 7 février 2007.
Emmanuelle Kanga, Correspondante régionale
Emmanuelle Kanga, Correspondante régionale